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Chez BIIIA]N[I>, Libraire» rue de Crébillon, u^. ^, près la place de TOdéou.. 1816. ^ ■^ * j ' * ' j ' •' ' ' - * ' -< - j , ■* , ' j •> '' . -■/ Vv \ v, V/ ^K I *• * ' « • • • * • * - - * • • • • •- • • • • i « » • ♦ • • ', . :••!-••• v') • i ; n . • . • •» V- LONDRES, LA COUR ET LES PROVINCES D'ANGLETERRE, D'ECOSSE ET DlULANDE, ESPRIT, MŒURS, COUTUMES, HABITUDES PRIVEES DES HABITAIS DE LA GRANDE-BRETAGNE. CHAPITRE XLYh Commerce. Négocians, Manufactures. l^ES personnes de la plus haute naissance no croient point déroger , en Angleterre , lors*-, qu'elles s'adonnent au commerce et y bornent toute leur ambition. Le frèfe d'un comte d'Ox* ford mourut facteur k Alep. Celui du duc de Townshend fut marchand à Londres^ et nti- lord King , chancelier d'Angleterre , eut un de ses fib en apprentissage chez un riche marchand d'Amsterdam. A joutoui» à ceci que, soit pour en* ^ Londres , - la cour et les provinces courager le commerce et les arts, soit pour ac- quérir plus de crédit parmi le peuple, plusieurs seigoeurs adoptent un corps de métier ou d'ar- tisans , et s'y font inscrire comme s'ils en fai- saient réellement partie. Ainsi l'on voit des comtes et des ducs qui ne rougissent point d'ê- tre placés au nombre des épiciers , des char- pentiers, des serruriers , des maçons, etc. , etc. On Toit souvent à Londres un marchand mil- lionnaire voisin du frère d'un lord qui cher- che à faire fortune par le commerce. Une des causes qui rendent le commerce plus florissant en Angleterre qu'ailleurs , c'est qu'un négociant , un manufacturier riche reste né- gociant ou manufacturier; il craint l'oisiveté, déteste le faste, et ne cherche point à quitter là carrière dans laquelle il est né ; il'y fait tou- jours entrer ses enfans. — Aussi n'est-il pas rare de voir le fils d'un homme qui meurt brasseur , continuer le même métier avec A^ooo.ooo de fortune. On voit ixjtesï fréquemment une ma- Bu£acture transmise avec plusieurs millipns, à un héritier qui* ne connaît pas d'autre moyen de conserver la considération aèquise par son père , que de continuer le même état. Ces in- sulaires sont persuadés , a^ec raison , que ce ne sont que les grandes fortunes qui peuvent, former de grands établissemens , et embrasser uo coflamerce imm«itse. * * d' j4ngleterre , d'Ecosse et d'Irlande. La plupart de cfux qui ont eu le bonheur de s'y enrichir , ne se montrent pas plus fiers , et font souvent éclater les plus grandes vertus. Un Juif vint offrir à la reine Elisabeth, pour 20,000 livres sterling, une perie d'une bell^ eau , et d'une grosseur prodigieuse ; cette prin- cesse ne voulut point donner une pareille som- me pour une chose qui n'était d'aucun usage. Sur sou refus, l'Israélite se préparait à repasser la mer, pour chercher d'autres souverains qui lui achetassent sa perie. Sa résolution fiiCv sue de Thomas Gresham , négociant de Londres , à qui rAugleterre est redevable de plusieurs éta- blissemens publics; il ii\vita le Juif à dîner » et lui donna du riche bijou le prix que lut en avait refusé la reine. Il se fit ensuite apporter un mortier , y broy^ la perle , et en versSt la poudre dans ttn verre à demi rempli de vitl*, qu'il but à la santé de sa majesté. Puis il dit au Juif étonné : Vous pouvez p«b}ier que la r^ine^ était en état 4'acheter votr^e |^rle , puisqu-e^e a des âuj<^t$ qui peuvent la boire à sa santé. .. Le conlmerce a j^roduit des fortunes immeri- ses. Une compagnie de marchands anglais est souveraine , dans les ïndes orientales, de plu- sieurs principautés et royaumes. Le BengâU', qui lui appartient, est un pays peuplé de quinze millions d'hommes / et riche d'un revenu de / '".y 4 Londres j la cour et les provinces 49000,000 de guînëes, avec yn commerce pro- portionné à ces avantages. Le parlement s'est toujours fortement occupé de protéger le commerce et les artisans. Indé- pendamment de la prohibition des boutons de drap, pour favoriser l'industrie du fabricant 4e boutons de métal , la loi fait saisir tous les habits neufs qui arrivent de chez l^tranger. On a vu confisquer à la douane tous les habits d'un duc d'Yorck, lorsqu^on les rapporta à Lon- dre4.9 ^pi'ès sa mort. A la même époque , deux femmes de la première condition , furent con- damnées à l'amende pour avoir porté des robes de toile d'Irlande , et l'on confisqua leurs robes, même sur elles; néanmoins cette mesure ne s'exerce plus aussi rigoureusement. On voit daps la capitale ftiéme des femmes porter des robes de soie qui leur sont venues de France y et dont on ne s'avise pas de les dépouiller. Les Anglais n'ont presque pas besoin de lois pr<^ibitives coqtre les marchandises françai- ses 9 c'est l'opinion publique qui les proscrit. Un jour qu'à d^ein d'exciter des plaintes, plu- sieurs membres du parlement s'étaient revêtus de vestes brodées à Lyon , le peuple les atten- dit à la sortie ^e la séance, les obligea de se dépouiller de ces vestes, les mit en pièces, et en traîna les lambeaux dans les rues de Lou- I étJngleterre y it Ecosse et d* Mande. 5 dr^. Depuis cette époque , aucun Anglaiîs n'a porté de vestes à la française. Les Anglais ont une bonne foi très -rigide dans les affaires de commerce. Un banquier, à qui on présentait une lettre de change pouv ^'acceptation , ayant pris la plume et mis au do$ de la lettre les premières lettres de son nom , s'avisa de jeter un coup-d'œil sur ses livres j il y vit qu'il ne devait rien au tireur; il bâtonna le commencement de sa signature , et rendit la lettre non acceptée. L'affaire fut discutée et jugée à la bourse; il fut décidé que le nego* ciant qui avait écrit sur la lettre de change les premières lettres de son nom , l'avait acceptée par ce seul fait ^ et qu'il en payerait le mon- tant. On alla jusqu'à dire qu'il en serait de.mé*- m^ s'il avait seulement dit de bouche qu'il l'ac- ceptait , ou qu'en présence de témoins , il eût pris la plume pour écrire l'acceptation , quoi* que ensuite.il eût changé d'avis^ • C'est pousser bien loin la délicatesse de. la probité. Xe législateur n'est pas moins rigide. La loi y en Angleterre > accorde la prise de.corps, non-seulement pour toutes les dettes du corai- merce , mais encore pour toutes les autres. Le salaire d'un domestique retenu, met son. maî- tre dans le cas d'être empriymné ;. l'artisan , Le fournisseur, J§ manoHvrier , ont le même droit contre tous cevx qui refusent de les s^itisfaire* 6 Londres 9 ^ cour et les provinces En Angleterre , un créancier qui prive de la liberté son débiteur, ne lui ôte point les moyens de se libérer : la loi qui lui a donn^ le droit de le faire arrêter , ne lui a pas donné celui de a'emparer de ses biens , comme en France. Il peut opter entre ses biens ou sa personne ; mais il ne peut avoir en même temps en sa puis* Sance l'un et l'autre : lors même qu'il attaque les biens ^ il faut qu'il épuise le mobilier avant que de pouvoir toucher aux immeubles. La classe du peuple qui travaille aux manu- factures est très-nombreuse , on la porte au de- là de cinq millions. Les ouvrages des manufactures anglaises sont extrêmement perfectionnés, à cause du haut prix que les entrepreneurs accordent à leurs ouvriers; la main-d'œuvre est payée fort cher, il en résulte que l'artisan s'attache à donner à «on travail une grande perfection. On aurait tort de juger des manufactures de la Grande-Bretagne par comparaison avec les nôtres ; celles-ci ne semblent quç des essais d'un seul objet , tandis que les premières Réunissent -dans un seul et vaste local tous les genres de travaux qui dépendent de l'entreprise princi- pale. Par exemple, on trouve dans une manu- facture de voituri^ de luxe , un atelier de char- ronage, où vingt-cinq compagnons au moins vernement ne soient enfin cause de sa déca- « dençe , et un jour de sa ruine totale. • Les billets de la banque d'Angleterre , mul- tipliés beaucoup plus qu'on ne le croit commu- nément , sont burinés sur un papier d'une fi- nesse extrême^ presque aussi mince qu'une toile d'araignée; en sorte qu'il parait impossi- ble d'y faire aucune rature ni surcharge : on prend encore la précaution de piquer la somme écrite en toutes lettres. Malgré ces attentions» ils OQpasionnent des friponneries fréquentes ^ qui tombent sur celui qui change le billet pour de l'argent, la banque ne payant que la som- me portée sur ses livres , sous le numéro du billet. Rien n'est plus propre à attirer la confiance publique , que la manière dont se font les paye- mens à cette banque. Dès le jour qu'on ouvre es livre s y c haque fonds particulier se paye dans d'Angleterre , d'Eàosse et d* Irlande. 9 une. salle différente ; et chaque salle est entou- rée de barreaux , au-dessus desquels sont dis- posées par cwrdre les lettres de T alphabet. Un commis est préposé pour chaque lettre, à moins qu!ella ne fournisse pas un assez grand nom* bre de noms: dans ce cas, il ep réunit deux ou trois, mais il paye toujours iodis;tinctemenl le premier Tenu qui. est de sa division. De cette manière, Zamet, par exemple, est payé le mê- me jour que celui qui s'appelle. André. Il n'y a jamais ni confusion ni presse pendant que se font les payemens : certain d*étre payé quand on le .veut, on Ile se.pr^ente que lorsqu'on a besoin d'argent. -: Les Anglais ont la prétention singulière de vouloir que de toutes es banques de l'Europe , la leur soit la plus solide. Il serait facile de dé* montrer le contraire; mais nousjious conten- terons de rapporter uùe anecdote qui prouve t]u^on hk mettrait aisément dans de grands em- barras, malgré les. sommes immenses dont on U dit en possession. . « Un mardiand.de la cité, fort riche y .et ré- copnu pour être )^uxke. solidité àtoute.épreuve, se trouva, au: moment qu'il s'y attendait le moins 9 obligé de. faire un payjednenJt cpnsidé^ rable. Il ayail dans son porte-feuille de très-bons effets ; s t Un habile médecin de Londres, se trouvant b dans une compagnie où la conversation roulait sur les différentes manières dont un cheval peut marcher , une dame qui montait quelquefois à cheval , fît des réflexions sur l'amble. Cest , dit-elle, le seul pas où cet animal lève les deux pieds du même côté, dans le même instant. Le médecin surpris de cette idée , tâche de prou- 1 ver honnêtement le contraire. La dame sou- ! tient vivement son dire. Le docteur prend le parti du silence , et les disputans se séparent , convaincus chacun de la bopté de sa cause. Rentré chez lui > l'esculape pr^nd la plume et a a Londres j la cour et les provinces démontre de la manière la plus apparente , qu'il est impossible^ qu'un cheval marche les deux pieds levés du même côté à la fois, le centre de grjivité ne le pouvant permettre. Il envoie sa démonstration à la dame , qui , pour toutç ré- ponse , le fait prier de passer chez elle. Il s'y rend, et la dame, excellente cavalière, ayant fait ambler son cheval en présence du docteur , elle lui fait remarquer les deux pieds du cheval levés du même côté^ dans Iç même instant. « Yoilà, monsieur , lui dit-elle , en quoi vous avez mal raisonné , vous avez cru devoir spéculer , lors- qu'il fallait consulter l'expérience ». L'erreur du médecin était d'autant plus grossière , que tout homme qui marche est dans le même cas que le cheval qui amble. Cette anecdote est une nouvelle preuve que l'expérienpe est un guide ùès-sùr , que les médecins anglais, et ceux du çotntinent devraient toujours consulter. ■ Il est cepenaant des circonstances où le rai- ' bonnement est nécessaire, surtout lorsqu'il s'agit de guérii!' le moral dans l'homme qui est affecté d'un sentiment pénible. Un poète anglais passait en vain son temps à faire des ouvrages que le public ne goûtait pas. Sa manie était de faire des poèmes qu'il croyait çxcellçns, et d'en faire la lecture à toutes les personnes qui voulaient bien l'jejçitendre. U s'en d'Jngleterre y d'Ecosse et d'Irlande. »3 trouvait peu qui eussent assez de patience pour satisfaire k Qet égard Famour-propre du poëtç. Son ceryeau en, fut affecté, il devint mélanco- lique , et toniba enfin malade. On appela pn mé- decin qui connaissait son faible. Celui-ci, après, s'être fait rendr/e compte de 1^ n^aladie ^ voyant que la cause était dans rimaginatioii du ma-, lade , lui demanda s'il n'avait point de poëme nouveau qui n'eût pas encore vu le jour. Le malade fi,t alors voir à son médecin un très-long poème. « Faites-moi le plaisir, dit celui-ci, de me le lire ». Le malade 1^ lut en effet avec beau-: coup d'emphase. Le médecin s'apercevant du plaisir qu'il prenait, le pria de le lire une se- conde fois. Le plaisir brilla alors dans les yçux du poète, presque éteints Finstaut d'aupara- vant. Il fit cette seconde lecture avec un pou- vel enthousiasme, a Je vous en prie, dit le doc- teur Jjénévole, lisez -le encore; je n'ai jamais entendu de poëme qui m'intéressât autant». Le poète, animé par ce surcroit de complaisan- c , qui flattait si agréable;nent sa passion favo* rite ^ fit cette troisième lecture ave,c un ravists^- ment difficile à peindre, a Maintenant, jdit le docteur , vous pouvez être jtranquille sur votre état ; quapd on a l'ei^prit aussi vigoureux,, le corps ne peut être dangereusement malade. Je ce doute point que vous ne vous trouviez par- faitement rétabli, et que vous ne puissiea^^ortâ a4 Londres , la cour et les provinces dès demain ». Le remède avait produit son effet. Le poète enchante alla le lendemain remercier son cher docteur, et lui fit une autre lecture de son poème pour lui tenir lieu d'hono^ raires. Aprè$ cette lecture, Rochester et Bucking-* ham convinrent eux-mêmes qu'il n'y avait point de style qui valut celui-là. Un médecin , las d'être inconnu et négligé à Londres où il vivait dans la misère^ prit le parti de passer à Lisbonne , dans l'espérance que sa qualité d'Anglais lui tiendrait lieu de mérite. Il ignorait malheureusement la langue portugaise ; mais loin d'être découragé par cet obstacle , il s'imagina que s'il pouvait contrefaire le muet , €t même le sourd , la rareté du fait ne servirait qu'à augmenter sa réputation , et rendrait par conséquent sa fortune plus rapide. Ce docteur eut le bonheur de réussir, malgré la bizarrerie et l'extravagance de l'expédient qu'il mit en usage. Un charlatan dont il s'était fait suivre, et qui avait autant de babil que son maître af- . fectait d'en avoir peu , employa quelques se- maines à répandre le bruit des cures miracu- leuses du médecin anglsrts. . Lisbonne en fut rempli , avant qu'elles fussent vérifiées par la moindre expérience. On se racontait l'histoire de cent ^uérisons étonnantes j^ opérées par l'il- , St Angleterre ^ d" Ecosse et d* Irlande. a 5 lustre étranger ; guéri&ons cju'on attribuait moins aux règles communes de la médecine (ju'à quelque don extraordinaire de \a nature i: car, pour frapper davantage les esprits, on assu- rait qu'au lieu de se servir de ses mains pour tâ- ter le pouls des malades et pour les autres opé- rations de son art, il ne jugeait des maladies que par la vue et par l'odorat. Ceux qui recou- rurent les premiers au médecin anglais , s'ima- ginèrent qu'ils n'allaient chez lui qu'à la suite d'une infinité d'autres, et regardèrent sa mai- son comme un lieu déjà fameux par quantité de miracles. Il avait peu de peine à les satis- faire ; son silence perpétuel le délivrait de l'em- barras de répondre. Après avoir examiné quel- que temps les parties extérieures du malade ^ et les avoir flairées plusieurs fois , il prenait une plume et du papier, sur lequel il écrivait au hasard quelque recette de sa propre invention^ Heureux qui s^en trouvait soulagé ! plus heu- reux ceux qui ne s'en trouvaient pas beaucoup plus mal ! Mais comme la fortune seconde sou- vent l'intrigue et la mauvaise foi ,^1 arriva qu'une personne de distinction fut guérie par cette voie d'une incommodité dangereuse : c'était une fem- me. Elle signala sa reconnaissance par un pré- sent considérable , et par des éloges continuels de son esculape. Il n'en fallut pas davantage pour ]rendre la cour aussi crédule que la ville. Les ri* a6 Londres^ la cour ei les provinces chesses des deux Indes sortirent bientôt des coffres d'une infinité de vieux seigneurs , pour entrer dans celui du médecin étranger : les fem- mes croyaient lui devoir le rajeunissement de leurs charmes flétris ; les vieillards se flattaient qu'il les ferait vivre encore un siècle. Dans la crainte de se trahir lui-même par quelque parole involontaire , il n'admettait ja- mais personne sans avoir eu soin de se rem- plir la bouche d^un morceau d'ambre y garni de pointes assez piquantes, pour lui rappeler con- tinuellement que son intérêt était de se taire. Cette précaution , qui lui réussit d'abord avec tant de bonheur, qu'en moins de six mois il se vit riche de 10,000 moydors^ n'empêcha pas néanmoins qu'il ne se perdît luirméme. Comme il ne se piquait pas de continence , il passait peu de nuits sans avoir la compagnie d'une belle portugaise ; mais ne pouvant s'armer alors con- tre les indiscrétions de sa langue y il eut le mal- heur de laisser échapper quelques paroles. Quoi- que sa maîtresse n'y comprît rien, parce qu'elles étaient en anglais , elle reconnut fort bien que c'étaient des mots articulés ; elle les attribua à la vertu de ses charmes. L'associé du médecin muet qui l'entendit le lendemain plaisanter sur cette aventure , en craignit aussitôt les suites. II en avertit son maître : et d'un commun accord ils lui offrirent 100 moydors pour l'engager au â! Angleterre y d^ Ecosse et d'Irlande. 27 silence. Elle les accepta, mais bien résolue de Tiolerle plutôt qu'elle pourrait tous les sermens qu'on avait exigés d'elle. L'histoire fut promptement répandue dans tous les lieux où la réputation du médecin avait pénétré. La plupart de ceux qui l'avaient vu avec la plus grande estime , commencèrent à le regarder comme un imposteur. Quelques- uns néanmoins poussèrent la crédulité jusqu'à se persuader qu'il pouyait lui être arrivé, comme à d'autres muets , de recouvrer tout d'un coup l'usage de la langue , et s'il eût tâché lui même d'aider à cette erreur, il eût dissipé l'orage qui menaçait de le perdre. Mais ne se défiant point assez de la fidélité de celle qui le trahissait , il reprît son personnage ordinaire avec plus d'ef- fronterie que jamais. Cette hardiesse irrita ses dupes. Un jour qu'il était dans l'exercice^ de sa profession , quelques jeunes gens se saisirent de lui, sans autre dessein d'abord que de le contraindre à parler , et le tou;rmentèrent avec plus de légèreté que d'envie de lui nuire. L'in- quiétude qu'il en eut, et la crainte que cette insulte personnelle n'eût des suites encore plu^ graves, ne lui permirent pas'de retenir om du moins de cacher le freijn qu'il avait daps la bou- che. Les jeunes gens l'aperçurent , et le voyant armé de pointes, ils se firent un plaisir cruel de lui serrer tellement les deux mâchoires , qu'elles a8 Londres , là œur et les provinces demeurèrent clouées l'une contre l'autre. Ils le laissèrent dans cet état, criant de toute sa force, par une espèce de réparation du long silence qu'il avait gardé. Malgré celte désagréable aven- ture , il trouva le moyen da. se soutenir encore quelqtie temps à Xisbonne , et d'en sortir à la fin avec tout ce qu'il avait acquis de biens. Les malades qu'il avait mis au tombeau n'étaient plus en état de se plaindre à la justice; et ceux que le hasard lui avait fait guérir , crurent qu'ils lui devaient assez de reconnaissance - pour faciliter son évasion. Il se retira à Lon- dres , où il jouit .tranquillement du fruit de- son industrie ^ et continua de pratiquer la mé« decine. Un seigneur anglais, étant dans son lit cruel- lement tourmenté par la gouttte , on lui an- nonça un médecin qui lui apportait un remède excellent contre son mal. a Ce médecin est-il venu à pied ou en carrosse , demanda le lord ? A pied, lui répondit-on. Eh bien, répliqua le malade , qu'on dise à ce fripon de sortir de chez moi et de s'en retourner ; car s'il avait le remède dont il se vante , que son efficacité fût telle qu'il le dit , il roulerait carrosse à six chevaux. J'aurais été le chercher moi-même, et lui offrir la moitié dç mon bien pour être délivré de mes maijx ». ^d^ Angleterre , d'Ecosse eu d Irlande. 49 Les Anglais , plus que tout autre peuple , de- vraient se garantir des charlatans : c'est une maxime parmi eux, qu'à l'âge de trente ans, tout homme , s'il n'est pas une béte , doit être son premier médectR. Le, docteur Vansleblen , célèbre médecin hol- landais , établi depuis long - temps à Londres , passant un jour sur la place, dite Grasvenor-- Square y vit un charlatan dans une superbe ca- lèche à quatre chevaux , avec plusieurs domes- tiques magnifiquement vêtus , et distribuant ^on orviétan à la foule immense qui l'écoutait , bouche béante. Le docteur hollandais s'informe de sa demeure , va le trouver , et lui dit : « Je crois vous reconnaître , mais je ne puis me rap- peler où je vous ai vu. — Il m'est très-aisé de vous satisfaire , répond le charlatan ; j'ai servi plusieurs années chez milady Waler, où vous alliez souvent. — Mais , reprit le docteur, com- ment est-il possible que, sans éducation et sans étude , vousi vous soyez procuré en si peu de temps une fortune et un état dont je n'appro- che pas /quoique j'exerce ma profession depuis plus de quarante ans , et j'ose dire avec quelque célébrité ? — Avant de répondre à votre ques- tion , permettez - moi , monsieur , de vous en faire deux autres. Vous demeurez dans une des rues les plus fréquentées de Londres : combien I 3a Londres y la cour et les provinces régnait dans ce temple voluptueux enchantait tous les regards , et les parfums les plus suaves ravissaient tous les sens. On y entendait une symphonie délicieuse. Ce médecin universel ,• cet esculape si charmant ^ distribuait , pour une guinée , un avis imprimé y dans. lequel il an-^ Bonçait les plus grandes merveilles. Il préten» dait remédier à la stérilité et à l'impuissance. Il recommandait beaucoup de modération dan» les sacrifices offerts à l'hymen , car , observait- il dans une note y il n'est pas moins ridicule qu'imprudent, dansleshpmmesde nos jours, de trancher de l'Hercule, quand hélas ! grâce à l'inconduite de leurs pères et a leur propre fai^ blesse, on n'en voit qu'un petit nombre qui soit en état de donner des preuves , même mo* déréçs, de leur existence conjugale. Il faut se coucher de bonne heure, disait-il, se lever matin, laisser entrer la lumière dans l'appartement , surtout celle de la lune. Il coBseîilait ensuite aux maris et aux femmes , de s'amuser à chanter , soit ensemble , soit tour à tour , « parce qu'a- Hà. lors les âmes d'un couple heureux se trouvant » amollies , remplies d'amour , d'harmonie et » de tendresse , s'abandonnent à l'ardeur d'un » transport céleste , et ne se croient plus habi- » tantes de ce bas monde. Si , après avoir suivi » xaes conseils de point en point , ajoutait-iï , » et pris , pour se fortifier , du baume divin que d'Jn^leterrej d'Ecosse et d'Irlande. 33 » je prépare, et que, pour le bien, de Thuma- jt nité , je ne vends qu'une guinée la bouteille ; » si , disje , malgré toutes ^es précaiitions , oïl, j» est trompé dans ses vœux:, ' il me reste à re* D commander un moyen par excellence, dont » le succés-estln&illible : c'est le lit: merveilleux » et céleste , que je nomme magnetico-électric y 9 le premier , le sçul qui ait jamais existé dans n l'Univers. Il est placé au second étage dans j» une vaste et superbe chambre , à la droite de » mon orchestre , sur le • devant de ma char- 9 mante solitude : dans /l'appartement contigù 9 est un cylindre, qui sert à conduire dans cette » chambre à, coucher les émanations du fèu ce* » leste et vivifiant ; et alors les i^apeurs des.më* V decines restaurantes^ des parfcteas de l'Orient^ » passent à travers des tubes de verre dans Tap- » partement où se.trouve ce lit digncdes dieux ^ y» soutenu $ur six piliers de cristal ;^ des draps de 9 satin pourpre ou bleu clair sont étendus dans j» ce lit voluptueux , résultat de Tétude la plus j» suivie et d'un travail opiniâtre , ainsi que d'une 9 dépense prodigieuse. On ne montre jamais le 9 lit céleste aux:, personnes que la^ouriosité attire » chez moi : cett^ précaution n'est pas moins sage » que délicate, car qui pourrait résister au plaisir ,- 9 au ravissement extatique que ferait naître la :» vue de ce lieu enchanteur, en in^irant de uou* a. 3 34 Londres^ la cour et lesptovinces 9 velles idées de raffinement pour porter à \ex^ :» ces la volupté et les jouissances multipliées , »qui ne servent qu'à abréger les jours et af- » faiblir les ressorts de l'ame et du corps ? Ceux » qui voudront pénétrer dans ce lieu de délices, » auront soin de m'en prévenir par un mot de 1» lettre , spécifiant la nuit qu'ib choisiront , et 9 contenant un billet de banque de 5o liv. sterl. ^ ^ pour lequel ils recevront un ordre d'être ad«> j» mis dan» le Sancium Sandorum ». Dans une note , servant de supplément à la description du lit céleste , le docteur ajoute : « Rien de plus étonnant que l'énergie divine de » ce Ut rempli du feu céleste ou électrique, avec y un mélange des vapeurs magnétiques si effi* ^ caces pour donner aux nerfs toute leur vi^ )» gueur , le tout joint aux sontf mélodieux de » l'hwmonica , de la c^lestine , des fiâtes douces , 9 et des voix les plus mélodieuses. La force et m la propriété de cet ensemble spont bien faites » pour remplir les médecinset les philosophes n d'étonnement et de plaisir ; et jamais peut^ » être on n'a pensé à recourir à un pareil moyen 9 pour faire cesser la stérilité dans lés femmes , »les rendre mères, et réint^rer' l'homme âgé 9 dans la vigueur première ». I7e serait-il pas à désirer qu'un docteur si ha- bile , si ami des voluptés donjugales i s'avisât d Angleterre , d* Ecosse et d'Irlande. 35 de former en France un semblable établisse- ment? Un autre fameux charlatan mourut dans ht principauté de Galles , en laidsant une fortune considérable; maisil n'a peut-être jamais exisié un empyrique moins dangereux que lui. Sst ré- putation était si étendue , que les malades ac-* couraient le consulter de tous le pays de Galles^ et de plusieurs parties de l'Angleterre. Il don- nait ses consultations sans sortir de chez lui. En face de sa maison, il y avait une assez bonne auberge , où les malades descendaient ; et comme le docteur ne se laissait voir que le surlende- main de leur arrivée , l'hôte et l'hôtesse , qui étaient intéressés, au succès du cher empyri- que , avaient soin de s'informer adroitement de l'espèce de maladie des nouveaux venus ^ et de ce qui l'avait occasionnée , et ils avaient soin d'en instruire en secret le grave médecin» qui, dès c][u'il voyait paraître le malade y lui disait qu'il était attaqué de tel ou tel mal , et qu'il allait lui donner le remède le plus efficace pour son indisposition. Les malades, qui ne se dou- taient point de la supercherie, ne manquaient pas de le regarder comme un très-habile hom- me , et s'ils guérissaient , ils contribuaient à lui faire une réputation que les morts ne pouvaient pas détruire. Attendu que plusieurs de ses ma- 36 Londres, la cour et les provinces lades venaient de fort loin , l'exercice , le chan-^ gement d'air opéraient souvent une guërison parfaite , et la réputation du docteur en aug- mentait chaque jour. Enfin, il mourut, et Ton ne trouva dans toute sa pharmacie que de la crêm&de tartre, qu'il administrait indistincte- ment à tous ceux qui venaient le consulter. Z' I ^d'Jngleterre, d'Ecosse et d* Irlande. 3j CHAPITRE LI. * Enterremens. Sépultures* »J*iL est vrai que la médecine, ou plutôt les mé- decins, et surtout les charlatans > contribuent à augmenter le nombre des enterremens , l'objet de ce chapitre ne paraîtra pas tout-à-fait déplacé à la suite du précédent. Ainsi nous dirons, sans aucun préambule , que les Anglais ont une loi fort sage , que l'on a adoptée en France ; c'est celle qui oblige à R»nstater juridiquement VétdX des morts. Aucun cadavre ne peut être .enterré , s'il n'a pas été examiné auparavant par des ex- perts-jurés, qui certifient que le fer m le poi- son n'ont pas tranché les jours du dâunt. En vertu d'une loi qui a pour but de favoriser les manufactures de laine , les chemises , les suaires, les oreillers, et tout ce qui tient aux pompes funèbres , tant des pauvres que d^s riches > doit être d'étofïe de laine, sous peine de 5o liv. sterL d'amende. Des officiers civils doivent constater que toutes ces conditions Siont exactement remj^ies. Il faut même que le suaire et tout l'équipage soient cousus avec un fil de laine. . , , «Un suaire de flanelle! O ciel !, Il y aurait df •" 3S^ Londres , fa cour et lesprôsHncés quoi révolter un saint, s'écria ftristement, sur le point d'expiter , miss Oldfield , célèbre ac- trice du théâtre de Londres. Oh ! je veux être ensevelie dans une toile de Perse ; je veux que xnpn visage pâle soit couvert d'une dentelle de Malines. Faut -il faire peur aux genâ quand on est mort ? Betzy , mets-moi un peu de rouge ». La tête du mort est couverte d'un bonnet de laine , attaché sous le menton , et les femmes 6nt une coiffe avec un bandeau , pareillement de laine , qui leur cache le front ; les hommes ont une cravate de laine, et les femmes Un large mouchoir de même étoffe : leurs mains sont couvertes de gants. * ' Avant que de revêtir le défunt dé son der- nier habillement , on lui fait la barbe avec la même attention que s'il vivait encore. Quand lé cadavre est couché dans la bière, ^r trois ou quatre couches de son , Ton pose éoîis sa tête un oreiller de laine fort propre- filent fait. t\ est d'usage , en Angleterre , que l'on fasse faire d'avance son cercueil, que l'on conserve avec grand soin pendant plusieurs années. Ces cercueils sont souvent très -riches et couverts âV)rnemens élégans et d'un travail précieux y argentés ou dorés avec soin. ' Dans la province de Sussex , près d'Hejdon- fiill , ùfi meunier , nommé Client Olivier , d* Angleterre y d* Ecosse et dH Irlande. 3$ wt fit ériger, vingt ans avant sa mort , un tombeau dans lequel il allait chaque jour boire un pot do bière , fumer sa pipe , et causer tranqwUement avec ses amis. . Un mauvais plaisant proposa au faineux lord Nbrth de mettre un impôt sur les cercueils. » objet d'une nécessité indispensable j et qui auf rait , disait*il , le rare avantage de ne pas faire- crier les consommateurs. Les entrepreneurs des pompes funèbres ont ^ à Londres et dans toutes les grandes villes ^ des naagasins très-propfes et fort él^amment rem* plis de cercueils de toute espèce et de toutes couleurs , décorés de têtes de mort ^ d'ossemens en sautoir, et d^autresorpemens lugubres^ qu'ib étalent comme des bijoux précieux ^ afin de sa* lisfaire tous les genres de vanité : ces sortes de magasins sont éclairés le soir , comme cetix de nos bijoutiers ou de nos marchandes de modes, afin de tenter les passans , qui Tondraient son*. ger d avance à leur convoi y ou qui pourraient être dégoûtés de la vie. Un de ces marchands funéraires, s'avisa d'employer plusieurs peintres habiles , dltalie et do France , surtout le ce* lèbre Boucher , dont l'imagination était très* riante , à faire des dessins agréables d'un grand nombre de tombeaux. Chaque Anglais admis dans ces magasins galans et mortuaires., a la liberté de choisir le projet d'un tombeau ana- 4Ô Londres f la cour et les provinces logue à son ëtat et à ses caprices , et il" a la ^ satisfaction de le faire exécuter de son vivant , s'il n'aime mieuit s'en procurer un tout fait , ainsi qu'un cercueil ëlëgamment décoré. « ^ L'attention que mettent les Anglais à la ma- nière dont ils se font inhumer , ferait croire qu'ils ont plus de plaisir, à mourir qu'à vivre. Celui qui s'est tenu le plus ignoré dans ce monde , parait jaloux d'en sortir avec éclat ; il veut que son enterrement ait l'air d'un triomphe. L'amour-propre est de tous les états et de tous les âges : comme il est né avec l'homme , il ne meurt qu'avec lui. Il existe en Angleterre comme en France, des entrepreneurs de deuil qui se chargent des de- voirs funèbres (i). Les obsèques forment le prin* cip^al reveiru des recteurs ou curés. Lès droits en sont d'autant plus considérables , que> dans toutes les conditions, la magnificence des fu- nérailles fait la partie capitale du luxe anglais. vE^uUe part elles ne sont plus follement somp- tueuses que dans 'les îles britanniques. Si un -artisan meurt sans avoir la certitude d'être con- duit en terre dans un Carrosse à six chevaux, comme un pair dû royaunje ou un marchand de la cité , il peut du moins se flatter qu'il y (t) C'est aux Anglais que lious devons l'usage introduit depuis ^uel({ue» auAéeA pour le^ enterremeiu^ d'jéngleterre , d'Ecosse et d^ Irlande. 4 H sera conduit en voiture (dans'uri corbillard). Sa femme et ses enfans se passeraient de pain , vendraient leurs meubles, plutôt que de per-^ mettre que son cercueil traversât les rues de Xiondres, mesquinement porté par dés hoûimes k pied. Plus le carrosse est magnifique , et le .cortège nombreux (des parens et des amis), plus la famille se croit honorée. En France , la dépense des équipages y àtn babits f et autres objets de luxe , ruine une fa- mille : à Londres , une pompe funèbre absorbe souvent la moitié d'un héritage. Les morts, ensevelis avec des chemises à jabot, à manchette^ (de laine) , et appuyés dans le cer- cueil sur des oreillers (aussi de laine), sont trans- portés dans un corbillard drapé de noir, plus ou moins magnifique , ii la paroisse, où on leur rend les derniers honneurs , en raison de la dépense que jugent à propos de faire les héritiers. On distribue à ceux qui assistent au convoi , des anneaux funéraires , ornés d'inscriptions , -de bières et de squelettes, si artistement émaillés et si bien déguisés, que souvent, dans les pays étrangers où on les revend , on les porte comme des bagues fort galantes. Xa sépulture dans les églises est à si hautprix , qu'il n'appartient qu'aux gens les plus riches d'y prétendre. Le cimetière même est fort cher ; l'ouverture de la terre y coûte une guinée. Les 4i Londres y la cour et les prwincef précautions nécessaires pour j mettre les morts à Tabri de la convoitise des anatomistes , aug-^ mentent encore la dépense, par Ténorme pro* fondeur que Ton fait donner aux fosses. Lés^ frais ]^ur Tenterrement d'un enfant âgé de trois ans, inhumé dans le cttnetîère, se montent à plus de a guinées. Pour les funérailles d'un enfant qui s'était noyé dans le vivier d'une pension auprès de Londres 9 ses parens dépensèrent 6ao liv. sterL La plupart des catholiques qui meurent à Londres ou aux environs, obtiennent la per- mission de se faire enterrer avec décence dans le cimetière d'une église anglicane , nommée Saint-Pantras, qui est à deux milles de Londres. En les coilduisant à la sépulture , on est seule- ment tenu d'avoir Tattenlion de réciter tout bas les prières d'usage ► Quand un homme riche , et surtout un grand seigneur , meurt en Angleterre , on embaume son corps avec beaucoup de soin ; on le place ensuite sur un magnifique lit de parade , où on le laisse pendant quinze jours exposé à la Curiosité publique.; Le jour désigné pour transpor|(er le défunt à la sépulture, tous ceux qui doivent assister à cette triste cérémonie, se rendent chez lui. Des valets et des servantes':présentent auxassistans d'^ngteêerre^ d^JSe&sse et d'Irlande. 43 des branches ^e romarin , et des verres remplis de vin , de bière on de punch. E^ Angleterre*; les hommes n'assistent point aux convois des femmes , ni les femmes à ceux 4^,& hommes. • A h tête du convoi marchent les bedeaux de la paroisse ^ portant à la main leur masse con«» Tçrte d'un grand crêpe. Yient ensuite le rec- teur ou curé de la paroisse , accompagné de son Qlerc; il est suivi par le cercueil couvert d'un poêle de velours noir, avec des bandes de satin bUnc, ou bien d'un poêle de drap noir, avec des bandes de toile blanche : Fun et l'autre sont si amples , que six ou huit hommes (fui portent sur leurs épaules le cercueil , en sont cachés jusqu'à la ceinture . Les quatre coins soi^t portés par quatre amis , si c'est le convoi d'un homme , ou par quatre amies , si c'est celui d'une femme. Après le cercueil, ràarchent, deux à deux, les parens et les aoiis du défunt, en grand manteau de deuil , et portant dans leurâ mains couvertes de gants Aoirs, la branche de romarin qu'on leur a donnée dans la maison du défunt. Mais il est rare que les convois se fassent à pied, surtout à Londres. Le cercueil est ordi- nairement posé sur un corbillard qui , entiè* rement couvert dé drap noir , tst traîné par six chevaux caparaçonnés, de noir et de blanc ^ 44 Londres , la cour et les pronnces et la tête ornée de grands panaches de même couleur. Toutes les personnes dû deuil suivent dans des carrosses drapés , dont plusieurs sont aussi quelquefois attelés de six chevaux. Le convoi étant arrivé à l'église, on y pose le cercueil eh face de la chaire. Après les prières prescrites par le rituel , et qui diffèrent peu de celles du rituel romain , on prononce l'orai- son funèbre du défunt : elle est plus ou moins longue , plus ou moins éloquente , suivant* qu'elle est bien ou* mal payée. Les prêtres en ont à toute sorte de prix, et pour toutes les- conditions : tellement qu'un simple artisan qui voudrait y mettre le prix , pourait se flatter* d'être loué après sa mort comme le serait un général d'armée, ou un fameux ministre d'Etat. L'oraison funèbre étant prononcée, on pro- cède à l'inhumation, qui se fait dans Féglise, quand les héritiers sont assez riches pour en faire la dépense , ou dans le cimetière. Les priè- res qu'on récite en mettant en terre le défunt, ont quelque chose de singulier. « Je recomman- » de , dit le prêtre, ton ame à Dieu , ton corps » à la terre , la terre à la terre , et les cendres » aux cendres ». Le convoi se retire et retourne à la maison du défunt, dans le même ordre qu'il s'est rendu à l'église. C'est alors qu'on distribue à tons les assistans des bagues funéraires et de nouveaux d* Angleterre , 4* Ecosse et d'Irlande. 45 Terres de vin. Cette distrîbutioa est souvent suivie d'un splendide repas , au Ton boit large- ment à la mémoire des vertus du mwt. Le peu- ple ne manque guère de s'y enivrer coxnplet- temént. On but pour 4o,ooo écus de vin aux obsèques de Cromwel , et pour 60,000 à celles du général Bannier , dont toute la fortune ne montait pas à 100,000 écus. Les Quakers se moquent de ces folles dépen- ses, ib n'en font aucune pour leurs enterre* mens ; leurs morts sont portés sans appareil et sans pompe , au cimetière de leur secte ; ils ne suivent point le cercueil , et on ne prononce point l'oraison funèbre de celui qui y est ren* fermé. Non-seulçment les Anglais aiment avec pas- sion les beaux enterremens , mais ils voudraient tous qu'on gravât sur leurs tombeaux des épi- taphes propres à immortaliser leurs noms....... On remarque en parcourant les cimetières , que les épitaphes contiennent des éloges qui con- viennent à toute espèce d'individus ; mais cet inconvénient est inévitable ; outre la difficulté de donner des louanges particulières et bien ap- propriées , la plupart de^ hommes n'ont point de caractère qui les distingue , et il est difficile de dire d'evix quelque chose qui ne soit pas ap- plicable à mille autres. •••« Ce ne sont pas là les seuls défauts qu'on puisse reprocher aux épitsi- ^6 Londres y la cour et lés provinces phes , eu Angleterre : dans pres(}ue tous les ci- metières , on lit des inscriptions sépulcrales, qui choquent la grammaire , le bon sens et la dé- cence. «Les voyageurs, dit M. Knox, au lieu de visiter ces asiles des morts , dans la vue d'y ré- cueillir des réflexions salutaires , y vont ordi- nairement pour samuser de Tabsurdité et du ridicule des inscriptions gravées sur les tom- beaux ». £n Irlande , on rend de grands honneurs aux morts : nous ne parlerons que de ceux qui se pratiquent parmi les paysans. Après le décès d'un homme de la campagne Ou d'une femme , la paille sur laquelle il a rendu le dernier sou- pir est brûlée devant la porte de la cabane ; et quand la flamme s'élève dans les airs, la famille pousse le cri de mort. La nuit , le corps , à vi- sage découvert', un drap jeté sur lui , est posé çuF quelques planches , ou bien sur une porte ôtëe de ses gonds , et soutenue par des esca- belks, et on le veille très-soignéusement , tan- dis q^e des pleureurs , se relevant tour à tour , jettent des crié 'horribles, ou plutôt des hurle- mens. Quand les pareDs , aitiis et voisins , sont rassemblés , les chandelles et lés' chandeliers de chacun soûl placés autour du cùtps ,' et , seloû les ihoyens dé la famille , l'assemblée est réga- lée de wkisAejr^ à'ale , de gâteaui , de pipes et de tabac. . ' j.' 1 1 'd* Angleterre , et Ecosse et â^ Irlande. 47 Depuis la réformation , Vusage commua > en Angleterre , exclut hs sépultures dans les égli- ses » et laisse seulement la liberté de suspendre aux murs les épitaphes des morts. Mais comme on ne connaît poiiit de règlement civil ni ecclé- siastique , aui puisse donner ^ cette coutume la force d'une loi , et qu'il y a même plusieurs églises , telles que celle de Westminster , où les ^exemples opposés sont en grand nombre , il s'est trouvé quelques seigneurs qui , fâchés de voir les cendres de leurs parens et amis, confondues dans des cimetières de campagne , avec celles du peuple, ont entrepris de forcer les ecclésiasti- ques à leur donner un lieu de repos plus ho- norable. Ceux-ci , s'autorisant de lliabitude , et de Tinconvénient d'enterrer les morts dans un lieu où s'a/nsemblent constamment les fidèles > t>nt insisté sur U méthode ordinaire , et ne se «entant peut-être point assez forts pour résis- ter au pouvoir séculier, ils ont eu recours, dans plusieurs endroits , à des stratagèmes , qui leur ont d'abord assez bien réussi. Dans quel- ques bourgs du pays de Galles , où les seigneurs avaient obligé les pasteurs d'accorder la sépul- ture à leurs parens dans les églises , cette vio- lence eut des suites qui répandirent l'étonne- ment et la frayeur dans toute cette partie de TAngleterre. Quelques pasteurs , résolus de con-^ fcert à ne rien épargner pour soutenir le droit 48 Londres , la cour et les pronnçes de leurs églises, avaient trouvé le moyen de faire un miracle autant de fois qu'il en était besoin, pour donner du crédit à leur cause. Le jour d'après un enterrement , on voyait avce admiration et effroi le tombeau ouvert et le cercueil dehors à quelque distance , comme si le ciel eût voulu déclarer par cet effet prétendu de sa puissance , qu'il n'approuvait point ce que le pasteur avait condamné. Les plus incré- dules avaient peine à résister au témoignage de leurs propres yeux , qui voyaient la terre dis- persée , sans aucune marque qui pût leur faire soupçonner que la malice humaine eûtlamoiur dre part à ce désordre. Le même événement étant arrivé plusieurs fois, et dans des lieux dif- férens, il n'y eut presque personne qui ne prît parti pour les ecclésiastiques^ et qui ne crai- gnît de s'attirer la vengeance du ciel en man- quant de soumission pour des preuves si écla* tantes de sa volonté. Cependant , un gentilhomme du Carnavons- hire , qui ne put croire à tous ces prodiges , at- tendit quelque occasion pour l^s approfondir , et la trouva bientôt dans l'un àts bourgs mêmes où l'on y croyait davantage.' Une personne d« distinction venait d'être enterrée dans l'église , malgré l'opposition ordinaire du pasteur ; le gentilhomme incrédule , ol^tint à l'aide d'une somme d'argent, qu'on lui ouvrît l'église apr^ d^ Angleterre ^ d^ Ecosse et d'Irlande. 49 renterremént , et eut la constance d'y passer là nuit pour observer tous les événeméns. L'obs- curité l'empêcha d'abord de remarquer que.la fosse s'ouvrait , et que fa terre vomissait en ef- fet le cercueil; mais à peine le trou fut-il libre, que la lumière qui se répandit aux environs , lui fit juger que les acteurs de cette comédie n'étaient pas éloignés. Il s'approcha doucement de la fosse , où il aperçut un homme debout qui achevait d'arranger la terre autour de lui; et à la lumière de deux chandelles qui étaient au fond du trou , il découvrit le pasteur , qui , le corps à demi caché sous une espèce de voûte , communiquait à la fosse , et donnait les ordres les plus convenables à son dessein. Le geiitil- homme se retira sans bruit , et remit l'éclaircis-» sèment au lendemain. Ayant profité du reste de la niiit pour avertir les parens du mort , il ne manqua pas de se rendre le lendemain ma- tin à Téglise , où il trouva déjà le peuple en foule, qui considérait le nouveau prodige, et osait à peine s'approcher de la fosse. Pour lui , que la crainte n'arrêtait point , il y descendit aux yeux de tout le inonde, et chercha d'abprd le trou par lequel il avait vu passer la tête dif pasteur. Mais cette ouverture avait été bou- chée avec tant de soin , que payant pu la trç^- ver , il ne lui resta d'autre parti que d'aller au presbytère qui touchait à l'église. Il se £(t assez a. 4 r • I 5o Londres , la cour et les provîntes bien accoin|pagnei^pour ne craindre aucune rrf- sistatice, et découvrit bientôt les traces du tra* vail de la ùuit. C'était en effet le pasteur qui , tiVec te secours de quelques personnes intéres- sées ail succès de ses vue» , avait profité de Kn- tervalle qu'on met toujours entre le décès cl l'enterreinent , pour disposer si favorablement la fosse , que par le moyen de quelques plan» ^hes qui soutenaient le peu de terre sur laquelle on posait doucement le cercueil , et d'un trou, inférieur qui était assez grand pour contenir tin homme robuste, rien n'était si facile que de pousser dehors , et le cercueil , et la terre nou-^ Tellement remuée qui le couvrait. Le fond de , la fosse et le chemin creusé qui y conduisait , avaient été rétablis du coté de l'église , d'une manière à les dérober à tous les yeux ; mais il AVait été impossible , dans un si court espace , de remettre tout dans le même ordre du côté de la maison. « ^ On voit tians l'église paroissiale de Kedlis- fone, dans les environs de Derby, un monu- ment élevé à la mémoire delady Curzon , dont le lord Sarsdale descend eu ligne directe. Le n^nument représente cette dame allaitant deux cpC^ns qu'elle tient dans ses bras. Milady Cur- zon , depuis long-temps malade , tomba en lé- thargî^l on la crut morte ; elle fut inhumée d^ Angleterre , d'Ecosse et (V Irlande. 5i dans un caveau appartenant à sa famille. Oa avait enseveli avec elle plusieurs bijoux , qui tentèrent la cupidité du fossoyeur. Pendant la nuit qui suivit Tenterrement , il entra dans Té- glise y ouvrit le tombeau y et tira avec tant de violence une bague que la prétendue morte avait au doigt , qu'elle en ressentit une douleur assez forte pour la rappeler à la vie. Le cri qu'elle jeta porta Tëpouvante dans 1 ame du fos- soyeur , qui s'enfuit de l'église, dont il laissa la porte ouverte , croyant que la morte revenait pour le punir de son crime. Lady Curzon sortit «^e son cercueiU «t eut .la force et le courage de * se rendre chez elle. Ce fut son mari qui lui ou- vrit la porte. Après cette espèce de résurrec- tion^ elle mit au monde les jumeaux qui sont représentés sur le monument , et eut encore cinq autres enfans. Le duc de Cumberland, qui comifiandait l'armée anglaise aux champs deFoutenoy, mou- rut subitement à Londres, le ii octobre 1765. Jean Mezzo, hussard de ce prince, donna en cett^ - occasion des preuves d'une extrême probité. * Itfezzo demanda au premier page de son maître un des habits noirs du prince décédé, pour qu'il pût en porter le deuil avec tout le monde. Le page^ occupé alors, lui dit d'aller à sa cham- bre , et d'y prendre rhal)it qu'il y trouverait ; 5a Londres , la cour et les pronnces *xnais le fidèle hussard refusa de profiter de la permission , en l'absence de celui qui la lui avait donnée. Le lendemain, le page lui remit un habit , qu'il porta aussitôt chez le tailleur , pour le faire accommoder à sa taille. Alors il y découvrit une poche secrète ^ et , dans cette poche , un portefeuille dans lequel il se trouva .vingt billets de banque , montant ensemble à ii^Si livres sterling ( 4^, ooo francs). C'était une grande fortune pour un simple hussard. Mezzo refusa de profiter d'une somme qui ne lui ap- partenait point. En présence du tailleur, qui constate le nombre et le montant des billets , il en fait un paquet cacheté, et» accompagné de son témoin , va le remettre à l'hôtel de Gum- berland , entre les mains du gentilhomme de service. Il est à présumer que cette belle action ne resta point sans récompense , et que le brave ihussard n'eût pas seulement la satisfaction de porter avec honneur le deuil de son cher maître. II mourut à Malden , dans le comté d'Essex , le II mars 1760, le nommé Edouard Bright , qui avait ciiiq pieds neuf pouces de haut^ et dont les épaules étaient si larges qu'elles avaient trois pieds quelques pouces. Il pesait six cent quarante-six livres. Après sa mort on mit sept hommes d'une grosseur ordinaire dans sa veste dAngUterre^ d! Ecosse et d'Irlande. 53t boutonnée , sans qu'aucun bouton se détachât. Il était cependant d'une agilité surprenante. Au mois de mai 1787, on enterra da^is le cir metière de Rosewallis^ dans le comté de la Reine (Queen's County ) , le cadavre le plus eoloa- sal qu'on ait jamais vu en Angleterre , depuis Pinnacoule, fameux géant irlandais. Le cercueU était porté par de forts jeunes gens qui se re- layaient alternativement; ils étaient au nom-, bre de trente. Cet homme extraordinaire, nom- raé Royer Byrne , qui demeurait près de Bor- . ros , en Ossory, mourut dans la cinquante-qua- trième année de son âge , dune suffocation, oc- casionnée par un excès de graisse qui arrêta le jeu des poumons. Il pesait quatre-vingt-dix -huit livres de plus que le fameux Edouard Bright , ^ont nous venons de parler. Mais il mourut eu Angleterre, en 1809, à l'âge de quarante ans, un homme d'un poids encore plus considérable , puisqu'il pesait sept cent trente-neuf livres. On construisit son cer- cueil sujT d'eux essieux et quatre roues. ' t ■ » ■ «■■ I .11 n . V. 54 Londres , la cour et les province^ CHAPITRE LIL Jurisprudence y Lois^ Juges ^ Jurés ^ jdvocats. JT ARMi les diverses professions qui conduisent à la fortune en Angleterre, celle d'avocat est une des plus importantes. L'homme qui l'exerce avec un talent supérieur, parvient aisément aux premières magistratures, aux richesses et aux honneurs. On prétend qu'en Angleterre la chicane a cinquante mille jurisconsultes pour appuyer son pouvoir et perpétuer son règne* L'auteur d'un petit ouvrage sur le commerce , assure ;qu il y en a plus dan& la Grande-Bretagne que dans tout le reste de l'Europe. Il dit qu'ib pos- sèdent la quatrième partie des terres de la na- tion. Comme les cadets en Angleterre sont ré- duits à leur légitime , ils adoptent volontiers la profession d'avocat , parce que ç*es^ une àes plus lucratives , et qui conduit aux places les^ plus éminentes, jnéme à celle de grand chance* lier du royaume , ou du moins à devenir l'un des douze grands juges. Il en coûte jusqu'à 10,000 liv. sterl. pour être admis au nombre . des gens de loi; et cette somme est dépensée tant en festins qu'ei^ symphonies ^ et en bagues €r Angleterre^ d'Ecosse et d'Irl^n^e. 65 tfor, que le récipiendaire distribue le joqf de son installation , à ses nouveaux copfrères, ^jnisi qu'au grand juge du tribunal ^uqyel '^ v^ut principalement s'attacher. L'étude des lois n'est pas beaucoup cpmpli* quëe dans les îles britanniques ; on parvient sans peine à en acquérir une connaissance suf- fisante; mais leur application^ et le grand nom- bre d'abus que les législateurs ont laissé subsis^ ter, fournissent aux avocats le moyen de dé- fendre les plus mauvaises causes, et de s'enri- chir aux dépens des plaideurs. D'ailleurs , tous les suppôts de la chicane , en Angleterre , sont prodigieusement chers , extrêmement avides et les procès y sont beaucoup plus ruineux qu'en aucune autr^ partie du monde. Les lois anglaises sont pourtant toujours si claires , si précises , qu'il sufBt du simple boa sens pour condamner ou pour absoudre; elles ne doivent jamais être inter{)rétées , c'est la let- tre qu'on doit toujours consulter, sans examen, ni subterfuge : pour juger d'après la loi , la rai- son et la droiture sont donc seifles nécessaires; mais en Angleterre la lettre de \z, loi tue , et l'esprit ne vivifie pas. Un marchand épicier ayant éjé ppursuivi en justice pour avoir mêlé des feuilles de plantes étrangères avec son tabac, gagna son procès en f 56 Londres^ la cour et les provinces prouvant cjù'il n'y avait point du tout de tabac dans ce qu'il vendait. Combien de cabaretiers , accusés de falsifica*^ lion , se sont fait déclarer blancs comme neige, en donnant des preuves , que dans leurs vins , il n'y avait pas une seule grappe de faisin ! Il est une infinité de cas où la loi , qu'on suit à la lettre, semble autoriser le crime. Le fameux Barrington, ce voleur si connu, qui pendant dix à douze ans répandit la terreur dans Lon- dres, fut pris et renvoyé plus de dix fois, par- ce qu'il connaissait si bien les détoura que pres- sentait l'esprit de la loi , qu'il ne fut pas possi- We de le convaincre. Les Anglais!, pour prouver combien l'on suit la loi littéralement , ont coutume de citer un homme qui avait mis une troisième roue à sou cabriolet , et une cinquième à son carrosse , pour ne pas payer l'impôt établi sur les voitu- res à deux et à quatre roues. Un Anglais, au désespoir de ce qu'une fem- me ne voulait point répondre à ses vœux , me- naça de la tuer au premier moment ; et le sur- lendemain , après l'aVoir accablée d'injures au milieu de la rue , il lui tira un coup de pisto- let, et manqua la victime de sa fureur. Aussi- tôt il fut arrêté; mais,, au bout de qu.etques jours , il fut renvoyé çhe^ lui , con^me très-iu- r '^ mL."*^ â^Jngleterre y d^ Ecosse et et Irlande. Sj nocent , parce qu'on ne put pas prouver que le pistolet eût été chargé à balle. lies sermens ordonnés par la loi sont très- multipliés; leur fréquence et la manière dont on les prête , affaiblit leur impression sur les esprits , et par conséquent diminue l'horreur du parjure. Rien n'est plus commun que de voir des hommes , d'ailleurs pleins d'intégrité et d'une conscience délicate, prêter légèrement dessèrmensàladouane. Il est une classe d'hom- mes connus sous le nom drames damnées , qui se tiennent près de la douane, afin de jurer, moyennant un prix convenu , pour les mar- chands , quoiqu'ils n'ayent aucune connaissance des articles des marchandises , qu'ils n'ayent point vu les parties , et qu'ils soient totalement étrangers à l'affaire. Ces jureurs de profession ont une espèce de sauve -garde pour écarter les scrupules : ils ont prêté un ancien serment, par lequel ils se sont obligés à ne jamais dire la vé* rite à la douane ou au bureau de l'accise. » Ou n'a rien fait jusqu'à présent poui^ répri- m^er tout ce qui peut diminuer le respect pour le serment. Cependant la fortune , la vie, l'hon- neur de l'homme le plus innocent J n'ont rien qui puisse les garantir des faux témoins fami- liarisés avec le parjure. BeaucoujT d'individus de la classe du peuplé ont des idées si impar- faites de la roatpre du serment , qu'ils croient . 58 LondfeSf la cour et les provinces éviter le crime de parjure, en baient leur pou*^ ce au lieu du livre sur lequel ils jurent. D'au- tres pensent que le crime du faux serment est en raison directe du livre sur lequel ils le prê- tent. C'est un parjure peu grave , selon eux ^ de jurer faux sur le livre de prières ordinaires ;. un plus grand parjure , sur le livre de prières et le Nouveau Testament ; et le plus grand de / tous sur le livre de prières relié avec FAncien et le Nouveau Testament , ce qui constitue pro- prement ce qu'on appelle le serment de la Bi- (>le Il y a des procureurs qui ont toujours à leurs gages de faux témoins en état de prouver tout ce qu'on peut exiger d'eux , et qui en four- nissent au plus juste prix* Ils procurent aussi des cautions juives^ à deux et demi pour cent , et des cautions chrétiennes ^ à cinq pour cent. Cette distinction de cautions juives et chré- tiennes n'est connue qu'en Ancletèrre. Est*il question de del)arrasser un créancier sans ex- poser ses' cautions ? on preijid un couple de Juifs domiciliés , la loi n'exigeant pas davaqtage; ils s'obligent à payer la somme au défaiit au débiteur , qui , par là sort d'affaire pour le mo- ment, et jurent que, leurs propres dettes payées, il leur reste encore le doubla de la somme pour laquelle ils ont répondu. Le général Gansel^ arrêté pouv une somme V d\ Angleterre i d* Ecosse et d* Irlande. 69 considérable , se fait cautionner par deux Juifs au tribunal de King's-Bench. On leur demande des preuves de leur fortune ; l'état de pauvreté dans lequel ils se présentaient, exigeait cette précaution : ils étalent à l'instant un nombre de billets de banque , montant à la somme de 10 à 12,000 livres sterling. La caution acceptée, on s^'empresse autour de nos bous Israélites ; Tun leur demande le billet de i ,000 livres , l'au- tre de 5oo, ainsi du reste, qu'on leur a' con- fiés pour faire figure. Eufin , ces deux particu- liers , si riches quelques momens auparavant ^ sont dépouillés de leur fortune factice avant d'être sortis du tribunal , et il ne leur reste que quelques guinées, prix de leur parjure , et dont ils se servent pour disparaître du pays. Voilà ce qu*on appelle cctutions juives. Le serment que l'on fait prêter dans les cours civiles et criminelles , n'est pas revêtu des for- mantes imposantes qui le rendent redoutable ailleurs , puisqu'il ne consiste que dans l'acte de baiser la Bible , en réponse à la question : a Jurez-vous que tielle ou telle chose est vraie»? Tout le monde indistinctement peut le prêter. Aussi la menace la plus terrible et en mêm^ temps la plus familière que puissent faire, à Lon^ dres , les gens du peuple , se borne à ces paro- les : yen ferai s&rment. Le parjure est puni de ^ort cA matièr^is criminelles» Dans les causes f 6o Londres , la cour et les provinces civiles , lorsqu'un faussaire est déma^ué y il en -est quitte pour quelques jours de prisoa^ ou , tout au plus, pour être attache au pilori, com- me ayant manque de respect au tribunal. Pour ruiner un honnête homipe , et le tenir des années entières en prison, il suffit qu'un scélérat ai t assez d'audace pour affirmer que cette homme lui doit une somme quelconque. On ac- cordé à ce fripon un décret de prise de corps (un fTrit) ; le prétendu débiteur est arrêté, conduit chez une de ces sangsues publiques , connues sous le nom de Bailli ^ et si , dans les vingt-quatre heures, il ne trouve point une cau- tion, ce qui, pour un étranger surtout, n'est pas toujours facile, il est conduit en prison, ou il doit rester jusqu'à l'acquittement de la pré- tendue dette. Si l'on trouve un avocat pour dé- fendre sa cause , loin d'en être plus avancé , on dépensera au moins le double de^ la somme de- inandée. Le misérable qui a fait arrêter Fhon- nête homme ne paraîtra point pour ad'minis- trer ses preuves ; l'un et l'autre sont mis hors de cour , ou, si le fripon est convaincu de faux , il sera impossible de le découvrir pour toucher les dommages et intérêts auxquels on l'aura condamné. Un jeune homme ayant eu quelque démêlé avec son hôte ^ celui-ci alla prendre ce qu'on y» à^Angleïerre , d'Ecosse et d'Irlande. 6 1 appelle un fTritoxx privilège d'emprisonnement, pour argent prêté. Il savait que le jeune homme dînait chez une personne de qualité : sa voi- ture arrive à la porte de l'hôtel; mais, avant que le domestique ait eu le temps de frapper , un arrêteur ( un Bailli ou huissier ) et son com- pagnon ^avancent auprès de la voiture, et lui font entendre qu'il est leur prisonnier. Celui-ci ne se rappelle aucune créapce ; n'importe , il faut suivre le Bailli y qui le conduit dans une de ces maisons qu'on appelle si énergiquement en anglais Spunginghouse ( maison où Ton vons presse comme une éponge). Arrivé dans cet asile . de l'inquiétude et du désespoir, il demande ce qui lui est nécessaire pour écrire à deux amis de venir. le cautionner. L'arréteur lui fournit un messager. Ce commissionnaire savait trop bien son métier pour faire diligence ; il arrive enfin sur les onze heures du soir ; il est trop tard , il faut remettre l'affaire au lendemain ; lé jeune homme n'est libre qu'au bout de vingt - quatre heures, après avoir payé le mémoire exorbi- tant de l'huissier, qui montait à quatre guinées. Cependant la cause est portée devant le juge.- Le prétendu créancier comparaît par procu- reur ; celui-ci produit deux témoins prêts à ju- rer que la dette est légitime ; on leur demande leur serment, et ce n'est qu'au hasard que le jeune homme dut le bonheur d'avoir sauvé sa f 6a Londres , la cour et les provinces bourse. Le greffier remarqua , et les tëmoînd pris sur le fait en convinrent eux-fnêmes, qu'ils n'avaient baisé que leur pouce au lieu de la Bi- ble. Sans doute que ces coquins-là furent punis; L'assignation n'a pas lieu en Angleterre. Toute procédure relative au commerce ou pour dette, commence par la contrainte par corps. Un procès civil qui , dans la Grande-Bretagne, commence à la preniière génération, finit ordi- nairement à la troisième ou à la quatrième. Là justice a toujours mangé le fonds avant qu'elle ait décidé qui a tort ou raison ; elle avale l'huî- tre , et laisse les écaiHes aux plaideurs , comme a dit notre inimitable fabuliste La Fontaine. Dans les affaires criminelles , toute l'instruc* tion se fait en public : il n'y a d'écrit que l'in- formation; le reste se passe de bouche, en au- dience publique , entre l'aôcusé , le juge et les jurés. . Un accusé ; renvoyé absous , peut agir en dommages-intérêts contre le dénonciateur, con- tre la partie civile , et même contre la partie publique. L'accusé peut avoir un avocat auquel est in- terdit toute discussion du fait. Il ne peut dé- battre que l'application de la loi; maïs les moyens les plus impertmens , les plus ridicules sont admis. - ^Angleterre , d Ecosse et d Irlande. 63 Il ne peut être condamné qu'après avoir été déclaré coupable par les jurés ; et ce jugefuent doit être unanime pour l'absolution ou la con- damnation. Lorsqu'un condamné est atteint de la corrup- tion du sang y c'est-à-dire , déclaré coupable , et déporté , il ne peut hériter ni garder les biens qu'il a en sa possession , ni les transmettre à ses descendans ou à tout autre; ils sont confisqués. Les condamnations «n'ont rien d'infamant pour la famille d'un condamné ; les parens de celui qui périt par lacorde , n'en sont pas moins considérés, s'ils sont d'honnêtes gens. Un fils ou le frère d'un lord condamné à perdre la tête sur un échafaud , n'en Tient pas moins siéger à la chambre des pairs. Les jurés ne sont pas seulement dirigés par des motifs d'honneur et de conscience ; la loi Prononce les plus grandes peines contre cens: ui prévariqueraient sciemment dans cet au- guste ministère. Ils sont déclarés ex-legCy c'est-à* dire y destitués de tonte protection de la part du roi et de la loi , infâmes , indignes de créan- ce, déchus de tous droits, et inhabiles à tout de- voir de citoyen. Leurs biens sont confisqués, leurs maisons démolies , leurs prés labourés et mis hors d'état de produire , leurs arbres arra- ches , et leurs corps détenus en prison perpé- tuelle < La loi prononce, les mêmes peines cou- i. \ 64 Londres, la cour et les provinces tre les accusateurs calomnieux en matière capi- tale. Mais il est rare qu aucun juré ait oublié les devoirs sacrés qui lui sont prescrits. Quand un homme est accusé criminellement, douze jurés , enfermés dans une chambre pour opiner , sur l'examen de la procédure , s'il est coupable ou s'il ne l'est pas^ ne sortent plus de cette chambre, et n'y reçoivent point à manger qu'ils ne soient tous d'accord; en sorte que leur jugement est toujours unanime et décisif sur le sort de l'accusé. ^ Dans une de ces délibérations , les preuves pa- raissant convaincantes contre un criminel, onze des jurés le condamnèrent sans balancer ; mais le douzième s'obstina tellement à l'absoudre , sans vouloir alléguer d^autre raison y sinon qu'il le croyait innocent , que , voyant ce juré déter- miné à mourir de faim plutôt que d'être de^. leur avis , tous les autres , pour ne pas s'expo- $er au même sort , revinrent au sien , et l'accusé fut renvoyé absous. . L'affaire finie , quelques-uns des jurés pres- sèrent vainement en secret leur collègue de leur dire le motif de son obstination. Ce ne fut que long-temps après qu'on sut que c'était lui-même qui avait commis le crime dont un homme in- nocent avait été accusé. Ifous rapporterons, plus loin, cette histoire intéressante dans tou& ses détails. d'Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. 65 Dans lès affaire» civiles , les jurés sont tenud à la même unanimité qu'au criminel. Dans une cause qui se plaidait à Lews , dans le comte de Kent, les douze jurés , après avoir entendu Ta- vocat , se retirèrent pour se concerter sur Tavis qu'ils devaient donner , et rentrèrent ensuite dans la salle d'audience , en déclarant au juge qu'ils n'avaient pu convenir entre eux d'aucune décision. Ce magistrat les fit enfermer dans là salle du conseil , et défendit qu'on leur donnât à boire ni à manger jusqu'à ce qu'ils fussent convenus d'un jugement quelconque ; il remit l'audience au lendemain. Ce jour-là, l'indécision des jurés fut la même que la veille , et les pair- ties s'accommodèrent alors , suivant le conseil que le juge leur en donna. Si un accusé est déclaré cotipabl'e , il peut ré- clamer en sa faveur le bénéfice de clergie, qui s'étend non*seulement aux gens d'église, mais aux laïques mêmes , dans plusieurs cas. Soùs le règne de Guillaume II , en 1088 , les Anglais étaient si ignorans , qu'à peine les prê- tres savaieiit lire. Ce prince, afirl d'engager ses sujets à s'instruire , ordonna que pour certains crimes , l'accusé pourrait racheter sa vie ', s'il était capable de lire une page à livre ouvert dans la Bible. Quoique aujourd'hui il n'y ait peut-être pas un paysan dans les trois royau- mes , qui ne Sache lire et écrire , cette loi sub- 2. 5 i 66 Londres y la cour et les provinces, siste encore, par amour pour rhumanHë. On dit au coupable : « Vous , qui êtes convaincu de tel crime , qu'avez - vous à dire pour empêcher que sentence de mort ne soit prononcée contre vous »? Il répond : « Je réclame le bénéfice de clergie ». Aussitôt on lui présente une Bible en caractères gothiques, dont il lit quelques lignes. Le juge demande à un ecclésiastique présent : « Lit ' il , ou ne lit^ il pas »? Le prêtre répond ; ce II lit comme un clerc ». Alors te criminel est marqué d'un fer chaud , sous le pouce gauche , afin qu'il ne puisse plus invoquer ce singulier privilège, et il est renvoyé. Au reste, les lettre* gothiques ne sont guère moins connues en An- gleterre que le caractère romain, et Ton s'en sert encore dans plusi^iurs occasions : les actes du parlement, les proclamations àes rois , etc. , ne s'impriment point autrement. Les lords sont toujours censés savoir lire , et ne sont pas marqués d'un fer chaud , lorsqu'ils se rachètent par le privilège de clergie; ce qui s'entend de tous les délits susceptibjies du jprivi- lége clérical dans la bourgeoisie, comme d'ç^ fraction de maison^ de vol sur le grand chemin y de polygamie, de larcin^ de chevaux , ou de vol d'église. Le privilège clérical, ou, selon le langage vulgaire, le bénéfice de clergie, doit son ori- gine aux pieux égards que les princes chrétiens 'd'Angleterre , d'Ecosse et d Irlande. 67 avaient pour l'Eglise dans son enfance , et à l'a- bus que les ecclésiastiques ont ,fait de cette pieuse condescendance. Après avoir été acquittés, les laïques et les clercs étaient renvoyés à l'ordinaire (Tofficia- lité), pour des pénitences conformes aux canons de l'Ejglise. La procédure- qui se faisait alors est P^^i* santé, et dura jusqu'au Tegne d'Elisabeth. L'évéque, pu son délégué, employait pour cela douze clercs-jurés, et le criminel lui-mé- me; d'abord on faisait prêter serment au cri- minel de son innocence , ensuite aux. douze compurgateurs ou clercs-jurés , qui affirmaient qu'ils étaient persuadés que le prévenu disait la vérité. Après cela on entendait les témoins sans serment; mais comme il fallait que l'ac- cusé fût déclaré innocent , on avait soin de prendre la précaution nécessaire , de n'enten* dre que ceux produits par le criminel; et enfin, comme on doit bien s'y attendre, les clercs- jurés donnaient leur jugement , qui ordinaire- ment absolvait l'accusé^ et dans le cas où il au- rait été trop absurde de le justifier tout-à-fait, il était dégradé) si c'était un clerc, et mis en pénitence. Par cette purgation , le criminel , quoique convaincu, par un premier jugement, de la ma- nière la plus solennelle , et par sa propre cons- 6S Londres y la cour et les provinces cience^ était rétabli dans son crédit, dans sa liberté , dans ses biens , dans tous les droits de. citoyen , et il devenait un nouvel homme , pur 0Qmme la vertu. Un statut de Jacques V^ , concernant les femmes coupables de simple larcin au - des- sous de dix schellings ( environ i % francs ) , leur accordait, non proprement le privilège clérical, car on ne les admettait pas à lire, mais quelque chose qui y ressemblait, c'est-à-dire, d'être brûlée sous le pouce, d'être fouettée, et d'être détenue en prison pendant moins d'un an. Les statuts de Guillaume III et de Marie ^ usèrent de plus d'indulgence envers un sexe^ faible , et qui mérite quelques égards. Les fem-* mes furent autorisées à réclamer le bénéfice du statut , comme les hommes le privilège clérical,, en demandant d'être déchargées de toute peiup^ après avoir été marquées au pouce , et détenues quelques mois en prison ». La soumission aux lois est une vertu dans tous les pays du monde. Un domestique du prince Henri, fils aîné d'Henri IV, roi d'Angle- terre, est accusé au banc du roi, et saisi par ordre de ce tribunal» Le prince , qui l'aimait , regarde cette entreprise comme un manque d'é gards pour sa personne. Il se rend au siège de la justice , et ordonne aux officiers de remettre d'Jngleterre , d Ecosse et d* Irlande. 69 sur-le-champ son domestique en liberté. Sif William Gascoigne, chef du tribunal, exhortt le prince à se soumettre aux. lois du royaume^ « Si TOUS êtes résolu de sauver yolre dpmetti- que , lui dit il, adressez-vous au roi , et demaor dez-Iui grâce pour le coupable ». Le jeune Henr^ insiste et menace. « Je tiens ici . dit le lord- juge , la place du souverain votre père ; à ces deux titres , prince , vous me devez une dou* ble obéissance. Je vous ordonne de renoncer à vos projets , de donner un tout autre exemple à ceux qui doivent être quelque* jour vos su» jets ; et pour réparer la désobéissance et le mé* pris que vous venez de marquer pour la loi , vous vous rendrez en ce moment en la prison , où je vous enjoins de demeurer jusqu'à ce que le roi votre père vous fasse connaître sa volon- té ». La gravité du juge et la force de rautoricé produisirent Teffet d un coup de foudre. Le prince en fut si frappé, que remettant tout à coup son épée à ceux qui Tenvironnaient , il fit une profonde révérence au juge , et sans rét pliquer un seul mot, se rendit tout de suite à la prison. Le roi^ instruit de cqqui venait de 9e passer, approuva la conduite de sir William, et levant les mains et les yeux vers le ciel , il s*écria dans une espèce de transport : « O Dieu î quelle reconnaissance ne dois-je pas à ta bonté l tu m as donc ^it présent d'un juge qui ne craint 70 Londres y la cour et les provinces pas d'exercer la justice, et d'un fils, qui non- seulement sait obéir , maïs qui a la force de sa- crifier sa colère à l'obéissance » ! Il est des lois anglaises qui ont donné ma- tière à quelques anecdotes. Nous en citerons plusieurs. Le roi Edgar , changea le tribut que lui payaient les habitans du pays de Galles , en trois cents têtes de loups , qui devaient être fournies annuellement. Il fit aussi publier une amnistie générale , moyennant un certain nom- * hre de langues de ces animaux , déterminé d'a- près la nature du crime ; et c'est ainsi , dit-on ^ que l'espèce des loups fut dçtruite en Angle- terre. C'est la coutume , dans la Grande-Bretagne , que toute chose , animée ou inanimée , telle qu'un cheval, une roue de carrosse , etc. , qui contribue à faire perdre la vie à un citoyen , appartient au schérif ou coroner (1). On nom - in.e cette espèce d'aubaine Deodande. Le pro- priétaire peut acheter la chose ainsi confis- quée par la loi, au prix qu'y mettent des ar- bitres. ' ' — ^;: -^~ — * (i) L'office du coroner est de recevoir une plainte ou d'instruire un procès ; il préside à toutes les descentes sur les lieux, et prononce en première instance^ si les préve- tnus de meurtre doivent être arrêtés» é' Angleterre j étEcosse et d'Irlande. "jt A Elsthàm , petit bourg du pays de Kent y un fermier des environs avait apporté quelques denrées; comme il s'en retournait, le cheval que sa femme montait^ animal ombrageux, se cabra , et renversa son écuyère : la chute fut si rude , que la villageoise expira sur la place. La dessus, procès- verbal du coroner, et le cheval saisi à son profit. « Mais ^ lui dit le fermier, con* sidérez donc que c'est ma femme qui a péri : faut-il que je perde des deux côtés? Encore si j'avais le choix ! la défunte serait à vous de toute mon àme; mais mon cheval»! 11 eut beau dire , pour toute grâce on lui permit de rache- ter ranimai rétif. Il fallut en passer par là ; le villageois paya trois guinées, en se désolant beaucoup plus de la perte de son argent , que de celle de sa femme^ Une loi, en Angleterre , condamne à la peine de mort celui qui en mutile un autre. Un homme, sous Charles II , avait coupé le nez au chevalier Coventry ; l'avocat , qui dé- fendit le coupable, soutint qu'il n'était point répréhensible , comme mutilateùr. « MutiFer , disait ce défenseur, c'est couper un membre, un bras , une jambe : le nez n'est pas un mem- bre, il fait partie de la tête : un homme sans nez n'est donc point un homme mutile, mais un homme difforme. La loi nV pas encore dër i^a Londres , la cour et les prosnncés cerne d'autre peine , qu'une amende contre ce-* lui qui rend un autre difforme : ma partie doit donc payer seulement une amende au chevalier Coventry. Z>e jugement fut tel que le deman* fiait l'avocat, et le coupeur de nez paya a,ooo Jiy- sterl. au chevalier Coventry , pour l'indem» |}iser de la perte de son nez. Mais cette aven- turc donna lieu à une loi , qui mit à lavenir les jiez anglais à couvert de toute entreprise funes* te ; le parlement déclara que le nez serait mis au nombre des membres du corps. , » Rien de plus frappant que la douceur et l'hu- manité avec lesquelles les criminels sont traité» en Angleterre par la justice. Qu'ils soient vo- leurs, meurtriers ou incendiaires 9 et que leur crime soit manifeste^ cela n'empçche pas que les avocats, les jurés et les ■'juges , ne semblent conspirer pour les sauver , s'il est possible. On examine si dans la formule de leur accusation , il ne se serait point glissé quelque faute qui pût la rendre équivoque, XJn faux surnom , une date indéterminée, une lettre mal écrite dans le nom de l'accusé , tout cela devient de quel- que importance» et peut terminer tout d'un jcoup le procès. Les avocats le défendent avec ^èle , et les témoins qui déposent contre lui , 4M>nt questionnés avec beaucoup de sévérité. Son prppr^ aveu n'est point demandé; il n'est mé;ne ^Angleterre , et Ecosse et d' Irlande. j^t )d'aucun poidl» quand il ne peut être convainca par la déposition des témoins. Il répugne à Thu- inanité qu'upe personne soit obligée de porter accusation contre elle^-méme. Lorsque toutes les instructions sont terminées , on permet encore à l'accusé de se défendre verbalement ^ et l'on prête la plus grande attention à ses paroles. S^il est reconnu coupable , le président du tri- bunal lui annonce la punition légale dans^ un discours qui , loin d'être rempli de reproches durs et outrageans^ est toujours l'expression de la pitié et d'une tendre commisération. Le cou* pable a encore la liberté de recourir à la bien- faisance du roi^ pour peu que son crime pa- raisse graciable. ' Un fripon du premier ordre , aussi effronté qu'audacieux, acquit des biens considérables par des voies singulières et iniques. Décidé à faire taire sa conscience pour se procurer une fortune rapide y il commença par forger un faux transport, qui le rendait propriétaire d'une terre qui produisait de gros revenus. Il fut tra- duit en justice pour ce crime ; le délit fut prou- vé , et les juges condamnèrent le coupable à avoir le nez et les oreilles coupés , mais il garda 'la terre. Peu content de ce premier essai , le coquin fabrica un testament qui déshéritait un Irère et lui adjugeait une riche succession. Nou* ^4 Londres 9 . la cour et les province veau procès, nouvelle punition. La chancelte-^ rie condamna le faussaire à une prison^^pé*. tuelle. Ce malheureux , couvert de honte et mutilé, ne jouit pas moins, jusqu'à la mort, de ces biens si mal acquis , et il lui fut permis d'en disposer en faveur de ses héritiers naturels» En France , un pareil coquin , outre la pu- nition corporelle , aurait été condamné à, la restitution de ces biens volés ; mais la jurispru- dence anglaise est toute différente. Un avocat de Londres se croirait fonde à dire à ce sujet ^ que la punition imposée pour de pareils dé- lits, sert de titre à l'injuste possesseur, et que le coquin achète son vol au prix de la peine qu'il subit. La médisance est regardée en Angleterre comme un délit grave. On vit juger à Londres, une femme, accusée par ses voisins, d'être si médisante et de si mauvaise humeur qu'elle troublait la paix du quartier. Il y eut plus de quarante témoins entendus ; et quoiqu'il ne pa- rût par aucune preuve qu'elle eût jamais fait de mal à personne, elle fut condamnée à 20 liv. sterl. d'amende, comme ennemie de la tran- quillité publique. Il est une coutume en Ecosse , autorisée par les lois , laquelle statue que les particuliers qui ont quelques raisons de se défier de la mau- .' à! Angleterre , d Ecosse et d* Irlande. 75. Vaise volonté d'un voisin , peuvent demander et obtenir du magistrat une sentence de sûretë.i L'effet en est tel, que ce voisin suspect est res- ponsable, pour lui et les siens , de tout fe mal en adoptant l'instruction et la décision des procès par le moyen des jurés , a simplifié ses cours de justice au point de n'a- voir que douze juges pour tout le royaume , et ce petit nombre lui suffît. A des époques dé- terminées, chacun d'eux va dans les provin- ces tenir les assises annuelles , qui durent trois mois. A peine les gt^ands juges ont-ils pris séance sur leurs tribunaux , qu'ils reçoivent chaque jour de gros bouquets : ces bouquets présen- tés par les parties , leur tiennent lieu d'épices , et de tous les droits que là justice perçoit ail- leurs (i). Les plaideur^, en Angleterre, ne sollicitent jamais leurs juges ; ce serait leur dire : Je veux vous séduire. Un juge qui recevrait une visite d'un plaideur, serait déshonoré. Les juges ne recherchent donc point cet honneur ridicule (i) Ils reçoivent des appointemens considérables du gou- vernement. d'Angleterre , d* Ecosse et d'Irlande. 8 1 fait pour flatter la vanité d'un bourgeois , et non celle d'un magistrat. M. Fiêlding , juge de paix en Angleterre , était aveugle. Cette infirmité.semblait avoir augmenté chez, lui le talent de démêler la vérité qu'on, voulait lui cacher. L'intendant d'un grand sei*. gneur'^avait été assassiné dans sa maison , sans qu'on pût découvrir l'auteur du crime. M. FieU ding fit des questions sur tous les détails. L'in- tendant avait été assumé par un coup de mas- sue. M. Fiêlding fit venir tous les gens de la maison ; il leur demanda à chacun , en particu* lier, le métier qu'ils exerçaient avant de se met'* tre en service* L'un d'eux avait été boucher. Un moment après M. Fiêlding recommença ses questions , et , sur la réponse du boucher , le magistrat s'écria : C'est vous qui êtes l'assassin! Le coupable voulut en vain se défendre; sur- pris et interrogé une seconde fois,. il avait eu quelque tremblement dans la voix, dont un aveugle seul peut s'apercevoir. Il paraît que les juges de i^dxsf. , à Londres , ^ n€ se conduisent pas. toujours avec intégrité et désintéressement* Voici ce que dit, à ce sujet, un auteur anglais:, témoin occulaire. «Chez nos juges de paix on y fomente des disputes con- tinuelles parmi la basse classe du peuple, par la manière dont on prend coq naissance de leurs a. 6 821 Londres , la cour et les provinces différends. Si deux harangères ont quelque dé- mêlé , après avoir épuisé ce que leur éloquence a de plus fleuri , elles se sautent aux cheveux , s'appliquent maintes gourmades; ensuite, la mieux souffletée , quelquefois toutes les deux , s'adressent à un juge de paix pour avoir un fTritt (ordre d'arrêter) , que le commis accorde sans difficulté; les parties se présentent àii ma- gistrat, qui leur conseille humainement de se réconcilier^ et les envoie boire ensemble au ca- baret voisin. Mais en soA- elles quittes pour cela? Non sans doute; il faut payer au commis un schelling pour avoir lâché le fTritt; autant pour l'avoir signifié ; un schelling pour Va^^ dayit(i)f et un autre schelling pour l'élargis- sement ». Le docteur Henly, pasteur et juge de paix d'un village du comté de Kent , était un homme singulier, et ses paroissiens étaient fort que- relleurs. Fatigué d'être continuellement obligé , en sa qualité de juge de paix de leur donner au- dience et de juger leurs 4ifférends , il imagina UB moyen propre à les guérir de la manie des procès. Chaque fois que quelqu'un d'eux venait lut demander audience , il le renvoyait sous prétexte que dans ce moment il était occupé d'une affaire importante , et en Ini promettant *«■ il) AtMtation M1U êttmeïiU d'Angleterre, d Ecosse et d'Irlande. 83 de le faire avertir aussitôt qu'il pourrait l'en- tendre. Il attendait alors que le temps se mît à la pluie , et dans l'instant même où il pleu- vait le plus abondamment , il envoyait cher- cher tous ceux qui avaient entr'eux quelques difjférends, se mettait sur le seuil de sa porte, et de là leur donnait audience. Les plaideurs^ obligés d'être devant lui chapeau bas , étaient mouillés comme s'ils eussent tombé dans la ri- vière } ils ne tardèrent pas à se dégoûter de l'es- prit de chicane. Le conseiller Madan se trouvant un jour aux assises deCroydon, aveclady Gariell, fort joUe femme , pendant qu'on y jugeait différens pro- cès criminels : Il me semble , lui dit lady Ga- riell , qu'on punit sévèrement ici de légers dé- lits , tandis qu'on laisse impunis des crimes énormes. Ne pensez-vous pas comme moi, mon- sieur Madan ? — Assurément , madame , reprit le conseiller , et si vous voulez me prêter votre crayo», je vais vous lé certifier de ma main; puis il lui écriyit , en vers anglais , l'impromptu suivant , que M. T. P. Bertin a traduit en vers français. On inflige, il est vrai, des chàtimens sévères A de petits larcins , à des fautes légères j Cependant tous les jours on yole impunément Le repos , la nisoo , et le cceni; d'un ainant. 84 Londres y la cour et les provinces Je Us dans vos regajD|& où se peint Tassurance , Que des communes lois tous bradez la puissance. Qui TOUS condamnera dans ce vaste UnÎTers ? On n'est , tous a-t-on dit , jugé que par ses pairs. Prenez garde , ici bas 9 craignant une nyaie , Vénus auprès des dieux , dans l'olympe cabale ; Trois Grâces , des Neuf-Sœurs , renforçant le parti , Peuvent , pour tous juger , completter un juri. M. Robinson , juge du banc du roi en Ir- lande , dont l'intégrité et la fermeté égalaient les lumières ^ siégeant aux assises dans le comté de Kildarr , vit qu'un militaire s'était mis dans un6 place destinée pour les jurés; il appela l'officier du schérif^ et lui ordonna de faire sor- tir .ce soldat de la place où il était, a Milord^ dit le militaire , je ne suis point soldat. — Qu'êtes- ' vous donc, reprit le juge? — Je suis officier, milord. — Un officier ! eh bien , huissier , faites sortir cet officier , qui dit qu'il n'est point ua soldat ». Les juges , qui ont le pouvoir de prononcer sut l'honneur et la vie des citoyens» so^t mal- heureusement sujets à commettre bien des er- reurs, non par une faiblesse criminelle, mais par celle qui est attachée à notre humanité. Les annales des tribunaux d'Angleterre en offrent un aussi grand nombre d'exemples que celles des cours judiciaires dé toutes les parties du monde* \ 1^ Angleterre , d* Ecosse et d'Irlande. 85 Sous le règne d'Elisabeth , un Anglais fut accusé devant lord Dyer, chef-justicier de la cotir des plaids dbmmuns, d'avoir assassiné son voisin. Les preuves de ce crime n'étaient pas tout-à-fait concluantes y mais les présomptions étaient très-fortes. Le premier témoin déposait que traversant un champ au lever de l'aurore , il avait aperçu , à quelque distance du sentier , un homme qui semblait mort ou ivre , qu'il s'en approcha , et le trouva mort , la poitrine percée en deux endroits, son habit et sa che- mise ensanglantés; qu'à l'inspection des deux blessures, il avait jugé qu'elles paient été faites avec une fourche ; qu'enfin ayant jeté les yeui aux environs du csJdavre , il avait vu une four- che , marquée des lettres initiales du nom de l'accusé. Ce témoin produit t %n même temps la fourche, et l'accusé la reconnut. La déposition du second témoin était plus grave : il disait, que le matin du même jour de la mort de ce voisin^ s'étant levé de très-bonne Ijeure , dans l'intention d'aller dans un bourg du voisinage , il avait aperçu l'accusé vêtu d'un habit de drap ; que n'ayant pu se mettre en route , et ayant ouï dire au premier témoin , qu'il avait trouvé le voisin assassiné, et la four- che de l'accusé *à côté de lui , ils étaient allés l'un et l'autre prendre le meurtrier, et qu'ils l'avaient conduit chez le juge de paix. Ce se- I 86 Lo ndres » la cour et les provinces çoad témoin ajoutait, qu'ayant examiné de près cet homme , pendant qu'il subissait l'iaterro-^ gatoire , il s'était aperçu qu'il n'avait plus le inérae habit qu'il portait le matin , ayant l'as- sassinat; que cette circonstance l'ayant frappé , et étant très-étonné de l'embarras de l'accusé et de ses désaveux , il était allé dans la maison de cet homme par ordre du juge , et que là, après avoir long-temps cherché , il avait enfin trouvé Je méiue habit que l'accusé portait quelques momens avant le meurtre , dans la paille du lit , et tout ensanglanté. liC troisième. témoin assurait qu'il avait en- tendu le prisonnier , , quelques jours avant ce meurtre, menacer le malheureux dont on pour- suivait l'assassin. Ces dépositions étaient très -fortes, et la dé- fense de l'accusé n'était guère capable de les affaiblir. Il se contenta de dire avec ce sang- froid ordinaire aux scélérats, qu'à la vérité il is'était eievé une très-vive dispute entre lui et cet homme; qu'ils avaient chacun un champ dans la même paroisse , et si voisins l'un de l'autre , que , pour aller dans celui de l'un , il fallait nécessairement traverser celui de l'autre. Le jour de sa mort , ajoutait-il , j'allais de grand matin à mon champ , je portais ma fourche '^ à quelques pas du sentier j'aperçus un homme étendu camme s'il eût été âlort ou ivre ; je mq d^Jngleteirey tt Ecosse et d* Irlande. 87 cruft oWigë en conscience d'approcher pour lui offrir du secours; j'avançai en effet, et je fré- mis à la vue de mon voisin à l'agonie , et na- geant dans son sang , qui sortait à grands flots de deux énormes blessures qu'il avait à la poi* trine ; je le soulevai , je m'efforçai de le secou- rir; je lui témoignai toute la douleur dont j^é- tais pénétré , et je le sollicitai de me dire quels étaient ses assassins. Il parut sensible à l'intérêt que je prenais à sa cruelle situation ; il voulut xne parler ; mais il ne put prononcer une syl- labe , et il mourut dans mes bras. Je prévis ^ continua l'accusé , que les soupçons se tour- neraient contre moi , parce que je savais qu'oa n'ignorait ni notre ancienne dispute , ni les me- nacey que nous nous étions faites mutuelle- ment : pénétré de cette idée, je m'éloignai aussi promptement que si j'eusse été l'assassin » et dans ce trouble où me jetait cette funeste aven- ture , je pris sa fourche au lieu de la mienne y que je laissai auprès du cadavre. Obligé de pas* ser le reste de la journée dans mon champ , je retournai précipitamment chez moi changer d'habit , de crainte que le sang dont j'étais cou* vert ne déposât contre moi , et je cachai mes vétemenMlans la paille de mon lit. Je niai en- suite devant le juge de paix que j'eusse porté ce jour-là d'autre habit que celui que j'avais quand cm vint m'arrêter ^ mais ce désaveu était /^ 88 Londres j la cour et les provinces « un effet de la même crainte qui m'avait fait quitter ces vétemens ensanglantés. Telle est la vérité , dit l'accusé en finissant , telle est la vé- ' rite , dans toutes les circonstances , de tout ce qui s'est passé à mon égard le jour de cette^ af- freuse scène. Je ne dis rîen de faux ; et cepen- dant jsivoue que je ne puis rien prouver de ce que j'avance : coupable en apparence , in- nocent en effet , je n'ai d'autres témoins en ma faveur que Dieu et mon innocence. Ces deux respectables témoins ne suffisent pas , lorsque les preuves contraires sont aussi con- vaincantes qu'elles l'étaient dans cette affaire; d'ailleurs , quel est le meurtrier qui manque d'a- dresse pour déguiser les apparences de son cri- me; et quel scélérat manque aussi, pour en "imposer, de prendre Dieu et sa conscience à témoin? Le lord chef -justicier fut peu touché de cette défense , et exagérant au contraire le- normité du crime , et la scélératesse de Tassas-- sin , il dit aux jurés qu'il ne voyait aucune dif- ficulté à juger en toute rigueur cet homme , dont le crime n'était que trop évidemment prouvé. Les jurés opinèrent entr'eux depuis le matin jusqu'à uèuf heures du soir. Lord I^er^ sur- pris de cette lenteur à prononcer , leur envoya demander pourquoi ils ne s'étaient point en- core réunis d'un commun accord? Ils lui firent d^ Angleterre , à^ Ecosse et d^ Irlande. 89 répondre qu'ils étaient tous du même avis dès le matm , à l'exception du premier juré qui était d'une opinion contraire et qui la soute- ^lait avec ime opiniâtreté insurmontable. Pen- dant qu'on allait porter cette réponse au lord chef, les onze jurés s'élevèrent contre le dou- zième ; ils le pressèrent de se rendre à* leur avis , et de condamner , comme eux , cet ac- cusé à la mort : de juge resta inébranlable , et sa' constance fut telle, que les ait très, craignant d'être obligés de passer la nuit au jugement de ottte cause, aimèrent mieux changer eux-mêmes d'opinion , que d'attendre que leur confrère se rendît à leurs avis. Indigné d'une pareille sen- tence, le lord chef-justicier leur reprocha vi- vement leur prévarication , et les renvoya avec ordre de rester , sans feu, et sans lumière , jus- qu'à ce qu'ils fussent de même opinion. Ils res- tèrent donc enfermés vpour la seconde fois, et après avoir accablé de reproches le juré dont le sentiment leur était opposé, ils firent tous les efforts possibles pour le ramener à leur avis; mais injures , prières , menaces, tout fut inu- tile ; il persista , et dit que , dût-il perdre la vie, il n'en changerait point. Ainsi cette nuit se passa en vaines disputes, et ils furent en- core contraints de déclarer l'accusé innocent , parce que l'un d'eux s'obstinait à ne le pas juger coupable. Cette seconde sentence , rapportée go Londres, la cour et les provinces au lord chef -justicier , le transporta de colère ; il leur fit les reproches les plus vifs , et , forcé par la loi ^e souscrire à leur jugement , il leur dit que le sang de rhomme assassiné crierait vengeance contre eux. L'accuse entendant pro«> noncer cette sentence d'absolution , se jeta à genoux y remercia la Providence; puis s'adres- sant au lord-justicier : Vous le voyez , dit-il , milord , vous le voyez , Dieu et la bonne cons- cience sont les plus sûrs et les meilleurs té- moins. Ces paroles prononcées d'un ton ferme et d'un air de franchise , firent impression sMr l'esprit du juge , qui s'étant informé des mœurs du juré , dont l'espèce d'entêtement avait sauvé la vie à cet accusé , ne douta plus de sa pro* bité; mais ces témoignages excitèrient de plus en plus la curiosité du lord ; il envoya cher- cher ce juré et l'engagea de lui confier les rai- sons qui l'avalent déterminé à faire grâce à un assassin , accablé de toutes les preuves possi- bles. Puisque c'est ma conscience , milord , que vous voulez connaître, répondit le juré, je vais vous dévoiler mes motifs, si vous me donnez I votre parole d'honneur qu'aVant ma mort vou« ne divulguerez point ce que je vais vous dé- clarer. Le lord justicier fit le serment qu'il exigeait , et ne révéla cette aventure que lorsqu'il lui f^it perraià de la rendre pubKque. JC Angleterre y d'Ecosse et d* Irlande. gi' ^ Cet homme que j*ai fait absoudre , continua le juré , n'est point le meurtrier de son voi- sin; c'est moi qui l'ai tué : devais^je envoyer au supplice celui qu'on a accusé de cet assas- sinat ? L'homme qu'on a trouvé mort était le collecteur de la dixme de ma paroisse ; il était d'un caractère dur , violent , emporté. Quel- ques heures avant sa mort , il avait été sur mon champ, et y avait pris beaucoup plus de fro- ment qu'il n'murait dû en prendre ; je m'ap- prochai de lui, et, sans le maltraiter en au- cune manière , je lui représentai son injustice ; il me répondit par un torrent tMnjures , et s'animant par mon silence, il tomba sur moi .avec sa fourche , et me donna- plusieurs coups , dont je porterai long-temps les marques : exa- minez-les, milord. J'étais sans armes étions la main d'un furieux : il fallut pourtant me dé- fendre ou consentir à périr sous ses coups ; je m'élançai sur lui dans l'intention de lui arra- cher sa fourche, j'y parvins; il voulut la ra- voir; je le blessai beaucpup plus que je ne dé- sirais : il est mort^de ses blessures. A l'égard de ce malheureiyc qui a passé dans votre esfNrit pour le vrai criminel , voici ce que j'ai Éaiit pour lui sauver la vie. J'étais bien assuré qne mon innocence et la légitimité de ma défense me mettraient à l'abri de. la rigueur des supplices; mais il m'en eût coûté mon bien et celui de / ga Londres , la cour et les pronnces mes enfans pour réparer ce meurtre involbn^ taire : je souffrais néanmoins des inquiétudes mortelles pour celui qu'on avait arrêté à ma place , et si je n'avais pu mieux faire , j'aurais tout déclaré ; mais je suis parvenu , à force dé sollicitations , de cabales et d'argent , à me faire nommer chef des jurés dans cette procédure ; j'ai pris soin d'ailleurs que rien ne manquât ni au prisonnier, ni à sa famille. Vous savez le reste , milord^ et je m'en rapporte à votre probité ». Jac(jues^umoulin , réfugié français, ayant passé en Angleterre avec sa famille, et une pe- tite somme d'argent, y chercha à la faire va- loir , en achetant des marchandises saisies à la douaqe , qu'il revendait en détail. Gomme il s'y en trouve souvent de contrebande , ceux qui commercent dans cette branche sont géné^ ralement suspectés d'accroître leur fortune par des moyens illicites , en faisant la contrebande eux-mêmes. Quoique ce commerce ne sojt point estimé , il n'aurait cependant pas déshonoré Dumoulin, s'il n'avait en même temps été soiip- çonné d'employer quelquefois de la fausse m^on- naie. Ce qui fondait ce soupçon^ c'est qu'il re- tournait souvent chez les personnes qui lui avaient fait quelques payeroens ; il leur portait des monnaies contrefaites,, qu'il se plaignait \ d' Angleterre y d^Eœsse et d'Irlande. gî avoir reçues d'elles, et, à moins qu'on ne le convainquit du contraire par des circonstances tr^s-claires , il persistait opiniâtrement dans ses plaintes. Cette conduite lui fit bientôt perdre sa réputation et son crédit. Il arriva un jour , qu'ayant vendu pour 78 liv. sterl. de marchan- dises à un. certain Harsis , avec qui il n'avait point encore fait d.'affaires , il reçut son argent en guinées et en monnaie d'or de Portugal. Comme il faisait quelque difficulté pour les re- cevoir , Harsis l'ayant assuré qu'il avait soi- gneusement examiné et pesé ces pièces , et qu'elles étaient valables , Dumoulin les prit , €t donna son reçu. Quelques jours après, il re- tourna chez son homme avec six pièces de mau- vais ^loi , qu'il disait faire partie de 1 argent qu'il avait reçu de lui. Harsis ne manqua pas de soutenir le contraire , et refusa de les échan- ger. Dumoulin insista sur ce qu'il avait lui- ntéme mis tout ceX argent dans un tiroir , où îl l'avait conservé jusqu'au moment où il avait voulu se procurer du papier en échange, en sorte qu'il était bien sur de son fait. Le résultat de cette dispute fut que , Dumoulin ayant prêté serment en justice , que c'étaient là les pièces d'or qu'il avait reçues djB Harsis , ce der- nier fut obligé d'en rendre de bonnes à la place. Mais, furieux de se voir trompé ainsi par Du- jBouUn y qui joiguait le parjure à la fraude , /■ 94 Londres j la cour et les provinces Harsis raconta partout son aventure , et il ren- contra plusieurs personnes qui avaient à faire les mêmes plaintes que lui. Dumoulin se vit donc universellement méprisé et évité, et, sa- chant que les rapports de Harsis étaient la causé de son discrédit , il lui intenta un procès pour diffamation. Harsis, poussé à bout , travailla for- tement à sa défense , et rassembla les personnes qui accusaient Dumoulin de mauvaise manœu- vre ; de sorte que ce dernier fut arrêté comme accusé du crime de fausse monnaie. Datos une perquisition qu'on fit cbez lui , on trouva dans ^t% tiroirs plusieurs pièces de mauvais aloi , des limes , des moules , de la chaux en poudre , de l'eau-forte , et tout ce dont les faux-monnayeurs ont besoin pour leur travail. Toutes les tenta- tives qu'on lui avait vu faire pour échanger et placer de la fausse monnaie , la quantité qu'on en trouva chez lui , et la découverte de ces ins- trùmens firent des preuves coïnplettes. L'ef- fronterie et l'insolence avec lesquelles il avait si souvent reporté les mauvaises pièces qu'il sou- tenait avoir reçues \ son parjure dans l'affaire qu'il avait eue avec Harsis , et la dernière ac- cusation qu'il avait inventée contre lui , jetè- rent les couleurs les plus noires sur Dumou- lin, et tout le monde se réunit pour provo- quer sa punition. Enfin , sur une conviction aussi évidente y 'ûiixV'yù^é éH oonldaùiné à mort. I • d' Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. pS Quelque temps avant le jour marqué pour son exécution , un nommé Williams , qui après avoir fait secrètement le métier de graveur , avait depuis abandonné cette profession , tomba de cheval et se tua ; sa femme qui était enceinte , et près de son terme , fit une fausse couche, et fut saisie de convulsions très-dàngereuses. Se voyant au moment de mourir, elle envoya cher- cher la femme de Dumoulin , et , après avoir demandé qu'on les laissât seules , elle lui tint ce discours : « Madame , j'ai une étrange con* fession à vous faire ; mon mari et trois autres personnes ( qu'elle nomma), subsistent depuis plusieurs années , uniquement par la fabrica- tion <ïe la monnaie , et comme on m'a souvent employée pour faire valoir ce faux or , on m'a mise entièrement du secret ; c'est par là que .j'ai appris qu'un des quatre est entré chez Dumoulin en qualité de domestique, et qu'un serrurier lui ayant fourni de fausses clefs , il a ouvert tous les tiroirs de son^ maître , et y a mis de mauvaises pièces à la place de bonnes qu'il enlevait ; c'est par cette manœu- vre inique que Dumoulin a vu périr son com- mercé , qu'il a perdu son crédit et sa liberté , et qu'il va perdre la vie , si on ne travaille à le sauver ». Cette femme , après avoir eu bien de la peine à finir sou discours, et aYoir donné l'adressa §6 Londres , îa cour et lespronnces des personnes qu'elle chargeait , retomba dans des convulsions , et expira. Sur cette déposi- tion , on arrêta les coupables ; l'un d'eux , in- timide et troublé, indiqua où étaient les ou- tils et la fausse monnaie de ses compagnons.- On trouva , parmi les effets du domestique de Dumoulin , l'empreinte de plusieurs clefs en cire , et un paquet de clefs. Lorsqu'on lui pré- senta cet indice, il versa un torrent de larmes,/ et avoua tout ce qu'on avait allégué contre lui.^ On lui demanda comment leâ instrumens dont on s'était servi pour faire de la fausse monnaie s'étaient trouvés dans le bureau de son maître; il répondit que quand la justice était venue pour faire ses perquisitions et arrêter Dumoulin , il avait craint qu'on ne trouvât ces instrumens et ses propres effets , et qu'au moyen de \^ fausse clef, il avait ouvert le bureau de son maître, et les y avait cachés. On comprend facilement que, toutes les fois que Dumoulin déposait cheat lui les payeraens qu'il venait de recevoir , Cie domestique y substituait de fausses pièces ; que conséquemment toutes les plaintes de son mal- beureux miaître étaient faites de bonne foi , que , son serment dans son procès était vrai , et que N ^ son accusation contre ce même homme était le cri de la probité injustement accusée. Un feripier de Southams, dans le comté de *> d^ Angleterre , d'Ecossç et d'Irlande. 97 Wàrviçk, fut assassine en se rendant chez lui. Le lendemain , un homme vint trouver la femme de ce fermier , et lui demanda si son mari était rentre le soir précédent. Elle répondit que non ^ et qu'elle en était dans de grandes inquiétudes. Vos inquiétudes , réplique cet homme , ne peu- vent être' égales aux miennes , car , comme j'é- tais couché cette nuit ^ sans être encore endormi , votre mari m'est apparu ; il m'a montré plu« sieurs blessures qu'U avait reçues , et m'a dit qu'il avait été assassiné par un tel , et que soa cadavre avait été jeté dans une marnière. La fermière alarmée fit dés perquisition^; on dé- couvrit la marnière, et l'on y trouva le corps blessé aux endroits que c^ homme avait dé-» signés* Celui que le prétendu revenant avait accusé, fut fiTàisi et mis entre les mains de la justice , comme violemment soupçonné de meui^ tre. Son procès fut instruit à Warvick , et les juges l'auraient condamné aussi légèrement que le juge-de-paix l'avait arrêté, si lord Raymond^ principal juge, ne leur eût pas fait sentir que dans une circonstance aussi délicate , il ne fal- lait pas s'en rapporter aux apparences. «Je crois , messieurs , leur dit^il , que vous dQanee au témoignage d'un revenant plus d'importai^ qu'il n'en mérite. Je ne veux pas dire que je ne fasse aucun cas de ces sortes de témoignages; mais ce n'est point à nos i4ées partiouJUéres a. 7 ^98 Londres^ la cour et lespronnces que nous deyons nous arrêter ; la loi seule est notre règle , et je n'en connais aucune qui ad-* mette le témoignage d'un revenant. P'ailleurs ce témoin ne parait pas pour faire sa déposi- tion : Huissier , ajouta le juge 9 appelés le re* Tenant ». L'huissier l'appela trois fois , sans que le revenant parût y comme on le pense bien. % Messieurs les jurés , continua lord Raymond i le prisonnier qui est à la barre , est , suivit le témoignage de gens irréprochat^es , d'une réputation sans tâche , et l'on n'a point décou- vert f dans le cours des informations , qu'il 7 ait eu aucune espèce de querelle entte lui et le mort. Je le crois absolument innocent ; et , comme il n'y a aucune preuve contre lui, ni directe , ni indirecte , il doit être renvoyé. Mais , par plusieurs circonstances qui m'ont frslppé dans le prpcès , je soupçonne fortement la personne qui a vu le revenant , d'être le meurtrier; auquel cm il n'est pas difficile dé concevoir qu'il ait pu désigner la place des blés» sures , et la marnière , sans aucun secours sur- naturel : en conséquence de ces soupçons > je me crois en droit de le faire arréték* jusqu'à ce q^e l'on fasse de plus amples informations ». Cet homme fut effectivement arrêté. On donna l|n ordre pour- faire des perquisitions dans sa maison ; on y trouva des preuves de son crime^ ' qu'ensiiite il avoua lui même , et il fut exécuté gux assises suivantes ». d" Angleterre y d' Ecosse et d'Irlande. 99 Elisabeth Canniog disparut, pendant un mois^ de la V maison de ses parens, cli^z qui «lie de* meurait à hondre^ Elle revint maigre , défaite ^ et n'ayant que des habits délabrés.. Eh ! mon Dieu , lui dit sa tante , en quel état je vous re« vois ! Que vous est-il donc arrivé ? — ^ Hélas ! nui tante, répondit la jeune fiJJe, je passais pav Mor» fields, pour retourner à la maisoa, lorsque deux bandits vigoureux me jetèrent par terre , me violèrent y et m'emmenèrent dans une maisoci à dix milles de LoadTes.— ^Ah! ma chère enfant , reprit la tante en pleurs, n'est-ce- pa$ chez cette infâme mistriss Weba^ que ces brigands vous ont menée ? car c'est justement à dix miUes d'ici qu'elle demeure. -^Oi^i, matante^ che^mi&triss Webs. -^T-^Dans cette u^isoa à droite? «rrlioste- ment , ma tante. Les voisines piésentes à cette înterrogatoivQ dépeignîjrent alors mistriss We^ ; et la jenne Canning convint que cette femjaovt ressemblait prëcLsenabent au portrajLt qu'elles ei^ traçaient. V^ne d'elles apprend à miâs Cannip^ qu'on joue toute la nuit chez cette (eis^sne » et que c'est un v.rai coupe-gorge , où tov,^^ h^ j.«t!- nes.gens vont perdre kur argent. — Ah 1 1*0. vrai coupe-gorge , repji?end Elisabeth Cimniug.-r-^ y fait bi^n pis^ dit une autre voisine- t^es^^ux brigands, qui âont cousins 4^ mistriss. Webs > vont sur les goan^s cjbiemina prendre toujbes le4 petitea filles qu'i^. reaooiUrçnl^, et le& fiotit' jfiùr ' 557753 A 100 Londres j la cour et les j^roi^inces ner au paia et à leau , jusqu'à ce qu'elles con- sentent à s'abandonner aux joueurs qui se tien-* Tient dans la maison. -«- Hélas ! s'écria la tante , ne t'a-t-on pas mise au pain et à l'eau, ma chère nièce? — Oui, ma tante , répondit-elle. On lui demande si les deux brigands n'ont pas abusé d'elle, et si on ne l'a pas prostituée ? Elle assure qu'elle s'est défendue , qu'on l'a accablée de coups, et que sa vie a été en péril. Alors la tante et les voisines recommencèrent k crier et à pleurer. On conduit aussitôt la petite Can- fiing chez un certain M. Adamson, depuis long»- temps protecteur de la famille : c'était un hom- me de bien , et qui avait un grand crédit dans la paroisse ^ mais dont le génie était très^borné. Il monte à cheval avec quelques amis , aussi zé- lés que lui ; ils vont reconnaître la maison de mistriss Webs. Ils ne doutent pas, en la voyant^ tqae la petite n'y ait été renfermée ; ik jugent même , en apercevant une vieille grange où il y a eu du foin , que c'est dans cette grange que l'on a tenu Elisabeth en prisoii : là pitié du bon Adamson en augmente. A son retour , il fait renir Elisabeth , la fait convenir que c'est dans la grange ok elle a été détenue; il anime tout le quartier. On fait une souscription pour la jeune demoiselle , si cruellement traitée. A me- sure que la jeune Canning reprend son embon- point et sa |)eauté » tous les e3prit3 «'échauffent ^Angleterre 9 d* Ecosse et.d' Irlande. loi pour elle. M. Âdamson fait présenter am schérif une plainte au nom de l'innocenee outragée. Mistriss Webs et tous ceux de sa maison , qui étaient tranquilles dans leur campagne , sont arrêtés y et mis tous au cachot. M. lé sché* . rif , pour' mieux s'instruire de la vérité du fart , commence par faire venir chez lui amicalement «ne jeune servante de mistriss Webs , et l'en* gage, par de douces paroles, à dire tout ce qu'elle sait. La servante , qui n'avait jamais vu niiss Canning , ni entendu parler d'elle, répon- dit d'abord ingénuement , qu'elle ne savait rien de ce qu'on lui demandait; mais quand le sché- rif lui eut dit qu'il faudrait répondre devant la justice, et qu'elle serait infailliblement pendue, si elle n'avouait pas, elle dit tout ce qu'on vou- lut. Enfin , les jurés s'assemblèrent , et neuf personnes furent condamnées à la eorde. Heu- reusement qu'en Angleterre aucun procès n'est secret , parce que le châtiment àj^^ crimes est destiné à être une instruction publique pour les hommes , et non pas une vengeance partlcu* lière. Tous les interrogatoires se font à portes ouvertes, et tous les procès intéressans sont im- primés dans les journaux. Le temps de l'exécu- lion des neuf accusés approchait , lorsque le papier qu'on appelle des Sessions ^ tomba entre les mains d'un philosophe, nommé M. Ramsay. Il lut le procès et le trouva absurde d'un bout N l&l / à l'autre. Cette lecture Tii^digna. Il se mit k écrire une petite feuille » dans laquelle il posa |MRir principe ^ que le premier devoir des juges est d'avoir le sens cotnmun. Il fit voir que mis- 4riss Webs» ses deux cousins, et tout le reste de la maison , étaient formés d'une autre pâte tjue les autres hommes , s'ib faisaient jeûner au pain et à l'eau de petitçs filles, dans le dessein de les prostituer ; qu'au contraire , ils devaient les bien nourrir et les parer , pour les rendre agréables ; que des marchands ne déchirent ni ne salissent la marchandise qu'ils veulent ven- ût^. Il fit voir que jamais miss Canning n'avait (été dans cette maisfon ; qu'elle n'aVait fait que répéter ce que la bêtise de sa tante lui avait suggéré ; que le bon hQmrae Adatnson avait, par excès de zèle , produit cet extravagant procès criminel ; qu'enfin , il en allait coûter la vie à neuf citoyens, parce que miss Canning était jo- lie 5 et qu'elle avait menti. La servante, qui avait avoué amicalement au schérif tout ce qui. n'était pas vrai , n'avait pu se dédire juridique- ment. Quiconque a rendu un faux témoignage, par enthousiasme ou par crainte, le soutient d'ordinaire , et ment , de peur de passer pour un menteur. « C*est en vain, dit M. Ramsay , » que la loi veut que deux témoins fassent pen- » dre un accusé. Si M. l'archevêque de Cantor- » béry et M. le chancelier déposaient qu'ils d Angleterre , S Ecosse et d* Irlande. i o3 » m'ont vu assassiner mon père' et ma mère , et 9 les manger tout entiers à mon déjeuner en un 9 demi - quart d*heure , il faudrait enfermer à » Bedlam ( i ) M. Tarchevéque et M. le chance- » lier y plutôt que de me brûler sur leur beau 3> témoignage. Mettez d'un côté une chose ab* 3» surde et impossible , et de l'autre mille té- }> moins et mille raisonnemens ; rinipossibilitë » doit démentir les témoignages et les raisonne- ^ mens »• Cette petite feuille fit tomber les écailles des yeux de M, le schérif et des jurés j ils furent obligé^ de revoir le procès. Il fut avéré que miss Canning était une petite friponne, qui était allée accoucher , pendant qu'elle préten- dait avoir été en prison chez mistriss Webs ; et toute la ville 9 qyi avait pris parti pour elle , fut honteuse de son erreur. « (t) Hôpital dei foax. » o4 ; Londres , la cour et let provinces CHAPITRE LUI. ■ Rots et Reines cTJngletewre. Famille royale. jAlitvsi que dans tous les Etats monarchiq^s , les rois de la Grande - Bretagne sept les chefs suprêmes des lois : elles sont instituées par le parlement y au nom de la nation y mais il fai^ qu'elles soient sanctionnées par le monarque. Cependant les Anglais le regardent comme su- bordonné aux lois y et pensent qu'il leur est sou- mis comme le dernier de ses sujets. V Le roi peut faire grâce de la vie y mais non pas de la dégradation. Il suspend rexécution d^une sentence , mais il n'en détruit point l'ef- fet moral y attendu que s(m autorité n'est pas supérieure à celle.de la loi. -Quand le roi veut remettre à des coupables condamnés par la loi y la peine qu'ils ont ''encourue , il leur accorde un répit de quatre-vingt-dix-neuf ans. Tous les monarques d'^gleterre ont été per- suadés de cette grande vérité , qu'ils ne régnent que par la loi. Les premiers du royaume vou- lant rendre hommage à Henri V , avant la cé- rémonie de spn couronnement : Attendez^ leur dit ce prince, pour me jurer obéissance, que j'aye juré moi-mêine obéissance v^ lois. Jt Angleterre , éPMaosse et d^ Irlande. lo!i Jacques I ^ fut ua jour arrêté dans son car- rosse au milieu de Londres y par les archers de la justice. Ses gardes youlurent repousser cette canaille^ mais le roi les en empêcha ^ et ayant demandé la cause de son arrestation y il apprit que c'était à Tinstance du sellier de la cour y à qui Ton devait depuis plusieurs mois 5o livres sterling. Le rôi le fit payer a Finstant y et dit ces paroles remarquables : a II est juste que celui qui fait les lois y les observe ; il leur donne plus de vigjicfur et les rend plus respectables a . Loin d'être revêtus d'un pouvoir arbitraire y les premiers rois de la Grande-Bretagne n'é- taient considérés que comme les premiers d'en-* tre les citoyens ; leur autorité était plus attachée à leur mérite personnel y qu'à leur couronne. On les confondait même tellement avec les membres de la nation y qu'il y avait une amende déterminée contre leurs meurtriers : cette aqaen- de, quoique p^portionnée à leur rang , et plus forte que cellb qui était fixée pour le meurtre d'un simple^toyen y prouvait que le chef n'était regardé que .comme le premier du peuple. Un roi d'Angleterre qui veut être Fhomme de son peuple y est le plus grand roi du mon- de ; mais s'il veut être quelque chose de plus , il n'est rien du tput. Le jour du sacre , la fonction du seigneur de .Bardorf ;» est de faire apprêter, pour la bouche io6 Londres 9 la cour et lesproçimces du roi 9 un plat de gruau quil sert lui«*niéine sur la table de sa majesté. Le seigneur de Scoulton est le lardeur en chef de la cuisine royale dans ce jour mémorable y et tout le lard qui reste après le repas hû appartient. Le seigneur de Wirkap fournit au prince le gant qu'il met à sa main droite. Le seigneur de Lyston doit seul faire les gauffres et les servir sur la table du souverain. Le lord grand - chambellan , et la somme est considé- rable. Le champion du roi g^rde le chenal sur le- quel il est monté y et de plus on lui donne une coupe avec un couvert d'or. Il revient un pa- reil présent au lord-maire de Londres y qui verse du vin au roi après le dîner. Toute la vaisselle d'argent appartient au grand écuyer du roi y en qualité de sergent de Vargenterie. Les tapis des appartemens et galeries par où le roi passe y sont vendus au profit des pau- vres. Le doyen et le chapitre de Westminster, d'Jngktertt , d* Ecosse et d'Irlande. lo^ gardent quantité de précieux effets qui ont servi \ ^ la cérémotiie du couronnement; le roi doit encore leur payer loo liv. sterl. Lorsque le roi est assis sur son trône dans la grande salle de Westminster, on , apporte troîe épées y que liÉ|^ pose sur une table dressée au milieu de cette salle. Il y en a une sans pointe^ appelée Curtana. C'est celle de Saint«Edouard : xrette épée -est le symbole de la démence. L'uoe des autres représente le glaive de la justice ; la troisième est destinée pour TotTrande j et elle se rachète sur-le-champ, moyennant un certain nombre de pièces d'or. On la porte nue devant le roi , pendant toute la cérémonie : c'est lem- blème de son autorité. Ces épées , ainsi que la couronne , qui est celle de Saint-Edouard , le bâton royal , les deux scep- tres et le globe , tont les principales parties des regaUa ou omemens royaux. Le roi d'Angleterre est chef suprême de l'E- glise anglicane, et en cette qualité il porte à son sacre le surpKs , Tétole et la dalmatique. Lorsque le monarque passe de la grande salle dans l'église de Westminster , où doit se faire la cérémonie du sacre et du couronnement, il marche sous un dais que portent les barons des cinq ports^ ou principales villes maritimes. Ces villes étaient autrefois regardées Comme la clef du royaume ; elles ont armé à leurs propres I o8 Londres f la cour et lespronncei frais pour défendre les rois d'Angleterre; c^ qui leur a mérité de grandes distinctions de la part de ces princes. Leurs dépotés ont Thonneuv de diner en présence du roi dans la salle du baot* quet royal. Dès que le roi est entré dans^ j^glise y et quQ tout le monde est placé y rarchevéque de Can«- torbéry s'avance vers le lieu où sont assis les pairs y et il demande par trois fois , à haute voix^ a tous les assistans^ s'ils consentent à recevoir N pour leur roi légitime y et s'ils lui promettent une fîdelle obéis^ncé? c'est ce qu'on appelle récogmUon. -L'offrande du roi y qui se fait ensuite y con- siste en quelques lingots et pièces de drap d'or ; car partout les prêtres veulent recevoir des of- frandes , et faire ehtendre y au miliieu des céré- monies les plus saintes y qu'ils doivent comman- der aux maitres de la terre y au nom de celui qui règne dans le ciel. Lorsque le nouveau monarque a prononcé et signé les sermens ordinaires , il s'assied dans la chaise à bras y qui servait autrefois au couron- nement des rois d'Ecosse. Edouard I^ ayant battu les Ecossais^ et fait prisonnier leur roi Jean Bail- leul, apporta cette chaise à Londres. Suivant une ancienne tradition^ c'était lé palladium de TE- cosse ^ et la destinée de ce royaume y était atta-^ chée :. on croyait fermement que quand elle se- ""d^ Angleterre , éP Ecosse et d'Irlande. 1 09 rail transportée ailleurs , le royaume d'Ecosse serait détruit et sa puissance en des maios étran- gères ; Toracle a été long-temps à s'accomplir. €ette chaise^ grossièrement travaillée, est faite d'une pierre fort commune. Elle est placée en face de l'autel , ou plutôt de la table de com- munion. Les Anglais: ont auissi une sainte ampoule ^ qui renferme une huile dont on se sert pour oindre les rois. Le peuple croit que cette huile miraculeuse a été apportée par la Vierge à Tho- mas Becquet (Saint-Thomas), archevêque de Cantorbéry ^ lorsqu'il s'était réfugié en France ^ en 1169. Ce fut pendant qu'on l'oignait de cette huile sainte , qu'Elisabeth se tournant vers les dames qui l'accompagnaient , leur dit : ce Ne m'appro- ehe2s pas, de peur que l'odeur de cette huile puante ne vous incommode». Le dernier acte des cérémonies qui Se font à Téglise , est le couronnement , qui a lieu au mi- lieu des acclamations du peuple ; il est précédé de la présentation du globe, des deux sceptres, et de l'anneau que l'archevêque met lui-même au doigt du roi : cet anneau signifie qu'il doit être l'époux de la nation ,, et le père de ses peuples. y Le globe exprime que les trots royaumes brit- anniques formex^t un empire ; peutrêtrè expri- I lo Londres, lu cour et les provinces. xne-t-il aussi la domination souveraine que les Anglais préteadent exercer sur les mers. Par les deux sceptres , on fah entendre que le roi réunit en sa personne la puissance tem-- porelle et la puissance spirituelle. L'un des deux est surmonté d'une croix , et TàuVre d'une figure de colombe. Il prend le premier de la main droite 9 et le second de la main gauche^ Celui de 1^ croix lui est donné ^ comme la verge de vertu avec laquelle il doit défendre TEglise et le peuple chrétien commis à sa garde. La co-* lombe qui termine Tautre sceptre , est le sym* bole de la douceur du gouvernement. ^ Le couronnement de Richard I, surnommé Gœur-de-Lion ^ se fît en 1 1 90 ^ avec beaucoup d'appareil. La description qu'un auteur anciea nous en a laissée est curieuse. cr Les archevêques , évêques , abbés et cha- » noines , revêtus de chappes^de chœur ^ et faî- M saut porter devant eux la croix , Feau bénite ^ » et les encensoirs y allèrent jusqu à la porte in- » térieure de la chand)re du duc Richard ^ et le p menèrent processionnellement dans l'église de » Westminster jusques au grand autel. Au mi- » lieu des évêques et chanoines^ niarchèrent qua^* » tré barons portant chandeliers garnis de cier- » ges allumés , et derrière eux vinrent deux w comtes , Ftin desquels portait le sceptre royal, » orné par le bout d- une . marque ou armoirie > 'd'Jngleterre^ d' Ecosse et d* Irlande, m » d'or^ et Vautre la verge royale y embellie d'une » colombe aussi d'or. Après ceux-ci , cheminé** » rent trois autres comtes portant des épées cou- » vertes de fouiTcaux dorés ; ensuite allèrent sis » autres comtes et barons , soutenant un grand n et somptueux échiquier y sur lequel étaient les I) enseignes et les ornemens de la royauté. Le » comte de Chester suivit après y tenant en main » la couronne d'or y toute enrichie de perles et » de pierreries. Enfin y venait le duc Richard y » au milieu de deux évèqnes y dessous un ciel » de soie y porté par quatre barons. Conduit de-* » vaut l'autel en cet ordre y il fit les sermens ao* » coutumes i ensuite on le dépouilla de tous ses » habits y excepté des chausses et de la chemise^ I) laquelle était ouverte sur leê épaules à cause » de l'onction; et lors Baudouin y archevêque » de Cantorbéry y lui mettant les sandales y ou » bottines tissues d'qr y l'oignit en trois lieux di'- » vers, en la tête y aux épaules^ et au bras droit. » Il lui mit ensuite un linge de lin par-dessous » le bonnet ; et l'ayant revêtu des habillemens >i royaux , avec la tunique et la dalmatique , lui M mît en main l'épée bénite , pour punir et ré- » primer les ennemis de l'Eglise. Deuit comtes ^) lui chaussèpent les éperons et kd mirent le man- » teau royal sur les épaules. Il prit lui-même » la couronne de dessus l'autel y et la mit entre » les mains rde l'archevêque^ am la posa sou- t îa Londres , la cour et tes provinces » dain dessus son chef ^ et^ lui mettant le scep^ » tre en la main droite , et la verge royale en la » gauche y le laissa conduire aux ëvéques et ba« » tons ^ précédés des chandeUers^ de la croix » et des trois épées susdites , jusqu'en son trône. » Incontinent la messe fut commencée; et quand » ce vint à l'offertoire , il y eut deux évêques » qui l'y menèrent^ et puis^ le reconduisirent » en sa place. Après la messe y il fut mené prp- » cessionnellement dans le chœur ; et déposant » les enseignes et marques royales y prit une » couronne et des habits plus légers y avec les- » quels il alla droit au festin. L'archevêque de » Cantorbéry s'assit à sa dextre y comme au lieu » plus éminent y et dessous lui les autres arche-« » vêques y évèques y comtes et barons y selon » leurs rangs et dignités. Le reste du clergé, >} les gentilshommes et le peuple se mirent aux » autres tables »• Lés deux chaqibres du parlement y en 1399, prononcèrent la sentence de déposition de Ri- chard II; Henri IV, surnommé de Balling- broock , lieu de sa naissance , fut solennelle- ment couronné. Pendant le repas qui suivit cette cérémonie , un chevalier nommé Divrethe , en- tra dans la sal{e monté sur un cheval capara- çonné, portaat une cotte d'armes parsemée de clous dorés; un autre chevalier tenait sa lance«. d* Angleterre , dEcbsse et d Irlande. 1 1 3 - H s'approche du roi , l'épée nue a k main , et lui présente de l'autre un cartel contenant ces mots : « S'il y a chevalier, écuyer ou gentilhomme ^ » qui veuille dire ou maintenir que Henri ne y% soit pas vrai et légitime roi, moi chevalier » Divrethe , je suis tout prêt de le combattre à » outrance en présence du monarque , et à tel » jour qu'il lui plaira de m'assigner ». Henri fît aussitôt publier ce cartel par un hérault-^'armes, dans les principaux quartiers de la ville, et il ne se présenta personne pour Taccepter. Le faible de la reine Elisabeth était d'aimer à représenter. La nuit qui précéda le jour de son couronnement , elle passa la nuit entière à se faire parer pour la cérémonie. Elle avait fait ve- nir de Flandre toutes les pierreries d'emprunt qu'on avait pu ramasser. La marche commença par une brillante cavalcade ; on y voyait quatre cents chevaux et cent superbes carrosses. Elisa* beth venait ensuite dans un magnifique char dé- couvert, traîné par deux chevaux , dont les hous- ses et les harnais étaient parsemés de pierreries. Autour du char étaient quarante jeunes gentils-» hommes en habits d'écarlate , avec des par^*- mens blancs brodés en or. Trente dames , deux à deux dans des carrosses découverts , fermaient cette pompeuse marche. La manie de l'étiquette > dit un écrivain fran^ ii4 Londres y la cotir ^t les pro\^nces çais y règoe à la cour de Londres plus que par-* tout ailleurs, aussi est-elle la plus triste cour de l'Europe • • . . • Depuis long-temps elle s\>b- serve très-rigoureusement chez les Anglais. Sous le règne d'Elisabeth , Cëcil , secrétaire d'Etat , était toujours obligé d'écrire et de parler à ger- noux devant sa souveraine. Aujourd'hui , les rois et les reines d'Angle- terre sont toujours servis à genoux. Les descen- dans de* ces fiers et anciens barons anglais y qui se croient en droit de détrôner leurs rois, doi-^ vent se trouver un peu humiliés , de leur rendre les mêmes devoirs que les esclaves orientaux et asiatiques rendent à leurs souverains. La poli« tique parait être la principale cause de cet abais^ sèment : on a voulu par là rendre plus respec-* i^ table la personne des souverains aux yeux du peuple anglais , toujours disposé à se croire l'é- gal de ses rois. Les rois d'Angleterre ne mangent en public l]ue les jours de grande cérémonie ; et dans ces occasions d'apparat , on les sert à genoux , aux yeux , pour ainsi dire , de la nation entière. Cette étiquette servile , en usage dans la maison d Autriche , fut adoptée par Henri VIII y prince qui ne mérita que d'êtlre entouré d'esclaves. Le comte de Grammont* . étant à Londres pM diiier du roi , s'aperçut que ia table de sa d' Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. ^ 1 1 i • V majesté était assez mal servie y et voyant le mal- tre-d'hôtel du roi qui se mettait à genoux , en lui donnant à boire, suivant l'usage : c< Sire, dit le comte de Grammoht , votre mailre-d'hètel vous demande pardon de la mauvaise chère qu'il vous fait faire » . • Avant Texpulsion de la maison de Stuart, les rois d'Angleterre mangeaient avec leurs sujets ; ils pouvaient , comme d'autres souverains, avoir des amis , et jouir des douceurs de l'amitié, ou du moins se flatter de faire naître ce précieux sentiment , partage de l'égalité : ces monarques, présentement , ne mangent qu'avec leur famille ; et rétiquette trop ridige éloignant même les courtisans, ils ont à peine des favoris. Excepté dans les occasions où le roi et la reine d'Angleterre paraissent en cérémonie, ou quand ils sortent de la ville , ces monarques ne sont accompagnés d'aucune garde militaire ; ils vont toujours dans les rues de Londres en chaise à porteurs., et ont pour cortège quelques chai- ses de suite où sont des écuyers et des femmes de la cour : si c'est le soir , quelques pages et un grand nombre de valets de pied , avec des flam- beaux, les 'entourent avec soin. Ils n'ont pour garde alors qu'une douzaine d'hommes , grands et bien faits , habillés à peu près comme l'é- taieut jadis leâ Cent-Suissès de la garde du roi \ (I i6 Londres f la cour et les provinces de France y et ces soldats d'élite sont armés d'une pique. Les pages du roi et de la reine d'Angleterre sont loin d'être des enfans de gentilshommes; ce sont des fils de valets de chambre y et même de valets de pied ^ en crédit à la cour. Il en est plusieurs qui ont la barbe grise ^ et dont l'air peu noble rappelle l'obscurité de leur origine. L'usage a conservé y dans la maison du roi^ deux serviteurs, qui sont très-bien payés , on ne sait trop pour quel service : l'un est un poète Lauréat , tenu de composer une ode par an ; l'autre est un confesseur y dont l'occupation doit être très-légère dans un pays où Ton ne con- fesse pas. • Depuis le règne d'Edouard I , jusqu'à celui de Charles I^ les rois d'Ahgleterre avaient tenu leur table aux dépens du peujple , à l'imitation de ce qui se pratiquait ailleurs ; c'est-à-dire , que leurs pourvoyeurs prenaient , sans payer , dans les villages qui avoisinaient de cinq à six lieues la résidence de la cour, toutes les provisions gros- ses et menues, dont ils réglaient l'état à leur fantaisie. Jacques I ^vait monté sa maison , celles de la reine , et des princes ses enfans , au ton de la magnificence et du luxe asiatique. Charles I diminua le nombre des offices «t des officiers» d'Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. 1 1 j Néanmoins y jusques aux troubles de la guerre civile , la cour de ce prince eut quatre-vingt-six tables servies deux fois par jour. Charles II ré- duisit de beaucoup ces dépenses; et malgré cette réduction , il était encore au pair de la cour de France. Les rois ses successeurs ont gra- duellement restreint cette sage réduction ; ea sorte que la cour d'Angleterre n'a aujourd'hui que la pompe et la grandeur qu'elle doit avoir , sans faste et sans profusion : cependant, en cer- taines occasions , elle étale un grand faste. Parmi les privilèges et prérogatives royaux y on remarque celui-ci : la tête des grands pois- sons , tels que l'esturgeon , le requin , la balei- ne y appartient au roi , et la queue à la reine* En 1660, sous Charles II, le parlement ren- dit un bill par lequel le revenu des rois d'An- gleterre est fixé à 1,200,000 liv. slerl.; et cette somme, jointe à quelques autres droits, leur fait un revenu d'environ i,5oo,ooo liv. On voit qu'ils peuvent faire une dépense di- gne de leur rang suprême. Le roi et la reine donnèrent, au commencement de i8o5, au châ- teau de Windsor, une fête d'une magnificence extraordinaire. On y vit quatre grandes tables d'argent massif. La pièce où se trouvaient ces tables aurait pu être appelée la salle dUargehi, car les chenets mêmes étaient de cette matière : 1^8 Londres y la cour et les pros^inces c^étaît quatre gros chiens d'argent. La table de leurs majestés était servie en vaisselle d'or mas^ sif. Plus de deux cent cinquante douzaines d'as- siettes d'argent ^ et un pareil nombre de cou-- teaux et fourchettes de même métal y furent em- ployés à ce banquet royal. . Les reines peuvent faire des acquisitions dans le royaume sans avoir besoin d'y être natura** Usées y et elles en peuvent disposer avec la mê- me liberté. Elles peuvent évoquer les causes qui les regardent , au tribunal qu'il leur plait de choi- , sir; et^ si étant veuves^ elles se remariaient à un particulier ^ elles seraient toujours traitées çn reines. La reine d'Angleterre a une cour de justice et des officiers particuliers. Ses procureurs et solliciteurs-généraux ont séance à la barre de la cour du banc du roi y ainsi que dans son con- seiK « Cette indépendance de la femnae des rois . ». d'Angleterre, disent les jurisconsultes, a été » établie par la loi , parce qu'elle a présumé que » l'époux devant tout entier s'occuper des af- » faires publiques , ne devait pas en être détour- » né par le soin de veiller aux affaires dômes- )) tiques de sa femme , qui par conséquent de- » vait être à son égard comme si elle n'était pas » unie à lui w. Les prérogatives des reines de la Grande- Bretagne y consistent encore à ne payer aucun d'Angleterre , d* Ecosse et d'Irlande, t rj droite et à ne pouvoir encourir aucune amen- de; du reste ^ elles sont^ dans tous les autres cas^ assujetties à tout ce que la loi prescrit au su^ jet envers son souverain , attendu qu'une reine n'est pas l'égale du roi , mais sa première su- jette. La. personne de cette princesse doit être res- pectée , et sa vie aussi en sûreté que celle du roi même; de façon que former une conspiration contre l'un ou l'autre, c'est se rendre également coupable du crirhe de haute trahison , de même que d'oser vouloir la violer , ou de tenter seu- lement de la séduire , quand même la reine y consentirait. Une loi ridicule de Henri VlU , déclarait coupable de haute trahison la fille qui, n'étant pas vierge , épouserait le roi sans l'en avoir prévenu auparavant. Cette loi contraire à la modestie du sexe, et outrageant toutes les convenances , fut abrogée peu de temps après la mort de ce prince lyrannique. On disait, lorsqu'elle était en vigueur , que puisque Hen- ri Vill craignait si fort d'être trompé par la plus jeune fille , il serait plus sur pour lui qu'il rfépousât que des veuves. 11 sembla adopter ce . conseil, puisqu'il épousa, en sixièmes noces, Ca- therine Parre , veuve du baron de Latimer. La veuve d'un roi d'Angleterre jouit de tous les droits et prérogatives qui lui étaient accor- dés avant son veuyage ; de plus , elle ne peut K^ I90 Londres y la cour et les provinces être attaquée ' devant aucun tribunal pour avoir violé depuis les lois de la chasteté : ce privi- lège est aussi singulier que contraire aux bon- nes mœurs. Les courtisans ont été de tout temps les vils flatteurs des princes ; mais aucun d'eux n*a porté aussi loin Tadulation qu'une dame d'honneur de la reine Anne. Cette souveraine lui ayant de- mandé un jour quelle heure il était? Il est l'heure qu'il plaira à votre majesté , lui répon- dît-elle. . La personne du roi est regardée comme si sacrée , que c'est commettre un crime die trahi- fifon au premier chef, que de concevoir J'idée de lui ôter la vie , quoique , pour tout autre délit , l'intention seule ne puisse jamais être réputée pour le fait. Nous avons vu, que former seu- lement le dessein de séduire la reine, est aussi un crime de haute trahison. A l'égard de la fille aînée ( la princesse royale ) , l'intention ne suf*- fit pas pour être regardé comme coupable d'un crime capital , mais le fait est irrémissible ; et il est à remarquer que , dans ces trois cas seuls , l'idiot, et même le lunatique, ne sont pas ex«- ceptés, comme dans les autres délits, et que la loi les condamnerait alors au supplice réservé aux traîtres. Que n'a pas fait la loi pour garan- tir le monarque d^ tout atteatat contre sa per- d' Angleterre f d^ Ecosse et d^ Irlande • i%\, sonne sacrée (i) ! Il existe un ancien statut qui défend qu'on lui présente aucun remède sans le consentement exprès du conseil d'Etat , qui npmrae les médecins chargé^ de la conserva^ tion du roi ^ et leur enjoint de préparer et amaU gamer eux-mêmes les ingrédiens^ sans appeler aucun apothicaire. Le roi est toujours regardé comme majeur ^ et jouissant d'une espèce d'immortalité. Pour désigner la mort d'un monarque britannique , on ne se sert d'aucun terme qui corresponde à l'idée de mort. On a coutume de dire : Le roi S'est physiquement démis de sa couronne* Le mot démission, semble porter l'idée d'un trône qui ne cesse point d'être occupé ; car c'est un principe du droit anglais ^ qu'il ne peut point y avoir d'interrègne. C'est à raison de cette distance immense que la constitution a mise entre le roi et ses sujets ^ qu'on le traite avec un respect assez semblable à Tadoration. Si on ne le sert qu'à genoux^ on ne l'approche aussi qu'à genoux , pour lui pré- senter des adresses. Aucun prince^ pas même (i) Cependant , plusieurs exemples attestent qu'elle n*est jamais suiyie à la rigueur, en fait d'intention. L'on aime mieux faire passer pour feux ces sortes de criminels, que de publier qu'il est des monstres qui ont touIu réellement assas* jiiner le «pavetaÎD.^ 122 Londres y la cour et les provinceà rhéritier de la couronne, ne peut paraître la tète couverte dans les appartenions du roi , mê-» me lorsqu'il n'y est pas. ' En Angleterre , le roi ne peut être soupçonné de faire une action criminelle, parce qu'on doit présumer, disent les jurisconsultes, que l'excel-* lence de sa dignité et l'élévatioia de son rang ^ lui ôteront toujours la volonté de faire le mal. Avant la réfàrmaticMi , lorsque l'Angleterre reconnaissait l'autorité spirituelle du Saint-Siège, la coupe était permise a son roi , c'est-à-dire , qu'il pouvait remplir les fonctions ecclé^siastiques. 11 est, depuis le changement de religion, le chef suprême de l'Eglise dans ses Etats. Les synodes se tiennent sous son autorité , il nomme auxévê- cbés, et il reçoit les appels dans les causes ec- clésiastiques. Les anciens historiens anglais attribuent, et même exclusivement, à leurs rois la prérogative de Jucher et de guérir les écrouelles. Ils pré- tendent qu'Edouard-le-Gonfesseur , qui monta sur le troue en io43, la reçut du ciel à cause de ses vertus et de sa sainteté, avec la gloire de la transmettre à ses successeurs. C'est pour- quoi on l'appelait 77ia/a^/e du roi, c'est-à-dire, la maladie qu'il appartient seul au roi de gué- rir. Au surplus, on n'a pas sujet de croire que les successeurs de ce prince , qui n'ont pas été des Saints, ayent été favorisés de .ce don céleste. dJngleterre , d'Ecosse et d'Irlande. . i aï. Les Anglais ont beaucoup d'attachement pour leur roi. Les habitans de présentèrent une adresse pompeuse à Jacques I , successeur d'E- lisabelfa. Ils Ini souhaitaient que son règne put durer aussi long-temps que le soleil , la lune et les étoiles. H leur répondit galment y que si leurs voeux étaient exaucés, son fils serait obligé de régner à la chandelle. En i65g, quelque temps avant l'arrivée de Charles II à Londres, cinq ivrognes, habitans . du comté de Berchs, dans les premiers trans- ports de leur zèle, cotivinrent de boire à la santé du roi avec leur sang , et de couper chacun un morceau de leurs fesses pour le faire frire et le manger; ce qui fut exécuté par quatre de ces fougueux royalistes. Mais la femme du cinquiè- me , entrant dans la chambre , s'arma des pin- cettes , et s'en escrima si bien , qu'elle empêcha l'amputation des fesses de son mari. Le bourg de Goodmans-Chéster est célèbre en Angleterre, pour avoir accompagné son roi avec le cortège de cent quatre-vingt charrues qui étaient venues au-devant de lui à son passage» Mais que de désagrémens et de scènes mor- tifiantes n'éprouvent pas ces princes presque adorés dans leurs palais, €t qui excitent quelque- fois l'enthousiasme du public ! Il ne faut souvent que la moindre conlradicûoa pour les désoler. 1^4 Londres 9 la cour et les provinces Jacques I étant un jour a la chasse , un moU'* cheron lui entra dans FœH. Aussitôt l'impa- tience le prend; il descend de cheval en jurant; il traite le moucheron d'insolent y et lui adres- sant la parole : (c Méchant animal^ lui dit-il^ n'a^ tu pas assez de trois grands royaumes que )e te laisse pour te promener y sans qu'il faille que tu viennes loger dans mes yeux » ? Un roi d'Ecosse ayant déchiré la patente d'un gentilhomme qui le priait de confirmer certains privilèges , le parlement ordonna que ce prince,^ assis sur son trône y en présence de toute la cour^ prendrait une aiguille et du fil ^ et recoudrait la patente. Du temps de Cromw^el , le nom de roi était devenu tellement en horreur à quelques Anglais, qu'ils changeaient dans le Pater y l'article Ad- i^eniat regnum tuum , en celui S Adveniat res-* publica tua. Après la mort tragique de Charles I , décapité le 9 février 1649 , la chambre des communes ar- rêta que la princesse Elisabeth , fille du mal- heureux monarque, serait mise en apprentis- sage chez un marchand boutonnier y pour ap- prendre à faire des boutons. Mais le décès de la jeune princesse qui mourut de la douleur que lui causa la mort déplorable de son père y ne permit pas d'exécuter cet arrêté si digne de ceux qui l'avaient rendu» '^ Angleterre ^ d'Ecosse et d'Irlande. nàS Les cochers , les fîacrea et les charretiers , ne s'arrêtent ni ne se 4érangent à Tapproche du car- rosse du roi y ^et ils se font gloire de ne point saluer le monarque. Pourquoi salujBrais - je George^ disent- ils brutalement? c'est à lui à m'ôter son chapeau^ il vit à mes dépens. r George III s'étant un soir fait beaucoup at- tendre a Topera^ fut hué à plusieurs reprises au moment de son arrivée ; il tira sa montre y et dit en s'avançant sur le devant de la loge : J'ai tort. Le même monarque ^ en 1 760 , avait de très- beaux cheveux d'un blond argenté^ noués avec 'an ruban ^ et qui étaient souvent frisés et ar- rangés de la main de la rein.e. Les perruquiers de Londres présentèrent à c& monarque une adresse oii Us lui disaient y qu'en considération de l'avantage qui en reviendrait à leur com- munauté, et pour l'intérêt national, il était prié de faire couper ses cheveux et de prendre perru- que. Le monarque crut devoir se soumettre au sacrifice qu'on exigeait de sa complaisance. * . Voici un nouvel exemple de la liberté que se permettent quelquefois les Anglais à l'égard de leur souverain : c'est l'extrait d'une lettre anony- me écrite à George 111, en 1783, et rapportée par le Morning^PosL - ^/ > 'ia6 Londres y la cour et les pronncês € Sire, on n'avait jamais eu lieu d'attaquer » la pureté de vos mœurs ; c'est avec la plus pro- » fonde vénération que vos sujets admirent en » vous les vertus les plus sublimes qui puissent ' w caractériser l'époux tendre , le bon père , » l'homme vraiment religieux; vous êtes enfin le » modèle le plus parfait du citoyen estimable. » Mais , Sire, il y a bien de la différence entre un » simple particulier et un monarque : on juge de V celui-ci par la grandeur et la prospérité de son » règne; c'est là le grand point qui le distingue, » ou plutôt il n'y en a pas d'autre. Je ne prétends » point m'écarter du principe de la loi qui vous I» déclare impeccable : quoique cette doctrine » doive paraître absurde à quiconque se donnera )) la peine d'examiner la conduite de quelques- » uns de vos prédécesseurs , l'intégrité de votre » conscience la justifie pleinement ; aussi vos » fidèles sujets, en se plaignant des griefs qui les » tourmentent, ont-ils toujours fait celte distinc- » tion entre le roi et ses serviteurs de confiance. M Vous êtes à nos yeux un soleil de perfection , . >i mais souvent éclipsé par Tiniquîté de vos mi- >i nistres. Plein du plus profond respect et àfi M l'attachement le plus vrai pour votre personne >) sacrée , je ne cherche donc pas à vous rappeler » le souvenir pénible de vos malheurç passés ^ * )) quelque influence qu'ils puissent avoir sur » votre situation actuelle. N'attendez cependant 'Jt Angleterre , d'Ecosse et d'Irlathde. i^'j » pas de moi la basse complaisance de ne me » servir que du jargon emmiellé de tos douce-^ }) reux flatteurs; je ne parlerai que le langage de )) la vérité : les princes n'aiment point à Ten- » tendre; mais c'est un breuvage dont les qualités » piquantes et amères conviennent le mieux à » la maladie dont vous êtes attaqué m . lïiS^ Londres , la cour et les provinces ^^. CHAPITRE LIV. Les Ministres» J_j£s Anglais rejetteat toujours sur les ministres le désordre des affaires politiques^ les guerres onéreuses et funestes qui tourmentent leur na- tion, les pertes continuelles que souffrent leur commerce et leurs manufactures^ et les impôts de toute espèce dont ils sont perpétuellement ac- cablée. Mais ne peut-on pas soupçonner que tous ces désastres leur arrivent bien plutôt par la faute de quelques-uns de leurs monarques, indolens, faibles , occupés de leurs seuls plaisirs , laissant au hasard à leur procurer de bons ministres , s'ia- quîétant peu des murmures, des gémissemens de leurs sujets , pourvu que la cour soit brillante , livrçeà des fêtes perpétuelles, et enfin ne songeant nullement que le premier devoir des rois est de rendre leurs peuples heureux ? Qu'il est favorisé du ciel le monarque qui a le bonheur de faire choix d'un excellent minis- tre ! il peut se flatter d'avoir auprès de lui un véritable ami, un sage, dont les conseils, francs et' sincères , n'auront sans cesse pour but que d'alléger les impôts , non de les augmenter sous mille pi*étextes spécieux j que d'encourager les d Angleterre y d* Ecosse et d'Irlande. lag sciences , les lettres ^ les taleas en tout genre ; que d'éloigner le fléau de la guerre y nou-seu- lement des Etats de son souverain y mais encore de l'Europe entière ; et ne se proposant ^ en un mot> pour prix 'de ses travaux , que la gloire et la félicité de son maître , ainsi que de la nation.' Les pensions que le roi de la Grande-Bretagne donne ordinairement aux ministres qui se reti- rent volontairenient ^ ou qui sont renvoyés pour satisfaire aux plaintes élevées contr'eux, con- tribuent encore à les rendre l'objet de la haine publique. Il est rare d'en voir qui y comme le comte de Sunderland y refuse les bienfaits de la cour. Le comte de Sunderland ayant été disgra- cié y la reine Anne voulut lui donner une pen- sion de 3poo liv. sterL ; il la refusa, en disant que s'il il'était pas assez heureux pour servir sa patrie , il ne serait jamais assez lâche pour la piller. Quels que soient les succès d'un premier mi* ziistre britannique y il voit chaque jour éclore des satires mordantes de ses moBur^ y des criti- ques injustes de sa conduite j mille libelles cir- culent de toutes parts contre lui : s'il veut en prouver la fausseté y on donne croyance aux men* songes qu'ils contiennent ; ' s'il n'y répond pas ^ il est encore davantage présumé coupable. Le lord-coioîlc dé ^^^^ , élevé à la place de ^cfétaire d'Etat ^ menait de prendre sa patente 1 3o Londres ^ Ui cour et les provinces dans le cabinet du roi, lor8<]a'ane foule de cour- tisans l'entoura; chacun s'empressait d'être des premiers à le féliciter^ et son fils était au milieu d^eux. f< Que ce spectacle ne vous abuse point, mon fils 9 lui dît-il ; depuis une heure je ne suis * ni plus grand ni meilleur que je n'étais ; ce n'est pas à moi qu W rend ces honneurs : cette pa- tente les a reçus sous mon prédécesseur^ et elle en jouira encore souâ ceux qui me remplaceront d • » Gveorge II était contrarié par des ministres pour la nomination d'un vice^roi d'Irlande. Us insistaient pour que le roi préférât le lord Har- rington au duc de Dorset que George e&t beau* coup mieux aimé. Le prince se leva avec dépit de la table du conseil et passa dans sa chambre, laissant les ministres dans le plus grand embar- ras, car il n'avait point parlé de décision. Enfin , voyant que sa majesté ne revenait point , ils lui députèrent le lord Chârst^eld , comptant sur . les ressources de son esprit pour calmer l'hu-* meur du monarque ^ et pour obtenir ce qu'ils désiraient. Chersterfield ouvre tout doucement la porte, et s'approche d'un air très respectueux du fauteuil où le monarque s'était jeté, (c Je suis chargé 9 sire, dit-il j de savoir de quel nom votre majesté veut qu'on remplisse le blanc laisse sur la patente. — Metteas-y le diable , répond le toi en colère. — Mais, aire,^ reprend dfun ton d Angleterre y dEcùsse et d Irlande. i3ii aétieux le ministre , votre majesté veut-elle que l'on suive le style ordinaire ^ et que j'écrive : Nommons notre Jidèle et bien amé cousin feDia* ]>le> etc. » ? George éclata de rire^ et la patente fut signée au gré du conseil. Un gej^tilhomme présenta un four/^a n&ilord duc, de Bukingham, une longue^iste de tous les griefs qijte la nation avait à reprocher au minis-^ tère. Le due, habile à découvrir ce qui portait ce gentilhomme à se plaindre, feignit d*èntrer dans ses vues , et lui dit : a Mon cher ami , vous n'aviez, et la nation, que trop raison d'être mé- contens , et je travaillerai à effacer les divers griefs dont eW/b se plaint par votre canal • • • • • Mais à propos de ministère, je. vous dirai qu'il y a un poste honorable , et qui rapporte 5oo liy^ sterl. , qui se trouve vacant depuis ce matin. J'avais dessein dé vous le faire offrir m. Le gen- tilhomnle , charmé de la condescendance du mi* nistre à son égard, accepta la propositon, ^ et avant que de sortir de chez le ministre , il con- vint que \% gouvernement n'avait jamais été en meilleure main , et que la nation anglaise était la plus heureuse des cations. Cette anecdote rappelle celle-ci. On demaa*^ tdait à un secrétaire d'Etat, pourquoi il n'avan-* çait pas le mérite? fc Parce que y répondit*il, ce là'cst pas le mérite qui m'a avancé »•* \ !t3a Londres , la cour et lespro^incei . Les ministres anglais ont le privilège de faire tout ce qu'ils yeulent. Dans un moment oii il s'agissait de faire passer un bill qui lui tenait extrêroeipent à cceur.^ sir Robert Walpoole , principal ministre , craignant que les évêques ^ qu'il aTaj^ récemment indisposés y ne lui jouas^ sent le mauvais tour de voter contre lui y s'avise du stratagème Suivant. Il va trouver Lambeth^ archevêque de Cantorbéry , qui n'était pas du nombre des mécontens y et le prie de feindre tme maladie sérieuse. Le prélat se prête à la ruse j se met sur-le-champ au lit^ ordonne qu'on enveloppe le marteau de sa porte y que Ton jon- che la rue de paille^ et prie son médecin de con'fiaiice de i*épandre que, lui ^ Lambetb^ est à. la dernière extrémité. Le bruit de la mort iné- vitable et prochaine du prélat se répand; les yeut. de tous les évêques se portent sur le siège de Lambeth ; ic'est à qui fera mieux sa cour au ministre pour l'obtenir. Le bill passe avec une mérité que décident les très-révérends évêques ; alors Farchevêque ressusâte^ et le rusé Wal*^ pbole eut sujet de rire à leurs dépend Robert Walpoole, pendant qu'il était au mi-» nistèrè ^ avait coutume de dire : te J'ai dans ma boutique une drogue (de l'argent) y avec la- quelle j'adoucis toutes les mauvaises humeurs n. m , * • - l. Fox avait autant d'esprit que de mérite. Il \ d^AngUtetn y J^Ecù»e et 4^ Irlande, f âS emprunta des sommes immenses à difiecens' Juifs ; il se flattait que la succession d'un de ses oncles payei^ait toutes ses. dieUes. Cet oncle se maria et eut un fils. A la naissance de l'enfant ^ Fox dit à pluâeurs amis : (c^ C'est le Messie que cet enfant ! il vient au monde pour la^ .destruc^, tioA des' Juifs j».. \ r34 l4>ndreSf la cour et tesprwinees CHAPITRE LT. vJn ne peut scmger à ce qui se praticpe znx élections y tant des schérifs ^ des maires ^ des aidennans ^ que des membres de la chambre des commmies y sans être firappé ^ sans être indigné des abus sans nombre qui se commettent dans cette partie importante de la législation an- glaise. Quoiqu'il soit sévèrement défendu aux can- didats d'acheter les suffrages qu'ils obtiennent ^ il est connu de tout le monde qu'il en coûte au moins deux mille guinées ( 96^000 francs ) y pour se faire élire membre du parlement y et cependant cette place ne rapporte rien; mais Un Anglais compte pour beaucoup le plaisir de con- trarier le roi et ses ministres : d'ailleurs plu- sieurs se proposent de vendre leur voix à la cour y et d'en obtenir des pensions y des titres y des places lucratives. Lorsqu'U s'agit de nommar un député à la chambre basse, l'hoitime le plus vertueux, le plus sage, le plus zélé patriote, devrait toujours être préféré \ cependant c'est ordinairement le plus ambitieux et le plus prodigue qui l'emporte. Le dJi^teterref d^Bcasse et é^ Irlande. l3S peuple payait jadis ceux qu'il chargeait de la dé- fense de ses droits ; aujourd'hui il vend sou sufr frage à celui qui y met le plus haut prix. Tout homme qui est eu état de dépenser beaucoup ^ est sûr de se faire un parti ; mais celui de ses concurrens qui aura dépensé le plus^ aura la plu- ralité des voix« Les uns entrent au parlement pour payer leurs dettes ; d'autres en font pour y obtenir place ou pour y rentrer. Plusieurs se ruinent pour briguer cet honneur. Souvent aussi ce ne sont pas eux-mêmes qui font cette dé*- pense , ce sont les principaux du parti qui les porte au parleçient .... Pendant ces temps d'élection, ceux qui f aspirent ou qui soutiennent lès aspirans, sont obligés de tenir table*ouyerte dans les tayemes du Hou où s'assemblent les âecteurs. Us y ont quelquefois trois cents personnes à régaler par jour. Celui qui enivre le plus de peuple , peut compter sur un ^ùs grand nombre de voix : on fait en Angleterre tout ce qu'on veut avec de la bière forte , et surtout a^iec du vin. S'il s'en trouve de sobres^ on les gagne à fiyrce d'urgent. A l'égard du bourgeois intéressé, l'un vend son suffrage vingt guinées , l'autre ne le dmme qu'à trente : pourvu qu'ton y mette le prix ^ on est sur de les avoir. N'est<*-il pas étonnant que ce moyen soit le seul qui puisse faire obtenir l'honneur de veiller au salut de ses concitoyens ?• ». • f ) 36 Londres y la cour et les provinces A l'égard des dépenses excessives que sont obligés de faire ^ ceux qui , par ambition ^ veu- leot être élus ,. qu'en arrive-t-il? que ces mêmes députés qui y par ambition se sont ruinés en en- trant au parlement ^ sont obligés y pour rétablir leurs affaires « de vendre ensuite à la cour leurs suffrages 9 et le peuple même qui les a choisis trop imprudemment. Il faut mettre en têtç des moyens de se ruiner en Angleterre y n(K>yens que Ton ne connaît pas dans les autres pays y l'ambition des chefs de partis y d'influer sur le choix des membres du parlement pour . certains cantons. Westminster^ y orci , Bristol , et toutes les provinces , sont des représentations privilégiées , eh ce qu^elles sont plus populeuses 9 et quelles ne diminuent pas le nombre des bourgs dont chaque parti peut disposer : on a vur de c^s sortes de concurrences coûter plusieurs millions. Une de ces élections contraignit le lord Northaiiipton à vivre hors du royaume. Cette même éléctîoin réduisit lord Rodney à la cruelle extrémité de s'en absen- ter également : elle coûta loo^oôo guinées au- moins au lord Spencer , et tme pareille somme au lordHallifax. Pendant le temps des élections y oh connaît les partisans des deux partis^ aux cocardes de différentes couleurs qu'ils portent , et sur les- 'd^Jngî^m yd^Etfme et d^Irlande. iZj quelles oa voit en lettres d'or le uom de leur favori. Les électeurs font serment de ne pas vendre leurs voix j et cependant la plupart des candidats se ruinent pour les acheter. Que de basses flat-» teries prodiguent ces aspirans à ceux dont ils briguent le suffitage ! Lie bourgeois^ le labou-* reur^ l'artisan^ voient ramper devant eux des gens qui^ auparavant^ ne daignaient ni leiir parler y ni les regarder. Ceux-ci les font asseoir ^ leur table ^ leur prennent les mains ^ les em- brassent , leur offrent leur bojurse^ leur promet-^ tent leur protection. Un jeune Anglais voulant être député ^ se présenta 9 chapeau bas, devant l'échoppe d'ui> savetier, fort en crédit dans le bourg, pour. le prier de lui donner sa voix, (c On verra cela, nôtre bourgeois , lui répondit l'ouvrier rustique; mais avant toutes choses, il ifaut savoir à qu» l'on a à faire : je ne connais les* gens que quand j'ai bu avec eux. ^^ Mon cher monsieur , reprit avec humilité le suppliant, j'ai pourvu à tout; il y a chez un tel , à telle enseigne , d'excellente bière. — De la bière , répliqua le savetier î je ne bois que du vin, et du meilleur. — Eh bien, vo- tre goût sera satisfait , dit le candidat ; venez a* deux pas d'ici. — Non , en vérité , répondit le savetier, je ne. sors pas de ma boiUique : si ta veux boire avec moi , fais apporter ici ton via». f38 iLondreiy la cùur et les prwbieei En attendant , assieds-toi ; tiens , voilà un esca<^ beau. Fumes-tu? prends ma pipe >i. Le vin ar- rive ; on boit , et après quelques rasades y le sa<- vetier^ paraissant enchanté de son hôte^ dit avee transport à son protège : u Camarade , donne- moi la main... ne fais pas attention si la mienne est un peu poissée...» Embrassb-moi. • . • bon... de Fautre côté. • . • à merveille ». Puis haussant la voix , il s'écrie avec humeur : m Quoi ! n'as-ttt pas de honte de tant de bassesse? J'en rougis pour un prétendant de ta sorte. Tu es genûl-* homme ; tu veux être membre du parlement. Vas^ j'en suis plus digne que toi. Sors de ma boutique , lâche ; tu peux aUer ailleurs mendier des suffirages; le mien ne sera pas pour un homme aussi méprisable ». Toutes les tavernes sont ouvertes tant que rélection dure. Chaque concurrent a la »enne^ et y reçoit tout ce qui se présente. La bière, le vin, les liqueurs*, y sont prodigués. Des tables couvertes de toutes sortes de viandes y sont ser- vies gratuitement. On y chante, on y rit, on s'y eni vi^ , on s'y bat. On y célèbre surtout , avec beaucoup d'emphase > le nom de celui qui fait les frais et les honneurs de la fête. On le com- piarç aux plus grands hommes, on lui donne toutes les vertus ; la moindre de ses qualités est de détester les ministres , d'être invinciblement opposé au parti de la cour , de n'être occupé que ' .• JPJngUterre ^ éP Ecosse et Jttrtanâe. ' 1 3^ du bien ptiblic. Il y a tel homme qui dépense jusqu'à la^ i5> ao^ooû francs le jour de Télé- ction ; il lui en avait coûté quatre fois autant pour acheter les suffrages. En général^ lefs élections sont toujours très- tumultueuses ; le peuple échauffé par la grosse bière qu'cm lui fait boire à longs traits y s'agite violemment ; l'intérêt que chacun prend à celui des candidats qu'il adopte , se manifeste par deê injures réciproques, par des pierres etde la boue que les partis rivaux se jettent lorsqu'ils sont échauffée; souvent même par des coups de poings et de bâton. Il est très-heureux qu'il soit défendu de venir armé aux élections ; sans cette précau- tion si sage , chaque renouvellement de la chaitt» bre des communes coûterait à FEtat la vie de plu- sieurs milfiers de citoyens. Les Anglais appelr lent tout ce tumulte l'exercice de la liberté hA* tannique. Sous Guillaume IQ, en 1695, on renouvela les anciennes lois, pour que les élections des mem* bres des communes fussent le prix des talena et de la vertu, et non des dépenses que faisaient les candidats en régals et en présçns propres a cor^ rompre les électeurs. Cette loi tomba bientôt en 4lésuétude. Il f^t prouvé, en 1768, ^e deux membres de Jia chambre des communes avaient donné des i4o Londreij la cour et lespropinces sommes très - considérables pour être élas de nouyeau. U fallut recommencer l'élection. Lies élections y achetées à prix d'argent y au su de toute l'Angleterre , entraînent souvent dés rixes ^ des combats sanglans^ entre les cham- pions des differens partis. Lorsqu'il fut questiba d'élire ^ pour la seconde fois y le célébrée Fox y il avait pour concurrent le chevalier Wrây. Ua ^ur y dans une assemblée tumultueuse des élec- teurs y Fox reçut à la poitrine un sachet rempli de poudr^ternutatoîre ^ qur^ s'étant ouvert par la force du coup, forma un atmosphère autour de lui y qui le fit élemuer aussi violemment que les valets de Bartolo dans le BarBier de Sésnlle. Qjoand Fox eut été enfin élu, pour l'un des membres du parlement ^ en 17849 il reçut les. honneurs d'une espèce de triomphe. Indépen- damment de cinq eents hpmmes à cheval y et de plus du double de gens à pied^ en habit bleu, veste ventre de bidbe (costume ordinaire de Fox),, qui marchaient devant lui entre l'es drapeaux de k ville i% Londres et ceux des différentes parois- ses^ et les carrosses des duchesses de Devonshirè et de Porlland y attelés de six chevaux y qui fer^ matent la marche y il était accompagné de plus de quatre mille personnes de son parti. Les fidèles bouchers , entr'autres , vainqueurs des porteurs , de chaise y avec leurs couperets y dont ils frap- paient des os énormes^ et unebande d^ cors et ^ I JtJngleterre , d* Ecosse et d'Irlande. 1 4 1 Iiautbois^ se disputaient la palme de rharmonie , itmnédiateinent devant la chaise curule sur la- quelle Fôx élaît gravement assis, surmontée d'uu dais de laurier et de fleurs y et portée par douze Iiommes, (](uî se relayaient de quart d'heure en quart, d'heure. On lui fit faire de la sorte , dans Londres, un trajet de plus de deux milles, ayant d'arriver à l'hôtel de Devonshire. On remarqua comme une chose fort extraordinaire, qu'il n'ar- riva aucun accidentdans cette mai^he populaire et pompeuse, quoiqu'il y eût plus de cent mille âmes dans la place de Covent-Garden, et dans les rues adjacentes, et que leis toits fussent couverts d'une foule de spectateurs/On distingua parmi les dra- peaux celiii où on îîsadt ces mois : Droits de la chambre des cdmthUnes, et que suivaient plusieurs des anciens membres. Un autre attirait aussi tous les regards ; il était porté devant lés carrosses des duchesses de Devonshire et de Porlland , et on y lisait cette inscription -.Consacré au patriotisme des femmes. Ces deux belles duchesses, parti- santes enthousiastes du mérite de Fox, avaient daigné ellés^^mémes solliciter en sa faveur, et n'a- vaient point fait difficulté d'accorder des baisers à quelques-uns des électeurs, qui leur deman- dèrent cette douce récompense, tlètte marche solennelle fut suivie d'un grand dlûer à la taverne de Willy, où se trioùvèrent quinze .cents con- i4a Lonàr€$ ^ la cour et les pronncef Un autre représentant fut traité par le peuple de Windiester d'une manière biea différente. U ae nommait sir Flood, Mécontente de son élec- tion^ une parue dea halntana de cette ville, au lieu de lui décerner les honneurs de la chaise curule, en le portant dans un fauteuil , suivant la cou- tume, s'avisa de choisir un ramoneur de che- minée, dans le costume enfumé .de sa profession. Après lui avoir mis sur la tète un bonnet blanc de papier , très^evé en pyramide , orné de ban- delettes bleues , il fut placé dans le fauteuil de ce* rémonie. La procession burlesque se mit en mar- che, précédée par des espèces de pionniers, por-^ tant de longs bâtons , d'où pendaient en guirlan- des des ponmies de terre et des ceufs pourris, et arriva^ en bon ordre devant l'auberge où pend pour enseigne l'image de Saiat^îeorge. Les amis de sir Flood firent apporter un baril de bière forte; mais la populace, loin de se laisser séduire par cet objet , ordinairement si attrayant pour ielle, se crut vivement insultée, et bientôt les pommes de terre et les'œuf« ccmimencèrent à pleuvoir de toutes parts. Le nouvel élu et ses amis furent trop heureux de pouvoir prendre la fuite. Fpx se imt sur les rangs pour l'âection de Westminster, et il siégeait déjà au parlement; il venait, avec beaucoup de peine d'obtenir le jrfus grand nombre de vrâu U s'était pkcé dans la éP Angleterre 9 d^Scem et é^ Irlande, ' i4S tribune devant laquelle défilaient et donnaient leurs sufiirages les âecteurs de eette partie de Londres; un d'eux lui dit ai passant : ic M. Fox ^ je suis venu pour vous donner ma voix. J'ai fait plus^ Je vous ai amené quinze de mes amis qui vous ont ég^ement donné la leur n. M. Fox s'é« tant incliné pour témoigner sa reconnaissance , ^l'électeur ajouta : « Vous savez ce que vous avez 'promis à vos coi» tituans ? Vous devez vous oc-* ^per sans cesse du bien de la patrie ». Autre révérence de la part de l'beureux candidat, ic Si vous ne le faites pas> poursuivit l'électeur^ et si vous violez les engagemens que vous avez pris ^ ne .soyez point élcmné que partout où je vous trou-« Verai>je vouséerille d'importance». A ces mets^les cbapeaux d'être lancés en l'air ^ et tout le monde de crier Auzza/ kuxsMl C'est avec cette politesse^ un peu grossière, que sont élus les représentans de la Grande-Bretagne. Un auteur anglais s'exprime en ces termes : tr 11 est d'usage qu'aux élections , ainsi qu'à la n potence > Facteur principal adresse un discours » pathétique à la'populace y et lui fasse de gran- )9 des protestations y- à ^u près aussi sincères de D part et d'autre. Le membre du parlement fait i> sonner bien haut son patriotisme , avec la » même vérité que le patient proteste de son a inuooenise a; 'i44 Londres, la cour et les provinces - Le nomme BrMni Dignam , fameux escroc et intrigant^ fut enfin démasqué ^ et condamné^ en^ ^777 * ^ traTaiiler à la chaine pendant cinq ans 5ur la Tamise; cette punition ayant été substituée à la transportatioû* dans les colonies > ^depuis le commencement de la guerre d'Amérique. Cet homme y doué d'une extrême efironterie ^ était lié avec tout ce qu'il y avait de grands sei- gneurs dans les trois royaumes; il afficbrît tous les dehors de l'opulence et de la faveur; il avait eu le secret de s'attaaher asses .d'électeurs pour s^assurer une place dans \^ sénat de la nation* N'ayant pas un pouce de terrain dans le district de ce lîourg^.n'y étant point du tout connu ^ il ïm aryait £sJlu recourir à l'artifice y et voici.. com- ment il s'y était pris. Il soUicitaèn particuli^ les- femmes et les filles des électeurs y promeUant à leurs maris ou k fleurs pères des pommes d'or : ce moyen était nouveau , il réussit. Il présenta àt chaque électeur une pomme qui renfermait ha mandat de trois y cinq ou dbç ^inées , suivant l'importance du personnage :. il se pi^cure ainsi un millier de partisans. Cependant un ^utre can- didat lui propose, i^^ooo livres st^erling^ pour qu'il renonce à l'élection/ Dignam.accepte la somme^ et se rend en poste chez son banquier à Londres^ . le prévient qu'il ne doit payer auc1^l des billets qu'on lui présent^a de sa part y attendu qu'il a toutes les .raispns du mcmde de croies qu'ils sept d'Angleterre , d* Ecosse et d Irlande. i45 faux. Ainsi les électeurs perdirent le prix qu'ils avaient espéré de leurs suffrages. ' Nous avoils dit que de sages lois proscrivent de pareils abus y mais qu'elles sont oubliées de^ puis long-temps. Il est défendu aux candidats de donner ou de promettre de l'argent y et de don- ner des fêtes aux électeurs ^ afin d'obtenir leurs suffrages y sous peine d'être déclarés incapable^ de représenter dans le parlement. Si une somme d'argent, un emploi , une charge , ou une ré- compense quelconque, a été donnée ou promise à un électeur , pour influer sur son suffrage y ce« lui qui office et celui qui accepte, sont tous deux condamnés à une amende de 5oo liv. sferl. , et déclarés incapables à jamais d'émettre leurs suf- frages , ou de posséder aucun, emploi dans le bourg ou la province dans lesquels s'est coounis le délit.' Le premier exemple de corruption dans une élection , arriva sous le règne d'Elisabeth; Uu ^ certain Thomas Longe , homme d'un e$prit fort borné et nuUenient fait pour être du parlement.^ \ avoua qu'il avait donné au premier magistrat et à d'autres personnes du bourg, 4 1^^* sterL,. et que moyennaBt cette récompense^ il avait étéélu« JLe bourg fut condatnné à une amende , aijsjsi bien que le magistrat prévaricateur, qui fut encore mis en prison , et le représentant indigne fut expulsé. a. , lo i46 Londres f la cour et les provinces Pour éluder la loi qui défend d'acheter les vo- tes des électeurs y ce n'est pas de l'argent qu'offrô l'ambition des candidats à ceux dont elle veut corrompre le suffrage ; c'est un pari qu'elle leur propose. Nous parions ^ disaient les partisans de Jean Wilkes , en 1768., qu'il ne sera pas élu membre du parlement par la cité de Londres. Les votàns^ en acceptant là gageure y et donnant ensuite leurs voix à Wilkes ^ s'assuraient le prix ^e leur vénalité ^ et ne paraissaient nullement coupables. Ne serait-il pas à souhaiter ^ dit Tabbé Baynal^ t[ue le ^ombre des représentans fût proportionné 4 la valeur des propriétés , la juste mesure dd patriotisme ? N'est-il pas absurde qu'un pauvre Itameau ^ qu'un malheureux village en députe autant et plus à l'assemblée des communes que la ville ou la contrée la plus opulente ? Quel in- térêt ces hompes peuvent-41s prendre à la félicité publique ^ qu'ils ne partagent presque point ? Quelle facilité de mauvais ministres ne doi- Irent-ils pas trouver dans leur indigence, pour les corrompre et obtenir, à prix d'argent, la plu- talité des voix dont ils ont besoin ? O honte ! l'homme riche achète les suffrages de ses com- ttiettans pour obtenir l'honneur de les représen- ter; la cour achète les suffrages des représentans jpour gouverner plus despotiquement. i éP Angleterre , d'Ecosse et d'trla nde. * 1 47 ' Un garçon boulanger eut le désintéressement héroïque de refuser i5o guinées qu'on lui offrit pour acheter sa vbîx. Un particulier', dans une situation pareille , ne niontra pas le même désintéressement. Comme Ton procédait à l'élection d'un schérif , un agent vdu ministère glissa dans la main d'un des votans une bourse contenant 12 guinées. Cet homme était pauvre , il prit la bourse , et la mettant dans sa poche: « C'est dans ce moment, dit-il, que je sens combien il est difficile d'être homme ». Sir John Wood , voulant obtenir le vote d'un perruquier , de préférence à sir James Bel- fiield : « Vous savez, mon ami , lui-dit-il , pour le séduire , que dernièrement fe vous ai payé grassement, lorsque je vous ai envoyé chercher pou|: me raser; 5 guinées pour une barbe, je crois que c'est une, récompense honnête : une généro- sité en mérite une autre ; j'espère donc que. vous me donnerez votre çufFrage. — Je le voudrais de tout mon cœur, reprit le barbier; mais sir James donne le même prix que vous pour une barbe, et il s'est déjà fait raser deux fois ». Le célèbre Richard Steele , l'un des auteurs du Spectateur lahglais, avait été deux fois député au parlement , par deux différentes villes. Il eut envie d'être encore une fois représentant du peu- ple , mais ses affaires étaient dans ïe plus gaMi i48 . Londres , la cour et les provinces désordre : il ne pouvait faire autant de dépense que son concurrent. Il imagina un moyen qui put y suppléer et combler son espoir : au lieu de suivre la méthode ordinaire ^ en tenant table ouverte dans toutes les tavernes y il fît préparer , dans la principale auberge y un repas élégant y au- «quel il invita tous les électeurs mariés y avec leurs femmes. Steele, qui était galant et d'une humeur agréable y eut soin de les traiter si bien y et de leur prpcurer tant d'agrément y qu'ils auraient tous passé volontiers la nuit avec lui. Lorsqu'il les vit le plus livrés a la joie, il éleva la voix^ et s'adres- , sant aux dames, il leur dit, que si ce qu'il avait à leur offrir leur était agréable , il espérait qu'elles s'^iiitéresseraient toutes pour lui auprès de leurs xnaris , et qu'elles les engageraient à le choisir pour représentant. Toutes les femmes montrè- rent beaucoup d'empressement de savoir en quoi consistait l'offre qu'il voulait leur faire., Steele dut soin d'exciter leur curiosité par des propos amusans, et leur dit enfin •: « Vous désirez vi- vement d'avoir un fils; vous ne négligez sûre- ment rien pour en obtenir un : eh bien , pour vous encourager à faire de nouveaux efforts , je vous promets so guinées pour chaque enfant mâle que vous aurez d'ici à dix mois ^). La ma- nière agréable avec laquelle il débita sa haran- '^tte , fit rire toute la compagnie. Les dames de- . vinr^it plus emiMressées auprès de leurs maris ^ « ê^ Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. i49 Ties y représentant un comté y ait en bien fonds 6oQ liv. sterL de revenu ; que celui qui est dé- puté par une ville ou par un bourg en ait 5oo , est éludée comme presque toutes les autres. .En terme de jurisprudence on appelle la possession de ce revenu y qualification ; mais si tel bu tel particulier n'a pas la quaUficcUion requise y el s'il psirait cependant disposé à servir un partît les membres de ce parti lèvent bientôt les dif- ficultés qui se seraient opposées à son élection. De là cette foule de dépendans^ indigens qui vi- vent du prix de leurs votes» • 11 est si connu qu'une grande partie des^ mem-« bres du parlement est vendue à la cour y qu'on n'y fait presque plus d'attention. Si les anciens Wigtks (i), étaient de bonne foi 5 et que l'amour de k liberté fut le principe vrai de leur opposition au parti de la cour y les .verratt'H>n s^en tenir à de vaines déclamations ^ k d'inutiles protestations ? Ils iraient k la source du taû y c'esl-4i-dire y qu'ils feraient revivre les anciennes lois qui excluent de la chambre des communes tous les obligés de la cour et des n^i-* nistres. Si des membres du psorlement vendent quel- ' quefois leurs voix a la cour^ ils ressemblent k (i) Le» patrioteju. I&4 Londres^ ta cour et les provinces quelques belles qui vendent leurs faveurs ^ et qui ne le disent pas. Ajoutons qu'ils ressemblent aussi aux courtisanes , dont le nombre des eu*'^ treteneurs est si considérable, qu'elles ne sau- raient le cacher. Charles II était si bien informé de cetts corruption générale , qu'il disait a^. chevalier Temple : « L'argent me donnera la clef du par-» lei;nent. — La défiance, répondit le chevalier, y, : mettra des verroux ». Peu d'Anglais ressemblent à ce seigneur , dis^ tingué par son mérite et ses lumières, que tout l'or de la cour ne put corrompre* Robert Wal-* poole voulait le détacher du parti du parle-» ment. Il va le trouver : « Je viens , lui dit*il , dé la part du roi, vous assurer de sa protection ^ vous témoigner le regret qu'il a de n'avoir en«* core rien fait pour vous , et vous offrir un em- ploi plus convenable à votre mérite. -*- Blilord , f épliqua l'estimable seigneur , avant de répon- dre à vos offres , permettez-moi de faire apport ter mon souper devant vous » . On lui sert aa même instant un hachis, fait d'un reste de gigot dont il avait dîné. Se tournant alors vers Wal- poole : w Milord , ajouta-t-il , pensez-vous qu'un homme qui se contente d'un pareil repas , puis- se être facilement gagné par la cour ? Dites au roi ce que vous avez vu; c'est la seule réponse que j'aye à vous faire ». d Angleterre^ d^Eéossê et d^ Irlande. i5S Cet éUtt de choses ^ si^réjudiciable au bonheur des citoyens 9 ne fait qu'empirer tous les jours. Dans la séance du 1 3 mars 1 809 , sir Francis Burdett , dit dans la chambre des communes : n Lorsque^ le lord-chanceKer nous parle du peu >i de corruptiou qui règne aujourd'hui y j'admire M son éloquence , qui me rappelle le Paradis M reconquis. Je conviens que la corruption n'est >i plus aussi grossière que du temps de nos ho- » norables prédécesseurs , lorsqu'un membre du >) parlement y étant à diner chez un ministre y >i trouvait sous son couvert un billet de banque » de 5oo Kv. sterL ^ et^ tout en s'étonnant d'une » semblable trouvaille, le mettait gravement dans j» sa poche. Mais la corruption emploie au jour-- n d'hui des moyens d'autant plus dangereux >i qu'ils sont plus cachés ». Ce membre faisait trop d'honneur aux mesa« res de corruption employées aujourd'hui pour attacher au parti de la cour presque toute la chambre des comipunes; elles ne sont ni secrè- tes ni délicates. D'abord il est de notoriété^ publi- que , qu'il n'y a guère que cent quatre-vingt six membres , dont la nomination soit libre et in- dépendante : tous les autres sont nommés par l'influence des ministres ou de quelques familles nobles attachées par état aux intérêts de la cour. Enfin y à chaque nouvelle élection y un bureau -est ouvert a la trésorerie^ où les candidats peuvent se i56 Londres, la cour et les provinces présenter pour acheter la protection des ministres* efleur influence dans les élections. En échange de leur promçfi^e de soutenir le gouvernement, ils acquièrent le droit de stipuler une promesse de la part des ministres, de places lucratives pour leurs parens et leurs an^is, ou de bonnes pensions. Dans le mois d'avril 1809 , M. Curwen demanda expressément, dans la chambre des communes ^ que la vente des places au parlement fut désor-^ mais interdite par une loi formelle. On remédierait a une partie de ces abus , si Fintention du législateur était exactement suivie. La loi ne permet pas aux membres du parle- ment de posséder aucune charge civile, s'il y a des appointemens attachés. Aussit6t qu'un mem- bre du parlement y est nommé, il faut qu'il se démette de sa place de représentant du peuple : on procède alors à Télection d'un nouveau re- présentant ; mais , par une infractiog^ à la lor, le choix des électeurs peut tomber sur le dépos- sédé , qui alors reprend sa place dans la cham- bre des coipmunes, et exerce en même temps son emploi civil. La dignité et l'indépendance des deux cham- bres les font jouir de plusieurs privilèges. Par exemple , un membre ne peut pas être molesté hors du parlement pour les discours qu'il y aura tenus : la liberté de sa personne et celle de ses doniestiques est une chose sacrée; ses terres pu â^ Angleterre ^d'Ecosse et JC Irlande. 1&7 ses meubles ne peuvent être saisis. Frapper un membre de Tuue ou de Fautre chambre y ou ses domestiques , est une insulte très-grave faite au parlement même, qu'il punit très-se'vèrement. Le parlement tient ses assemblées dans uii lieu peu convenable aux reprësentans d'une grande nation , si fière , si orgueilleuse. L'ëtraa- ger est bien surpris , observe M. Ferri de Saint- Constant , d'avoir à demander où est le palais du parlement , lorsqu'il est à la porte du palais de Westminster , et il ne Test pas moins ^ lors- qu'on le lui montre , de voir un assemblage con- fus de bàtimens qui n'ont rien que^de très-mes- quin. La chambre haute du parlement est composée de deux cent trente pairs ^ et la chambre des communes de cinq cent«ciaquante--quatre reprë- sentans des comtés^ des villes et des bourgs^ ce qui fait en tout sept cent quatre-vingt-quatre ; mais il est rare de les voir tous rassemblés. Qui 4^roirait que dans un corps composé de cinq cent cinquante-quatre membres , il ne s'en trouve pas quelquefois quarante pour garnir la chambre et lui donner un nombre suffisant pour déli- bérer? Le président (l'orateur) est souvent forcé A'envoyer des messagers d'Etat dans les cafps ou tavernes des environs , sommer les membres de comparaître à la chambre, pour qu'elle puisse s'occuper de la di$cussiou d'objets importans. i5B Londres , la cour et lés prosHnces Les actes ou les lois {Proposés dans l'une et l'autre chambre, s'appelent bilL On nomme ^ des commissaires pour en faire l'examen et la rédaction ; cela fait , le bill est formé ; on le lit alors trois fois a la chambre : il est reçu ou re- jeté à la pluralité des voix. Lorsqu'il est reçu dans la chambre des communes , où il a d'a- bord été proposé , elle le communique à celles des pairs : si cette dernière le rejette , il reste sans effet. 11 faut qu'il soit reçu par les deux chambres pour avoir force de loi; mais pour qu'il ait son exécution , il faut encore qu'il soit approuvé par le roi , puissance exécutrice. Les Anglais sont dans l'usage de parler sur- le-champ sur tout ce qui se traite au parlement : les matières peuvent être préparées , mais rare- ment leurs discours sobt^ls étudiés. Si l'on y entend quelquefois d'excellens ora- teurs, dont les discours sont remplis d'une logi- que vive et animée , il faut convenir aussi que la plupart des membres s'expriment souvent .d'une manière ridicule et fort opposée à la gra- vité de leur caractère. Lord Puitenay , en 1754, fît à la chambre des communes trois proposi- tions; elles furent rejelées par les partisans de la cour. Indigné , il compara le ministère à tktL empyrique , et la constitution d'Angleterre à un malade, (c L'empyrique, dit-il, consulté par un malade ^ lui dit orâinairemeat ^ qit'il y a deux \ éP Angleterre , d* Ecosse et d* Irlande, i Sg ou trois moyens de traiter sa maladie , qui se- ront peut-être tous iautiles : le vomitif, le pur- gatif ^ et la saignée ; que le vomitif lui donnera des convulsions 9 qui le conduiront à la mort; que le purgatif lui procurera une forte évacua- tion , qui l'emportera en peu jde temps , ainsi que la saigné^e , qu'il a dé]à tant éprouvée , qu'il n'est plus en état de la supporter. Le malade (continua Pultenay) ouvre alors de grands yeux; il reconnaît pour un empyrique et un charla- tan ^ celui qu'il regardait comme un docteur; il lé chasse et lui dit , que lorsqu'il se mit entre ses mains 9 il avait une excellente constitution; quç lui seul l'a détruite^ et qu'il n'a d'autres moyens pour se conserver la vie y que d-avoir recours à un véritable médecin »4 Ce sarcasme tombait sur Robert Walpoole , qui lui répondit sur le même ton. ù Ce mem- bre^ dit-il, traite le ministère comme on traite un habillement. Quand je port%un habit uni , on prétend que je suis malpropre. Quand je porte un habit galonné > chacun crie : Cet homme est fou de porter un habit si riche avec une si pau- vre mine ».^ Voilà l'éloquence du plus grand nombre des orateurs anglais, et le ton de leurs haraa|[ues parlementaires. Des plaisanteries pitoyables sont souvent employées dans<^les discours les plus graves qui se àiSkïWA dans les deusc chambres ; i6o Londres , la cour et les pronnces oa y mêle à des raisonnemens sérieux y les bi^ toriettes les plus futiles^ des sarcasmes violens^ des satires contre les membres ^ trop malignes ^ trop mécbantes^ ou du plus^ mauvais goût. Au reste y nous ne dissimulerons pas que c'est à cette manière libre et déréglée de parler a la tri- bune^ que le peuple anglais doit son énergie et son audace. Lord Clare y pour répondre dans la chambre des communes à la harangue du ser- gent Gloyn^ qui demandait qu'on examinât la conduite du lord Mansfield y en qualité de juge y raconte Thisloire de Polyphéme^ à qui le dernier Grec {Ulisse) éch^pé à sa dent carnassière^ creva l'œil. • Sir Robert Fletcher Norton s'écria, dans la chambre des seigneurs ; a Milords y songez que vous êtes dans la chambre, haute; les termes dont vous vous servez ne conviennent qu'aux balles, et on peut4out au plus s'en servir dans la chambre bas^ ». En lySg, |ilusieurs membres de la chambre des communes s'étant opposés inutilement à la ratification de la convention avec l'Espagne , pri- rent le parti de cette sécession , qui leur fut de- puis si reprochée. L'année suivante, M. George Littleton , un des membres de cette chambre, voulant justifier la conduite de ses amis , la con>- para à celle que tiendraient des médecins désin- téressés qui prendraient congé d'une chambre \ d* Angleterre ^ d^ Ecosse et et Irlande. i6i de malades , lorsqu'ils croiraient , par leur pré- sence , n'y pouvoir plus faire aucun bien , plu- tôt que d'imiter le grand nombre de ceux qui sont si friands d'honoraires , qu'ils resteraient et signeraient volontiers des ordonnances après la mort des malades. . Horace Walpople, irère du premier ministre^ prît la parole et crut mettre les rieurs de soa côté y en se servant de la même comparaison, c( La remarque ^ dit-il, de V honorable gentilhoni'- me qui a parlé le dernier, me rappelle un pasr sage assez plaisant d'une comédie française. On y demande à un valet comment se porte son maître ? Il est , répond-il , à présent en état de se bien porter, car son médecin a pris congé de lui ». Un «troisième membre fit peut-*etre repaitif Horace Walpoolé de sa citation, par la nouvelle application qu'il en fit. « La plaisanterie franr çaise ne nous fait pas autant d'honneur que se le persuade celui qui s'en est servi , repartit lor4 Gage. Ce qui l'a occasionnée , c'est le mépris où étaient tombés les médecins français de CQf temps -là, soit en laissant voir leur ignorance^ soit en se montrant plus avides d'argent, qu'ap- pliqués à la guérison de leurs malades. Us s'é- taient ainsi rendus ridicules par tout le royaume, excepté dans Içurs propres assemblées. Les memr a. Il i6a Londres, ta cour et les pro9inàes bres de cette chambre sont les vrais médecine politiques de la nation : leur devoir -est de re- chercher les causes des désordres et des maladies qui peuvent altérer la constitution du gouverne- ment, et d'y appliquer ies remèdes convenables. Si par notre ignorance y ou en montrant plus d'attachement pour les petisions et pour les pla- ces, que pour le bien de notre pays, nous lais- sons faire des progrès au mal dont il se plaint , nous ne pouvons manquer de nous couvrir du même mépris. Nous deviendrons bientôt, comme les médecins français , un objet de ridicule pour tout le royaume , excepté nos propres assem- blées ». Le ministre Walpôolc s'éx]^riAia un' jour en ces termes dans la chambre des communes : Vr Que les affaires seraîeiit plus prômptement et iûîeuit discutées , si dans nos disputes on voulait Irenoncer atix injures personnelles, et aux plai- santeries offensantes! Par de telles pratiques on fait passer le mensonge pour la vcrîte, «t Tigno- jrance , qui s'avise d'y avoir recours , tient lieu ide capacité. Si le badinage et la plaisanterie enr traînent nos suffrages, il n^est' pas nécessaire, pour en obtenirla supériorité, d'être ààge et hon- nête, il Suffira de rire et de railler ; ce que tout bbmme {>eut commnnénient fidre 'avec autant île succès qu'un aùtte». d^ Angleterre , d^ Ecosse et â^hiawàe. \ 63 M. Wîndham ayant fait rire plus d'ane'foîs Itf «bambre des communes aux dépens de Robert WàlpoôJèy il échappa à cèkii-ci, dans sa réponse^ de se comparer luî^mémeà une bétè êàtive èi (|ui l'on donnait la chasse pour réjouir l'asseilnblécL ftiltenay, qui prit la parole après lui, dît que par cette comparaison îé très-honoriable gentil** tiomme faisait un assez mauvais compliment à ceux devant qui il parlait, et qu^elle était tm pe^ trop bouffonne pour là dignité de rassemblée. icMais, continua-t-il, puisque celui que vous venez d'enVehdre a eu reccfurs'a une similitude du çenre le plus bai, je demandte ht perhiissioti d'en hasawîer une autre et mèttié «spèce. VL y 'a vingt ans que le très-'bônt)rtible^nîilbon:iÈhfe àiaquignohné Ift natron ;. il est tejhfij^s de' le àÀ^ tnontrer. Cî^est à la chambré à juger st dette com- paraison né vient pas plus \ propôB qiie la 'sien>- ne. Qu2»:](t à l'objet de la chasse dont il à pisirle*^ je ne sais 'si réellement il vaudrait la*^èitie dfétrb poursuivi , si ce n^était poui^ >e |ilâîiir que ciette chasse pourrait donner». é Dans la chambre des pair^ tttf'Hèé membiies s'écria an jour : « MÎlords , les-*deûx /eàneé'èéi- gnetjrs qui ont ouvert le >àébàtj 'OÀt 'parlé 'avec une telle 4îgmié5 urie si grande force dîins lés ' raisonnemens , ^«t tarit; ' d(^ j^ropWelé dâiifs'^lès expressions, que \4 cdifiriiénçais' à W crpiise 0[64 Londres , la cour et les provinces dans le seoat de RcMcne^ d'Athèaes, ou de démone : c'est pourquoi jç dois remercier le; noble lord qui a parlé le dernier, de m'avoir ra» mené à une véHuble ^chambre de seigneurs an« glais >u Un membre de la même chambre haute dit un jour,^ que comme la plupart de ses confrères recevaient dq^ gages du ministère , il voudrait liussi quils portassent sa livrée^ afip qu'il fût possible de les reconnaître^ Sir John Bamard ^ l'un des membres de la chambre des communes, accusé d'attaquer avec trop d'aigreur le ministre Walppole , se justifia en ces termes x a C'est une preuve d'intégrité lorsque la langue et le coI|m* étant d'accord, les paroles sont la représentation des sentimens^ ainsi j'ai toujours tâché. d'exposer ce que je pense avec fprcé. Je trouve que c'est une hypocrisie de traiter la stupidité avec respect , et d'hono- rer d'une réfutation des discours destitués de bon sens. La folie qui ne se peut corriger np mérite pas plus de ménagement que la fripon- nerie. Si jeiisuîs repris par ceux que je puis of- fenser en xnç aeryant de termes qui secondent mes idées , du moins, par un lâche silence, je ne leur donnerai p|^^ liisude soupçc^nner que je me crois coupable y et je n'aurai pas plus d'égards pour les défenseurs que pour les auteurs d'une '^ Angleterre^ ^Ecosse et d* Irlande. r65 absurdité. Je ne nierai pas qne la décence ne soit d'un grand usage dans nos débats ; elle peut quelquefois mettre la folie à l'abri du ridicyile » et cmpécber que Tinfamie ne soit exposée pu- bliquement. Jamais cette décence n'est plus soi- gneusement, observée que lorsqu'on ay^ance ici des propositions que rien ne peut sauver du mépris, si ce n'est la force solennelle avec la- quelle on tâche de les établir. La décenc^st un accessoire de convenance dans nos discuKidns parlementaires, mais la liberté en est Tessence. Il est des cas où la vérité et la décence ne peu- vent s'^accorder ensemble. Toutes les proposi- tions, tous les hommes doivent être ici traités comme ils méritent de l'être, et il y en a plu- sieurs quiu.'ont aucun droit au respect et à la dé- cence M. Un grand nc^mbre de menibres des deu^ chapfi- bres n'ont que trop adopté ces étranges proposi- tions , qu'on pourrait appeler des paradoxes pa- triotiques., . u Horace Walpoole , après avoir reproché à cer- tain préopinant d'avoir parlé de bien des choses s C€Uîdaleuses faites dans la chamhre par une majorité corrompue , ohs^eyvdi (\ae ce même mem- bre venait de promettre qu'il ne jetterait pias vo- lontiers la première pierre; mais il semble, con- tinua-t-il ^ qu'il ait oublié ce qu'il avait dit^ et a66 . Londres ^ la cour et les provinùèt ^Wv^h pas jeté une pierre y il a du m.om5 laucé un caillou k-. toute ]a chambre. « Il y à plusieurs années que l'on se plaignait que les gardes de nuit appelés watchmen ^ né- gligaient leur devoirs à un point intolérable. JJsifîaife étant portée au parlement^ un mem- bre de la chambre des communes proposa un bill (une loi) qui obligeât les watchmen à dor^ mir^ jour^ afin d'être mieux en état de faire ïeur service de nuit. « Parbleu , s'écria sir Jam^s Çreed , \e sdpplie. l'honorable membre, de laie comprendre dans \e bill, car je soufiPre tant de la goutte j^ que je ne puis dormir ni jour ni nuit >;. r » Le bill concernant le mariage de la famille ' rojale, ayant passé, le 27 mars 17^3, à la plu- ralité de cent soixante -huit voix contre cent *^;^uin^e, un membre du parti de Topposition , '*prôp6ia de l'intituler { Acte j)our augmenter et étendre les prérogatives rojr aies- , et pour en-- courager l'adultère et la paillardise' f'kHiÈ pré- texte de régler les mariages de^la famille royale. ' ; ' ' Dans une séance de la chambre dés' com- ihuhès , en 1784, le chevalier Hill s^avisa de ré- citeîr ime requête burlesque des communes, à Charles II , avec la réponse de ce priiiiée : ceile : l'r* ^ U-.- ' / .; £ Angleterre^ d'Ecosse.et d'Irlande. iS'j requête 9 qui est du comte Rochestqr , ^sure Iç roi 9 qu un moyen d'être le plus grand prince de la chrétienté y cfest de déposer son - $cep-> \xe et sacouronne y et de laisser librement agir les communes* On a essayé de rendre l'idée dti: poète anglais par les vers français très-faible». quVn Ta lire; Nous désirons, en tonte hamîlîté y Que notre roi devienne notre esclave^ £t le prions, reil^lis de loyauté. Pour qu'il oie reste ^auci^ie «ntraye 'Au boudeur de sa majesté. • De vouloir bien la mettre de côté , Puis renvoyer ses serviteurs fidèles. 11 trouvera par ce sage moyen. Qu'il n*aura plus avec nous d^ querelle», £t qu'il sera le pins graïul roi dirétien* A quoi Rochester fait répondre par Charles IL * • De "VOS avisn'éprouvonsr nab besoins; Mais. ob%és ne vous sommes pas moins» Pitt ayant eu une dispute très-vive contre un des membres du parlement, répliqua de ma- nière à ce que la discussion ne put être terminée de sitôt. Sir James Johnstone y mit fin en di- sant avec sa galté ordinaire : « Monsieur le pré- sident ^ l'objet de cette dispute est aussi futile que mal fondé. L'honorable membre nous dît que nous ne çlevons point oser soupçonner sa \ . ^ i68 Londres y la cour tt lespronnces conduite. Pour moi , je n'eittends point ce lan- gage. J^ùse dire que je soupçonne tout le monde. Tose soupçonner jusqu'au banc des évéques. Tose soupçonner l'honorable membre (Pitt). Xosé vous soupçonner Tous-mème , monsieur le président. JT^o^c messieurs (ajouta-t-il en fai- sant la révérence aux membres ^ à droite et^à gauche ) ^ vous soupçonner tous tant que vous êtes a. A ce discours 3 les membres éclatèrent de rire , et la discussion fut fermée. Quelquefois même, dans les lois du parlement^ on remarque des passages qui prêtent au ridicule. Dans un bill passé vers l'année 1785, pour éta- blir une hdLmbce J^tumpike^ sur la route de Tî- verton à Exeter , il y a une clause qui dit y que les commissaires s^assembleront pendant un cer- • tain temps, les premiers jeudis de chaque mois, excepté lorsque ce jour se troussera être un di- manche , auquel l'assemblée sera remisé au jour suivant* 41 On est tenté de se proposer cette question : Quelle est la chambre la plus vendue au minis- tère, ou celle des communes, ouxelle des pairs? Mais pour . la . résoudre d'une manière satisfai- sante , il faudrait être né en Angleterre, et même avoir l'honneur 4^êlre membre de Tube ou Fautre de ces ch*ambres ; encore cela ne suffirait-il pas : il faudrait être ministre , et de plus , du conseil intime de sa majesté britannique. / â^ Angleterre y éP Ecosse et et Irlande. 169 Le parlement d'Ecosse coiitiatte de s^assem- bler comme dans le temps où ce pays formait tm royaume indépendant ; mais il est subordonné au royaume de la Grande-Bretagne, et les af- faires qui s*y traitent ne sont qu'une espèce de préparation pour un tribunal supérieur. Cepen- dant les cérémonies qui précèdent l'ouverture des sessions , et la cavalcade que les Ecossais ap- pellent the riding ofparliament , s'exécutent avec autant de pompe que dans le plus florissant état de la nation écossaise. Il y a peu de fêtes pu- bliques en Europe où Toh voie tant de gran- deur et de faste, La couronne , le sceptre , l'épée d'Etat , son apportés du château d'Edimbourg , où ils sont en dépôt, sur un char d'une *magni^ ficence extraordinaire, et tout le monde est obligé de se découvrir à leur passage, et de faire une profonde inclination. Lorsque le char est arrivé au palais du gouvernement, la cavalcade com^ mence dans cet ordre , au Bruit continuel de Tartillerie : la bourgeoisie notable marche eti deux colonnes, sur des chevaux richement ca- paraçonnés , précédés de tiinbales et de divers instrumens, et chaque bourgeois est suivi d'uh laquais à pied. La file eri fcst excessivement lon- gue , parce qu'il y' a peu de personnes aisées qui ne se fassent un honneur de paraître , et dé se faire remarquer par quelque ornement par*- ticulicr à sa Camille. Cette troupe, est suivie des. I • , jL^Q Londres f Iflcoj^ et hsprO¥Ùifie^\ pcÎQcipaux officiers des proTiaces , dcm.t cbaç ui» a derrière soi deux laquais à cbeYaL qui mar^^ cbeni de froot. A celle-ci succèdent les oi^ciers- de FEtat^ suivis chacua de trois laquais. Ces trois troupes sont séparées , comme celles q.ui les sui*-^ vent, par les officiers et les eccl|é$ia>tiques su* baltemes , qui composent un groupe , et qui soajÈ revêtus d'habits bizarres et symboliques. On. voilL paraître enfin le cbar qui porte la couronne, le sceptre et Tépée^ avec les autres, enseignes de la dignité royale , accompagné d'ua nombre in-r Unis de gens bizarrerpent vêtus, qui represen^ tent tous les officiers de la maiçox)> 4^ roi. Après eux s'avance^ un gentilhomme . d'une naissance distinguée , qui porte , tête nue et la jn^in haute ^, tine bourse où est renfermée la conimission de milord grand-commissionnaire^ e'est-à-dif e d'ujçt seigneur nommé par le roi pour présider cette .auguste assemhléiK. Qe seigneur suit, à-quelque distance, et toute la noblesse du royaume qui .compose son* cortège, forme un corps plus hn\- laut encore que les premiers. A 1^ droite, et à .la gauche de, niilord sont les ducs et les mar- quis 2 suivis^ des comt(^s , des vicomtes ^ et des autres seigneurs. Chaque duc a huit laquais, cha- que marquis six , chaque comte quatre , et les vi- comtes n'en ont chacun que trois ; mais tous ont .à ]^ tète de leurs Iaqua\s un éçuy er accompagné d'un nombre proportioané de ]^a^s» Toutes ces d^AnjgisteTre^ ^.Ecosse.etdt Mande. 171 divîsipns , la richesse des habits , Tordre admira*- hle^ qu'on observe , forment un des plus beaux spectacles dont il soit pos^ble de se former une idée. Les deux archevêques ont rang parmi les ducs 9 et les ëveques entre les marquis. L'habit de toute la noblesse y çans exception ^ est d'écar* late bordée d'hermine , avec les distinctions seu- ^Ic^ment qui sont pçopres à chaque degré. Celui dç leurs laquais est une courte casaque de ve- Jo^ur^^ qui ne cache point leur livrée, et sur la*- quelle sont représentés en broderie, devant et derrière , les arm^s, les chiffres et les devises de lear^.nialtriBS. », * » . . ■ . J ' ••/ J ! t7a Loiàkes , la cour et lesproviacer CHAPITRE LVII. Chambre des Communes^ ) vJette cliambre, appelée aussi chambre basse y» par opposition à la cbambrd haute des pairs , re^ présente le peuple ; elle est formée des députéS' de cinquante -deux comtés^ qui composent le royaume d'Angleterre , et de ceux d'enviroa deux cents villes et bourgs, et des universités, ce qui fait en tout cinq* cent cînquanle-quatfe dé- putés, qui choisissent un d'eux pour les présider^ sous le titre d'orateur : le roi -doit agréer ce choix ^ ce qull ne manque presque jamsds de faire, et il décore le récipiendaire du t&tr^ de chevalier. Aucun membre de la chambre des communes ne peut perdre le droit d'y prendre séance , que par le jugement de tous ceux qui la composent: un pareil jugement ne peut être ni suspendu, ni réformé par le roi même. C'est dans cette assemblée qu'on discute d'à-, bord toutes les nouvelles lois , relatives aux ioir- pôt&; les autres lois peuvent être proposées in- différemment dans l'une des deux . chambres ; mais chacune a ht négative sur les résolutions de d'Angleterre , d'Ecosse et d Irlande. 1 73 l'autre y et quand elles sont d'accord sur les me-' mes polxits de législation^ il n'y manque plus que la sanction royale. Nous ne pouvons nous dispenser de rapporter les beaux rers de Voltaire sur cette admirable politique. AuSL murs de Westminster on voit paraître ensemble. Trois ponToirs ëtoiinës dh noeud qui les rassemble ; Les envoyés du' peuple, et les grands et le- roi. Divisés d*iiitérét, réunis par la loi. , Autrefois le peuple n'avait aucune part' au gouvernement de l'Etat , et les anciens parle-- mens n'étaient composés que des oarons et des seigneurs ecclésiastiques. La chambre des com- munes n'eut voix en parlement que sous Hen» ri VII , monté sur le trône avec le secours des nobles. En i49^> ^^ prince devint si jaloux de leur puissance y qu'il crut à propos de la dimi« nuer ^ en les engageant y sous différons prétextes y à la partager avec le peuple ; mais y au lie^ d'af- iermir.sa couronne, il la mit sous la dépen-- dance d'un nouveau pouvoir, qui, par la suite, s'est rendu redoutable. La chambre des communes ,1a première puis-* sance législative , n'a rien d'imposant ni par le lieu où elle s'assemble , ni par la manière dont elle tient ses séantres. Elle se réunit dans une vieille chapelle balie çn carré long, dans un goût t74 Xondres\ ia cour et le^ provinces ^ gothique y beaucoup trop petite pour Fosage M-^ quel elle est coasacrée ^ et n'ayant d'ailteur $ ricffii de noble ni d'élégant. > ' La cliaire de l'orateur et son dossier sont en simple bois de sapin. L^orateur y siège tant que la chambre est en activité ; ce qui s'annonce par la position d'une grande masse de vermeil ^ sur- montée d'une couronne y placée sur le Inir^u des secrétaires, vis-à-vis de l'orateur, quand la chambre forme quelque délibération. Se réunit- elle en comité pour des objets à discuter et à débattre avec liberté , la masse , ôtée j)air fhuîfe- sier de dessus la table et accrochée au - devant du bureau, y demeure jusqu'à ce que la cham- bre rentre en activité sur quelque autre objet précédemment proposé et débattu. De demi- heure en demi-beure, ou tous les quarts d'heure, la masse change ainsi de place. L^orateur en use de même, il ne siège dans ik chaire que pen- dant l'activité de la chambréf : se forme -t- elle en comité, il quitte cette chaire, et ie place ' sur le premier banc« • * ... 1 , ! ' Les cinq cent cinquante-quatre députés dont la réunion forme la chambre des cornmunes, ne sqnt point assujettis à un habillenient uniforme ; cfa;àCttn est vêtu et coiffé à- son goût : en gêné- rai k parure çstja livrée .de. 1^ cour et de son parti. , t \ d' Angleterre , à' Ecosse et et Irlande. 1 7 5 Lés débats sont souvent bruyans et tumul- tueux , et les membres font la conversation entre eux sans paraître faire attention à ce qui se dit au bureau. Cependant les réglemens de disci- pline intérieure sont sévères, et maintenus aVec rigueur. Un membre qui, par ses discotœs ou ses actions, oseraiit les enfreindre, pourrait être envoyé^à la tour, pi| même être condamné à demander pardon , à genoux , à la barre de la chan4)re. Un député condamné à cette dernière humiliation pour ses discours inconsidérés , vit qu'il n'avait rien de mieux à faire que de s'y èoumettre ; mais en se levant il s'essuya les ge- noux avec son coude, et dit, assez haut pour être entendu : / never saw sa dirtjr house in mj life ( de mes jours fe. ne vis une diambre si «aie)» Pour setitir ce que cette saillie a de pi* qu£^nt, il faut savoir que dirtjr signifie malpro- .pre ; mats prononcé d'un certain ton , il présente à l'idée tout ce^ qu'il y a de plys vil et de plus méprisable. Le silence ue S^obtient, et les conversations ,particuliër6s ne 'sont suspendues , que lorsque les. partisans de la proposition agitée* demandent -silence «t attention, en oriant j^a^ ja (oyez, oyez). Au milieu de ce bruit continuel l'ora- teur annonce , à haute voix , les objets de déli-* bératiôn oa dp disbuséion. ï 76 Londres , la cour et les proviruces L'orateur ne peut donner son opinion pour ou contre un bill; il doit seulement recueillir les voix^ et ne donner la sienne que dans le cas où les autres sont également partagées. Quand l'orateur est dans sa chaire ^ il reçoit le salut de toutes les personnes qui entrent par la principale porte y vis-à-vis de laquelle il siège. Il rend exactement ce sajut à chaque arrivant , en ôtant et en remettant un chapeau large et plat y ce qui le tient en exercice continuel^ sans déranger son travail , soit qu'il lise, soit qu ii parle. Quand l'orateur a rempli cette place pendant un grand nombre d'années , il' est ordinaire-» ment gratifié d'une pension qu'on peut évaluer à 60,000 livres tournois. Très -peu de membres se piquent de faire brmërlejir éloquence j on n'entend guère parie? que les chel^^^ parti. Au reste , les plus silèn- ' çieux ont leur voi^ comme lie^s personnages qiu sont le plus doués dudai^de la parole. On ré- marqua long-temps un de ce^ êtres silencieux , qui, membre de la chambre , pendant vingt ans^ n'y proféra pas une seule phrase. Enfin un jour, on fut bien surpris de le voir s'avancer au bu- reau, et faire signe qu'il voulait parier : vu la smgularité de l'événement, toute la chanobre garda un profond sileaee« U exposa qu'un des 'dJngUtene ^ d Ecosse et d* Irlande. 1 77 LUï delà fenêtre auprès de laquelle se trôu^ ▼afK sa placé, etàft Oâssë ,de^ùîs trois jours y et j «Ju'il y avait poiirMui' danger îwiriineiit d'ètfe affligé * d une fluxion , si- là fc&âmbrè ne preriiiit pas incéssamnrentlâ cîrosëéii côtï^itfératîon. '«^ '*Là màjèstë ilu Peuple anglais , représentée par la chambre des communes, s^annonce» sur- tout, par la manière dont *s6ntït Wçus lès mes- sages du roi; tonjWàrs portés' pàK deûx'Sei^ gràrîds-* jtrges. Dès qà'iîi^ se' sont fatit inndtièéi''; riiuissîéi',^ en- jacquette poire ^t{ùi né |fâsèié pas lfe*'gértôui' va prendre la mksfse', dévïini; ^du ' Sut^ lé Irt^êkù^/*: et il s'avance à la porte dôtit s'biiVMt ïé*s tfetfîT' baltans. Lày ; léS tJô^rtiinîS^aWès'^^ ^Wift'fôht' dteix profoodeâi réf^ênees^^ qu'ils réitètèrit^ au' tniïifett^ delà salle. Amtés'iiU'^uiièa«,:i^hfé6l€'^]^*t)^èi^* sièipe révérence ^ii<>ô¥^ p)uS^ j^Ofbkdè ^B'^legl premières i exposent robjet 'dtf ^wksagè ,^é« ^érfo tenl sur le fenreàtt léfi? pâpiéi^^ikî en contîetfûîcttt^ lesrdétails- Ils se retiFéi>t- etfô^tfe èi ^èculonfe^ éW> répètent ks trois pr6fottdes^i^viénèiiô^i3*t|ti'îU èél* faites en etitrdn t,' toujours phéù^dés {iar Thùii^ëiev^ portant la masse. ' '■'■'' * ' •'* ' Cette cérémôrîté attife k p^îtife'Tàtten^îbti'^aë'^ là fchambréi i{tû iiè^*honore jJ^é^tt/éfae d^ù^^ tant de silence, chaque mèmbi'è bôntîAiiîiift 'à * causer ayec sf^d voisin , i^t «^eittlôUï^àd tOu}oQ*8 a. * la i^^ Londréà , ia u>ur et les provinces . La chambre des communes a le piivilëge de faire comparaître à. sa barre tout écrivain ^î- s'est permb quelques expressions qu'elle regarde comme injurieuses pu portant atteinte à sa di^ . gnité ; de lui faire demander pardon, à genoux , et de l'envoyer niême en prison jusqu'à la fia de la session actuelle. ; La chambre a aussi le droit y quand il lui fdait 4'en faire usage ^ d'expulser du Heu de ses séan- ces^ les pairs qui s'y trouvent, quoiqu'en d'au- tres occasions elle leur témoigne beaucoup d'é- gards ; elle peut même faire emprisonner ceux qui refuseraient de sortir. ^ Chaque membce de la chambre 'peut dire li^ tyrement sonayis : celui qui veut parler > se lève ets^ dé|t;o«vff)p, '^ veste découvert pendant tout If t^ps ^'il portai la parole. S'il arrive que pkisieurs membres, se lèvent : en mén^e temps, rpr^kteur décide la préférence en faveur de celui cpii s'est levé le prenaier. C'est toujours à Fora* teiir que celui qui pairie adresse la parole : il ne: lui ' est pas permis d'interpeller ^ ni même dé nommer celui dont il réfute le sentiment; il doit sgt^ement se seryir d^e ces tournures de phrases : Vl^ord^le miembre « • , « celui qui a été pour on contre la proposition, etc« . i On. a calcule qui$ jk [personne à;qui.appartienKi nent les pétitions présentées à la chambre de*- f I ^Angleterre , d? Ecosse et d-ïrlande. 1 7^ conimunes , après qu'elles ont été discutées^ feki iretire souvent jusqu'à îoo Kvrés stérfihg, de là seule vente du parcheniîn sur tequâ elles i6nt écrites .' ce sont ordinairement les tailleurs ijtiii achètent cei^' pétitions^ poUr faire des metaresl • • i Les femmes ne peuvent pas assister aux dé- bats de la chambre des communes. Voici quelle est la cause de cet étrange règlement. Un mem- bre de la chambre ^ placé sûus la galerie , trou-- vaut un jour que sa perruque devenait fort hu- mide pendant une discussion très-animée y l'at- tribua d'abord à la chaleuf du lieu^ et ensuite à celle qu'il éprouvait lui- même ^ en débitant son discours ; mais l'humidité augmentant quand il fut assis y et sentant enfin qu'elle lui arrivait goutte à goutte de la galerie y il leva les yeux , et faillit être aveuglé par l'abondance de la rosée qui s'était frayé une issue à travers le plancher supérieur. Gomme il y avait des d!ames au-dessus du lieu où arriva cette aspersion y le membre ar- rosé l'attribua à leur influence. C'est depuis cette époque qu'on a pris la précaution rigoureuse de ne plus admettre de femmes dans la galerie. On demandait à un honorable membre des communes^ habitant de la cité y et grand partisan de la cour^ ce qu'il craignait le plus^ ou de Top ;i8o Londres f la cour et les provincei fosiûon parlementaire ^ ou de ropposîtion con- jugale ? (( La première^ dit-il^ fait bien k peu près autjixit de tapage que la seconde; mais Phébé ma femme y peut me faire des tours qu'il n'est pas au pouvoir de tous les pitriotes de pie jouer M. ' . • » ' • i ' ï' .1 t « ? » » - ». » ^■^.' * ' > ,' I ■ '!'... ( , . ■ . ' 5 . ■U '■:.. ♦ . ' l 'i i > / > > . . A L î îi <.«»*'»> ,.J .Ht:h ;-,.M. , .i .U -i.îf u»il.: j . A< i ' l ;;;e» ;•{:- .' » i t.» * >5i'; ! JC'An^etent y (P Ecosse et à'îrlahàe. 18 e CHAPITRE LVIII. Chambre des Pairs. •• • J_j A chambre des pairs est composée dfes jsei« gneurs spirituels, archevêques ou évéques,. et des seigneurs temporels y ducs, comtes et barons*. C'est un corps intermédiaire qui maintient Té- quilibre, parce qu'il est également intéressé à em-^ pécher d'un côté la prépondérance du peuple, qui pourrait un jour amener l'anarchie , et d'une autre part, à restreindre l'influence de la couronne, qui pourrait dégénérer en despotisme. « Il pouvait résulter, dit l'abbé Raynal, du par- tage de pouvoir entre Je roi et le peuple une lutte continuelle , qui , avec le temps , aurait amené ou une république , ou la seirvitude. Pour préve« nir cet inconvénient on a établi un corps înter^ médiaire qui doit également redouter les deux révolutions. C^est l'ordre de la noblesse, desti- né à se jeter du côté qui pourrait devenir faible ^ €t à maintenir toujours Téquilibre. La constitu-* lion , il est yrai , ne lui a pas donné le même degré d'autorité qu^aux communes; înais Téclat d'une dignité héréditaire, l'avantage de siéger pour son propre compte et'sans élections, et quel- 1 iS» /LoH€ke$^ la cour et l^proyinces ques autres droits honorifiques , remplacent, au-* tant qu'il se pouvait , ce qui lui manque du côté des forces ireelles m. Tous les pairs ont droit d'entrer dans la cham- bre haute. Ce^droit est inhérent à la pairie an- glaise ; il le devient a la personne de celui qui la possède y et ne peut se perdre qu'avec la vie çjx la pairie : Tune et l'autre ne peuvent être ôtées, quèn vertu d'un jugement de tous les pairs. Les pairies sont héréditaires dans la Grande- Bretagne , mais elles ne sont possédées que par lés niâles. A leur défaut, le roi peut y nommer. Les évêques sont aussi pairs du royaume; en cette qualité ils ont séance dans la chambre haute , ainsi que les princes du sang et le grand chance- lier. H y ,a deux archevêques et vingt-quatre évê- ques. La chambre des pairs n'a point d'orateur ; elle est présidée par le roi , qvl en son absence , par le grand chancelier. Cependant un de ses mem- bres y appelé ràomme du parlement , est chargé de lire les bills , et représente , en quelque sorte , l'orateur, des communes!, mais sans exercer au- cune espèce d'autorité. Les pairs tenaient autrefois leurs séances dans une salle nullement convenable à 3a destination ; elle av^it si peu d'étepdue,, que lorçquç le roi s'y rendait pour ouvrii: qu fermer les sessions ^ JPJngleiene^ éP Ecosse et ^Irlanêe. r83 elle suffisait à peine pour contenir les membres^ des deux chambres. Depuis la reanion >ie Ut Grande-^Bretagne et de l'irlatfde, les pairs s'as-^ semblent dans une salle plus vaste et beaucoup' plus belle : oniy a transporté te dais et le tràne y ainsi à l'exception des membres xle la cbantibre des* communes. * Les pairs ne peuvent, en aucun temps, être, arrêtés pour dettes , au lieu que lesimembres des communes ne sont à couvert des poursuites de leurs créanciers que pendant les sessions du pa^- lement. La raison de cette différence de privi-- lége , est que les premiers sont conseillers héré-< ditaires du roi , et ont le droit de demander ea^. tout temps une audience de sa majesté ; au lieui que les membres des communes ne sont légis*: lateurs que lorsque hl^ parlement est coilvo^: que. i > S'il arrive à utt pair d'être arrêté pour crime de haute trahison ( k seul cas où l'on puisse saisir sa persomie), il n'est point )ngé, comme les autres Anglais ,{iârdk>iiM jurés <| mais par l'assemr^ i84 . Zohc^i^fkt cour et les provinces bM^ g^ti^i*^^ (jt^a pairs. Tout lord est juge natun rel de cbiK^liii^deft autres lords t là cour ne peut en exclure ^ucuii. ^11. amriive rarement qu'un accusé 4e. f cet <^dire propose des moyens de récusation contre qvielqu.'isa de ses pair^, JD^'ail^eurs^la loi ne siippifse pas qu'ui^p^ir soit capable de manquera rbo^neur,ren,abM,san^ du privilège de pronon- cer surine sort dfî, ses égaux mis en jugement. 'D^ns Je cas' on un simple particulier intente- rdii' un procès a un pair du royaume^ pour raison 4e,i3)eùrtre 9 ou féloilie , ille force à comparaître ^taut les tribunaux ordinaires, par des commu-- nalistes ou des défenseurs pris dans la classe dès^ jurisconsultes» 1 Les lords convoqués pour un jugement ne prêtent pcÂnt: de serment, comme les jurés ap-- pdéf en matière crinliinélle ; ils prononcent , sur leur façnnenr y en mettant la main sur la poitrine , que l'accusé est '^coupable ffipon mj honour gidlty^^^ pu iju'ïl test innocent (^nqt guUïfJ , non cxiupable. Les fords ecclésiastiques prêtent sei^^ méptlen posant la main sur leur cdbnrv Le juge-^ mené 'des lords ^ ccimm^^^eKii des jurés', doit être unanime. Lorsqu'ils sont appelés en témoi- g^^ > I4 loi exige d'eux le 6€^rn^<çnt« C'est par. le baron dont le tbtrei cst^^réé le der- nier y que* l'on ceifnttieoi^eiàofiecueillir'leS' voix , etii'im finit par<âi».tpiùs.Ancîw'.di^ d'Angleterre^ d^Ecosse et d'Irlande. -iSS Lorsque le roi assiste en persK>niie ^u par- lement y aucun des pairs n a le chapeau sur la tète (i) ;ea l'^sence du nionar^uç^ après avoir salué le trône , ^il£| prennent séance et se cou-* IJs sont ;jliom,V)e|:u£ d'une rolite d'écarlate^ et tiçonent un Jli>àtO¥i. blanc à la m^s^ip* Leurs siégea sont des saics, de ^fune coiuvex;^ de drap rouge. Les bîlls y commt on Ta dît plus baul , accep- tés par la chambre des communes, doivent re- cevoir ,ua nâuvial exameii dw^.^elleldes pairs y et recevoir enauiie la» sanction du roi* Ce ii'est pas le mouarque qjui dit qu'il approuve unç loi y mais le chancelier, |)at jces mot$ : Le roi le veut. S'il la rejette y le chaucçlier dit : Le. roi s'avisera. £n Angleterre^, tout lord, soit ecclésiastique^ soit laïque , qui passe dans vine forêt du roi pour se rendre i^u pafrlement , ou en revient, a le droit de tuer un ou, deux cerfs, sans être obligé d'en demander aifparavant, la per^nission , et à la vue. même des gardes de la forêt; mais si ces gardes sont alKsenâ i le chasseur doit donner du cor , afin qu'on> sache qu'il lî'a pas voulu vol^ la venaison du roi. * (i) Il est néanmoins fait mention d'un lord Kinsale». dbnt la famille a' It privilège der se cûaVrir devant te roi d*Ai»glctcrre. * . à86 Zondrês^ la cour et lespro¥mù9S / Quand un pair d'Angleterre va à la chambre des communes , on lui présente une chaise à dos^^ La chambre dés pairs y composée de l'élite dé la noblesse^ est souvent déserte y ef Ton n'y pro^ nonce pas moins sur les objets les plus impop- tans de la législation. Le peu de membres qui* se trouve dans l'assemblée , disposa des suffrigetf des absens^ qui ainsi donnent leurs voix pm^- procureur y et ces actes n'en ont pas moins force de loi. Le privilège qu'ont' les pairs de donner ainsi leurs voix par procureur , est manifestement contraire au bien de la nation. Celui qui est présent peut n*etre pas touché des raisons i\( auraient convaincu les absens qu'il représente Leurs voix y dont il dispose^ donnent force de loi à un acte auquel peut-être eux-mêmes ils; se seraient opposés. U, est d'autant plus aisé au: principal ministre re des pairs était assera^ I>lée* tt Un JQm* j^ demandai^ ditril, à ilae douzaine de gens que je (rouarai dans Fantichambre y si les seigneurs jetaient assemblés. Attendu, le petit nom** bre de pairs que nous avons vus se rendre ici ^ nous ne pcmvons répondre à votre question , me dirent -ils. — Savez -vous $'ils s'assemblèrent bier? «-« La même difficulté nous ferme la bou puisqu'il- vous l'offre ». Un membre de la chambre haute peuV eon- ^tracter des dettes et ne pas les payer. Les baillis et leurs sergens n'ont pas d'action sur sa jper- sonne ; il brave ; impunément la poursuite de ses créanciers. Quelque authentiques que soient leurs titres^ il faut qu'ils prennent paiiepce^ et attendent tranquillement , pour être pryés y que leur illustre débiteur soit fatigué de leurs {Maintes .et de leurs importunités. ' ' ...... 1 L'architecte de George Villiers , duc de Buc- kingham j ne pouvant obtenir de lui le payement d'une grosse somme qu'il lui devait, pour de fortes avances, et voyant que la qualité de pair mettait son débiteur à l'abri des poursuites de la justice , imagina un singulier moyen pour s'en faire payer. Un jour que le duc venait de recevoir * . 'd' Jngletftrre , d^ Ecosse, et d'Irlande, i §9 un rcmbourgjemep}; çogisidérabk,, cet architec(e^ qiii en était instriuit. vint lui demauder de l'ar- gçxLten l|ii représentant qu'il élpt, aux abois y et allaitrse trouver en butte a des créanciers impi-N l;oy;ables. Le duc^J'/cputa avec boifté, parut très- touche de sa pojsidouj marqi^a le regret le plus y^.dè ne pouvoir ; venir k son secours^ dans cç jcçQpnient. critique^ et^pour adoucir Famertume dç de ses refus^ loua beaucoup les talens de l'artiste, vanta tout ce qu'il avait fait dans l'hôtel y et en- tr'autres les statues qu'il ayai^placées au haut d'une Serrasse. « Eh bien^ mîlord, lui dit l'architecte , ces statues que vous admirez tant, et que je croyais moi-même d'une perfection achevée , sont direc- tement celles que les connaisseurs critiquent le plus ». Milord perSiâtà âàûs son opinion, et pro- posa à l'architecte d'aller sur la terrasse examiner les statues. C'était où l'architecte l'attendait. Dès que le lord s'y fut rendu , l'architecte qui était beaucoup plus robuste que lui, le saisit par le milieu dû corps , et l'entraînant sur le bord de la muraille, le menaça, s'il ne le payait dans l'ins- tant , et s'il poussait le moindre cri , de le précis piter daùs la rue , et de s'y jeter a^c lui. Le duc , plus mort que vif, se récria en vain sur l'impossi- bilité où il était de le satisfaire. « Tu me trompes, lui dit, son créancier, je sais que tu as reçu beau- coup d'argent, et qu'il est déposé chez ton ban- quier. Choisis^ ou de mourir, ou de me donner à \ 190 Londres, la cour et ies provinces ^ l'instant même une dëlëgâtiôn payable k Vtië à\A lui. Tiens ^ voici de Tencreet dû j^apiéi' ^ ëcri^ ; ou meurs dans le moment n. Milord-dùc sentit qu^il était pris comme dans un piège ^ et fit tout ce que voulut l'architecte^ qui^ après Taroir lais^d sur la terrasse dont il emporta la clef^ gagna fà porte de l'hôtel y où un chév^ l'attendait^ et Cdù^ rat recevoir che2 le banquier le montant 'dé sa délégation./. * . • « I • • '\ I • » • « < . ' r ^ 1 r» .\ I t » f ' » ■ * ' • , '". - î : ': • - » t f • < « • • t • . < • 4 « * * ■ » • • 'f <.:/^» • »'j I r . t ■ » . ! .- . *.«>*, 1 . , / . V ■ . ,1 ' / > } • ' •;...'.■.'., s - » I ' • ' r • . . . - , n • • • ' • ' r » » ^ • d'Jngletéfi»9 tl^Ecosie et d^lHàhâe. 19 1 > . 1 • • • • . « i . k. I CHi^PITRE LIX Noblesse. . • * r .' \ ■h est des observations et .des traits curieux QWcerdant la noblesse anglaise',, qui n'ont. pii ^uver plaee dans le ch^pî|;re précédent. ^^ et qixe nQus ^ypiM. vé^v^é^ pour celui-9» .' Le roi étant 'h éouroe ou le distributeur ar« bitraire deobofaneùlis^ ôncodçcMt^aiééméiit (paé pour y paryetiir , une naissaâiceTdtSftinguée n'est pas de nécessité^ absolue, fifotts pourrions ^ dît un autetur^jaîoûteriafreo beavoûtipde vérité > qu'il n'est point de pays oùv'.patmi ce qu'on niMiiine lnsgnmd^ ^ bu comj^e^ sî peu* de gentils^ hommes^ * II; hé- râs|e? presque p<>ipt ;cle famille» awttieatyeS'parmi les lords d'asi)0urd'hui , dodit Wphi|iart'Ont{été ciféés parles toîsj depuis un siècle. En Acigletèrce y ufa individurquelconquei de l'origine la plus obscure , s'il se distingue au barrëaii, s'ij^y gagne assçv dèlg^iifëe^poujr payer leS' suffrages des- htdûtaois d'un. bourg cbéttf ^ qdi a le dràît, d'>én»YQyer un .repfféaentant Itu parlement ^/n« tnan^e ' pots d'étkQ élu. Déjà esiereé date l'art aratoire , à peine à-l41 pris sa place dans la chambre , qu'il déclame vivement contre le ministre. Alors , pour lui imposer si- lence , un Beàiï matm on enlait uii procureur- général. N'est-il pas content , des lettres paten^ tes rélèvent an rang des Idrdsf rï siège dans la chambre des pairs , et ne parle plus contre la cour , à moins qu'il ne puisse prétendre à la si- marre de^chancelier. ' Si les vrais gedtilshommes' sont ^tes dana^lâ ()aSriè, on jpèut dire qu'ils lé sowt également dans là chani1>re'dës comtniïftéj, dont fbu^^Iétf membres ^oht cejJendiarit tëgaï^é«c5rarafc tefei> ou- comme > tioblesi dffi • secofxd tkàpe-: 'Aipcès^ les fils et les 6f ères ides pairs ^'Angletènré) et ^d'iltr: lande , on bompte les baronnets , iles «heyatters^ ëli 'les écuyei^j q^i forment les diverses classe^ doùt on tire; les: ar6pffésentainsdssj;€pmtéi>:des. .▼iUe$} et 'des bourgs. • ^ . *• . • ... .. i. .; ? • lies bai^mtif ts r^^^^ui oncd^ pas^sur Ses deu&i atitres ordre^ijofUfssent^duf'^m'iWgè^de trans?. ixvelitre kui^sitiCi^esâ^ leurs diotiinolioni qu4^ eeUc) de >poiitter'daiisr lai pâfr(i6'la plifBisâiiUabte de l^aTiéeiiis^ii unejEÛaia: 's'^QuiaiU; ^xrièitf«^9ti[i3érs:^>oii en^^sqpqrpte de deuarl sortes : i.^. li^s lohêvaKers àés ^ obdres . dtl coi ,S tels qu^ cèâ9f:> défila Jarretôèra ,tJdfUi)Bain> di^ €hàrd&ri ou- »de Saint-è Âi^H^é y nnéseinr^ aux Edot^^ sais , «t icelui diè l^aiot^^Patrieik y affecté \ auxilr-f 1 « * • «... é^ Angleterre , d'Ecosse et d* Irlande. 193 La seconde classe est formée de ceux iju^ea diverses occasions , dont toutes ne sont pas de la même importance, il plaît au roi décr«^', en lès touchant seulement de l'épëe ; le nombre en est illimité et prodigieux : on les appelle Knights BachellorSy (garçons de la chevalerie)* Au reste, les baronnets et les chevaliers, taift des ordres du roi, que ceux qu'on nomthé 2ô- chélloràj ont pour -litre distinctif le «lot 5&^^ (juî précédé toujours leurs iiôms de baptéiheV et tion celiii'de famille; Les épousés des barôW- netk et des chevàlîers sotit Ladies (pluricfl'^ Ladj)r \' ' ' . . •- a^ ;-t il est iin titré infiniment plds afacieri , infi»- niniéni plud respectable que tous ceiix'doiit nous venons de parler*, titrte que lé mbhslr^^iiè ne peut conférer , ni à ses complaisans, ni à ses valets : c'est celui de GéhWéntan; si ittipropre' > itteÀt traduit eti' français par le Tîibt GérltilHo^ me. Cette quàlifièàtioh de Ge>i^/((?/72i2n a toujoiiM été appliquée à tioùt parftciili^i' <^i vit nobles . ment et dans TindépendantJe.' tJn Gentl'èrhàn. éit celui dont lés ailcêtrés oii t vécu en hoMmés Vi^ bres , né détant et ne professant cibéîèisâiitîé qu'à leurs princes légitimes! ■ ^ ^ * ' . ii-i.f^ Rien ne peut donner une idée plus juste eé plus relevée dé ce titre si simple'' en apparènéé^ que- les diverses acceptions quon lui dônn'e."Si ^94 LoAdr'és , la cour et les province un homme est libéral, intègre, bienfaisant; s'il fait profession de sentimens nobles ; si ses ae* tioac^ répondent à ises sentimens , on dit de lui : Jle is quite ihe Gmtkman ( il est Gentleman dans^ Ji^me)» Yeut-on au contraire faire à quelqu'un ja plus viplente insulte^ on lui Ail i Fous ri êtes fio^ un Gentleman : cette phrase revient à celle- 4ji.: Yous n'êtes jpas un honnête homme. Le^ jurîsQQnsuUes anglais, et entre autres Guillion, ^OQt'paru si singulièrement pénétrés de la no- Messe de ce titre, qu'ils ont:donné des déci'» §i0p$ qui relèvent au-dessus des dénomiqations les plus respectables : le fils d'un Gentleman y affirment-ils, mi$ en appreiitissa^^ çhe? un né- jgop^ant ou un marchand, ne déroge en rien À,b,d^g9ité de ses^cétres. t /.'. ;, .onOn .cite le ti:ait siaivant, en prei^ve de la fa- j^litéayec laquel|e.lea rois d'Ajni|[lpterrç créent ^es lords. Un sinriple particulieir, nommé Phi- lipf,jQuissait d'un [»*iyilége tr^-anci^n et très- ^ngulier , celui de . traverser fu voiture, même c^ ^charrette , lé parc du palais de Saiqt-James. ^QI^ç.III youlut^r^icheter, ce .privilège. Il fit offrir à Philips une indemnité pécuniaire. Ce- )ui-ci la refusa. On tenta de s'opposer à l'exer- cice de son privilège; il menaça deie réclamer dans les tribunaux contre le roi. On le pria de proposer ses conditioas i il deînkndà qu'on le ^Jngleîetre ^ d'Eeossè et d'Irlande, i ^6 :fil [>air de la Graniie-firetsi^e , et la pairie^ lui fut accordée. La tioblefise JQUti^ daiM les universiiés d'An^- -gleteffre, de phi^eurspririléges dont sont privés •ceux d'ufz can^ îitférîeur ; on distingue les.uns et les antres par tine laouppe de soie ou d'or. •G'^st un. alms d'autant plus surpdrenant que , vdans un pays dJs liberté et de cominerce/ce 9 est vieieiise^ si elle v^ .€on^nieff|ee]|^^'p2irriospûr6r.à ia jeUlcbesse 1 aino^r 4^ Ic^ v^t4^: si ^elW Inf^ '^i .pérsuatit? pas que^ )^ jxiférite seul4ist^(1g¥e Ifif ^otn^^^B* (( On a tni[|ows regàridé «omme insepahiUb nie la pairie^ observe Blaeksioné (i)., lè droit qu'a dbiaciin ^de ses membres^ pris ihdividud* leoieBt y. de dbmànder ui>e aiidiepoe partiel»* itère au souv^i^n ^ pour mettre sous ses yeuK., ^yec décettèe..et itespect^toi^t ce qu'il pi^ut^'it- ,M • * % * ' . (i) Sayant jurisconsulte 9 mort en 1780, auteur d*un ouTrage très-estimé sur les lois anslaises ^ et août nou# «Yôns une traduction , cri $ Vol. in'^S*. "xgG ' Londres \ la cour et les provinces ger être intéressant pour le bien général dû royaume. Les lords, comtes ou duc^V^^^ qualifiés de ^otre grâce ; ce qvii écjoivaut à- votre seigneu- rie. On donne aux évéques anglais le titre de' Vôtre clémence', comme on le donne aux autres pairs. On qualifie aussi les archevêques de ré- vérendissimes ^ et les évéques de r&^érends pères en Dieu* Il est des qualifications en plusieurs pays y qui donnent envie de rire. Mais lés peuples de Tantiqûité étaient-ils plus' -sages à cet égard que les nations modernes? Chez les anciens habitans de Tlrlande, les états étaient distingués par le nombre des couleurs •de leurs habits. Les artisans et ceux qui n'é- taient pas nbbles j les portaient d'une seule cour- leur , les soldats de deux ^ les offitiers dé trois ; ceux qui exerçaient l'hospitalité de quatre, les , nobles de cinq , les historiographes et tes sa- wVans de six , les rois et les {u*inces de leur sang de sept. Les montagnards d'Ëcwse portent en- core des espèces de robes de différentes cou- deurs, On vient de voir que dans des siècles , regardés comme barbares ,>les 'Irlandais met- taient au-dessus des nobles les poètes et les sa* vans. Malgré les distinctions honorifiques accor- dées à la noblesse, il est néanmoins beaucoup à^ Angleterre y d'Ecosse et d'Irlande. 197 de. gens en. Angleterre qui révent encore à Té** galité des condilions.UVi jour que Samuel John* .son était à table chez inistriss Macauley , la conversation tomba sur l'égalité parmi les hom- mes. La dame soutenait que cette égalité était un droit commun à tous. Johnson , question- né, faisait les réponses les plus laconiques, dans Tespérance de faire changer une conversation qui Tennuyait. Comme il vit qu'il n'y gagnait rien, et qiié mistriss Macauley approfondissait' de plus en plus la question , il se hâta de man- ger, se leva de table avec précipitation y et pria^ un laquais de se mettre à sa j)lace. «Que faites- vous doni) ,. docteur, lui demanda la maîtresse, de la maison ?-r- Madame,, je pratique l'égalitéi que vous prêchez ». Les vicissitudes de la fortune sont quelque-* fois aussi communes et aussi étonnantes en An-* gleterre qu'elles l'ont été en France, à la fin du dix -huitième siècle. On y a vu sir Âshton i$mith, écuyer, et qui avait été possesseur d'une fortune de i,5oo liv. sterl. de rente, réduit^ poulp subsister , à être cocher de la diligence de ' Manchester. Sous les roia saxons y les ecclésiastiqqes. avaient ^^eùls le droit d'armer les chevaliers: et cette cérémonie, toute militaire en elle-même^ était accompagnée de plusifiurs pratiques de 1^8 Londres^ îa tour éNespras^ncit ^ dëvolion plufi coirvenable à nti religieux ({u*$ . utt guerrier. La veîile de sod clèclion^ le cke->. vftlier passait te jour et la nuit en jeûnes et en onaidons. Le lendemaio matin il cooiinupiait^ ayant Tépée pendue au cou. Il la posait ensuite sur Ji-aiitel ; et en la reprenait dn maina du |nréthe , il faisait serment de défendre l'EgUae , la pdtrie, les* veuves et les orphelins » et de pur- gisr le pays des brigands et meurtrieni'. Guil« laume le^Conquérant^ en loSa, abolit oes pieui» $ea. cérémonies, et s'attribua le premier le droit de iconférer l'ordre de chevalerie. . L'ordre; de Ja Jarretière est le plua illustre de ceux qui d<^oarent la noMesse anglaise; il iut institué par Çdouard III ^ en- l347* U u/eat composé que de vingt-six chevaliers, le roi^ compris. Dans ce petit nombre , on compt0^> depuis sa création j huit empereurs, vingt-six x;oîs , et plusieurs princes souverains, Oq pré- tj?pd que l'origine de cet ordre est due à la jar- retière qu'Edouard déploya à la bataille de Crécy, ou bien tout simplemexrt au ipot du ^uet j gratter^ ç^e les Anglais avaient pris dans cette fameuse journée , et qui , dans leur lan^ gue, signifie jarretière. D'autres l'attribuent à la jarretière dé la comfesse de Saîisfcury , que ce prinfce ramassa au milieu d'un ba:l, à Windsor •. Toyant (^[uefqùès seigneurs sourire de cette ac- tion , il leur 4it t Uonm sdii qui ma[/[pekfei d'jfi^îeten^ 9 'd'Ecosse et ^Jrlande. tg^ <çe& paroles devinrent la devise de Tordre! La jarretière que les chevaliers portent à la jaftii3e gauche est de velours bleu, sur laquelle est brodé en perles , Honni soit qui. mal y pense r l»a bouclé et soniîermeil sont garnis de diamatis. Le ruban qu'ils portent en ëchàrpe , de Fèpaule gauche au côté droit , est lar^e et. moiré, et d'un bleu plus foncé que celui que portaient aa^ trefois les chevaliers de l'ordre -du Saiut-Esprit ^ au bas de ce cordon est uûe médaille d'or, sur laquelle, est gravée Fimage de Saint-George , en- tourée de dtamanç. On assuré qqe la cérémonie soleni^ellé 4^ Hnstaltation dès noijveauf ch^vali^efs , qui se fait à Windsor , coûte au roi 4^,000 livres: sterling:. Le fçstii^ qui te^minç cette ^rillan|:e çéj:,^ monie, se dpnne poiirtapt aux /rftis des réci- piendaires ; il coûte à chacun d'eux , y cov^jûif).^ les axitrps dépenses , au mJDins ^jqoo livres: sterlirig. pela .est 4'îi}|ta?pkt p]!^^ pjeojj^jpile^ ^}^ Xi'ordre du Bain, qu'on appelle aussi. jt'os^^ «oo Londres , la cour et les provinces celui de la Jarretière ; il est composé aujour- d'hui de trente - neuf chevaliers , dont le roi e^t le premier : on le croit institué par Hen- ri IV , en 1 399. Ce monarque étant dans le bain , fut: averti , que deux veuves lui deman- daient justice; il sortit précipitamment dubain» et s'écria que^la justice envers ses sujets était préférable au plaisir de se baigner. Pour con- server la mémoire de cet événement , et sans 4oute pour encourager les grands de sa cour à lui offrir souvent des occasions d'être juste /il établit un ordre militaire et religieux, com- posé de quarante' deux chevaliers » auxquels il donna le nom de chevaliers du Bain, et leur imposa l'obligation de se baigner avant de rece- voir les éperons d'or qu'on leur chausse au moment de leur réception , afin que par cet usage ils n'oubliassent point , que tout bon et. loyal chevalier , doit avoir le cœur et l'ame pure^ ' Lorsquef les chevaliers du Bain prêtent ser- ment dans la chapelle de Henri VII ^ ils sont ■tèt'ûà ' d'un habit d'hermite , et -portent des *lsàhdales ; ensuite on les habillé d'une robe * tnàgnifiqùe , et quand on leuï* chausse les éperons, *ie roi y porte la main; Leur cordon ^ qu'ils portent en écharpe , est un ruban grôSt rongé. - ;Getei d«s chèvs^eis dt 5«iac-Aûdré> d^jângletétre^) d^EtM^ et ^Irtande. %ot aussi du Chardon « est yxn large ruban verd ^ au bas duquel est une médaille d'or, émaillée d'un c6té dé Timàge.de Saint-André, et por- tant de l'autre la devise de l'ordre : Nemo me impune las esseû^ entourée de feuiHes de rue et de chardon* . . . « » mm^m 'ï X . i V/i S103 LoadiisSy ia e/uff" et (sf pmvineçf C R A PI T R Ë L X. JuA fonction la plus importante desSeux chani^ bres du parlement y est de statuer sur les taxes à imposer chaque année , taxes qui ne sont pré- levées dans les trois royaumes, qu'après que les bills en ont été solennellement discutés el approuvés. Les impositions sont, en tout temps, très-con-^ sidérables^ et pèsent beaucoup sur la masse gé- nérale ; mais les auteurs 4|ui ont parlé de cet objet, ont presque toujours exagéré. Quoi qu'il en soit, c'est le pays où elles sont le plus multi- pliées, et où il soit le plus difficile de s'y sous- traire , à moins d'employer le moyen qui a douQé lieu à l'anecdote qu'on va lire , et dont nous ne garantissons pas l'authenticité. Un batelier , nommé Holmes , mécontent , de la multitude des impositions dont on est ac- Ai^ablé en Angleterre , imagina un singulier ex- pédient pour n'en point payer. 11 vendit une maison qu'il possédait sur les bords de la Taraiseï et du produit de cette maison, il acheta Un ba- teau couvert , pu il fit sa résidence avec sa fem- me et sa nombreuse famille. Tout^ la rivière d'Anglster^t, d Ecosse e^ et Irlande. ^3 était son çlppf^MP? J U s^ fyiM% o^ '%\ voulait ^ $e- Ion le temp^ ^ le$ ci rcans tancées * e^ -vivait dans reQ4roit (jui^iu p^raiisait le plus convenable et le plus cQipfpqde, La propreté de son habita- tion ^ottan(^^ Tintérét qi^'inspiraient ^a femipe ^t ses eiifanj^^, jointe ^\i ç^raçfèfe facétieux de ce batelier , attiraient un gran4 oopibre 4^ PU- rieux, qui admiraient avec quelle intelligence ce^t banpin« ét^it parvenu ^ ^ ^oiij^t^aire au jofig des in^p^t« }es plu« fipj[^ablaps. ^ T^m^ ^^^^ p?y^»: l^s droits de dQViaqe ne p^uv^pt (êl^ffî ai:i^i ^rts ^i^n Angleterre. Nplja part OA ne fcsçxigfî av^c iiutant dç rigueur; u^Ue part "jiU UP ^nt aussi opéreux popr le cpin- m^rçapt. LfÇ vqluflr^ippqx tfrif ^ç^^ douane;^ , qyi ço^1pr^^d plus d^ douze ççnts ;^rticle^ tax^iÇ , peut s^ul àwinçT \ine justp ^id^ç 4^; lleppmit^ de^ 4i*pit^. ffu'ftîî paye poijr riippoftftûqn oiui Ji ex^qrta^fpp des diverses n)ftf<)b^|idi^ç&- Pour hes^i^çq^p d'aii)tiqW$:9 ^^$ dfpîis sonf si e:«icessifs qu'ils «quivalp^t à 4e^ prohi|>it:tops } nombxe dV>J]jetsqpi fopt l'^gréaiepl: et la çojppo^ité 4p la vie , et quf pijii^qaent à l'Af^glet^r/e , fpi^t ^imposés à trente ,^i|a<^pt^ ^t cimjuajpite pour cent. Cette nation qui veut être sage et éclairée, a cru convenable de mettre des droits exorbi- tans sur les lumières étrangères importées en livres , et elle proportionne ces droits au poids ao4 Londres , la cour et les provinces des volumes- Un lourd in folio, bien ennuyeux, bien absurde, est d'une plus grande valeur dans le tarif des douanes ^ que le génie, l'esprit et les lumière^ renfermes dans le plus mince volume» Une anecdote relative au célèbre Newton , montre quel est Pesprit de la douane et la bar- barie de ses agens. I m Un savant étranger avait envoyé un prisme à ce grand homme. Celui-ci étant allé le récla- mer à la douane , les commis lui demandèrent quel était le prix de ce verre , afin de pouvoir éh conséquence régler les droits. Newton qui connaissait mieux le système 4^ Punivérs que: les régleraens de la douane , et qui estimait le prisme conformément à l'idée qu'il avait de son utilité et de son excellence , répondit que la valeur en était si grande qu^il ne pouvait lai déterminer. Pressé de nouveau d'en fixer là va- leur , il répëta qu'il ne pouvait pas dii'e ce que* valait le prisme , pàtoe que son prix était ines- timable. Les honnêtes commis' le prirent au mot, et lui firent payer un droit exorbitant ^our le prisme, qu'il aurait pu avoir en- ne- payant que le poids du verre. * . »% d* Angleterre , d Ecosse et d* Irlande. :aoi CHAPITRE LXI. DesChe^aUsrsdUndustrie; des Filmx^ de leurs rus^; d^s Fçl^urs. - . . • . L estpart^out, çt principalemçat dans les gran- des capitale3> un: nombre infit^i d^hoinmes et de lemines j mq^ mœUr^^ ^ saqs pripcipes > ennjepiiji èpe 4^ travail ,.qui ne vivent que du frujrt de leurs rapinç3 9'de9-Vo]^^ des assasinats 4|uils cH>mmétt6nt journelleo^ent, et qui çirch- cient ssins <)e49e. la vigilance de la polide* C'es^ xinechoaeMiQQilimuîQe, quVHQi pourrait se dift- pettsw d'€;n faire joientiott dans un ouvrage se- fieuic ; mai^ oette es|>èeed'inditid.4l^ a» en Anglf^ ;terre , et i^ijrtoji^t' dans Londres, un caractère d'originalité qui lui est propre, et dqnt on trpq- verait' diffîcUjginçnï la resâc^mblaufie ailleurs. «Ce. motif suffit: .$eul pour ^e pas p^nettre d'en parler, iUfd^cHifian^mentiJLés. anecdotes pluso^ moins singuliè^ref, qu';un pareil sujet fournira pqur 1 amusement des lecteurs. Il y a d^ filpux dans tous les quartiers de Xondres ; ils se tiennent surtout devant les bou- tiques; des m^rcl^^nds d'estampes , où le peuple ^'arrête quelquefois en foule , pour y admirer d^s chef'd'eBUvre^;4e dessin et de gravure, ou !io6 Londreêy la cour^ léspfoviHccs ^' pour satisfaire sa maligoité, en jetant un coup d'œil sur les caricatures politiques et l'es portraits grotesques des pireAiêirâ jieiisdnhag^s de FEtat. Les filoux (pick'poAets) se réunissent aussi aux issues des Spec^aoies , -et se nvêlèttt jÀrtAi'ÎBt foule ; c'est là qû'ib savent s'entendre avec beau- coup d'adresse , et que les uns escamotent sub- tilement une montre, tandî^qu^ léS â'tftïes cou- peut, avec tles "cisieinsri^ les boUttMis ou lea àgfraJ^ (es qiii poiJitrai^Wt ^^t^teair la «notitre datls- 1^ ^tki^^et. M. Paltn^^, directeidï* et'prè^Hiëtbirêi d'un nouveM thëâtrevconrfu $otis le ncrtfa et ta "Ràyauté^y et qui ^ot'ëupprifti^^8û boutée quel>^ que^ miS)<îi^igfÀ4af¥t^ue jes traits d^ filmiteriè Ti'èMf^éèbétâMqtft ^^^XwA'mfi^mit^^woiÀ^^^ tatte y payait' décile bdttitn^'fi(Kir>èriersftr l'e^ •câlier , à la fitt de ia pièfce r Tàkè'd^éù^ ôfyûtir paketSj genrlen^eh '{^rknie^ jgahk^âïVos »podk^S', •messieurs).'^ •" c -■ 5 -• . •'••'; ' ' - ' '' Mais une bceèiaiiôti &k VéS'ûlbûii ont hé2iû jeu , c'est brsqike de\jLt h^MPnèë ife- battant i coups depoiùgè'dtuis'Ia rUè. LK^^fi^llte aecburit ^et s^e rassemble , ëîlfes fbt-rtiie'uri feércflè^âutotii* dès. deux athlètes. PëWdàtit le' ' cfôtrfbrft , les fîlbak se mettent; à TburVfTa^^/Qtleî^îacffcis^iMsfiiôux sont d-intelligetifceV iieux fcWit'Sfetïîblàftt de sfe battre , poùt attit^t^ la fotile ^ tàhfliS qtte le troi-^ sième fouille dans 4eis p6obes. Mai* lètr combat** simulés que sfe H virent lés filoiii ,• «tàretft ordU tfâiretHent peu de mcmde , parce qu'ils ne sont jpas sanglans ; ils se lancent beaucoup d'invecti- ves,:, et presque psus de coups de poings; Ceux, des passât» qui counaissent çjette ruse , ne maq- qi;ieot pas de la découvrir, en s'çcriant : TçJkç, vare^fyourpoAets^ iherjs arepick pokets (preue^ garde à vos poche^,^ voilà dçs filoux). L'étran; ger\quL n'entend point ce l^pgage veut satis; faixe ^ curijoiité ,.çt L'avis est pejdu pour lui. Ces messieuns .ont invente depuis peu , uq mo^en infaillible pour escamolfer jies inouchoirs. Ilsaccostent un. homnie en portant une canne 3ou$ leur bras; l'honnête homiue qui Les sent à cpte.de }ui 9 et qui voit leurs brajs^et leurs mains, ne §oi^pç9|EiQe ^as. qu'ils oi)t ^la.chjé un tire.- bouchpu. au bout de leur canne , et que ce tir^- bouchon eutranfr d^ns la poche ^devrait , s'appe- ler dans cçt ijastaut uq ^;re-/no^cÀo/r. Au.re^te, les fi^^^ti^'^'o'^^ p^ autant d'audacp qu'i^ pourrait se i'^nji^gifi&r^d'après ce que nous venons ^e . dire , parce qu'ils savent que dans plusieurs, parqififies 9 e^tdai^s, plusieurs quartiers, OU. donne qp^^puiiiée de réco.oipçusc^ à quicpn- qtte:pbut leç jpr^ndre sur le fait^i, e^, qu'outre 1^ peine qui l^ur €^t. alors décernée ^ar la loi, lé peuple est;i^ pot^session deles punir Ini-mênie sur- le- champ, en les conduisant au bord d'un abreuvoir ou de la rivière, pour . les plonger dans l'ea^u à plusieurs reprises* ao6 Londres, la cour et les pfqvinces- > Le trait suivant est celui d'ua ichevalî^ ^ïfSh dustrie. Un jeune bomme , que sa mâiivaisè bonduitë réduisait à vivre souvent aux dë^ns désidtf-i pes , se trouvant un jour embarrassé pour a^vdik* un dîner ^ imagina de s'adresser à un richard de sa connaissance : tout lé monde savait qii'e ce jeune homme était par£iiteroent versé dâtiis les affaires de négoce. Il va trouver* à la boutsé le Crésus qu'il sagissait d^attendrir ^ lui fait en- tendre qu'il a découvert uni moyen d'étendre ses projets de commerce, au point de lui fah^ gagner uiie somme immense ; mais que lé pro^ jet demande des détails , qu'ii lui fera dans Fa» près dinée. « Eh! où dînee - voiis ? Venez chez moi : je n'ai personne ; nous' avons un raàst^ heef et an plumb-pudding ». Lé jeune honiuie ne se fait pas presser. On mange avec àppàLit: Le repas fini , on commence k parler d'affaire. « t)e quoi s'agit-ïlP; — 'MdttSieur , jc^ veux voiiS faire gagner d'uù sèuLtrait de plume , au moins 10,000 livres sterling ; je comptais que Cela n'i- rait qu'à cinq, mais votré^l^03|>itatlité/en me jpéhétrant dé reconnaissante,' tû\ échauffé l'i-- magination. — Expliquez -vbûs/ 'de grâce. -^ Eh bien , monsieur , voici le fait. J^ai entendu dire que vous vous proposiez de donner ao,ooo livres sterling pour dot à mademoiselle votrts £Ue : je la prends avec la moitié taoins». ^Angleterre , d Ecosse et d'Irlande. 209 Les filoiix , les jeunes voleurs sont toujouf s sûrs d'être élargis pendaat qu'ils en sont en- core à leur apprentissage ; pourvu qu'ils n'opè* rent qu'aux portes des spectacles et des lieux d'assemblées publiques , et n'aillent pas plus loin que la poche , ils n'ont rien à craindre à cette époque , toutefois en prenant garde de n'être point pris sur le fait par la populace. La police ne se mêle guère de leur conduite que lorsqu'ils font le service sur les grands chemins^ ou qu'ils volent avec effraction : alors , quand il se fait quelque vol considérable ^ et qu'à la récompense parlementaire se joint celle qu'of- fre la victime du vol , les juges de paix ne man- quent jamais de faire prendre les coupages , et ne ménagent rien pour les convaincre. C'est toujours dans certains cabarets que l'on arrête les escrocs et les voleurs ; aussi les ma-* gistrats tolèrent-îls ces sortes de maisons , soyi$ prétexte qu'il vaut beaucoup mieux que les co- quins s'assemblent ouvertement dans .ces en- droits connus , qu'en secret et seulement entre eux. Mais ce raisonnemettt porte sur un faui^ principe ; quand les lieux de ces assemblées per* verses et dangereuses , sont » pour ainsi dire , publics , plusieurs jeunes libertins y ^ont atti* rés par l'espoir de l'impunité. . Les voleurs ne s'assembleraient pas si souvent , s'ils ne le pou- Taient faire qu'à la dérobée ; c'est le prenaieç; 2. i4 ^iO Londres , la cour et les pro^ineef pas qui les décide ; s'il est conforme à leurs inclinations , ils se laissent entraîner davantage ^.ers le crime. C'est ordinairement pour parta* ger leur butin, ou pour comploter de nouveaux projets criminels y que les voleurs se rendent dans ces repaires. Il est un moyen infaillible de recouvrer à Eiondres une montre ou une tabatière , quand ^Ue a été prise dans la poche : c'est d'avertir , dès le lendemain , dans la gazette des cabarets à bière {Daify advertiser) ^ que Ton donnera au gentilhomme {gentlemen)^ qui a trouvé l'effet perdu , deux fois plus qu'il n'en aurait reçu du -courtier juif, à qui il serait oMigé de lé ven* ^re. Si Ton a la délicatesse d'ajouter l'observa* tion, qu'on a laissé tomber cet effet par mégar-' de dans la rue ou à la promenade , on peut létre assuré de voir, le lendemain matin, detrès«^ bonne heure, le gentilhomme qui vous dira Ta-i voir trouvé, et, en recevant la récompense pro- mise, il vous remettra fort honnêtement le bi«« jou qui vous plaît , et dont la perte vous eut ^^ été infiniment sensible. Semple, chevalier d'industrie.^ et Barring* thon, homme fort adroit A jouer des^mains^ disputant un jour sur la prééminence de leura professions respectives , d'escroc et de filon 7 « Toute la différence que je vois entre nous y d* Angleierre^^ d'Ecosse et d Irlande, an 4it Barringthon , c'est que vous avez l'adresse d'engager les hommes à vider leurs poches pour remplir lés vôtres , au lieu que moi j'ai l'hoii- nêteté de leur en épargner la peine. - Ce même Barringthon est fameux en Angle- terre par la multiplicité de ses vols , et par sou impudence ; il poussa l'effronterie si loin , qu'ayant volé à un prince étranger , célèbre gé- néral d'armée, qui voyageait dans la Grande- Bretagne , une boîte d'or enrichie de brillans , d'une très -grande valeur, il dit au magistrat devant lequel il fut mené ^ qu'il n'avait pas con\^ inis un crime , mais qu'il s'était procuré par un tour d'adresse un bijou que le possesseur ori- ginaire avait gagné par des tours de force. Uesjprit fécond des âloux qui fourmillent dans Londres • a inventé une nouvelle manière de faire une abondante récolte. Ils coupent presque entièrement la soupente des fiacres , lorsqu'ils voient mettre ties malles ou des porte- manteaux dans ces voitures , et les suivent à quelque distance à pied : la soupente casse , ils accourent comme pour secourir les personnes qui se trouvent dans la voiture , et offrent leurs services pour porter les bagages : si l'on se fie à eux ,^ ils décampent avec leur butin , et leut coup se trquve ïait prestement et san^ vio- lence. f ^ i \ '"\ 2 T a Londres, la cour et les provinces Ua homme qui paraissait être un commis- sionnaire, porta quatre barils d'huîtres chez un M. Jackson, dans Halton - Garden , en disant qu'ils venaient d'arriver par la voiture de Col- chester ; il demanda six schellings pour le port, un pour lui , et huit sous pour frais de maga- sin. M. JacksojQ paya cet homme sur-le-champ, croyant que c'était un de ses amis qui lui fai- sait ce cadeau. Une demi-heure après , M. Jack- son eut envie de goûter les huîtres , et ouvrit un des barils; mais au lieu des huîtres délica- tes dgnt il comptait se régaler, il ne trouva que les écailles. « Une femme parée avec beaucoup d'élégan- ce , fut surprise au baV de l'opéra , mettant. la main dans la poche d'un de ses voisins. Au mo- ment qu'elle fut découverte, elle se trouva mal; .ce qui fit dire, que sentant cette défaillance ap- procher , elle cherchait un flacon pour la pré- venir* Un de ces filoux qui , à l'entrée des specta- cles, se glissent sous les vétemens des femmes , en marchant à quatre pattes , comme s'ils étaient des chiens , et détachent leurs poches , se trom- pa de cordon , et au lieu de poches n'emporta que des hanches ^de liège ; il ne s'aperçut pas plutôt de sa méprisé y qu'il lui était impossi- d^uàngleterre f d Ecosse et d' Irlande. 2x3 ble de réparer , que sje relevant sur ses deux pieds : « Madame , dit-il, voilà vos charmes ». Le jour de l'anniversaire de la fête du roi ^ les avenues du palais de Saint-James sont rem- plies d'une multitude immense qui se presse à l'effet de voir les voitures et les seigneiu's qui se rendent à la cour. Pour profiter d'une cir- constance aussi favorable au larcin , une troupe de voleurs s'avisa de lâcher, au milieu de la foule , un gros chien que l'un d'eux avait ame* lié en lesse, et au moment où cet animal, mia -en liberté, cherchait à se faire jour à traveri les flots de spectateurs , les voleurs crièrent qu'il était enragé. La crainte s'empara aussitôt de chacun; on chercha à s'éloigner avec pré- cipitation ; les individus tombèrent les uns sur Ifes autres , et le tumulte ne fit que s'accroître^ Ceux qui étaient dans lé secret^ saisissant le mo'* ment propice , firent une abondante récolte de bourses, de montres, de tabatières, qui chaii^ gèrent de poches en up clin d'œil. Un jeune homtne, vêtu décemment et monté siv un très-beau cheval, s'arrêta dans Bishop- gate , devant la boutique d'un horloger , et de- manda à voir une montre d'or. L'^artiste le pria de descendre et d'entrer dans la boutique. « Non , dit le cavalier, mon cheval est difficile k mon- ter , et je puis tout aussi bien choisir ujoe moa- r <^t % 1 4 Londres , la cour et les provinces ire sans quitter la selle. Le confiant horloger présenta en conséquence plusieurs montres ; lorsque le cavalier en eut choisi une , et qu'il fut convenu du prix , il la mit dans la poche de sa veste , et, tout en feignant de chercher de l'argent pour la payer , il donna un coup d'é- peron à son cheval , et s'enfuit au grand galop ^ en criant à l'horloger : « Je vous avais bien dit que mon maudit cheval était difficile à gouver- ner ; ce n'est pas ma faute ». Un honnête Allemand fut arrêté une nuit idaus les rues da Londres , par un voleur , qui lui prit sa montre et deux guinées : le coup fait^ le voleur s'éloigne en souhaitant poliment une bonne nuit. L'Allemand s'aperçoit qu'on lui a laissé sept guinées; il regrette sa montre, et. imagine de la racheter j il rappelle le voleur, lui offre sçpt guinées de sa montre s'il veut la lui vendre : « Bien volontiers, dit celui-ci, en faisant l'échange ». Ensuite lui portant le pisto- let sur la gorge : cr Encore un mot , mpnsieur ; . je vous ai vendu votre montre , à présent je vous la vole , c'est inon métier ». Cette anec- dote rappelle une vérité très- connue : ne fai- sons jamais d'affaire avec les coquins, si nous ne voulons être leur dupe. <»■ Un» filou très-bien vêtu, se présenta dans une maison située à Brdmpton^ dont il savait que '>• \ ^Angleterre , d^ Ecosse ^t d'Irlande, i 1 5 les 'maîtres étaient absens. « Je suis , dit-il , aux domestiques, le premier mari de la maîtresse de céans , quoiqu'elle soit remariée , et que ma mort ait été annoncée depuis long- temps ». Le» TaletSy intimidés d'abord par le ton de confiance et d'audace de ce nouveau maître , le laissèrent entrer. Son premier so^n fut d'examiner Far- genterie ; il trouva très-mauvais qu'on eût en- levé ses armes. Il parcourut toute la maison , se promit d'y faire de grands changemens. En- suite il sç mit à table , et se régala de deux bou- teilles de vin. Cependant les domestiques, reve- nus de leur première stupeur , après l'avoir mieux examiné , et surtout le Voyant boire ou- tre mesure , eurent des soupçons sur cet hom- me; ils firent venir plusieurs voisins , qui réus- sirent à l'intimider. Le fripon prit le parti de se retirer , n'emportant avec lui pour tout bu- tin , que le contenu des deux bouteilles qu'il avait bues. Un de ces hommes adroits à profiter des cir- constances , traversant à cheval un des nour veaux villages bâtis sur l'emplacement qu'oc- cupait autrefois la foret d'Enfield j arriva dans un endr9it où l'on allait ouvrir une chapelle de méthodistes. Ayant appris qu^ devait s'y faire une quête , il attendit que le service fût com- mencé, descendit de dbev^l, et écouta le sçr- ji 1 6 Londres , la cour et tes provinces mon avec beaucoup de recueillement. Peu de temps après , il tira sa bourse , mit une guinée dans son chapeau , et fit le tour de la chapelle , en faisant très-dévotement la collecte. Ces bon- nes âmes, émues et animées par son exemple , se livrèrent à leijrs dispositions charitables , et mirent à l'envi dans le chapeau. Quelque ex- ttaordinaire que la conduite de cet étranger parût à tout le monde, on le laissa faire. Le pasteur même , qui attribua ce zèle à une con- version subite du quêteur , et qui lorgnait le pécule dans le chapeau, ne s'y opposa point. Mais quelle fut la surprise de cette congréga- tion de fidèles, lorsqu'ils virent le nouveau con- verti gagner la porte de la chapelle , au lieu d'entrer dans la sacristie ! On eut beau lui crier de rapporter le produit de la quête : « Non , ré- pliqua- t-il, mes frères, j'ai reçu volontiers ce que vous avez donné librement , et je le garde »^. Remontant ensuite sur son cheval, qui était excellent, il laissa les dévots crier contre lui,, et lui souhaiter, selon la formule anglaise, une éternelle damnation^ \ Un chevalier d'industrie se trouvait à fiath sans argent ; voyant qu'il commençait à être trop connu , et qu'il ne pouvait plus déployer son adresse , il sentit la nécessité de retourner uti plus vite à Londr^Si. Msài oomment s^'y pren^ d^ Angleterre , d^ Ecosse et d'Irlande, a 1 7 dre pour faire le voyage sans posséder les fonds dont il avait besoin ? Voici l'expédient qu'il ima- gina pour qu'il ne lui en coûtât que les frais des barrières , qui se trouvent entre cette ville et la capitale. Il envoya chercher un cheval de selle chez un loueur de chevaux de Bath , pour faire une promenade du matin ; il fit sa prome- nade au galop, de poste en poste, jusqu'à Lon- dres, laissant à chaque nouvelle poste le che- val pris à la dernière , en attendant qu'il repas- sât. Arrivé à Londres , il fit ressource en ven- dant ïa monture qui lui était restée ; en sorte que six maîtres de postes se trouvèrent avoir fait des échanges forcés , et entent un procès pour déterminer celui d'entre eux qui perdrait le cheval vendu • » Il se commit à Oxford une friponnerie d'une espèce toute nouvelle. Un jeune homme mis déce|)iment, et qui avait l'air de ne pas con- naître l'université , entra dans un des collèges,, se fit introduire chez le principal , et , après avoir fait quelques questions , comme pour s'instruire des usages , il se fit inscrire au nom- bre des pensionnaires. On lui dit alors , qu'il fallait qu'il payât d'avance , par forme de cau- tionnement , 1 3 livres sterling , tous les éttr- dians avançant cette somme , lorsqu'ils sont ad- mis à l'aniTeffâité» I^ jeune escroc présenta au a 1 8 Londres , la cour-et lesprosnnces principal une traite de 4o livres st^ling , avee vne acceptation sur une maison des plus con- sidérables de Londres. Le principal prit la traite supposée, et rendit 27 livres sterling à ce £aus^ Sdire^ dont on n'entendit plus parlerl Trois filoux , qui avaient l'air d'honnêtes gens (on sait que. la physionomie est trompeuse), arrivèrent dans une hôtellerie à Putney; toutes les chambres étaient occupées , à l'exceptioil d'une seule qu'on leur donna. Ils demandèrent un bol de punch , et , pour qu'on les servît plus promptement , l'un d'eux resta sur l'escalier, et jura qu'aucun domest^ue de la maison ne pas^ ferait que lorsqu'on leur aurait apporté le punch. Tandis qu'on le préparait , les deux autres fi* loux ouvrirent la porte d^ la chambre, où ils savaient que l'hôtesse serrait son argent, cro- chetèrent l'armoire où il était enfermé , y pri- rent environ 3oo livres sterling (6,750 fr. ) , burent leur punch, Iç payèrent, et sortirent de la maison sans qu'on pût se douter de leur larcin. ' ^ Un homme bien mis se présente chez un ban- quier de Londres , à qui il dit , que milord Ar« lington voudrait lui parler d'une affaire de con- séquence , et se rendra au grand café de la bourse. Le banquier monte dans son carrosse avec l'incoanu , et arrive à ce café. Mibard n'y d'Angleterre , d* Ecosse et d'Irlande, a i g €tait pas 9 on l'attendait. Le banquier trouvant qu'il tardait à ve'nir, tire sa montre ^ dont Fiiî* connu parut émerveillé, et qu'il trouva d'une grande beauté. Il demanda la permission d'aller la faire voir à son horloger, pour en comman- der une semblable , et il laissa entre les" mains du banquier , un billet de 5o livres sterling ^ qu'ille pria de garder jusqu'à son retour. Le banquier lui prêta son carrosse , et lui dit qu'il Fattendrait. L'inconnu ordonna au cocher d'aller au logis de son maître ; il arrive , et demande à un commis aoo livres sterling, dont le banquier avait besoin sur - le - champ ; le filou présenta , pour preuve de sa mission, la montre qu'on lui avait confiée. Le commis qui la reconnut, et qui vit cet 'homme venir dans le carrosse même du maître , ne fit pas difficulté de remettre les aoo livres au filou , qui retourna au café , ren- dit la montre^ retira son billet , et prit congé poliment du banquier, qui se lassa enfin d'at- tendre milord Arlington, et s'en retourna chez lui , où il apprit le tour subtil qu'on venait de lui jouer. Chaque district, en Angleterre, répond des Tols qui s'y commettent, et celui qui est volé, peut, suivant la loi, poursuivre tout le district, qui est obhgé de son côté de poursuivre le vo- leur. /, !iâo Londres^ la cour et lespronnces La tête des voleurs est mise à prix. On donner^ 5o liv. sterl. à quiconque livre, dans la capita- le, un voleur à la justice, et 4o dans les provin- ces. La peine de mort est prononcée contre pres- que tous les vols, même les plus simples ; mais comme on suit toujours la loi à la lettre , les mal- faiteurs un peu exerces calculent le crime de mar> nière à défendre au moins leur existence. Uji certain Howell Green , convaintu d'avoir fait une obligation fausse au nom d'une per* sonne décédée depuis peu, fut condsRnné à payer une amende de loo liv. sterl. et au pi- lori : on ne put pas le condamner à mort , aux termes de la loi , parce qu'il avait eu la perfide précaution de couper la main du défunt , lut avait mis une plume entre les doigts, et s'ea était servi pour écrire l'obligation ; en sorte qu'il avait pu- sans se parjurer , faire serment qu'il avait vu signer ladite obligation de la pro* pre main de celui dont le nom se trouvait au bas. Ce subterfuge lui sauva la vie. / Une femme fut condamnée à mort, pour crime de fausse monnaie. La malheureuse ayant dressé un placet à la reine , pour démander sou pardon , il fut présenté par une de ses sœurs , mariée à Windsor, qui pénétra dans le château^ aecomj)agnée de deux enfans de la suppliante ; lorsqu'elle vit la reine se rendre à pied à la *£ Angleterre jd^ Ecosse et d'Irlande, aai chapellç de Saint-Geôrge , cette, sœur au déses- poir se jeta à genoux , et remit son placet à sa majesté. Une jeune enfant, âgée d'environ qua- tre ans , fille de la condamnée , s'écria en san- glotant y et joignant ses petites mains : ol commis dans ce dernier en- droit? d^ Angleterre ^ d* Ecosse et d'Irlande* ai5 , Urt 17^6, il se fit à Glascow, ville archiépis- copale d'Ecosse 9 un changement considérable dans les formes de la justice criminelle , à Toc- casion d'un événement extraordinaire qui fit connaître l'abus affreux de la question , et cdm* bien il est facile aux juges de confondre l'inno- cent avec le coupable. ' - , ..' # Un jeune homme , d'une naissance. honnête ,- était parvenu , avec beaucoup d'amour et de constance, à gagner le cœur d'une fille de son âge; et, diverses. raisons ne lui permettant ps» de la rechercher ouvertement ^ il se cousoûît 4e cette contrainte en passant une partie* dM nuits avec elle. L'intrigue avait duré plusieurs mois, avec taht.de bonbeur et de conduitei,.que les, domestiques mêmes ne s'en étaient ; point aperçu. Mais quelques voisins se trouvant, pro^ ehe de la maison pejidant la nuit, en virent sor»« tir une fois le jeune amant, qui paraissait se rei tirer avec beaucoup de précautions. Ils ne soup*^ çonnèrent que la vertu de leur voisine, et n'y prenant qtte peu d'intérêt , ils eurent assez de discrétion pour se taire^ Quelques jours aprey»^ on 3'aperçiit dans la même maison qu'il s'y /étai^' fait un vol cot^sidér^ble d'argenterie , et de bî<- |[ joux précieux , ssuis aucun indice qui put ser* r vir |t faire conûaitreles coupables» Les voisina , plus intéressés xiue les autres :à se purger 4^ a. j5 %%S Londres^ la cour et les province 80upçoD, prirent le parti de déclarer au maître, à quelle heure et de quelle manière ils avaient ▼u sortir le jeune homme* Des apparences si fortes parurent suffisantes pour le faire arrêter. Il dàavoua le crime ayec horreur ; mais un gé-* séreux égard pour l'honneur de sa maîtresse, né lui permettant point de confesser les raisons gui l'avaient conduit chez elle^ il s'expliqua avec tant d'embarras et si peu de vraisemblance^ que cette manière de se défendre fut presque regar-' dée comme une conviction. Cependant, coihme il continuait à soutenir son innocence , et qiie le témoig9sige de ses accusateurs ne suffisait pas pour le condamner , les juges ordonnèrent la question. Elle consistait à faire avaler une certaine quantité d'eau ; et quand l'accusé avait k corps rempli, on le couchait à terre ^ on le couvrait d'une planche sur laquelle on sautait pesamment pour lui faire rendre l'eau avec la dernière violence , et l'on recommençait cette cruelle exécution aussi long-temps qu'il refusait de se confesser coupable. Le bruit de cette sentence étant parvenu jus- qu'à l'amante , elle se crut aussi malheureuse que celui qui devait Qtre traité si rigoureuse* ment pour Tamour d'elle. La tendresse et la re-* connaissance l'obligeant à ne rien ménager , elle eut le courage d'aller déclarer aux juges qu'il était impossible que l'accusé fût ctiminel , puisque d'Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande, ^ij depuis fort long- temps qu'il avait passé toutes les nuits dans sa maison , elle avait eu soin elie-^ même de lui ouvrir la porte , de le conduirt; dans sa chambre, où il s'était toujours mis au Ut avec elle , et de le reconduire ensuite jusqu'à la rue. Cette déclaration produisit peu d'effet ; elle fut regardée comme un artifice de l'amour 9. eÇ la sentence n'en fut pas exécutée avec moins d^ rigueur. Le jeune homme n'essuya que la première épreuve de la question, et confessant tout ca qu'o^ lui reprochait, il demanda pour to^te grâce , que sa mort ne fût . paa différée long- temps. Cependant , par un autrç ifs^g!^ de TAn^ gleterre et de l^cosse, il fut réservé pour le temps ordinaire des exécution3 pi^bliques^ qui ne se font que tous les trois mpis^ Oa le ren^ ferma dans une étroite prison ^ oiji il fi^t tcaf té comme une misérable victime de la justice. . ^ Le ciel permit, pendant ce temps-la, que d^ius.' voleurs fussent arrêtés, pour des crimes p)u§, réels , et qu'étant c^omme le Jeune homme cop- damnés à mourir , ils fussent renfeftoés dans le même cachot. Quoique leurs chaînes. i^e leur laissassent point la liberté de s'approdier , ils avaient eellè de s^ètitretenif. Ib surent bientôt pouc quelle* causé le jeune bôtnute devait pat- tager leur «tet idéUit eu|;'-xtté0i«$ qui àvaieiiti V aa8 Londres^ la cour et les prc^inces commis le vol dont on l'aVait chargé. La pitié les toucha en sa faveur, et l'aveu d'un crime de plus fie devant rieh cihanger à leur séhteùcê^ ils s'ac- cordèrent de conicert à lui rendre ITionneur et la vie, en reconnaissant qu'ils étaient seuls cou- |>ables. Les explications et les jpreuyes qu'ils don- nèrent aux juges levèrent tous les voiles. L'in- nocence du jeune homme fut reconnue publi- quement, et Ton se hâta de lé mettre en liberté, avec toutes les réparations qui pouvaient le ëonsoler de son malheur. Mais il n'y en eut point de si douce que celle qu'il reçut de l'â- inout. Sa maîtresse , qui avait été jusquiatlors Inconsolable , lï'eut pas plutôt appris Théureux ôhan'gement qui venait de s'opérer , qu'elle se fendit à la prison 6ans rien consulter. Elle fit les plus tendres caresses à son amant , aux yeufx de tous ceuit' quî s'y rencontrèrent , et ne sui- irant plilÀ t(U(e se^ transports , elle iehvoya de là chez son père, pour lui déclarer qu'elle n'aurait jams^is *d'autre mari que celui qu'elle choisissait t rHeurémême, et qu'elle préférait à toutes les richesses du monde. Elle reçut aussitôt un con- aèntenient ^uW ne pouvait lui refuser après êét eôlal, et le mariage fut célébré sur^e-champ oans la prison» Le tribunal de Çlascpwi qui lient un rang distingué dans l'Ecosse, prit occasion de sa pro- {yre ecreur jpoui: a^lii: rusa^^e do l» q[tt^io9» ; jâ^ Angleterre , d* Ecosse et ^Irlande, aag Il n'est point de ruses que les voleurs de Lon- dres ne mettent en usage. Un homme ayant frappé avec force, dans le voisinage d*Holboriij, on se hâta de lui ouvrir ; it s'ëlaxice aussitôt dans l'intérieur , court à la cuisine d'un air e£* frayé et y trouvant plusieurs domestiques , iï regarde avec beaucoup d^attehtion dans la che* minée, prétend qu'il est un des pompiers, et qu'averti qu'il se manifestait un incendie, if avait en conséquence fait conduire une pompe pour l'éteindre. On donne sur cet avis Falarme à toute la maison ; plusieurs jeunes gens accoii^ rent : le faux pompier , étonné de voir tant de- monde , sent qu'il n'a rien de mieux à faire que de se retirer ; il déclare qu'il s'est mépris , qu'il n'y a nulle apparence de feu, et en s'excusant il gagne la porte , où il y avait , en effet ^ une pompe , et trois ou quatre hommes de mau- vaise mine. Il est évident que c'était un pré- texte pour s'introduire dans la maison : d'ail- leurs la pompe amenée , n'était pas une de cel- les de la ville ; mais dans le premier moment de surprise , on laissa ces filoux s'échapper. Un voleur trouva le moyen de s'introduire pendant le jour dans la maison d'un marchand, et de parvenir jusqu'à la chambre à coucher sans être vu. Il fit à ta hâte un paquet des ma- telas et des couvertûreis dii lit, le chargea sûr a3o IfOndres^ la cour-et les provinces sa tétte , et descendit les escaliers ; 'mavs il fit un faux pas et tomba avec sa charge. Le marchand, alors dans sa boutique , accourut au bruit , et lui demanda ce qu'il voulait. « C'est , monsieur, lui dit le voleur , la garniture du lit que vous avez achetée ce matin à un inventaire , que je vous apporte.— Je n'ai point fait cette emp|et* te, répoiidit le marchand. — Mon maître m'a qçpendant dit de l'apporter chez un marchand, dans cette rue; mais, puisque vous n'avez point fait cette acquisition , il faut que j'aye mal en- tendu , et que ce soit pour la maison voisine ; aidez-moi , je vous prie , à charger le paquet ». L'officieux marchand eut la bonté de le lui re* jpettre sur la tête , et le voleur décampa. Ce ne f^t que le soir qu'on s'aperçut que le marchand avait aidé à se voler lui-même. Un voleur de nuit, rencontra une femme as- sez bien vêtue, qui, à la faveur des ténèbres, gagnait timidement la x demeure d'un préteur 6UK. gages ; il l'arrête et lui ordonne de se désai- sir entre ses mains de tout ce qu'elle a sur elle. « J'ai bien une bourse , dit la pauvre créature , mais il n'y a rieix dedans; j'allais, pour la garnir im peu, mettre ma montre en gage. » Elle tire alors une montre d'or de sa poche, «c Oh! mon doux cœur ^ qu'alliez-vous ifaire chez ces fri- pons ! Ils vous prêteraient trois guiixées j votre d^ Angleterre y d'Ecosse et d'Irlande. a3i montre eu yaut dix, et je la prends pour cinq». En achevant ces mots, il lui compte l'argent^ et s'éloigne. De tous les voleurs gui exercent leur profes-^ sion avec les plus grands égards , aucun d eux n'a porté plus loin les dehors de la politesse, que celui qu-'on appelait le voleur aux visites. li s'était fait une loi de ne voler personne sans> avoiîr l'air de faire une visite honnête. Dès qu'il avait formé un projet,, il s'habillait magnifique- ment, sepréseptait à la porte d'une dame, et demandait à lui rendre ses devoirs. Si elle était « sortie , il se faisait écrire , et tâchait de savoir de quel côté elle était allée.. Il la suivait, supi^ posé qu'on l'eût instruit, ou bien il revenait quand elle était rentrée , et lui exposait galam*- ment le sujet.de sa visite.. C'était ordinairement une bague ou une boîte d'or qu'il lui avait vue , disait-il, qu'il avait déjà eu l'honneur de venir démander, et qu'il serait charmé de garder toute 4sa vie pour l'amour de la dame. Il recevait cette faveur en homme qui en sentait le prix, faisait f une profondé révérence , et sortait. Mais il est bon d'observer, ajoute l'historien anglais» qu'il se retirait posément et de meilleure grâce que ks autres gens dû bel air/ qui s'enfuient tou- jours comme s'ils avaient dérobé quelque chose. Deii^demoiseUes^idu nom de^Staples, se pro- aSi Londres j la cour et les pro¥inces * menant dans le parc de Saint-James, furent ac- costées par deux jeunes gens assea bien mis, qui leur dirent : « Mesdemoiselles fmiss), nou» sommes des infortunés <^ue des joueurs ont dé- pouillés de tout leur argent ; nous n'avons pas un seul ami auquel nous puissions nous adres- ser pour les besoins les plus pressans ; nous vous prions donc très*instam ment de nous remettra tout l'argent que vous aves dans \a$ poches. . . , Point de délai , il nous le faut ». Ces jeunes per* sonnes , ne pouvant résister à une prière aussi pressante , leur livrèrent , en tremblant , le numéraire qu'elles avaientsur elles , qui se mon- ^it à 3 livres sterling. « Souvenez-vous bien^ leur dirent les deux voleurs en les quittant, que nous ne vous avons point volées ; nous vous ayons suppliées de nous assister dans notre détresse , > et vons avez eu la générosité de le faire ». - A l'époque d'une presse de matelots , qui s'exéss cutait vivement dans Londres, des voleurs ima* ginèrent un nouveau moyen d'exerrer leur métier» Un d'eux, vêtu en ofGicier de marine ^ marchait à la tête de quelques satellites dégui-. ses en matelots , qu'il avait l'air de commander : quand ils rencontraient un homme qu'ils soup^ çonnaient avoir de l'argent et quelques bijoux , ils l'entouraient et le fouillaient , sous prétexte d'eumine? s'il avait des papiers dao3$espocheS| d* Angleterre , d Ecosse et â^ Irlande, a 33 qui prouvassent seS/Services sur mer ; et quand ils' s'étaient saisis de l'argent, de la montre, et de tout ce qui leur convenait, ils poussaient par les ëpâlules Thomnije qulls venaient de dé« pouiller , en lui disant , qu'il ne faisait pas leur affaire ^ et décampaient lestement avec ce qu'ib avaient enlevé. 7acques Johnson , homme de la naissance la plus obscure , et sans aucune espèce d'éducation , avait épousé une jeune femme qui n'avait rien de remarquable que son industrie. Au bout de quelques années il&'se trouvèrent chargés d'une famille, à l'entretien de laquelle la mère contri<* buait seule par son travail. Celui de leurs enfans qu'ils chérissaient le plus vint à tomber malade» et son état alarma sa tendre mère. Johnson y fut sensible jusqu'à un certain point , sans cepen* dant se livrer au travail plus qu'à l'ordinaire. Le temps qu'elle mit à soigner son enfant, et les dépenses inévitables qui s'ensuivirent, la réduisirent à la dernière indigence ; elle cher- cha à emprunter , elle implora le secours des gens les plus aisés de sa connaissance , rien ne lui réùssit,^ Cette malheureuse femme s'était résignée à souffrir individuellement , mais elle ne put supporter le spectacle de son enfant qui périssait de besoin. Les tourmens de son cœur déchiré furent plus forts que Thonnei^r et la ^34 Londres , la cour et les pro9Ùiees crainte de la punition'^ elle yola une personne qui l'employait; à travailler , et sur une grosse sorome y elle prit ce qu'elle crut nécessaire pour se tirer de sa triste situation , bien résolue de remplacer , par les fruits de son travail , toute la somme qù'eUe prenait en ce moment. Mais on s'aperçut de ce qui manquait d'argent , avant que la pauvre mère en eût fait usage. Comme elle s'était adressée dans son besoin à la per^ sonne qui était volée , on ne fut point embar- rassé sur qui laisser tomber les soupçons ; oa fouilla dans le misérable réduit de l'infortunée ^ et on retrouva les mêmes pièces de la perte des- quelles on se plaignait. Ce fut en vain que cette mère éplorée repré- senta sa cruelle situation, son enfant prêt à périr faute de secours : celui qui avait été volé poussa, la barbarie jusqu'à son dernier période j il fut sourd à ses cris et la fit conduire en prison. Les. horreurs de la captivité n'affaiblirent point sa. tendresse maternelle ; elle conjura qu'on lui lais- sait son enfant sur le point d'expirer, afin qu'elle tentât de retarder les derniers momens de l'în- nocente créature. Croirait-on qu'on eut l'inhu- manité de lui refuser cette triste consolation ? L'enfant fut envoyé à la paroisse, et les soins inattentifs des étrangers ne purent le sauver. Le mari, qui était plutôt indolent et fainéant d'Jngleterre^ d'Ecosse et d'Irlande. %3S que méchant homme', se réveilla pour la pre- mière fois de son assoupissement. Il ne lui fal** lait pas moins que cette violente secousse pour le tirer de sa coupable léthargie ; il vit souvent sa fe^irae dans la prison , et la traita avec plus^ d'affection qu'auparavant. Une circoi\stapce à laquelle ils n'avaient fait qu'une légère atten* tion , mit le comble à leur dés^poir ; le vol se trouva accompagné d'effraction , et c'est ce qui rendit le crime capital. Le mari fut présent au ^gement , et les preuves n'étant que trop clai- res « il entendit que sa femme serait condamnée à mort. Avant que l'op procédât aux dernières formalités , le mari demanda à la voir «a parti- culier et lui parla en ces termes : « J'ai été un monstre , et quoique la'loi ne condamne point ma paresse et mon oisiveté comme un crime , telle est pourtant la cause qui a occasionné tous vos malheurs. Il nous reste deux enfans; je ne peux leur être d'aucune utilité. Laissez- moi me charger du crime que vous avez com- mis par excès d'amour maternel; laissez -moi mourir à votre place , moi qui .mérite cent fois la mort par le lâche désœuvrement où j'ai végété, sans voir l'abyme que j'ai creusé sous vos pas »• L'ignominie du supplice, la crainte de la mort , ou plutôt l'amour de ses deux enfans , lui firent consentir à la proposition de son / \ a36 Londres^ la wur et Usprovinees mari ; il sç pr^enta deyant le juge , et lui dit r « Apprenez qu'il y a peu de fonds à faire ;ur la déposition des témotos ; j'ai seul commis le crime dont on aecuse ma femme. Vous allies condamner cette innocente victime ; mais je ne souffrirai point que la justice commette cette' nouvelle erreur , et le remords me force à yenir me dénoncer moi-même. Punissez le yrai cri* minel ». Il ajouta à ce discours . des circons- tances qu'il avait arrangées pour donner plus de vraisemblance à sa déposition. Les témcnns^ eux-mêmes crurent s'être trompi». Le juge et les jurés furent .séduits ; ils déchargèrent la femme de toute accusation , et prononcèrent 1^ sentence de mort contre le mari. Aux approches du sdppUce de cet homme ^ l'épouse ne put supporter l'idée de le voir périr pour elle. Déchirée entre Famour de ses enfans et ce qu'elle devait à son mari , elle céda enfin au sentiment conjugal. Elle alla trouver le juge^ lui protesta qu'elle seule était eoupable du vol , et lui divulgua l'entretien que son mari avait en avec elle avâilt de vouloir la sauver , en se sacrifiant lui - même. Le tribuual Att frappé de cet héroïsme des deux ^>oux, et il crut devoir le récompenser en obtenant leur grâce du roi. . Une fille irlandaise , âgée de vingt - quatre d'Jngletefre i d* Ecosse et â^ Irlande. a37 ans , nommée Sara Malcomb , fut condainnée à mort 9 et exécutée , pour avoir volé et assassiné, dans une même nuit , trois personnes , dont l'une était une dame fort âgée , l'autre une femme de chambre, et la troisième une ser- rante de dix-sept ou dix-huit ans. Une action si horrible fit beaucoup de bruit à Londres , où la scène se passa. Pendant que la criminelle était en prison, l'on fit et on grava son por- «trait, qui fut vendu par milliers dans toutes les rues. C'était une grande fille , belle et l;>ien faite , mais d'une physionomie un peu trop mâle. On assurait qu'elle était née de parens fort honnêtes, quoique sa mauvaise conduite Teû^ forcée à prendre le métier de blanchis- seuse. Son père vint d'Irlande à Londres , ^ur le bruit de sa cruelle aventure ; mais ayant ap- pris les circonstances du crime dont elle était accusée , il repartit sans se faire connaître. Elle fut pendue d'une manière tout-à-fait extraor- dinaire , dans son jsuaire , c'est-à^ire , dans une chemise de laine , et son cercueil à côté d'elle. Elle avait eu le courage de composer son épita- phe , en douze vers , la veille de sa mort , et l'on remarqua qu'après avoir souffert que le bour* reau l'embrassât, suivant la coutume, elle re^, fusa la même faveur à un inconnu qui se pré- senta pour l'obtenir. On soupçonna que c'é- tait sou amant. Le même particaUer se rendit a38 Londres, la cour et les provinces ' en habit noir au lieu où elle fut portée apré$ Texécution , et donna un écu au bourreaii pour obtenir la permission de la voir, et de la baiser au visage* Cette action peut être regardée com- me un des plus rares effets de l'amour. / ^^■^p d'Angleterre y iT Ecosse et d* Mande. a3^ CHAPITRE LXII. Voleurs de grands chemins. ^ JLjes grands chemins, à trente et quarante railles de Londres , sont infestes de voleurs ar- taéSj à pied et à cheval. Il est difficile de les arrêter , malgré la récompense de 5o guinées promise à ceux qui 'peuvent se saisir d'un seuK ys sont d^ttisés , et lorsqu'ils s'approchent de la portière d'un carrosse , ils présentent un pis- tolet , et demandent la bourse , qu'on leur donne sans parler. Ces brigands sont ordinairement deux ou trois ensemble ; l'un tient en respect le postillon , et les autres s'emparent des por- tières. Pour écarter les voleurs , on doit avoir deux mousquets à gros canon y les appuyer sur la portière , de façon que le canon soit aperçu. Alors les voleurs n'osent avancer , si toutefois ils voient deux hommes dans la chaise ; car s'il n'y avait, qu^un voyageur , il serait volé malgré ses armes. A la barrière d'Oxford^reet, les voleurs de cette espèce fréquentent une taverne très-con- nue de la police , qui sert de rendez-vous à ces coquins , où tous les soirs ib se communiquent y %fy> Londres, la cour et les provinces leurs plans d'opération. Lorsqu'une personne de distinction a été volée , et qu'elle croit con- naître l'auteur du crime , les agens de la potioe vont faire leur ronde , et s'ils aperçoivent l'hora- me désigné, ils lui ordonnent de les suivre pour comparaître devant le juge. Mais il est rare qu'on en vienne à une pareille mesure ; et en ferait-on souvent usage, les voleurs échappe- raient facilement à la punition; ils trouvent des témoins qui affirment Xalibi. D'ailleurs le procès s'instruit aux dépens de l'accusateur , qui est encore obligé de se présenter plusieurs fo^s au tribunal. On ne peut qu'attribuer au manque absolu de maréchaussée^ dans la Grs^nde Bretagne , les vols fréquens qui s'y font sur les £;hemins. L'é- tablissement des maréchaussées» disent les An- glais, pourrait devenir très -préjudiciable à la liberté publique.; nous ne voutops pas permet- tre, dans le royaume le plus petit corps de trou« pes , qu'il serait facile d'augmenter selon les circonstances. D'un autre côté, le ministère ne confiera jamais au parlement , l'autorité sur le moindre corps d'hommes armés^, ,qiii pourrait «un jour servir le parti de l'opposition. Le peu- ple aime mieux jéjtre volé sur , les grands che- mins par des voleurs de profession , que de l'être , dans sa maison , par la politique astu-» cieuse et l'avidité d'u» ministret d'Angleterre , d'Ecosse -et d'Irlande, ix^i Il'-y ^ pkis> les Anglais tirent vanité de l'a* dresse et de l'audace de leurs yoleùrs. Un de ces brigands arrêta un jour un particulier qu'il conn^dssait po^r être riche , «t ne lui ayant trouvé que 5 pu 6 guinées , il l'avertit que ^ première fois que cela lui arriverait, il lui^ donnerait vingt coups de bâton. Ces plaisante-» rie^) insérées dans les gazettes, sont lues avec plaisir et divertissent le peuple. Lorsqu'on, passe d'une provinoi à l'autre , '\\ est d'usage de mettre à part une douzaine d^ guînëes, comme un tribut que l'on doit au pre- mier brigand qui le demandera; c'est une sort^ de droit de passe établi par la çou^me en far veur des voleurs. On distingue deux sortes de voleurs de grands chemins : les Foot^pads » ou vQleui:s à pied , le^ . plus dangereux et les plus cruels de tous ceux qui lèvent des contributions sur les passans, et les Highwày-meny mot à mot, hotrimes du grand chemin : ceux-là nVnt rien de la férocité bar- bare des premiers ; au contraire y ils sont en général on né peut plus polis , et empruntent votre bourse de la manière la plus gracie use^ Si , par hasard ^ ils attaquent de jolies feinmes « ils les tiennent quittes pour un baiser. Souvent ils rendent au voyageur peu fortuné ce qu'ft lui faut d'argent pour payer les barrières ^ et pour se rafraichir ^ continuant sa route. Ausât .2. i6 a4^ Londres^ la cour et les provinces est-il rare qu'on se défende contre ces sortes de Ghevaliers errans* ' Le plus singulier d*entrVux se nommait Du* Tftl ; il avait à sa suite une troupe de méné- triers 5 qui jouftient des fanfares aux passans , à qui il demandait ensuite pour boire avec beaucoup de politesse. Si les voyageurs ne fai^ «aiefit pas bien les choses, il leur montrait des pistolets. Il obtint trois fois sa grâce, et ce fut avec peine que Charles II signa enfin son arrêt de mort. Quelquefois de jeunes filles ou femmes , ha- billées en hommes , Volent sur les grands che- tnins ; on en arrêta une déguisée C(n garçon bou- langer : dans un tablier retroussé autour de Sa ceinture , ainsi que l'exigeait le costume ^ elle cachait une paire de pistolets d*arçon. Tous ces messieurs de grands chemins , qu'on î)eùt attraper, sont pendus à Tèndroit même où ils ont commis le crime; on les accroche à des potences le long des grandes routes ; ils j figurent en perruque, et habillés de pied en cap. M. G*** fut un jour attaqué près de Cam- bridge , par lé fameux Turpin , le Cartouche de l'Angleterre. Le voleur lui ordonna vainement de faire arrêter sa voityre : indigné de sa dé- sobéissance , il lui lâcha uq coup de pistolet. «« A dJngleHrrfi , d'Ecosse et d'Irlande. a43 M. C*** ordonna alors à son cocher de retenir les chevaux. Turpin li|i prend son argent , S4 montre et 5a tabatière » et ne lui laisse qu^ deus; sbhellings. pour. continuer sa route; mais avaiorl; de s'éloigner^ il exige la parole d'honneur dli ivolé de ne point faire. courir après lui,. et deot le point dénoncer à la justice : après ces cm|« tentions , ils se séparèrent , ^non bons amis ^ du m(Hns fort civilement. . Au bout de qjuelque tèmps^ ils se retrouvèrent aux courses de ichevaiix , et ils y renouvelèrent connaissance. M. C*'^'^ avait religieiisemept gardé sa parole , mais il voulait. ravoir son argentet ie$ bijoux , et proposa un pari k Turpin : celuini l^coepta^ perdit, et paya d'aussi bonne grâce que le pli|s galant homme, de l'Angleterre* • » • i * ^ j Dryden^ célèbre adteurdramatîqifté, aimait beaucoup à voya^r k pied ; dans seemomepS(d0> loisir , tout en réfléchissant è què^ne .piècasrdié théâtre ou de poésie, il s'éloig^ai%<|ueIquefois de vingt à treùte lieues de la ville de ^niir^d ? ^t allait visiter les d^âteaux circonvoisînjs , où i} était reçu gv^ec cette distiuctioti que lUjéritaijdâS ses talens. G>mH^ il n'est pas rare de rencon^ trer à^s voleurs^ notre poëte menait avec lui un gros, lévrier, ndmmé Dragon. Un matin, qu'il traversait des bois pour se rendre xCb^ ipi}or4 Harley^, un g^e«lI:.nnt liâ>d^JX^ a44 Londres , la cour et lèspronnces ^ et reçut un schelling. Un second- tnendiant pré« sente la même requête , et obtient un pareil se- cours ; un troisième parait encore , ' nn autre fichelling lui est généreusement donné. Enfin, deux autres coquins , ayant une longue barbe bbnche, contrefaisant les muets, et se traînant sur^des béquilles, viennent à leur tour tendre leurs chapeaux , et .deux bonnes pièces d'argent j tombent aussitôt. Dryden , étôniié d'un si grand nombre de meodians, regarde autour de lui arec inquiétude! Dans Tnistant qu'il se re* tourne, un des muets prétendus lui met un pis- tolet sur la gorge, et lui dit d'un ton impérieux : c C'est la bçurse toute entière qu'il nous faut , ou bien* ••...». Le geste était exjHressif , et la bourse lui est livrée «ans un plus long discours. L'autre muet, à qui la parole revient aussi , de-^ mande l'heure^quHl est; Dryden entend à demi"> mot.^'et il abandonne sa montre sans difficulté. Ban^tîette cqrnjoncture délicate ^ Je. poète éprou- vait: un gran4 t^mbs^rras ; il comptait beaucoup sur Drajgon; mais le premier mot lâché enga- geait un combat qui pouvait être meurtrier: d'ailleurs la fiarfâe n^était pas égale; cinq l»*i- gands armés jusqu'aux dents, contre un chien et un seul homme sans armes JTot^te; réflexion £ait^ Y Dryden est i^ésolu de laisser jusqu'à son habit , plutôt que de. se faire tuer. Il se. trouva irédttit à cette diur&Mtréikiité. Voywt l^heureux: éTJngletèrr&y d'Ecosse et â* Mande. ^45 succès è^ \e\x)r expédition , les brigands lui 6t^ donnent de vider ses poches, et de livrer^ tdtit ce qu'il a sur fui. Dryden se rèsoud'à oliéir, car la raison du plus fort est toujours sans réplique; hiais il sollicite une exception en faveurd^ua' sous^riir gBtm en or, et orn^ d'un portrait' qui lui est cher* Les voleurs insatiables s'écrient *eii jurant : Goddaml il nous faut le to*t. 'A ces mots , Dryden indigné prend là résolution de ^érir, ou de conserver une image précieuse,^ljul lui rappelle une épouse accomplie et un jeune fils mort depuis quelques' mois. » Coquins! s'é- cria-t-il , vous n'aurez point ce bijcjJu , ou Vi6u< m'ôterezja vie; A mdî,' Dragon »! Par un* effet de sa dbciliféi cet à*i>imaf) étabit' demeuré specta^ teur tranquille du dépoiitHementdesoniÉlàîtrê^, tant qu'il 'h'en avait point reçu d'ordrè*i à' ia voiîf, c'est Tiniion; il fond sur les scélérats. Cinq coups de pistolet partent soudain ; lesëf^ées sont tirées, et un nœud coulant est passé au cou du lévrier; afin de le mettre hors de deferfse. Dryden est légèrement blessé. Voyant les^n^ voleurs acharnés sur le panVre Dragon , qtri fes mordait d'une étrange manière , il firit à tôiitès jambes V irgagrie le grand chemin < il êntre'dsràs une auberge où buvaient quatre bûcherons ,>t conte son aventure. Le$ bûcherons, à la priéïè de Dryden > volent au secours du chien «fldèJe*. A peine eur^it-ils fait trois cents pas , que Dfa** 946 Londres » ia cour et les provinces' gOQ parut, couvert de blessures, et trainaût. ^ue corde attachée, à son cou. Il lèche les pieds de son maître » et semble lui annpncer que les brigands sont vaincus , et qu'il peut venir re« prendre les effets qu'ils lui ont voles. On se hât« d'arriver au lien du combat ; on voit deux des )>^iDditf( étendus morts, le tro{sièi{ie toutdéfiguré; fet'Je^ deux autres sVnfuyant comme des cerfs au asilietii dçs broussailles. Mais ils ne purent aller loin^. les bûcherons les eurent bientôt attrapés , et legibet fut la juste récompense de leurs crimes. . Ç^est ainsî qu'un chien courageux attaqua '^nq hommes armés , et sauva la vie à son maî- im Dragon ne survécut pas long*temps à cette belle action ; il mouriit un mojs après , non des blessiires qu'ils avait reçues , mats d'une enflure survenue) k la gorge ,, par le serrement de la eor4^;ayeq laqi^elle les voleurs avaieiit voulu Vé^ jlr^pgler., , « • Un gentilhoiBma qui voyageait à cheval d^ns le jcomté de Glocester , rencontra une femme 4lteQdue au milieu du grand chemin , qui lui ;den>fmda des secours ; elle lui dit qu'elle venait d!^tre volée et maltraitée par les voleurs , et le pria de vouloir bien l'aider à se relever, afin qu'elle pût se traîner jusqu'au village prochain. L'hodnéte Anglais^ touché de pitié , met pied k terre, tend la ioiain k cette nialheureuse femme. d'JngUterm^ d* Ecosse et ^Irlande. ^047 qui lui pr.ësente aussitôt un pistolet, et lut de- Hiaude laboursf. Le voyageur , déconcerte dé la proposition , donne son argent et se laisse prendre sa montré? Alors le voleur , qui n'avait de femme qtie Fbabit, jette son déguisement» saute slir le cheval, s'enfuit à toute bride, et laisse le gentilhoiinme fort ëtoùné d'upe teHc aventure. Deux dames revenaient en phaëton ,. de Farn^ ham à Londres, accompagnées d'un domestique en livre'e; elles furent accostées sur les commu- nés de Bagshot, par un jeune homme a cheval,, qui avait très-borgne mine, et était habillé en^ deuil. 11. leur adressa poliment la parole, et après leur avoir fait , en peu de mots , le ta- bleau de sa situation , il les supplia de l'assister. Une des dames lui ayant donné quelques schel- lings ,^ il lui dit d*un ton courroucé , qu4l se trouvait insulté , et qu'il lui fallait un secours plus considérable y sinon.... D'après ce ton pé- remptoire , les dames n'hésitèrent point à faire lé sacrifice 4^ leurs boursejs, qui contenaient au-delà de douze livres sterling. Content alors de leur générosité , il leui: dit de^ continuer tranquillement leur;route* Le fameux sauteur et danseur de corde Pk- oide , passa à Londres ^ où il fil des merveilles; 4Éi&isil re^icontra V sur un graitd cheiifiin , un \ d48 Londres , la coût et ies provinces pfais hardi sauteur que lui ; cet homme , après lui avoir enlevé sa bourse et sa montre , lui se* coùa le bras amicalement, àTanglaise, en lui di- sant : Camarade Placide, je ferai, peut être bien- tôt un saut phis périlleux qu'aucun des vôtres; mais en attendant , je vais boire à votre santé. Un marchand dans Fembarras, pour faire ses payemçns, apprend, par quelque voie indirecte, qu'un partîéuKer devait le lendemain se reniire à une trentaine de lieues de Londres avec une somme de 56o livres sterling; il prend alors iin parti très-singulier. Il monte à cheval, muni d'un lapin ; vers le déclin du jour, il joint la voiture de celui qu'il suivait , ordonne au poS' tillon d'arrêter, puis s'approchant ,de la por* tière : « Monsieur , dit-il au voyageur , j'ai un lapin à vendre; — Un lapin ! que voulez-vous que j'en fasse ?-^'QuevQùs en ayez besoin ou nbii , je veux lé* vendre : point, de tépliqiie ; le prix est dç 5oo livres sterling ». L'homme en chaise entend à detaî-mot, donne son argent, et prend }e lapin. ' ' * Au bout de quelques mois, passant un jour dans uhê rue de Londres , lé voyageur crut re- connaître son marchand de làpiii dans la per* sonne d'un gri>S' réjcfui qui #e caressait le men- ton su? lâr pot te de Sa bojitîque. Presque $àr qiie $es soi|ipg«^'Çtaiefttt fpnd«ysf^le premier «oiu d Angleterre , d* Ecosse et d^ Irlande. %i^ qu'il 'eui fût 4,'>cheter un lapîh au plus pn* chain marché , puis entrant dans la boutiqie sous prétexte d'acheter quelque, chose , il di- mande à : enlreiteoir le maUre.en particulier. Quand ils» sont seuls : « Monsieur, dit-il, jU un lapin à vendre ; et tirant de sa poche l'e^ji* plette qu'il venait défaire, j'en ai payé un, àpci 'Cil vaut 600». Le bourgeois , d^abofd on peu troublé, se remettant bientôt, s'éoie iilors : « Que je 6uis aise dé pouvoir m'acqiit- ^ter enver^^ vous ! Sans vous, sans cette somne -de 5oo livres, j'étais ruiné; mes afïaires se sdnt rétablies , et depuis j'ai recueilli une successba considérable; Je vous prie d'accepter le douU« de la $o«ni»ea>. Le voyageuse se contenta du le* couvrement de ses*5oo livres sterling , et jse ?e^ tira très-satisfait. ^ i '. • , » . Un . volear de grand che»iin fit faire à son .nbeval , qu'il pressait trop > à- coups d'éperons , un effort,^ qui lui ôta tout à coup la facidté de marcher ; cet accident le mit dans l'impossibilité de terminer rrexpédition qu'il avait entrepris». 11 ne lui reà]taîl:.plus d'autre ressource que de re- gagner ia yiUe, m^s comment faire? Uue chaise de poste pas^eÀ vide, il se jette dedans avec la .pérn\i8si$in,dM;) guide. A peine y est-il entté, 4|u'an aulre vqIcujç ^ présente à la portière., le l5o Londres^ la cour et iesproi^neès ' pstolet an poing : au premier mM $ la reocm^ laissance est faite , car ces mesaieuts ont des. sgnes pour se reconnaître;, et le postillon est bien sirpris de voir Thonnéte homme dc^t il s'était ciargé j monter en croupe et s'ëk3igner à toute bide avec son camarade. Un autre Toteur, vêtu en Quaker, et mo^té âir un cheval bien équipe , rencontra sur un» raite un presbytérien ; 11 s'en approche , et là dJLt : « Comment %e portes-tu» Taifiii ? Aura»* tu la bonté de n\e dire le chemin qu'il faut piendre pour aller à Lancàster » ? i<'e€Glésia$«^v tifue lui ayant indiqué le chemin qu'il fallait tenir , le voleur ajouta : « Comme tu me parais ufl bon homme ^ tu ne me. refuseras^ pas nu pnx d'argent pour -faire ma route 3». Le prê- tre, ne supposant auoim mauvais dessein au prétendu Quaker ^ lui observa que le cheval qa'il montait^ et son habillement n'annonçaient point un homme nécessiteux; mais que dans tous les cas, il n'était point assez riche pour féline des présens. « 3e suis fâché , lui répliqua le i!|oieur^ avec le pliis grand sang-froid, de voir qu'un homme de ton état n'ait psts plus de charité. Cependant voici dn petit instrument, ajouta-tnif ♦>n tirant un pistolet^ de sa poche , qui te àotx- iiéra cette vertu nédessaire à un homme d'é- glise, ou qui te punira d'en man<]^uer ». A ces d'Angleterre^ d* Ecosse et d'Irlande. aSi^ fDOtft) qu'il prononça â'un tOQ lerme^ il descen^^ dit de cheTal , et tenant le pistolet &ur la gorge dti pasleniyiiisi d'effroi , il lui prit vingt demi* couronnes qu'il avait dans ses poches. Après Ta- voir dépouillé , il lui dit : « Ne sois plus si dur à l'avenir \ soi» charitable^ et laisse émouvoir tes .Btraillespar las b««>ms dupauvre^En achevant cette mercuriale , le seirmoneur remonta à che* val y piqua des delix , et s'éloigna à toute bridéi. Un Anglais de distinction s'éCait rendu à la campagne , pouv s'y dëlsuiser des embarras dé la ville. Il y àviait pcès de sa terre un grand bois ^ dans lequel iLprehait plaisir à s'aller promener .seul, et où il s'oubliait quelquefois des heu%M^ entières. Des p^cysans d'un voisinage ^ voleura d« profession ,' résolurent ensemble de le dé« pouiller de tout ce qu'il avait sur lui, et, de peur de manquer leur coup, ils convinrent que l'un d'^tr'eux se posterait à l'entrée di9 bois, pour les avertir piu* quelque signal lorsqu'il verrait leur proie âi'approcher. Le gentilhomme n^'inanqua point de se rendre à sa promenade .ordinaire j mais ayant pris pn/a route détournée , il se trouva fort proche de l'espion avant que celui-ci eût pu l'apercevoir. -Comme le gentilhomme était d'un caractère fort humain , il s'arrêta vis-à-vis de cet inconnu , qu'il prit pour un pauvre passant; et lui ayant fait diverses questions avec beau* a5a Londres j ta cour et les pro^noes . coup de doneeùr et de bonté, il finit parrlm faire présent de quelques schellings. Cette gêné* rosité toucha le valeur; cependanl^e vcmlant point se trahir lui - mênae , ni. découvrir ses compagnons, il se contenta de 41e pas faire \% signal dont*. il était convenu a\£eç .ejii&, et d* donner une espèce d*avis à4 8on bienfaiteur, pav un proverbe anglais qu'il lui répéta deux ou trots fois à mesure qu'il s'éloignait >. et dont le: sens est à- peu -près, qu'<7 ne faut point aller seul dans un bois quand on peut se faire €iceomp€igner. : XjC gentilhomme continua son chemin , sans y faire beaucoup d'attention. Il eut le malheur de tomber entre les mains des volei»rs qui le gl^ttaient, et qui le dépouillère&ta^mî violence et inhumanité. Jl vetouriMi chez lui nu et blessé* La justice des environs fit des perquisitioos si exactes, que l'on vint à bout d'arrêter un des bri- gands, et l'on tira de sa bouche, non-seulemeni l'aVeu du crime , mais encore les noms de tous ses complices. Ils furent tous arrêtés y et parmi eux celui<[ui avait servi de- sentinelle. L'éton- pement du gentilhomme fut extrême , lorsque étant confronté aux coupables , il reconnut le n\|lheurettx avec lequel il s'était entrelenti , et qu'il avait pris pour un passao^t^ Il voulut d'a- bord affirmer son innocence , maison lui fit en- tendre qu'il était chargé par la déposition des autresf j et qu'il confessait Lui-même, d'avoir eu d Angleterre y d'Ecosse et d'Irlande. a53 part au vol. Cependant, en éclaircissant tontes les circonssances rapportées plus haut, on trou- va quelque apparence de repenlîp daùs le soin qu'il avait eu de ne pas donner le signal à ses compagnons; et le gentilhonunê,. d'ailleurs, fit valoir dans un sens si favorable le conseil qu'il lui avait répété plusieurs fois, de ne pets aller seul otuhois lorsqu'il pouvait se faire acconipagner y ^qtie cette seule raison parut suffisante pour le «auver du supplice. ^ Un lord, pair d'Angleterre, irevenait d'un d« ses châteaux et retournait à Salisbury ; il était seul dans sa voiture, son domestique qui coti- Tait devant était fort éloigné : deux hommes se présentèrent le-soir, sur le grand chemin, ordon- iièrenl au postillon d'arrêter, et laisant mille excuses au lord de ce qu'ils int^rompaient un moment son voyage, ils le prièrent de leur don- nei* de l'argent; mais n'étant point , dirent- ils, aissez grossier» pour taxer un homme de son rang , ils se contenteraient de ce qu'il voudrait bien leur donner. Milord leur présenta une gi^dsse bourse de jetons de cuivre, qu*il avait par hasard sur lui ; les voleurs la reçurent sans l'oiif vrîr et lui- firent unAle remercîmens. Le lord-, 'réfléchissant sur le présent qui en était l'objet^ «ut des remords de tromper des brigands ausisâ ^Us,.et cédant à. ces scrupules^ il se crut dtXv- q54 Londres , la cour et le$ provinces gë de répondre à la confiance qu'ils lui témoi» gnaieni; il les rappela au moment qu'iU se reti- raient , les pria de lui rendre la bourse , en leur laissant voir ce qu'elle contenait ; et leur faisant mille excuses d'avoir voulu les tromper , il leur présenta tout l'argent qu'il avait sur lui. Les voleurs l'acceptèrent, en élevant jusqu'au cîet la justice, la probité et Thomieur du lordi dont ils prirent congé, en donnant généreusement unedemi-guinéeaupostilloQ, afin qu'il réparât, en poussant ses chevaux, le retard que cette scène avait apporté au voyage .de mil<>rd* Un archevêque de Cantorberj, était parti df Londres pour aller régler quelques affaire d'inté- rét dans son diocèse, et en rçeueiUir les revenus^ Il s'arrêta en roule dans une maison de campa- gne agréable. La vue était bornée d'pn côté par un bois épais et solitaire ^eiù Je- {H'élat aper* ^t plusieurs fois un homme, seul , qui {pa- raissait profondément occupé , parlant comme s'il eut été avec quelqu'un. Il fut curieux de sa- voir ce que faisait, cet inconnu. Lès personnes qu'il eùvoya redoublèrent sa curiosité : l'étran- ger, disaient elles , parlait et répondait , quoi- ,qu'il fut seul. Il s'était plaint de leur ob^tinatiop .à l'épier et à l'interrompre. L'archevêque résolut ide le voir lui-même : il se rendit àuprèsidu bois , <2rdonna à ses gens de s'écarter^ et s'approcha d'Angleterre , d'Eeosseel d'Irlande. aSS seul de celtes honutie , qu'il trouva ayant devant lui un jeu d'échecs. Il lui fit un compliment au- quel on repondit avec politesse. La conversa* tion s'engagea , quoiqu'elle fut interrompue quelquefois par l'étranger , qui semblait forter ment occupé d'autres c^jets. ce Que £aites-vous ici., lui demanda enfin le prélat?-*— Je joue, comme vous voyez , lui répondit l'inconnu. -— Vous jouez! eC àveeqiii? vous paraisseasseul.--*- Je ooaviens ^ milord , que vous ne voyez pas ce^ lui dont je fais la partie : c'est Dieu lui-même. — Yous^ jouez avec Dieu ! La partie, en e(f et, n'est pas ordinaire, reprit le prélat en souriant «. U ne douta pas qu'il n'eût à faire à un fopi, et résolut de «'en amuser. U continua ses queoUona. « Et n'inr léressez-vôus pas la partie ?-rt- Oui, sans doute, «lilord. ^ Vous ne devez pas gagner souvent , car votre adversaire a de grands avantages sur -vous. -"* Il n'en prend aucun , milord , il veut bien n'employer que la science ordinaire à un homme , «et ia partie est ton^ourei égale ; il en ré- ^sidte néoessàtrament perte ou gain. ^— Com^ meut remplissez vous vos engagemiens? -*- Avec beaucoup d'escaotitude, nous jouons tous deux, iraschemÉent , et le perdant paye toujoui's» -^ Oà eu .étes-votts de votrç partie ? ^ £lle finit , 'sS'^rd, l'avantage est pour Dieu. *<^ £t com* -bien perdez - vous? --^ 5o guinées. «^ La per- te est oousidéiable ; «omment payerez ^ vous jàS6 Londres y la couf et lesproV^nùes s cela? Dieu prend-il votre argent ? '^. Koh ; les pauvres soi^t ses créanciers. Il m'envoie toujours quelque honnête homme qui reçoit ma dette et en fait la distribution aux malheureux. Vous êtes venu ; ^milord , c'est Diétu lui - même qui vous a conduit ici ; je vais m'acquitter ». A ces mots, le joueur tire une bourse ^ compte 5o guinées, lés remet au prélat, et se retire en disant qu'il ne veut plus jouer. Le prélat étonné ne savait que penser de cette aventure ; il regardait l'aident , se rappelait le discours du joueur I et se reprochait de l'avoir jugé fou. U continua son voyage, et n'eut rien de plus pressé que de remettre aux pauvres le dépôt qu'il Iih avait confié. Après avoir fini ses affaires , il re* prit le chemin de Londres, tl eut envie de revoir -encore le joueiir extraordinaire qu'it avait ren- contré. 11 se rendit au bois et ne voulut être suivi de personne. 11 y trouva l'objet de sa cur riosité , et même de sa vénération , paraisssanï toujours occupé du jeu d'échecs; .il l'aborda eomme^ine vieille connaissance^ et lui demanda comment la chance avait été depuis leur pre- mière conversation. -^Tantôt bien, tantôt mal, répondis le joueur ; j'ai gagné ,: j'ai perdu. — Et aujourd'hm vous joues encore ? — *- Oui , milord , nous avons déjà fait plusieurs partiesa — r De quel côté est l'avantaige? -r— Je gagne, je fais actuel- lement Dieu écl^ec et mat pour la siiiéme fois. d'Angleterre^ d'Ecosse et d Irlande. aSy — - Et combien gagnez - vous? — 5oo gainées. — C'est un beau gain! mais quand serez-vous payé? — Tout-à-l'heure. — Et comment Dieu s'acquitte-t-il avec vous ? — Comme je fais lots* qiÈie j'ai perdu ; il m'envoie quelqu'un pour re- cevoir ce qu'il me gagne , il m'envoie de m^me des personnes qui peuvent me payer. Oh ! Dieu est d'une exactitude singulière ». Le prélat fut plus étonné que la première fois; il vit alors ce qu'il devait pfnser de ce joueur. Il l'avait cru d'a- bord un fou , ensuite un saint ; ce n'était qu'un voleur. Que faire? le bon archevêque était seul, l'homme était armé, et montrait sans alffectation Ae% pistolets. Les 5oo guinées furent payées en billets de banque , et le prélat ne se vanta qu'au bout dé plusieurs années de cette aventure. Un riche négociant revenait de la campagne avec sa famille ; il traversait les bruyères de Honslow, lorsque deux brigands bien montés se présentent à sa voiture. Un d'eux , le pistolet à la main , crie au cocher d'arrêter , et menace le laquais de le tuer , s'il fait mine de descen- dre. L'autre, adressant la parole aux personnes qui étaient daîns la voiture , les prie très-civile- ment de jeter dans son chapeau tout l'argeiit qu'elles pourraient avoir. On en jette ; il ne trouve point la somme i^ssez forte, il insisté pour avoir tçut* ^ C'est manquer d'honneur > a. " - ' ' ■ ' ly '". V a58 Londres y la cour et les provinces leur dit-il, que iie ne pas répondre à la poli- tesse de mon procédé; il n'est pas vraîsembla- bïe qu'avec un train pareil, on ait si peu d'ar- ^ent. C'est qu'apparemment .vous voulez me tromper ; mais je vous ferai l'affront de vous fouiller. Je n'en viens à cette extrémité qu'avec les coquins ». Le négociant , en lui jeiant une bourse qui contenait ia guinées, luï dît que, puisqu'on en usait si honnêtement, on espérait qu'il voudrait bien se retirer. « Monsieur , ré- pliqua le voient i je suis bien aisé cle vous faire voir que j'ai l'usage du monde ; je vôùs'sôiihaite un bon voyage .et à toute la compagnie ». Il partit aussitôt avec son camaîrade ; ils traversé'^ fient la plaine au grand galop, et on les eut 2)iëntot perdus de vue. a guinees et 7 schelhngs. Le gentilii troublé par la frayeur, tira sa montre, sans y penser , et par réflexion voulut la cacher , de crainte que le voleur ne s avisât de la lui de- mander; mais celui-ci s en étant aperçu , lui dit detre tranquille ,: qu'il ne voulait que de f ar- gent, dont il avait le plus pressant besoin pour acquitter un billet dont Pécfeéancp tombait au leaclexKiaia , et auquel il n aurait paft pu faire. et Angleterre , d* Ecosse et d* Irlande. aSo hauneur yë\\ n'ayait pas pris le parti àns^ s a, et s'éloigiia aTço beaucoup îde civilité* 4 Cependant il se trouve quelquefois chez lé» voleurs mêmes des septimèns d'honneur. Quel- ques anecdotes sembleraient montrer que Tâ- mour 4^ là vertu s'éteint rarement dans la cœur de l'homme, quelque pervers qu*il soiV. ype.dame qyl ^e prpmep^it, Sjçule j^^n?. les champs^ aui(çj|^YÎrops;4!!sni)g|pn^aperçpt de^x '.bom1pfs9.4ui.k1i pariif el)t tr^s-susp^ts ) pi qui semblaient cber/skpr rQqfi$i$ion^ de la^v.oler. Ço qui augmenta ses alarmes , c'est que , dans un . seu^er.tout proche,.. elle, en aperçiit i^n autre .d'aufsi mauYaiseLmîoe, Ëlle.prit^lors rçij psirti^ jet si'av^^çant vers Iq deraier , ejle lui dit af/ec un air de cooJ^ance : «^Mou^ieur, ypua aveu l'air d'un honnête hopime^la^miae de ce^ deux.iA- connus, .qui sont derrière pous, ne me pluit point.du tqut ; }e .crois qu'ils ont inte/^tion de me .voler : .seriez- vops assez généi*ejix pour 91e pirot<%0r ? -r-i Très volontiers , madame , lui rè- poudiU^il; .prenez. mon bras ,;,et j^ vpus acocto- pagnerai jusqu'à ce f|uç.You:i.soy.€^ bs^rs d^ tQut danger; Je vaîSeagiter ^m ïfix mon mpuabçir , jei.TousuV«c£eg4^^^^ ^ni;dtf>inmej».(|ui .V9us a6o Londres , la cour et les provinces ont alarmée ne manqueront pas de 9e retirer aussitôt. Ce sont mes camarades ; mais lorsqu'on place sa confiance en moi , je ne suis pas assez malhonnête pour la trahir ». Il Faccompagna en effet jusque chez elle. La dame lui offrit une guinée^ pour reconnaître la protection qu'il lui avait accordée si généreusement ; mais il la re- fusa, en lui disant qu'il avait trop â^ honneur pour ravaler ainsi son caractère au niveau de celui des gens de loi : propos pour le moins singulier. « Que les gens à robe noire, ajouta- t-il fièrement , reçoivent des honoraires ; pour moi , je me croirais- indigâB^ de la confiance que vous m'avez témoignée , si je vous faisais payer le service que je vous ai rendu ». Un particulier, assez bien mis, fut attaqué la nuit y près de Londres , par un voleur qui lui demanda la bourse. « Si j'avais de l'argent, ré- pondit le citoyen , ce ne serait pas vous qui au- riez la peine de me l'enlever; mes créanciers me font poursuivre pour ao livres sterHng ; je n'ai pas un sou ; je * cherche un asile , mais je suis bien sûr de ne trouver que des cœurs durs et égoïstes. — Vous vous trompez , répliqua froi- 4iement le, voleur : trouvez '-vous ici demain à nettf heures du matin , ajouta- t-il , en lui mon- trant un cabaret peu éloigné ; vous verrez qu'il Ciîitt encore en Angleterre des âmes honnêtes jtAn^Utrey d* Ecosse et d'Irlande. a6f et de^ cceurs sensibles ». Tous deux furent exacts^ à l'heure du rendez-vous. Le voleur donna au débiteur insolvable 5o liy. sterL ^ ea l'exhortant a aller payer sa dette et les frais de la justice^ et se déroba sur-le-champ aux témoigpages de sa reconnaissance. Un gentilhomme ^ allant à cheval d'Oxford à ^ Londres^ fut attaqué par un homme- masqué^ qui lui demanda la bourse en lui présentant le Jx>ut d'un pistolet. Le voyageur, faisant semblant de chercher son argent , prit un pistolet de po- che et le tira sur le voleur; mais le coup fut mal ajusté,, et ne perça que son chapeau. L^ coquin fit un mouvement pour préparer aussi son pistolet, mais il s'arrêta^ et demanda une seconde fois la bourse au gentilhomme ^ qui la lui donna. Elle contenait plus de 5o. gui* nées : le voLeiur en prit ta, rendit le reste au voyageur ^ en lui disant qu'il entendrait par* 1er de lui avant trpis. mois , attendu qu'il savait son nom et sa demeure ,. et il disparut. A l'épo- que annoncée, le gentilhomme reçut un pa*. quet, dans» lequel était" une superbe tabatière d'or, avec qe billet : vUn hoanéte voleur y qui vous 3>a pris 13 guinées il y a queli^ues mois, sur 9 le chemin de Londres à pxford , vous prie de » recevoir ce bijou à la place. Vous avez voulu aie tuer ^ et vous lui auriez épargné un crime; al^ Lonâres\ là ôoUr et les' provinces »'et bien dés remords. Cependant il ne méritait' » {ias de périr par la main d'un honnête hora- » me, ni parcelle d'un bourreau; et c'était pour D flaire une action bien généreuse, qu'il en fai* 9' fait une aussi infime, phisqu^l s'agissait de » sauver la vie à sa femme expirante de besoin* î> Ça été son premier et son dernier crime ; il » eçt dévenu riche par la, mort dMn- proche » parent. H ne lui reste plus que le désespoir i d'avoir pu commettre une action criminelle , i dont le souvenir le couvrira à jamais de con^ % filsion et de honte ». Au commencement de janvier 1784^ un por* tefàix se présenta chez un riche bourgeois de îa cité, à Londres, et lui remit un panier con- tenant lin fnagnifique service de pôrcèlârine des Indes , et I i guinées. Le marchand crut d'à- Bord ^ùe ce pouvait être une m'ëprise et fit de- lîhàhdei* le p6rtefaii , nihis tl était déjà bien loin, iprès avoir vidé le panier il trouva au fohd la îetti^è suivàhtè , qui lui sër\rii à débrouiller Té- Tûî^iiiè, « Le 18 juin derriièr, tnohSielîr, jfe vous ^ volai ^ sûr le grand chemin ^ ï i ^uitiées que je » vous renvoie avec mille remërcîitii?hs. Je vous » tecôhiius àlbrs , mais je fiîis coHtraint de céder » à la nécessité, que mia. misère avait fait naî- ji tre. J'ai depuis Faccôhimodé mes âflfeires. » Quaut à la porcelaine, feUe ùie paraît trèê- d^ Angleterre y d^ Ecosse et d'Irlande. a63 » belle ; c'est un présent que je vous prie de » faire accepter à madame votre épouse. » Je suis votre très-humble serviteur ». U! . I; Une personne dé Fouest de l'^ngkterre se rendit à Londres, pour y recevoir ùh legs de 5oo livres sterling, avec lequel elle se proposaié' d'acheter quelques terres dans sa province. Son domestique , qui "avait connaissance du lestà- ment, et' de ses projets , eut l'imprudence d'en- parler dans une auberge sur la rouie. Un voleur de grand chemin , qui avait l'air d être un négo- ciant , entendit cette conversation , et forma le dessein de devenir lui-même l'héritier du lega-' taire, k cet effet, il le suivît jusqu'à Londres, où il observa tbutes ses démarches, et prit ses me- sures de manière à se trouver sur le chemin du voyageur, lorsque celui-ci regagnerait sa pro- vince, il Fatteignit d'abord au delà de Honslbw, près d*une tarrière , et crut devoir prendre le devant pour mieux exécuter le coup qu'il médi- pour payer le péage , barrière. Pour vaincre cet obstacie, il pria le commis du péage de garder son moucnoir pour gage jusqu'à son retour, tendant ce temps le voyageur arriva à la barrière; il avait vu de loin ce qui se i^s^it j. il paya le sou (un pence ) dû ^64 Londres y la cour et les provîntes au commis , et se 6t donner le mouchoir , dans rintention de le rendre au cavalier qui le pré- cédait. L'ayant atteint en quelques minutes , il jEit arrêter sa voiture , et lui demauda $i c'était 1^ son mouchoir? Le voleur lui répondit que Qui. — « Vqus deyez donc être bien daqs la dé-, tresse,^ s'écria-t-il affectueusement? — Hélas! oui , monsieur y lui répondit le voleur,, en ract-^ tant la main dau$^ sa poche pour en retirer uu pistolet. •^ Permette? - moi donc de subvenir* à vos pressans besoins ^ et daigne? accepter ce^; 5 guinées. — Votre générosité me désarme ;/ces. 5 guinées vous en épargnent 5oo. Adieu , mon-^^ aieur ». Puis il tourue ^oxx ciheval , et s'eufuit à toute bride. En ^^63, Guillaume Orrebowfut condamné à mort avec quinze autres coupables ; la veille du jour de l'exécution , Orrebow eut envie de voir sa maîtresse et de lui faire ses adieux. Il u'était pas possible d'engager cette femme à venir dans la prison , et il n'y avait point d'ap- parence qu'il pût aller chez elle. lâ difficulté ne fit qu'irriter ses désirs ; il invita le geôlier à boire avec lui d'excellent vin : quand il l'eut à demi enivré,, il lui demanda la| permission de sortir pendant deux heures, s'engageant, par les sermens les plus forts, à revenir au moment ^écis. Le geôlier, échauffé par Ife vin, iHca'. d Angleterre , d^Ecoss^ et ctirtààdè. a^S pable de réflëchii* , osa compter sur la parole^ de son prisonnier ; les portes lui furent ouvertes^ Orrebow courut chez sa maîtresse , qui fut très-.^ surprise de le voir » et qui ne manqua pas de l'exhorter à profiter de son honheur extraordi- naire; mais il rappela sa parole , et attesta lak sainteté du serment. Tout ce qu'il se permit^ ce fut de donner à. Tamour la dernière nuit de sa vie. Le geôlier n*eut pas plutôt cuvé son vîn^ que ne voyant pas revenir son prisonnier, il éprouva les plus cruelles alarmes. Cependant Theure de Vexécu^ion approche ; les charrettes, arrivent j on ne trouve plus que quinze crimU nels y au lieu de seize qu*il devait y avoir ; on demande ce qu'est devenu celui qui manque;; le geôlier , plus mort que vif, raconte sa triste aventure ; comme la confiance qu'il avait eue» était très^criminelle , et d'une conséquence in-- finie , on le fait monter dans la charrette à la place du coupable , et 1 on part. Le sommeil le plus profond avait succédé aux plaisirs dont Orrebow s'était rassasié pour la dernière fois^ il se réveille enfin y s'informe de l'heure qu*il est, se hâte de s'habiller, et, quoique Fobjek de sa tendresse s'efforce de le retenir , il va précipitamment à la prison : apprenant qu'o» en est déjà parti , il prend au plus vîte le che- min de Tyburn, rencontre enfin les charrettes, et s'approche hors d'haleiue de celle où est le . 0^, Londres y la mur et les provinces geôlier : « Descendez , Ipi crie-t-il , vous avez tenu ma place ai^sez long -temps, je viens la reprendre ; si Ton s'était moins pressé , tous n'auriez pas eu, la peine de venir jjLisgu'ici , el je ne ipe serais point fatigué en couranjt pour vous rejoindre ». Il monte en disant ces mots , s'assied , reprend hal^iq^., remercie le gepUer , et se plaint aixièremeiit de cç <]ti'on l'a cru ca^ pable^de manquei: à s^ parole. d'iàn^étërre y. é^Eeosse et tt'Ifttmde. sôj CHAPITRE LXII!I. fFites-Boys^ 11' À existé en Irlande une soeiéte de bandits^ Contrat 80U8' 1er nom de JFites* Bey^ , ou les eu- faû^ blancs , ainsi Aomiïiéa parce qu'ils por- taient un sarreaur bian^i par dessus leurs habits, lis se faisaient un peint d'benneur de tour- menter, de màesacrer tous ceux dont ils étaient jaloux , ^i coRtyaviaient leurs intérêts , ou dont la pros|)éi*itë excitait leuîr envie. Quelques- uns d'enlf'eux prirent le noïp de Cœur de chêne et Cœur d'acier. La plupart étaient des protea* tans ^ ennemis de tous les autres cultes ; joi- gnant le fanatisme à la cruauté « ils faisaient prêter serment» à Tentrée des chapelles, de se soumettre implicitement à leurs lois » et ils te^ naient un registre exact de tous leurs, associés. S'étant attroupés en grand nombre près de Do-^ neraile , ils comtnirent les plus horribles cruau-* tés envers un homme qui ne voulait pas se con- former à leurs rêglemens. Ils creusèrent un trou large et profond,, qu'ils garnirent de ronces et d'épines, y précipitèrent tout nu l'objet de }eur vengeance , le couvrirent de mottes de terre , et le laissèrent quelques instans dans 1^68 • Londres, laeour et les prù¥ince9 cette douloureuse fiîtuatioD. II3 firent subir lie luçme tourment à une femme y pour avoir in- vité un prêtre ealho)i({ue à dîner efaez elle ^. ce qui est défendu rigoureusement par leurs, statuts. Ib ne marchaient jamais qu^en troupes au moins de quatre vingts hommes , sous b eon^ duite d*un capitaine , qu'ils choisissaient parmi tes plus déterminés d'enlr'eux. Ce n'étaient que des gens fanatiques et grossiers , réunis par des brigands, sous prétexte de leur faire rendre jusr lice , mais qui servaient bien plutôt à la venr geance de certaines persotines. Ils attaquaient les magistrats qui montraient de i'activité à les faire punir , et volaient; et pillaient les maisons de leurs victimes. Ce fut en 1785 qulls commirent le plus de déprédations et de crimes. Celui qui se faisait appeler leur capitaine , était un- homme bien mis , qui portait un chapeau- bordé en or> et une épée à monture d'argent. A Caste -Island ils affichèrent un écrit sur la porte de Féglise*, par lequel ils déclaraient qu'il fallait^ augmen- ter le salaire des ouvriers , et que désormais on ne payerait pkis de dixmes. A trois heures du matin , dans le^ mois de mars j ^85 , quatre de ces brigands entrèrent avec effraction dans la ferme de Thomas Mur- phy , à Stermonj^town ^ près de Glass^evin ; ih- . d'Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. a% pénétrèrent jusqu'à la chambre o^ était ce fer- mier , et un d'eux lui tira dans la tête un coup de pistolet » dont il mourut àur - li| - champ. Us sortirent aussitôt de la maison et s^'échappèrent. Murphy jouissait de la meilleure réputation ; tout l^i prospérait ; il laissa une femme en- ceinte de huit mois ^ et déjà mère de quatre enfans. Vers les deux heures du matin » dans le mois de juin de la même année , le respectable ec- clésiastique M. Ryan, pasteiu* de Clonnel, fut éveillé par un bruit de chevaux, qui s'arrêtèrent à sa porte ; elle fut enfoncée dans un instant , et sa maison remplie de f)^ites^Bojrs qui montè- rent dans la chambre où il était couché avec son épouse. Il eut à peine le temps de se saisir d'un pistolet qu'il tira au hasard sur les bri- gands , et n'en blessa aucun. Après l'avoir en- touré et accablé de coups , ils le traînèrent , nu et en chemise , dai)S sa cour , malgré les larmes et les prières de M™' Ryan «qu'ils traitèrent égale- ment avec la dernière brutaUté. Us ne quittèrent le vertueux ecclésiastique qu'au bout de trois quarts d'heure ^ meurtri et tout sanglant , et croyant l\ii avoir arraché la vie. Us rentrèrent dans la maison pour y chercher des armes. Us témoignèrent ensuite, par des cris de joie et des danses extravagantes, le plaisir barbare qu'ils ressentaient de l'action atroce qu'ils venaient 17^ Londres ,- la eour et les prox^inees de commettre; et ce fat devant rëpouse^et^lf» enfans du vénérîtblc? pasteur qu'ils se livrèrent à ces sentimens dignes de vrais^ Caraïbes : fnais la victime eut le bonheur d'ëehapper à leur -rage. Un de ces Wités^Boys^ ooridamné.à ^nort, et dont le cadavre devait être exposé sur un grand chemin > était tellement endurci dans Je crime | que lorsque le serrurier entra dans son cachot , la veille du jour où il devait e^re exécuté , pour prendre la. mesure du corset de fer dao» lequel il devait être exposé , il demanda. \in pot de bière , endisant que sa coutume était de régaler ' «on lailteur toutes- les fois qu^il venait lui pren- dre la mesure d'un habit. Il s'en faut dé^ beaucoup que les voleurs d!Ir* lande et- des autres contrées brùanniqties, ap^ prochent de- la cruauté des Wife^Boys ^^ malgré " les crimes qtt't^n peut leur reprocher. Le lord-diéf delâ'juslioé tl'Holi , vit un jour conduire à son tribuiial un mal^em^uxi ^ocosé d'avoir volé ^ur- les graïkls eke^nifis : le «crime fut prouvé , et- il le condamna à la mort. En l'interrogeant /il le reeon» ut. pour un de ses compagnons* tf éttKÎes ^ etue put s^empéc^er de lui demander des nouvelle^ de quelques-uns de ses anciens condisciples ,* avCc lesquels il avait été lié* « Que sont i devenus , lui' dit-il ,' Thom , William ; John ; ietc. , qui* étaient de si bonê d' Angleterre j ^Ecosse èfà^Mande. 271. compagnons , et avec qui je me s\x\i tant amusé dans mon enfance ? — Ah ! milord , répondît le voleur, en poussant un profond soupir , ils sont tous^ pendus, excepté vous et moi ». On conduisait trois scélérats, acèii^esde meur- tres, de la prisdu à Idi^alle^de justice de Klings- ton ,* pour y être jugés. Un d'eux enleva le cha-' ♦peau d'un homme qui les regardait pas&er» et lui dit en juraùt : « Pourquoi ijie regardez-v<3^s - avant- qu'il ea sôitlemps ? Venez lundi , et vovis me verrez pendu, droit comme iiae livre de chandelles ». Le crime ne "teste jamais Impuni. Il serait- à souhaiter.) que 4ous cèu^iiqui se setitent portés à commettre'tme mauvaise a'élibn <- se napptelas* * sent sans cesse 'Xîétte terrible vérité , et l'an/ec- \ dotç que nous aUona j>lacer ici. . Un boucher, du comté d'Yorcksbîre, pénèlte dans la maison d'un de ses voisins , dont il sa-* vàit les maîtres absens ; il n'y trouve qu'une * servante, qu'il a la barbarie d^assdmmèr : il eh- fôiicé ensuite les' armoires , se saisit de ce qui lui convient ,' et^se dii^ôse à l'emporter, lors- ' qu'il s aperçoit que la servante respire encore, ircrbii^i'acliéveipèn îurfcoupànt là gorge; mais cette malheureuse dénfestî que vécut assez pour désigher rassàssin à* ses maîtres, au moment ' qu'ils fenfrèrent cheai eux. Celuî-(ji se hâte d« s 27^ Londres 9 la cour et les provinces se rendre à quatre-vingts milles de Tendroit où. il avait commis le meurtre , s'engage comme matelot à bord d'un corsaire qui met à la voile le même jour. Au bout de deux ans de croi- sière , non -seulement infructueuse, mais trou- blée par toutes sortes d'accidens, le vaisseau revient au même lieu d'où il était parti. Les matelots qui , depuis que la foudre avait frappé trois fois sur leur navire , n'avaient cessé de dire qu'ils avaient un meurtrier parmi eux , répétèrent ce propos quand ils furent descen- dus à terre^ Ce bruit parcourut en cinq jours l'espace de quatre-vingts milles qui se trou- vaient entre le lieu du mouillage et celui du meurtre. Un particulier part de cette seconde ville , reconnaît l'assassin , et le fait arrêter. Le^ boucher ne doute pas qu'il ne soit poursuivi par un Dieu vengeur , il avoue son erime , et il est pendu. On fit périr du même supplice , auprès d'Ar- magh, ville primatiale d'Irlande , un malfaiteur^ convaincu d'avoir volé des vaches , et qui pro- fessait le culte catholique. Quelques jours avant son exécution, il fit courir desvbillets, pour informer les gens de la campagne, du jour et de l'heure , et il ajoutait , qu'on ne se repentirait pas d'être venu l'assister dans ce dernier mo* • ment. Comme il faisait le métier de voler des d* Angleterre ^ à* Ecosse et d^ Irlande, ayî bestiaux depuis un certain temps , tous cei:ut qui en avaient perdu ^ crurent qu'il se propo-^ 6ait de révéler des secrets auxquels ils étaient intéressés ; en conséquence , un concours pro- digieux de paysans se rendit à son invitation. Arrivé au lieu fatal où devait se terminer sa vie, il commença par dire aux spectateurs, qu'il était prêt à répondre aux questions qu'ils ju<- géraient à propos de lui adresser , l'un après l'autre. Il eifNsatisfit plusieurs. Enfin , un riche fermier du voisinage, qui avait perdu depuis peu un cheval de grand prix , lui demanda s'il pourrait l'instruire de ce qu'il était devenu* « Ecoutez , maître un tel , lui dit le patient ^ dans l'état où je suis vous ne devez pas crain^^ \ 4re que je veuille vous en imposer ; miais si je fais quelque chose pour vous dans ce monde ^ contribuez du moins au salut de ma pauvre ame dans l'autre^ J'ai fait mon calcul, et je pré- vois qu'il ne me faudra pas moins de six mes- ses : mettes autant de schellings entre les maiqs de mon confesseur ». Le fermier dépose l'ar- gent. Le criminel le regarde et sourit. « A pré^ sent je vous déclare , ajouta-t'-il , sur la parole d'un mourant^ que je ne sais rien de ce qui peut avoir rapport au vol qu'on vous a fait »♦ Puis se tournant vera le bourreau : « Fais de mon corps cte que tu voudras > lui dit-il , j'ai ' pourvu \ mon tme »• a74 Londres ^ la cour et les provinces On condamna à mort , dans le Norfolkshire ». un vieux criminel qui avait peut-être échappé plus de vingt fois à la punition due k ses cri- mes. Lorsqu'on. lui eut prononcé sa sentence ^ on lui demanda ce qui avait pu l'engager dans l'affreuse carrière qu'il avait parcourue » et pourquoi il y était resté un si grand nombre d'années ? c Par la même raison , répondit ^ il ^ que l'on court les chances du commerce. Il y avait beaucoup de chances pour qiife je fisse des gains considérables ; beaucoup de chances pour ^ue je ae fusse pas découvert; beaucoup de chancea pour que je ne fusse pas pris ; si j'é- tais ptis , beaucoup de chances pour que je ne fusse pas convaincu; et si je l'étais, je voyais encore quelques chances pour que je ne fusse {las pendu j». ' I ' Il i**ifcM^l>l^ â^ Angleterre y d'Ecosse et d'Irlande, a 76 CHAPITRE LXIV. Des Frisons de Londres, L.. po*,« ..gW. „i déd^g^. p«« d. chdnter le& exploits , ou plutôt les crimes des plus fameux voleurs : Fun d'eux ,. pour les eon^ soler des fréquentes détei^tioas cju'ils ëproit* veut , a fait une chanson , fort en vogus dans les plus Fe$pecta})les ^ompagoies : tt y dit <|ii9 le grand AleaLaadre élait e^ prison aa iMlieu de rUnivers; qvie le roi. d'Angletcarre est prî^ sonnier dans son île, le sultan 4aAS soi^ sérail 1 le moine dans sa œl^ule ^ 1^ savwt dans soo ca- ]btnet , le seigneur d^bns son briUanl; carr^^sse^ le marchfind dans sa boutique ; qu'en un mot ji tous les hommes sQUt prisonniers j çt que \^ terre entière n'e$t qu'une vaste prispo, siispeip^'^ due a^ milieu des eieux* Les prisons, en Angleterre, sont très-iiom'* breuses , et dans aucun pays de l'Europe il n'esi un aus^ grand noml^e de détenus. On a. eal*^ culé qu'il monte à cinquante n»sUê , en y ipomt prenant les prisons de l'Ecosse et de l'Irlande...^ Il n'y a pas moins de désordres et d'abus^ dans les prisons d'Angleterre que dans celles des au/» très pays; on n'a. presque pas p^çfitié des con- ayfi Londres , la cour et les proi^inces seils éclairés et humains du célèbre Howard. Les prisoDuiers sont encore chargés de chaînes et réduits au pain et à l'eau ; les accusés sont confondus 9 sans égard au sexe, à l'âge et aux crimes ; des malfaiteurs endurcis sont mêlés avec d'autres qui ne font que débuter dans la carrière du crime , et qui achèvent de se cor- rompre ^ans la société d'hommes consommés dans le crime. Les prisonniers sont livrés à l'a* vidité et à la brutalité des geôliers; et les ma* gistrats supérieurs , chargés de visiter les pri- 80ÛS j négligent de le faire , ou se font accom- pagner (des geôliers , ce qui étouife les plaintes des prisonniers , par la crainte d'un traitement plus rigoureux. \ lia prison de Newgate est regardée comme un des plus beaux monumens de la ville de Londres; c'est un vaste monument en pierre de taille, tout en rustique, n'ayant pour orne- ment que quelques statues dans des niches sur les façades, représentant des criminels , et deux entablemens sur les deux portes d'entrée , où sont soulptiés des faisceaux de chaînes. Il an- nonce dHine manière frappante sa destination ; il est impossible de ne pas le considérer com- n^ la demeure du désespoir , du crime et du laoalheur. Mais l'architecture de cette prison , où l'on enferme aussi les débiteurs , n'est pas la plus favorable à la salubrité* \ d^ Angleterre y d'Ecosse et d Irlande. «77 Les prisons de Fleet et celle deK.io'g's bench^ sont principalement destinées pour les debi* leurs , qui ne font point honneur à leurs enga- gemens. Dans l'enceinte de la pren^ière , U y a un café, des cuisines communes, el un jeu de paume. Les prisonniers y jouissent d'une grande liberté : ils peuvent , en payant 5 schellings pai^ jour, et en donnant Caution , sortir quand bon leur semble. La prison de King'« bench est plus vaste, plus commode ; il en coûte davantage pour y jouir d'une sorte de bien-être, elle est située presque dans les champs, et ressemble à une petite ville. On y trouve des rues , d^ boutiques , des^ tavernes , un jardin , etc. On n'aperçoit ni grilles, ni verroux, ni geôliers. L'entrée seule est gardée , et offre les dehors d'une maison de détention. Plusieurs prisonniers y vivent sur le plus grand ton , occupent de beaux appar* temens , et donnent des bals et des assemblées. La police de l'intérieur est administrée par les prisonniers eux-mêmes. On choisit à cet effet un certain nombre dé personnes , et un prési- dent , qui se rassemblent une fois par semaine, pour former un tribunal qui prononce sur tous les démêlés. Les dettes contractées entre les pri- sonniers , occupent surtout ce tribunal. S'il s'a- git de vol ou d'excès à réprimer , il se forme en jury y et juge sans appel avec la plus grauda %^9 Londres, la eôur et les pmyinee^ ' «quitë : le coupable est promefië dans toute»' les cours de la prison , avec un ëcritéau sur la poitrine , qui tildique é6vi délit. Dans toute Tétendue de l'Angleterre , une sem tence d'ettiprisonnement s'exécute envers quel- que personne que ce soit » et dans quelque rang qu'elle se trouve constituée , à moins qu'elle ne donne caution. Un simple bourgeois, disait à cet égard , qu'il pourrait faire arrêter le roi lui- même , s'il lui devait une somme exigible qu'il fût en retard de payer. Si la dette excède 4o schellings, on peut faire arrêter le débiteur dtuis sa maison , en observant néanmoins de ne point faire i(^olence à la porte. Toute ruse pour y parvenir est licite et ne peut être dé* «approuvée. Ces ruses font partie du métier des has-ofâoiers de la justice : ils manquent rare- ment leur proie quand ils sont bien payés. Les débiteurs insolvables à Londres, et dans le comté de Middlesex , se trouvent enfermés dans la prison de Newgajte , avec le voleur et l'assassin. Un marchand que la fortune a trahi, que la ¥nauvaise foi a trompé , doit-il portet les mêmes chatties que ceux qui se sont livrés sans pudeur aux excès les plus honteux ? Tous ceux qui sont détenus dans les prisons de Londres , s'ils n'ont pas d'argent , sont trai- tés avec une dureté inexcusable. Mais un pri- sonnier qui a de quoi satisfaire Pavi^itédes con* / d? Angleterre^ d'£cosse et d^ Mande. ^79 cierges et des geôliers > peut se livrer à tous ses^penchans; il est bien logé, bien nourri, il jouit de toutes les commodités de la vie , de tous les plaisirs , tandis qne le prisonnier né- cessiteux laiiguit dans le besoin 9 et n'a pus même la satis£suction de recevoir la consolatioa de &fA proches et de hi^ amis. Tous les égai;ds sont pour le scélérat qui paye avec le bi^n 4'ait- trui la complaisance de ses gardiens. L'entrée des prisons est si chère , et les épi* ces dues aux geôliers si multipliées , qu'il faut avoir une fortune considérable pour pouvoir y vivre en gentilhomme ( gentlemen ) , lorsqu'on y est détenu pour dettes. Le vice de la loi , ou plutôt les suites cruelles qui en résultent , sont si bien sentis par les législateurs anglais , que de temps en temps le parlement passe des ae- tes de grâce en faveur des personnes insolva- bles. Sans cet adoucissement , la mort seule dé- gagerait de leurs chaînes les malheureuses vic- times de l'avidité des créanciers. Il fallut insé- rer, il y a quelques années t dan? un de ces a^- tes de bieafaiflance , uneelaijise expresse , pour pouvoir n^ettre ifin 4 la captivité d^un particu- lier qui avait passé vingt /- quatre ans dans la prison de FJLeet. 11 entrif^it dans sa 9QÎM»t^- dix<*huitièine année , et n'avait pu se prévaloir des actes passés pendant sa< détention , parée qu'il devait Àua seul créancie;r ( un douc^retix / . ftSo Londres , la cour et Us'provinces^ Quaker ) , une somme plus forte que celle spé^ cifiee dans l'acte de grâce^ Quelques^ détenue dans b prison de King'st benrh , qui avaient un peu trop bo , revenant du café pour aller se coucher, furent accotst^ brusquement par un garde de la prison , qui leur demanda qui ils étaient , d'une manière fort arrogante. Choqués de ce ton grossier , ils. résolurent de l'en punir. Ils se saisirent de sa personne , lui remplirent la bouche de tabac ^ et , par le conseil d'un ecclésiastique qui était de la bande y ils retendirent sous ht tuyau de la pompe y et l'arrosèrent amplement , pour faire opérer la médecine. Le concierge étant surve-^ nu, avec main*forte, fit prendre l'ecclésiasti- que , et M. C***, frère d'un pair du royaume,, qui étaient les deux arroseurs , et les fit met- tre au cachot. Le lendemain , le chapelain de la prison et le concierge, s'étant rendus àla cha- pelle, selon l'usage ; oA n'interrompit point ' leurs prières \ mais quand ils voulurent s'en re- tourner^ tous les prisonniers s'opposèrent à leur sortie , et les retinrent comme otages pour la sûreté de leurs deux amis. Une capituiatioa s'ensuivit, au bout de plusieurs heures; les ar- ticles en furent dresses;, et les insurgens firent proposer au geôlier en chef de faire l'échange des prisonniers ; la capitulatiofflujQué fut ei^écutée 1^ d^Jngleéerre^ d*Ecos^ et ^ Irlande^ i^t vous ne me donnerez qu'une demi - couronne par semaine (^3 francs). Le demi-schelling qui restera à peu près , sera en rabattant sur votre créance ». On sent bien que le débiteur ne fut - point élargi. La plupart des prisonniers de Mardiaî-Sea ,. qui renferme les prévenus de délits commis sur mer , trouvèrent le moyen de s'échapper par un trou qu'ils avaient adroitement pratiqué dauat 98a Londres , la cour et les provinces fine partie reculée de la prison. Le geôlier en ayant été instruit, se tendit dans la cour basse de cette maison de force, où il ne vit qu'un matelot , qui se promenait gravement en long et en large » avec ses mains dans ses poches. U lui demanda où étaient tous les autres. «Ils sont partis 9 lui répondit celui-ci, d'un air indiffé* rent ». Le geôlier le pria alors de lui montrer l'endroit par où ils s'étaient évadés» Le matelot l'y conduisit , en effet , et pour lui faire voir comment ils s'y étaient; pris, il sortit lui même par le même trou , et ne jugea pas à propos d^ revenir. d'AnghtefTé , étEcosàeet ^Irlande. a83 / CHAPITRE LXV. Exécutions des criminels. JLj A peine gneur ait pitié de ton ame ». Un criminel entendant ces dernières paro- les, s'écria : « Monsieur le juge, faites-moi grâce de votre prière ; je n'ai jamais vu personne prospérer après une telle recommandation »• En vertu de la loi , le criminel doit mourir dans les vingt-quatre teures ; c'est par indul- . gence qu'on lui accorde quinze jours et davan- tage , pour se préparer à la mort. Mais si le cri- minel est un assassin , il doit être exécuté sans délai , et exposé sur un gibet , dans un corset de fer , au bord du grand chemin où le meur- tre a été commis , afin de perpétuer la mémoire du crime , et de servir d'exemple. Il n'y a point de galères en Angleterre, mais on condamne à être transportés aux îles, sur- tout à Botany-Bay ,. pour un certain temps, les accusés dont les crimes n'ont pas mérité la anort. Celui qui reviendrait avant l'époque qui lui est fixée, serait pendu sans rai^séricorde. Une troupe de malfaiteurs condap^nés à être transportés en Afriique, étant en marche, en- chaînés deux à deux , pour se rendre dé la pri- son de Newgate à bord des vaisseaux destinés à les recevoir , étaient précédés de plusieurs â^ Angleterre ^ d'Ecosse et d'Irlande. a85 musiciens qu'ils avaient engages à marcher de- Tânt eux , en jouant les airs les plus gais. Un spectateur , étonné de \oir régner taht de joie parmi ces malheureux , s'adressa à l'un d'eux , et ]m dit : « Comment pouvez-vous être si gais dans la triste situation où vous êtes? — Gais ! répliqua lie galérien , en assaisonnant »la phrase d'un God dam (Dieu me damne); et se prépa- rant à faire un mauvais calembour : « Ne voyez- vous pas où nous allons ? Soyez des nôtres , et , parbleu , vous verrez que vous serez transporté aussi bien que nous ». Un malheureux voleur , pris sur le fait , fut condamné à être déporté en Amérique pour y travailler aux sucreries avecJies nègres. Tous lès criminels en Angleterre sont reçus à présenter requête au roi, soît pour obtenir grâce entière, soit pour diminution de peine. Celui-Xîi pré- senta requête pour être pendu. Il alléguait qu'ij haïssait mortellement le travail, et qu'il aimait mieux être étranglé une minute, que de faire du sucre toute sa vie. Dans certains cas, qui sont extrêmement ra- res , on pratique en Angleterre une sorte de question. C'est un supplice qu'on fippelle. en vieux gaulois-normand , peine forte et dure , dont on punit ceux qui étant ^coupables de pe- tite trahison ou de félonie , refusent de répon- dre et d'être jugés selon les lois et les coutumeâ i.^ 986 Londres, la cour et les provinces du pays. Le crituio^l est alor& renvoyé dam ua cachot : oa le couche nu sor le do&, oo étend ses bras et %t% jambes , qu'on attache avec des cordes aux quatre coins du cachot , et Ton met sur son estomac du £er et des pierres , autant qu'il en peut porter sans mourir. Le lende- main^ OTÇL lui donne trois morceaux de pain d orge t sans boisson. Le jour suivant , on lii\ donne autant d'eau qu'il en peut boite, sana pain. Il est nourri ou plutôt tourmenté de cette manière, jusqu'à ce qu'il meure. Mais le supplice d'être étranglé à la potence, est le supplice le plus usité dans la Grande- JBretagne ; encore y met-on les formes les plus humaines. Le» faux monnayeurs arrivent au gibet sur un traîneau attaché à une c^ie : les autres cri- minels sont dans un tombereau, ou large char* rette. C'est le schérif qui préside aux exécutions des criminels; s'il arrivait qu'il ne pût pas trou- ver de bourreau , il serait obligé de les exécu- ter lui-même. Un schérif, en Irlande, fouetta publiquement un crimineL . Quoique les exécutions ayent lieu huit fois l'année, le peuple de Londres ne court pas moins avidement à ce triste spectacle.. Malgré la foule innombrable de cayalievs^, de voitures, de curieux s'agitant ea iQule » et pW^és sw dés d^Angleterre y d* Ecosse et d Irlande, a 87 échàfauds fort élevés, il n'arrive aucun tu- multe 9 aucun accident. Les quatre-vingts cons- tables qui entourent le gibet, portent un bâton de six pieds et demi , décoré de fleurs de lys. L'Anglais respecte la loi dans l'bomme chargé de l'appuyer : quiconque frapperait cet homme en fonction , serait saisi par la populace , qui doit lui prêter main-forte eii tout temps , et se- rait pendu sans miséricorde à Tinstant même. Le jour de l'exécution , on sonne la grosse cloche de l'église 'du Saint-Sépulcre, à Londres, afin d'avertir les personnes pieuses de prier Dieu pour les condamnés. On faisait aussi la prière lorsqu'ils passaient devant cette église, en allant à Tyburn ^ autrefois lieu du sup* plice. Lorsqu'on les conduit au gibet , les malfai- teurs, au nombre de dix à douze, garrottés, et de bout sur la charrette, sont très -jaloux de se montrer en public d'une manière convenable. Ils ont l'attention de se faire raser , de s'habiller proprement , d'avoir une perruque bien frisée , de beaux gants blancs , et tenant à la main un gros bouquet, comme s'ils allaient à la noce. Pour l'ordinaire, ils méditent un discours qu'ils prononcent soos le gibet , et le donnent par écrit au sohérif ou au ministre , avec prière de le faire imprimer dans les journaux. Si ce sont ^les fiUeSy on en voit qui s'habillent de blanc, et a88 Londres^ la cour et les provinces portent des corbeilles pleines de fleurs, qu'elles répandent sur leur passage. La plupart de ces malheureuiL se dérobent , à force d'eau de vie , à l'horreur du supplice qu'ils méritent ; et le peuple charmé , admire en eux un courage qu'ils ne doivent qu*à leur ivresse. Il applaudit même à ceux qui sont assez pervers pour mourir aussi scélérats qu'ils ont vécu. Un faussaire, fameux voleur, et lieutenant de milice, subit son jugement avec beaucoup d'effronterie. Il eut l'insolence d'envoyer des cartes à plusieurs officiers de la milice de Midd- lesex , où on lisait ces mots : « Le lieutenant » Campbell fait bien des complimens à M***} » il l'invite à venir prendre une tasse de choco-^ > lat chez lui , demain au matin, prison de New-» » gâte, et à lui faire l'honneur de l'accompagner n à pied , jusqu'à Tyburn , pour assister à la 9 cérémonie dé son exécution ». Au sujet du supplice de cet homme ^ un ga^* zétier de Londres fit la réflexion suivante , qu'il inséra dans une de ses feuilles : « Campbell se » disait Ecossais ; mais les Ecossais disent qu'il n était Irlandais : nous laissons cette affaire à D terminer aux héros des deux nations. Quant » aux Anglais , ils sont si accoutumés à voir 9 leurs compatriotes p^ndu$ , qu'ils n'y aper* d'Angleterre y d'Ecosse^ét d'Irlande. «$^ m 'çoiyent point/ de scandale ; et ils s'amusent » également à une exécution , de quelque pay$ 9 que soient les patiens »à Il est absurde de' croire que le peuple; an-^ ^lais puisse éprouver le moindre sentiment de tei^reur à la vue des supplices qu'on fait sUbir à des criminels y quand il voit ces mêmes crimi- nels marcheir gaîment à la mort ^ tenir des pro« pos bouffons j et pronèpcer des harangues plai-' santés avec un ton et des gestes vraiment co« miquesi» ' \ ' Il y à peu d'année^ qu'oh exécuta Un fameux Voleui* de grand chemin, ConhU sous le nom dé t)arkin ou de Dumas. Il entehdit sa dondamna^ tion aVec Uti grand sang - froid ; loirsqu'oU lé Conduisit au gibet » il monta à Téchellè d'utl dit calme et tranquille. U avait demandé qu'on at« tachât la cordfe à la potence^ avant qu'il arrivât; il la passa lui^^méme autour de son cou ^ Tajustà froidement y se couvrit les yeux et le visage de 6on mouchoir , et , sans dite un seul mot » s'é-» lança dans l'éternité. On vint chercher le corp9 pour le porter à Tamphithéàtre des chirurgiens^ où il devait être disséqué \ mais comme ce mal-» heureux avait dédaré qu'il se souciait peu de mourir» maijs qu'il ne pouvait soutenir l'idée de servir ji après sa mort ^ aux expériences d'un anatomiste , une troupe de l^at.^lier9 ? apparem^ a. 19 4g0 Londres^ la cour etUs prcviff^s ^ ment tovcbés de son grand courage , a*ameatè-* vept^ envoyèrent la corps, le portèrent en. triom* phe dans une église voisine , t% , tandis que les uns battaient le tambour en signe de joie, d'au- tres remplirent le cadavre de chaur vive , jus* i|u'à ce qu'il fût consumé. Un matelot, nommé. Emmanuel Pinto^^ ayant tué dans une rixe un de ses camarades, fut con- damné à être pendu; il 'mourut avec tant de fer* xneté , que la populace enchantée lui rendit de :grands honneurs funèbres. Six jeunes filles, vé« tues de blanc , portaient le poêle mortuaire ^ le maître du vaisseau sur lequel il avait seiryi, con* duisait le deuil ; seize officiers de la marine et ^quarante matelots en deuil, à leur manière (bas» Xestçs et calottes blancs) , formaient Iç convoi ^ «uiifi d 'Unç multitudie de gens de m%. V Un trimiiiel qu'on menaiit pendre , fit arrêter la charrette devant kt maison d'un cabaretier, cî^ loir8que,tout tremblant, le marchand de bière Se fût approché , il lui demanda sfil n'avait pas perdu Fannée précédante une aiguière d'argient* « H est vrai , repcMidit le çabaretifer , e( depuis «» temps-là je n'ai pu en. avoir de néuvelles. — » Faites-nous apporter à boire , -dit le coquin , et je vous en apprendrai »• La bière forte arrivée , te voleur boit, et fait boire ses cajnaurades à sa Mtntév à ceUe du. maûce de l'auberge, et à celle \ d* Angleterre ^ e^Eoosie et ^Irlande, âgt; « âu public; et lorsque le pot est vide et que Ift charrette est prête à partir, il dit gravement ati .cabaretîer i « C'est moi qui vou$ ai pri^ vôtre aiguière; à mon retour je vous la rendrai *; -■ . ' • ' \ Depuis 1783 > on ne fait plus les éxecutions à ïyburHj lieu situé hors* de la^HUe , au bout de la rite d'Oxford. Elles se faisaient autrefois à tnidî; présentement elles t)nt dieii à huit où neuf heures du m^lin / detant' là prihèijpàl^ porte dis la maison de Newgaté» La teuHoiitê ^t^ tirait > îdès te inatin ^ sûr le chemin dé Tyburn; plusieurs miHietô d'ouvriers ' et d't^Hisaiis , qui perdaient iétir journée, ^t oubliaient dans lei cabarets à bière les besoins de leurs familles: C'est pour remédier à ces abus qu'on a change 1 heure et i emplacement des exécution^. A Ty<* burn , quand, la charrette était arrivée sous lë ^ibet , composé dé deux piliers et d une poutre de traverse i à laquelle 1 exécuteur attachait tou- tes les cordes ^ les patiens baissaient leur bon- net ji^sqWau bas 4^. Q^entpn ; ! rëci[}léaiasti<|U^ Re- doublait sfî^ e^hprtatioos ) Ç^^ afi retiirait peu à^ peu 6i4r ^UQ dtipir.rette vpjsin^ ; a)prs> 1^ valet 'de^ rexécuteur doiotiait uii coup 4$ fpuet l^tl cheval du tomborea^u sut lequel iitâMqt tous If s l^ilni^. nels , qui restaient tout à co^p;^U3p^iidttSr)saiùl/ mouvement. Aujourd'hui, on les fait monter sur un échafoudy on les rangé tous eh ligne ^^en les V ^9^ . tondresy la cour et les provinces , attacba^t à des poutres transversale», et quand îk ont chanté , tous ensemble , un cantique et 4eux ou trois psaumes, le schérif fait un signal, une cheville se dérange ^ le plancher de Técha- faud s'écroule , et dans le même instant ils res- tent suspendus. On les laisse de la sorte envi- ron une heure, pendant laquelle leurs proches ou leurs amis les tirent officieusement par les pieds. Ce temps expiré , on les détache pour les livrer ou aux chirurgiens , ou aux paiiços , sui- irant que les juges l'ont ordonné. Des femmes 4:réduies touchent la corde et les maina glacées .^'u|i ou deqx pendus, dans l'espoir de ^ guérir 4e Vépilepsie ou de quelques autres ixialadies «langereuses.^ On a souvent vu 4es criminels disposer eux- iDfémes ta corde autour de leur cou^ et arranger ie nœud sous Toréille droite , parce qu'on pré* tend que cette précaution les fait mourût plus VÎtè-/ ^ .■ , " L'ia^nsibilité, le mépris du Supplice et de l'infamie accompagnent ordinairement lés crimi- nels'' jusqu'au dernier moment. Un malfaiteur, qu'on «lUait pendre avec son camarade, voyant celui-ci pleurer , lui dit ; « L|tche , tu n'es pas dig&e d'être pendu »* Çfd misérables ue paraissent pas avoir besoia / )ffJngleterre, d'Ecosse et d^irlanUe. à^S lîe Tencouragement qu'un de leurs compatrio^ tes s'avisa de leur donner. Un joui' que Ton conduisait à Tyburn une troupe de criminels/ un particulier sortit du cabaret qui se trouvait sur leur passiage^ el après leur avoir recommandé à baute voix le courage et la fermeté : «Tenez, s'éeria-t-il, voyez qu'il est aisé de mourir » : en même temps il se coupa la gorge. La crainte de la mort se fart quelquefois sen- tir aux criminels dévoués au supplice. Un bbu^ cher de Londres, nommé Gordon, joignait à son métier cejui de voleur de grand chemin , et il les exerçait tous les deux avec tant de suc- cès depuis plus de trente ans , qu'il avait acquis dés richesses immenses. Le hasard fit découvrir qu'il était l'auteur d'une infinité de meurtres, et le fit arrêter lorsqu'il s^'en défiait le moins. Son procès s'instruisit avec diligence , et il fut condamné à mort. Ce grand scélérat aurait sa* crifié volontiers toutes se^ richesses , pour sau- ver sa vie; il tenta inutilement k' fidélité de ses geôliers, et la probité même dé plusieurs per- sonnes puissantes , qui auraient pu le- garantir de la juste rigueur dès lois. Un jeupe chirur- gien (M. ChoWell) , ébloui par l'espoir de la ré- compense , entreprit dé le dérober à la mort ^ il ^tint facilement la liberté* dé le voir dans sa 004 . Londres. , ta cour et les pro\^mùes , prisoD. Là > aptes lui avoir commuuiquç son , dessein, et s'être -assuré d'un prix considérable,, il lui fit à la gorge une petite incision , qui ré- pondait au conduit de la respiration (vulgaire- ment le sifflet) ^ et il y fit entrer un tuyau d'ar- gent qu'il avait préparé exprès ; de sorte qu'en «e bouchant le nez et la bouche, Gordon ne lais- aait pas de pouvoir respirer par l'ouverture du tuy^u. Il est aisé de concevoir qu«Ue était l'es-» pérançe du chirurgien , lorsque Gordon aurait le cou serré par la corde du supplice : il avait . fait l'expérience de cette invention sur p!u<> fiieurs chiens, et elle avait toujours réusi». U^ j^eu de sang qui avait coulé dans l'opération, fit croire aux geôliers que le criminel avait voii* lu attenter à^ vie. Le bruit s'en répandit même à XiOndres ; il servit à faire hâter l'exécution, et le ^coupable fi^t condiiit à Tyburn. Une circons- .tance fort rejnarquablje, c'est qu'il obtint la per* mi^ion de s'y faire mener dans un carrosse dra* pé vtâ^nt l'argent a d'influence en tout pays. . V^xéouteur ayant fait son office, Gordop :i*«sta suspêâdjfci environ une heure pour servir -d'exemplfe aU' peuple ; ensuite on livra , suivant JtEi coutui^e^ son cadavre à ses parens. Le chi- rurgien qui h^attendait qile ce moment, se le fit apporter dans le cabaret le plu^ proche. Il se •b-âla dé lui ouvrir la veine d*^ bras ^ et de lui .administrer d'aittrci»: $^Qoiiiâr& q.ti'il ^eftait tout éPJrtgîeiêrrt^ d* Ecosse et d'AÙMie. -3^ prétfi^. Goràoik n'était pas m&ri; il ouvrît iei» -yeux y il poussa un profoi^ soa^)"; mais étant . jretotnbë f>resque aussitôt .daas j^e espàœ 4'é- vanuiasefoent , it es^jAra iq^idiques fnitiiiiteii. a^^rés. Le cfaimiigiéii 'aitrUMia le màuraÎB sueeès de son entreprise à la grosseur de Oôrdan , i]r. Trois bourgeois de Londres, revenatit un sôïr de la cJâïtipagne à la ville , furent iirrêtés hiiv \t chemïti par Quelques voleurs. \Jiih des '1?roi^ sV- visa, pour préserver sa bourse, de se faire passer pour le chirurgien qui avait, tâché de sauver la vie à Gordon. « Messieurs , leur dit-il , vous me traitez bien durement. Ce n'est pas là ce que je devais attendre , après Fidée heureusedu tuyau d*argent. Je suis le chirurgien Chpwel». Ce nom les rendit très-civils ^ non contens d'épargner lar bourse du prétendu esculàpe, ils le conduisirent jusqu'à Londres , pour le garantir de tout autre danger. Plus heureux que Gordon, après avoir été suspendu au gibet , suivant Fusage , pendant une heure entière v nu voleur irlandais eut le rare bonheur d'être rappelé à la vie. Comme il ^vait protesté de son innocence jusqu'au dernier moment , on ae man<^ua pas de dire que çé- dg6 Londres, là cour et les provinces tait'Uhe protection visible de la Proyidence^ ikfais elle ne le farbrisa pas long-temps , Je mal- heureux ne filcque changer de genre de mort. Ses amis, pour^e fortiûer, s'empressèrent de lui verser tant dé rasades de Whiakey (i), qu'ikJui firent perdre la vie qu'il avait recouvrée comme par miracle. Un des parens du défunt, se la- mentant sur le mauvais succès de ses soina : «Consolez -vous, mon cher, lui dit un des aa- .^istans \ cette mort est bien plus digne d'un Ir-* landais que celle à laquelle nous l'avons arraché; c'est en quelque sorte mourir au lit d'honneur n^ <^m \. (i) liseur farte y ti^ès-estimée eo Irlande^ «■■«•wnamFV^^^ffVH» I 'ilfjin^gtetre'^ d^Eeosse et ^triande. a^ CHAPITRE liXVI. Bienfaisance. Secours pu&l&s. ïfovn ffeu que l'on connaisse lés -secours pu*- blicset particnliers prodigfués continuellement en Angleterre, à tous ceux qui sont dépourvus des moyens dé subsister , on s'étonne d'y voir un si grand nombre delilotix et de malfaiteurs. Mais il est des gens queFoisiTeté et le^libertinage avilissent sans cesse; ennemis de tout travail , dégradés par les plus funestes passions , ils ne peuvent vivre que dans le crime, et parviennent à se faire illusion sûr la mort et l'infamie qui lés attendent. Il est encore une autre cause qui livre la. Grande-Bretagne à Fessatm prodigieux d'esçroes et de voleurs en tout genre, qu'elle recèle, mal- gré la guerre qu^ les lois ne cessent de leur li- vrer : les secours dé la nation , et les bienfaits des âmes sensibles^ ne tombent le plus souvent ' que sur les dernières classes du peuple ; ils n'at^ teignent que ÎHen rarement le commerçant mal'* beureux, que des revers imprévus^ précipitent' dans l'horreur du besoin; ils seraient en vain féclamés'par lefils tle famille , par la jeune per- lEjûne ^i jT apfâs avoiy jreçu ^ne éducation soi V gaée, tombent dans la misère, ou par leur faute,, ou par la fatalité des circonstance^. Ces infortur nës ne sont pas en état d^ ^ livrer à des^ tra- vaux grossiers. Depuis quelques années , il s^)st fait en An*- gleterre un établissement, en faveur des étran<- gers , qui. paraitratit devoir remédier- aux In- conveniens dont nous venons de parler. Daqpis l'année i7^t uû grand noiwi^t de pieux nuér titistes « que Voltaire appelait ^ «toia^ûter de Vjingletéfrey formèrent une réunion^ sou3 •la dénomination de SociMé garnie des éirangfirs^ Son objet est de venir au (recours des étrangers, de rechercher oeux qui languissent en silencp^ ..^ans le besoin , ou qui souffrent de quelque au- itre manièret ^sans acception de nation, de seçtè,. de parti. Encouragées par de tels exetnples, cbe semblables sociétés se formèrent bientôt en di- vers endroits, particalièrement. à Dublin , o|i ces estimables et zélés sociétaiçf^, en x8oOi, ^ trouvèi^rat en 4lat de soulager deux mille deux cent quatre-vingt-quatre £^mil|^) et çyiq miUe deux cent quàmn^e individus. L'impôt ou la taxe qu'on lève poM? l^s^p^v^s est très-considérable» elle vaàfdusii^urs milIipÀps sterling. Chaque paroisse fait ûe^m un npoib?^ d'orphelins, et nourrit les p^fivr^i^f^itj^u^. Les aumônes qu'on y disiribue; ^e r^^ndei|t iégalenteal; sur tpuâ ks. indigène qui j^iadl|îliïe^|}^ idails ' i 'enceinte: iâe la pdtroîâae^ -sÀqft distinctioiii de religion ûi de seete. L'Anglais , de quelque, état ifuil soit, riich0 ou malaise, p^ye la taxe des pauvres , parce qu^ fkùn intention îest de 'secourir les < malheureux. Il s'est formé à^ Londres 9 en 17S0, pour la propâgatiob: deë principes r^ligieu^ parmi les iudigens^ iwe eoin|>tgnie9 qui cbkilpté au nom- bre de sé0. membres deàiadiFÎdus de toutes les ^ctes chrétieohes , et de toutes les professions. Iféaomoins il n'y* règne aucune espèce d« parti. J>'après lec^vé qpi eh a été faii.^: cette so- ciété, depuis "son' itistîtution , a distribué plils de 179,000 fiîbks-duIfouYeitux Xostamens, et plus de 5oo,ooo ouvrages de piété. ,lf^on*«euleiliént £es établissenièns. de bienfait* .àance, les hdsj^îces , les sousoript»|BS relativeisa de bonnes oeuvreé, nkais encore mille traits jour- imliéFS> âttostfut combien les.' Anglais sont seri- siblcs aux maux des malheureux. Dans un hîyer très-rude, àh |>ôii»t que la Tamise tout-à- fait ^cée tai'était plus luavigable , on a Vu un bdur-^ geois de Londres, simple ^marchand de cbar- b6n, venir au secours des malbeûrcùx qm)pé- rissaient de froid, et leur faire distribuer, ttnua jour , gratuitement et sans y metlre la mbtndfce l^rétèntion , six mille chariots de .ce ôombus- lible. • : . . ,. , ; i ': Basa ime ailuDuée de disette; 'tH s iOfitlriit ui)o 5oo Londres y la cour et Jesprwince$ douscriptibn» à la tête de laijtieHe le roi se fît ins» crire, pour soulager les pauTres de Londres, que la cherté des vivres réduisait à la plus grande misère. Le duc de Bedford , fit alors habiller à ses^frais^ tous les pauvres qui se trouvaient dans les sept paroisses du comté de Bedford , et* leur fît dis^- tribuer du blé , à un prix bien aundessous de celui qu'on le vendait dans les marchés. A la même époque , le conseiUcommun de la cité de Londres fiit distribuer aux pauvres- de la ville une somme de 2,000 livres sterling; les bourgeois se cotisèrent pour venir aussi à leurs secours , et le lord -maire donna . 100 guinées. Le docteur Winthigham fit éclater un exemple bien rare d(| désintéressement et de générosité. Il était médecin général de Farmiée qui prit la Havane ; il lui revenait , pour sa part des^riches- ses prises sur les Espagnols , la même part qu'à un colonel; il voulut qu'elle fût distribuée aux soldats de l'armée, qui. mieux que lui, disait*!^ méritaient d'être Isëc^mpensés. Qa'un ineendie étende à Londres ses funestes ravages^ aussitôt des hommes charitables vont dans les cafés , dans toutes les. tavernes (auber- ges), demander des secours, pour les malheu- reux dont les maisons ou tes meubles ont été d^vo^és par les fli^mmes. Quand elles consumé- cT^/n^&lienv I d'Ecosse et à^ Irlande. 3o i ftent, en 1763, une partie du quartier de Wap- pin^ , un seul café donna en un jour , pour Içs infortunés habitons de ce quartier, 677 livres sterling , en même temps qu'une souscription ouverte pour le n^ême« objet, fournissait i5i5 lîv. sterl. Lors de Fincendie du 7 octobre 1 765 , le roi donna 10,000 Uy. st. , et les Quakers 5oo* Il est ordinaire de voir le lord-maire de Lon^ dres , aller lui-mémé à pied , implorer pour le» malheureux la cji^rité des particuliers. Celui qui occupait, ce poste honorable en 1763, r^* cueillit en un seul jour, dans 1^ cafés et les ta- Ternes qui sont, auprès de la bourse , une somme ^nsidérable qui fut employée au soulagement des pauvres prisonniers. On faisait une coUecte pour le bâtiment de l'hôpital de Bedlam. Les commissaires chargés ^e cette quête ^ arrivent à une petite maison , dont'la porte était ouverte , et ik entendent un. vieux garçon , maître de la maison , gronder fortement une servante, qui, ayant employé, une allumette, encore souffrée à Tune de ses extrémités , l'avait étourdiment jetée au feu , sans faire attention qu'elle pouvait encore ser- vir. Après s*«tre amusés du sujet de la querelle , ils frappent et se présentent au vieux céliba- taire. Après 9.YQÎr entendu Tobjet de leur mis- / 3ol Londres , '£3 cour et leè pm9(gces * ston , il passe, sans riéa âireV dans^ nh V^àbiiiet' d'où il apporte 5qo gninées cjùll compte à léultsl yeux et met dans leur sac^ Les tommissaîi*esr;' étonnés de cette géûérosité', à laquelle ce qii^ils' avaient entendu les araitpeti préparés, ne pu-' rent s'empêcher d'en marquer leur surprisé:- pour la justifier, ils lui dirent que leurs oreilles avaient été frappées de la dispute qui s'était ëîé-' véè entre lui et sa gouvernante* ie Messieurs , leur répondit-il, vous vons étonnez4à de bien' peu de chose. J'ai ma façon de ménager et de dépenser; l\ine fournit à Fautrè, et je satiisfàii mon goût. En matière de bienfaisance , attén-^ dez tout des gens qui savent compteir »* Eti' achevant ees paroles^ il le^ mit brûsquëmé^^ hors de sa maison et ferma m port^ ^ mbiiï^ 00*' cupé des 5oo guinées qu'il venait de donner , que de rallùmétte incoiisidérément brû^iée; ' "^ Il est d'usage à Londres que les infortunés t^ moignent lieurs bescûns par la voie des papiers' publics, et se recommandent ainsi à la générosité* des personnes charitables. Un dfe ces infortunés' qui ne se fit connaître que par les lettres ini*? tiales G. R , s'exprima de k isorte dan^ une de> ces missives publiques ». ^ • Aux âmes humaines et bienfaisances* a G. R. représente humblement que, pendatot^ d'Jngletefrfi , ï^Bèûxe et étlrkmâe. %o1k «. plusieurs, aooées il a joQi ^l'un revenu très<< • considérable ; mais que faute d'économie et » par une ^suite de- malversations dans ses af- » faires domestiquea il se trouve réduit aux 9 dernières extrémités. Le suppliant est charge ji de onze enfatis , Isa femme est actuellement » enceinte du douzième, et» s'il n'est secouru à » temp^par les cotttf ibutions des âmes généreu- » ses et sensibles, il est à craindre que fui et sa » nombreuse famille ne se trouvent exposés au; » cofiiMe du malheur et de la détresse. ' » On recevra avec reconi;»aissaoce les dons dé * la bienfaisam^e, au bas de SarnNJftmes-Street^ »où l'on pourrà^l^i^endre.des iitformations sut v^ la £imiUe infortunée qui înrplot'e' votre sensi** » bilité ». • ff ' On reprochait à un seigneur anglais ; occupe d'enrichir ses vassaux , de n'avoir point su les retenir dans la crainte et dans la soumission. « Si je voulais , répondtt^ît , plus de respects de mes vassaux, je les rendrais itiisérabtes. Je sais que k misère a la voix humble et timide ; mais je veux le bonheur de ceux qui dépendent de moi , et je rends grâce au ciel de leur insolence , puisqu'elle m'assure qu'ils sont plus riches et plus heureux présentement qit'ils ne l'étaient i^utrefois ». 3o4 Londres^ la courx^J^.pr^^ncfis . ' - •■ • • • • • • • • . ... » • CHAPITRE LXVU. Mendicité. • BS meodi^tis publics dont tnoîos coiuniuns à Londres, et même dans la grande Bretagne, que dans la plupart des autres pays.de TEurope :.il y a des pauvres tout comme aiUqurs ^ mais \% grand nombre d'établiasemeit$: de bienfaisance f qui se sont formés d^n^ les tettips beureûx^ la caisse des indigens qui se tient dans toutes les parcûsses , en raison du. produit de la taxe! des pauvres , à Mqtielle tout citoyen contribue f semblent avoi^ autorUé le gouvernement k dé" fendre de mendier dans les rueSé Tout homme qui n'a pas de pain est en droit d'en demander, aux marguilliers de sa paroisse ^ qui ne peuvent lui en refuser sans s'exposeï: à une punition exemplaire. Si Iç pauvre se trou'\^e éloigne de- sa province^ on est obligé de lui donner de l'argent pour cqiTiiiiençer sa route ^ avec un certificat qui l'autorise à jrecevoir quel* ques petites sommes dans différentes paroisseâ qu'il doit rencontrer sur son passage. Ainsi I4 loi qui fait arrêter les mendians pour les enfer"* mer dans une prison ^ ou pour les occuper dans une maison de travail , n'egt point contraire k l'humanité. ' d'Angleterre^ d'Ecosse et d'Irlande. 3o5 Cette loi prononce , en outre , une amende de cinq schellings (6 francs"^ contre celui qui fait Taunîône , et une récompense pour celui qui le dénonce. On élude cette loi de différentes manières* Le pauvre ne demandé Faumône qu^en offrant* aux passans des épingles , des aiguilles , des cu- re-dents, des plumes, des crayons , une éstam-r pe, une chanson, des allumettes : l'homme charitable , qui sait ce que cela veut dire , paye ces bagatelles quatre fois plus qu'elles ne va- lent , ou ne les prend point , comme par oubli. Le plus souvent le mendiant ne vend rien et ne demande rien , mais ses baillons témoignent sa misère, et son regard annonce ses besoins. Le passant, qui entend ce langage, laisse tomber de l'argent comme par mégardè , et le mendiant ' le ramasse. La crainte de payer l'amende , et la ré- • compense promise au délateur, n'ont jamais sus- pendu les effets que la misère a droit d'attendre de l'humanité. La loi qpi défend la* mendicité, en pourvoyant aux besoins des pauvres , est assurément très^^^ raisonnable ; mais il y aurait de l'injustice à l'exécuter à la rigueur , parce que la mendi- ' cité est de droit naturel , quand elle est nio- * mentanée pour un besoin pressant et imprévu. L'indigent pourrait quelquefois mourir de faim , ou se livrer an desespoir , avant de troiiver ub a, . ao 3c& Londres, la eour et les pfw4nee9 marguillier , qiti peurt être absent* Il ne peut pa3 non plus aller témoigner secrètement sa de- tresse au riche y qui est. oèdiiiaârement idoc» cessible dans son hôtel ou dans sa icoiljiire : d'ailleurs , qu'irait-il iaire cfae» «b> heuireux du sîècle? Le peuple aoglais tëmoigiiie souvent sa bien- faisanes en dépitde la loi, £n voici iHi' ex^nple. Ui^ jour que le lord-maire venaU; en grand cor- tège à WestnitBster , la foule inoiidait les rues pour voir passer ce magistrat , et se v^alait en attendant , d^ diverses friandises, q^ne luâ débi- taient de petits pâtissiers et antres marchands cQ«rantdegroiq>e en groupe* UnerjeunKb femme, convertie de haillons^, kl figure înttlënsaante, te- nait entre s^s. bras un eii^ant qui semblait ex- ténu/é par la &im : à chaque m^é^H^sd qui pas- hdktf^ l'enfant tendait If s bcas pour piteadxe une pf^mme om un msssepain ; maia po»r le . faire cesser , la mère lui dit : Attends à demain^ mon e9^aH$.j nous en àckeitet^ns* çiâôÊOnd à^a^fèresera da retour, Tamehes^ de ces.pareJies' y, mais sans le faire paraiice , toi» les petits mardkands , à l'envi l'un de l'aiHi^e, liià «bonècent des bis- cuits, des gâteaux^ Ae^ maçaremSi;. et celte mère iqdigente s'en aUa chaîne de la. munifitenee d^ ces lM>nnea gens, poresqtic ausoii pawrres qu'elle. \ d'Angleterre y Jt Ecosse et d^lrlanâe. ietrt tuif continuait <à compter l'argent* » Après^qn'U eut£nisa beéc^nc , le grès homme prit noBchalàmdECfceQt aoo guâmé^s^ les . mit ^dans la poc^e de sa vieste , «'empara du sac vide , le regarda «a hiEllant , le jeta sous la table , y ^ona un léger coup de pied, ^t dît au petit bancal v^£^ ^ grattaut la tête, qu'il pou^^ se retirer. Hès qu'il fut parti, il croisa les bras, et se rendwmit, » ^ iEj^iiné de tant d'iisdolenoe , je réflécâiia sur ma silJuatioB 'et sur la mennle , et conclus qve .pei^^ëtre oe corps dont l'enveloppe me parais- .sait si glissière, pouvait <>achêr unearneBen*" ^sible aux malheurs d'au trui. Persuadé que je m» KBfe tvompàfs paa^ je «ne décidai à lui pein- «dee.aaa xml^ situation , ^ demandât* en co&së- 3i2 Londres^ la cour et les provinces. queûce une demi*feuille de papier , où j'écrivî^ ces mots : oc Monsieur , celui qui est assis Vis-àrvis dé -a^YOUS, a été léinoin quoa vous a Femis une 3» forte somme d'argent. Il a une femme qu^l » aime , et plusieurs enfans qu'il chérit tendre- a» meut. Il est, dans. cet instant, réduit àlasitua^ » tion la plus déplorable où puisse se (rouler » un pèt'e y un époux et un homme qui Ccne^- 1) nait la ddicatesse. Mon liom et ma personne 3» VOUS sont inconnus, mais la nature m'a iak » naître votre semblable. Si vous l'exigez , je ». puis vous prouver, en moins de^ dix mimites, » que l'honneur , la probité et les ^rens dont 3» je tiens le jour , me donnent desd)?oite:à votre jo estime. Il est en votre pduvoir, en me pr^antt r» pour quelques jours 5 gui nées, de faire le »> bonheur de toute ma Xamille. A^vès cet aveu ,. 3* que la nécessité m'arrache, je crains vos rtv » gàrds. Pour éviter la honte y compagne ordt- . n naire de l'honnête indigence , je cacherai mon j& visage , de mes mains , au miomeni pu vous, » voiis réveillereîs. Si vous m.'accordez ma de- j» mande , daignez m'en avertir par uu s%ae £ai-^ » vorabl^ ; si au contraire vous me refusez , » épargnez-moi la confusion de m^'adresser ua y seul mot s». 3». Je pliai mon billet ^ et aprè» l'avoir posé suc la table deyaût lui y je repris ma place j^ c^^ser- d" Angleterre f d^ Ecosse et d" Irlande. 3iî >rant soigneusement au travers de mes doigts ,. le moment de son réveil. U me tira bientôt d'inquiétude; il prit la lettre d'un air étonné> se frotta les yeux, la lut , jeta de temps ea temps sur moi dés regards curieux , se leva ^ mit dans sa poche ma lettre toute chiffonnée,, appela le garçon^ et lui demanda , en baissant un peu- la voix , depuis quand les fous s'^échap- 'paient des Petites Maisons, pour aller dans les eâfés importuner les gens raisonnables. Il mê regarda d un air de dédain , et sortit en éclatant de rire. » 11 me serait impossible d'exprimer ma con- fusion ; je. payai ma demi-feuille de papier , et; me retirai couvert de honte'. Chemin faisant,, je me disais en moi-même ^ Comment une forme humaine cache -t elle une ame si dure? S'il ne voulait pas adoucir ma peine , devait- ' tl m'iasijdteir , et me faire éprouver le tourment de l'indigence y et ceux non moinâ cruels du mépris?; Mài&iP s'indignera dfe son insensi- i»lité; j'apprendrai peut-être uxrjjour que ses; touriQens ont égale leis miens. ^ ' » Ali moment ou je tournais le oAn d\tne rue 5, livre à ces douloureuses, réflexions, une jeune ^mme tenant à la main un paquet d'àlhimeites *, qu elle cherchait à vendre , implora, ma pitié ;: .^a figure triste et pâle portait l'empreinte de la misère ;. s% voix affâil^lié annonçait la douleu^j^ j y 3i4 Londres y la cour €t les provinées et. ses regards exprimaient les angoisses de Vut- fortune. En vérité, monsieur , me dit-elle, j« ne suis pas habituée à mendier des secours ; mon mari est trop malade pour travailler, et mes enfans trop jeunes {>our me seconder dans la moindre chose. Ayez pitié de nous tous , un sou suffît pour nous donner le pain dont nous sommes privés depuis hier*aii soir (f ^. » Tout mon trésor consistait en deux sous. Me rappelant que j'avais chez moi un dîné xj^i m'attendait, je les lui donnai, en m'exciasaat de ne pouvoir faire davantage , et lui souhai- tant un meilleur sort. Elle ne répliqua point, mais ses regards suppléaient k sa voix ; elle mit une main sxxv son cœur, essuya de l'autre avec son tablier , les larmes qui mouillaient son vi- sage , et se retira précipitamment. » Je continuai mon chemin , le cour rempli .d'une douce satisfsictioa , et arriva dans qioa humble demeure. » A peine eus-je ouvert la p(u*te de ma cham- bre , que ma femme accourut 9Ml * devdu^ de moi : ce Mon ami « s'éoria-t-elle ^ en m'ambras* sant , j'ai de bonnes aouveUes à t'apprendre. M. Senkins , à qui tu prêtas > il y ai trois aos ^ ^5 guinées , a eu l'honnêteté tle nott» lefi ren- I (x) Cn sou d'Angleterre (an peacc). vaut le âoiAic du ,n4tre. d'jinglc.terre ^ d^ Ecosse et d Irlande. 3 1 5 dre ce raatin. Ilëjouissons-nous de ce bonheur inatteudu, qui nous procure le moyen d atten- dre d autres reatrées de nos fonds ». Nous nou^ mimes à table; jamais repas n'eut autant de charmes ; raroour , Famitié , la reconnaissance, le contentement furent nos convives ; une joie pure brillait dans nos yeux ; nous redevînmes encore le pUis heyreux ménage de VÀngle- tfsrre i». m^m ■**i \ \ VI ^t 5 1 h Londres, la cour et lies provinces- CHAPITRE L XVI IL Beïigion , Pasteurs y Chapelains y^ Recteurs y Prédicateurs. l" AL GRÉ la Rbertë qu^ont tous les Anglais de suivre la religion que bon leur semble , il existe- en Angleterre, eoinme partout ailleurs ^ une re^ Ëgion dominant^ qui est celle du prince et de- rStat. Ceux qui la suivent sont appelés confor- mistes , anglicans ou épiscopaux , parce qu'iU: admettenl; la hiérarchie des évêques , en quoir- ib ressemblent aux catholiques ^ et diffèrent des presbytériens. La religion anglicane tient une espèce de milieu entre la catholique et Ik^ protestante;^mats elle diffère de la première sur ]f invocation des Saints,, sur la transubstantia-* lion , et le célibat des prêtres. Tous ceux qui n admettent point les cérémonies de la liturgie- anglicane, sont connus par la dénomination de non conformistes.. L'établissement dfe cette religion particulière à la Grande-Bretagne, date de Tannée i533, époque à laquelle Henri VIII , voulant se sépa- rer d*avec sa femme légitime, pour épouser une maîtresse qu'il aimait,^ eut recours au pape po«r faire prononceij solennellement son divorce-. i^ J d^ Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. 3 1 7 Léon X siégeait alors sur le trône pontifical ^ loin d-obtempërer à la demande du monarque , il lança contre lui une bulle d'excommunica-r tion. Henri, absolu dans son royaume,, se fit aussitôt déclarer le chef suprême de TEglise et à^s ecclésiastiques d'Angleterre. Le parlement, qui lui était tout dévoué, lui confirma ce titre , abolit toute l'autorité du pontife roinain,J|e^ prémices, les décimes, les annates, le deuiei: de Saint-Pierre , et les provisions desbéoé^qes : les peuples prêtèrent au roi un nouveau ser- ment, ({ne Ton appela le serment de suprématie^ Henri, tout en se déclarant contre le pape, ne voulut être ni luthérien, ni calviniste. Lps moines et les religieuses , quoique renvoyés de leurs couvens,ne restèrent pas moins assujettis à leurs vœux de célibat, eç le mariage fut àb- - soliiment défendu aux prêtres , soit catholi- ques , soit protestans , par une loi qui a été ré- voquée depuis. Le duc de Norfolk, rencontrant, quelque temps après la promulgation de cette loi,'Un de ses chapelains soupçonné de favo- riser la réformatioq , lui dit : « Que pensez-vous à présent , monsieur, de la loi qui défend aux prêtres d'avoir des femmes ? — Milord , répop- dit le chapelain , vous pouvez bien interdire lés femmes aux prêtres, mais vous n'interdirez jamais les prêtres aux femmes »^ On a remarqué qu!en moins de quarante ans , / / 3îS Londres j Ta cour et les pro\^ince^ de catholiques qa'ëtaieni tes Anglais , Hefirv YHI en avait fait des btërériqnes ; que aoirs le régné de la reine Marie , ils étaient reiHrës dans le sein de l'Ëglise rotnaifie, et qu'à l'annétfenicnt d'Elisabeth an trône , la relii^oti anglicane aurait repris une nouvelte vigueur. Mais cette inètabi** litë dans les opinions religieuses , ne se fait seii* tir que dan6 les personnes- qui apprœhent delà cour j ou qui ont des prétentions am places dti gouTemement. Un gentilhomme français, en Angleterre, désirant s'avancer à la cour, quitta la religion catholique pour embrasser la religion anglica- ne. Il obtint aussitôt une pension de 5oo livres sterling. Quelques Anglais lui disaient : « Votre changement prou Ve bien que vous êtes persuadé que la religion anglicane est meilleure que. là romaine. — Mon changement prouve le con- iraire, répondit-îl, car, 'lorsque j'ai changé la religion roraafne contre la vôtre, je me suis fait donner une pension de 56o Kvres sterling en retour ». Si Ton suivait à la lettre les lois rendues con- tre les catholiques romains , soiis le règne d'E- douard Vï et d'Elisabeth , un catholique re- connu , qui refuserait de souscrire la déclarj- tion de Charles II, contre lé papisme, ne pour- rait , ni se trouver dans le lieu où est le roi ou l'héritier présomptif .de la'coùfonne, ni s'ap- 1 à^JngîeterFe , €^ Ecosse et ^Irlande. 3 j 9 procher à dix milles de Longes , ni s'ëcarter déplus de cinq milles du lieu de son domi- cile. Il' ne pourrait , ai acheter des terres, nï en hériter, ni garder des armes à feu ou de la pôuilre à tirer , ni même avoir à sa disposition ua cheval, yalant plus de 5 livres sterling. Il ne pourrait être ni avocat, ni procureur, ni médecin, ni apothicaire, ni maître d'école, lï ne pourrait ni ifire , ni entendre la messe , ni avoir chez lui un missel, un bréviaire, un livre d'heures ,^ ou même envoyer ses edfans sur le contment pofir les ferre élever dans sa religion ;„ et tout cela sous peine d'amende, de confisca- tion, de prison, etc. Le» lois sont encore pluis sévère^ con-tre tout jésuite , évêcjue ou prêtre catholi^e , Desquels ne peuvent entrer ni res- ter dans les trois royaumes, sans encourir la peine de haute trahison ; et ttJUt Anglais qui eu retirerait un chéi Idr, se ren(fraît coupable de félonie sans bénéfice de cfergie. La plupart de ces lois rigoureuses ont été ablofiei vers le milieu du dîx-huîtième siècle: dépendant, on a vu à Londres , ea 1771 , un prêtre catholique, nommé Malon^ qui fut mis en justice pour avoir dît la messe dans une mai- son particulière. Il fut condamné à une prison perpétuelle ; mais le roi lui accorda sa grâce , à condition que, quatorze jours après son elar-^ ^issement,^ il quitterait ï'Aiigletcrre , et pro- \ 3ao Londrerj la cour et tes provinces mettrait de n'y plus revenir sans une permis- sion expresse. U fut condamné do plus à payer une amende de 5oo livres^ sterling i et à donner* caution pour la même somme. > Le ju§e qui prononça la cpndafnuation de M. Malon , n'avait pas la sagesse et l'humanité que montra dans une occasion semblable mi- > lord Mansfield, Fun des plus savans juriscon-. suites et des plus grands orateurs qu'ait jamais, eu l'Angleterre. Un prêtre catholique fut accusé d'avoir dit la messe ; son procès fut porté au banc du roi ; plusieurs témoins déposèrent contre lui. Mi-, lord Mansfield, qui présidait ce tribunal , qu'on, lui a vu présider jusqu'à l'âge de plus de qua-, tre-vîngt-six ans, dit au dénonciateur, pripci-, pal témoin : « Vous êtes bien sur que cet hom- me est un prêtre papiste, et qu'il a ditla messe » ?, Le témoin ayant répondu oui , le juge répli- qua : ce Vous savez donC: ce que c'est qu'une mîesse »? Le téinoia se troubla. et. ne sut que répondre. Alors milord Mansfield , s'adressant aux jurés , leur dit : « Pour déclarer cet hom- me coupable , il faut que vous ayez la preuve complette qu'il a dit la messe , et qu'il vous soit démontré que c'est la mesçe que cet homme disait quand les témoins l'onjt vu faire des ac-, tes qu ils ont pris pour la messe. Voyez si vo- ^\ ^jingl^errei d Ecosse et d* Irlande. 3a i tre conscience est entièrement satisfaite sur ce point ». Les jurés îlemandèrent aux témoins , et se demandèrent à eiix-mémes , quelles étaient les cérémonies qui constituaient la messe ; et n'ayant pu trouver une seule réponse satisfai- sante, ils trouvèrent que le corps du délit n'é- tait pas prouvé, et déclarèrent l'accusé non cbu- jlable. . Uq, prêtre anglais^ ayant été interdit de tout bénéfice ^ parce qu'il était non conformiste , di^ il ses juges , t£ue le traitement qu'on venait de lui faire coûterait la vie à plus de millç pfiy sonnes. On l'arrêta sur cette menace, et on lui en demanda Feiplication : Rien de plus ^împk^ répondit-il^ m'ôtant la faculté de jouir /^!auqi^ bénéfice 9 voua ne me laissez d'autre tts^vff^ que de me faire médecin* \ r r Il ne faut pas croire cependant que l'Âii^Ië: terre soit livrée au fanatisme et i Une sdftè d'inquisition; Il règne à Londres la plus jurande liberté de 'conscience ;nbn*^sieulement ceur qui ne professent pas la religion àt l'Stat , hé sont ^int inquiétés par le gouvettiiément , mais •en- core un fanatique peut j préchfér dans lès rues jpour faire des prosélytes, pourvu que son fâ^ iiatisme n'aille pas jusqu'à llnrtblérance envers les atrtlres rèligtous. Le^ luifs y ont plusieurs synagogues , et tow l^ itel>àsaadeurs de» prist^ a. ^1 N. / 3Ua Londres^ Jafiqiir et les pifûfW9pes , .ces (Catl^pM^u^^ y ^^ ^^® c;h|^f^ejpi^ ,pfirlic;ulier f^Sf où Jle j>€mp^e ^e ,pQne ^ içmjje^ les dwaM- ches et les fêtes. L'Ang^et^rf jpfiéojie a .quelques,, c^ux^iUF 4^ /exnnies, qijie Ton d^oane ai^.'|H4)% jpç^ d^ * l^epsionna^s. Qn y admet à la |a:ç^ession. Les ^rc^esses 9 fveJtues sijxipleix^enjt , Yiyepft ea com- mun , font tous les exercices de leur règle ^ ^ vont dans le monde et dans leur famille. ' li.es Anglais tolèrent le culte catholique , et 1tt*ont point la haine qu'on leur attribue com- munément pour le pape. Un lovd , parlant de t^Iéknent XIV, disait à un ami : « Vous connais- sez ma fortune, et ma fHle unique que j'adore : «fa bien y je la donnerais au pape Ganganelli , iW pouvait se marier , tant je suis enchante' de TOû* mérite ». Les Anglais étaienft pénétra des mêmes sentimens d'estime et d'admiration pour 5^ |>o;ç>ti% Ils plf^c^ej)^ ^^ bys^fs pa^ ceux 4^ ëm^ ^¥»w^?- Qm^^ Q4m^t xiv sut «effe nc^uyelje $x #3t«,ep^ j^ur l'jitçfl^p.piropre, jU'^ia: plut ftPieiiflu'^f^ent, pour lare- . Vfîlwry^Aicjç 4v 4iT^a^^ fxf^;:êf^^rignep^\, *!^ hmPl^ 'pbfc«*é V^ que Td t ' irrtèi^ terre toute fes^ièbe iTartmseméffH lès diTOànôh^ et fe rhtisîqyy fwêttfé dâtià les îiaîsoiîs pèiFlîrèti- ^ères : cettV;^VA preiidifâït; ehfcore aujBtip- 'd'Kul en ic^trà^rëiiiion , payeraient ime îSbrtW -ààien^?''''^ '-''"- ■ '• '-' ' ■ «■'■■ - Dans les ^jècles reculés,, Ijçs. ^yçflue.s d'^^gle- t^ipjî. voulaiei^t quç,'les fétes et; les dinaançj^ç^ W h'allâtj^qji'jà, pie^ I,^urs . r^g^enç, défeft- .^aienï méj9ie^^ft^ixe.,,d;a]kj?,,ç^ iQijESîl^ en chariot, à .oixe^ai^fîw w.bat^au. , .^. j,^; .' . Le ^ «aars i'^^,'>tttt*i«ïrfe pëtwiqoteir îA «itttché Ml -piiteiri ,' dans 'k TjAadé'de ^Ifondtes^ ;ippelëe Mé(#fieléU', '{^tfir ^i^r^^'ëtë'^atprià ba- sant le dimanche. *^ -pèpàTâiië fâAJsiÉfÀiBl^ âitf- l;<)W de ce.B^fl^jïwuXj'B^^jyi^ffjjat l8,^?ipps iqpif dura,s«n,%ujpliçe;, 4«j %.dW;l^ , ti^n ,d>^qu?jc«^ap,i;^ftigiu- j«,T«?f l*r .ig^^e^e or» |çjraitai|l;. Il^i^iî^iplufl ^(péqfit^i^f^ç )i;bâtiiaeBt.,.qn|if d^ quatep ^'fiHi(|[#jTïatne4««é- il?jée5àXair(Ç.4çs.bjarbe«;, ,,,.,V. . -yj})' .";.'i •Le t5 dù'W^Aiè mois /iWi fetâit U^ dtfeàïciit avoît f^kxM''(!^^^iMt çàrtïè dJé s > r \ 3a4 Londres. , • la cour et le^^groffinces débauche , et le d^^ordre de leur toilette sem- • blait le prpvtv^f- M^ .firent tqnte$ leâ instance^ imaginables pour qu'on ivoi;!^^ l^ien donner 4in coup de peigne à le|irs, perruques* Le maitr^ €ut le. bçnhçur de les refuser : c*étaiënt des per- ruquiers» ses confrères^ qui avai^t eu l'indi- gnité de se travestir pour le faire tomber dans le piège, et qui. lui auraient '.fait payer une grosse amende , s'il se fût rendu à leurs prières* Tous les maîtres perruquiers dé Londres se Tassemblèrent le ii mars, méniié aimée 1761 y et ils se promirent mutuellement de tenir là imaiii avec la plus griainde rigueur , à la loi qui interdit l'exercice de leur pYOfession lé dimanche. Xeurs gar^^Qs^ s'^ng^èreiit ^xm\ à dénoncer les maijtres qui vovidijaieint les y. f^Q co^treyfu^ix*^ Se serait-on ;|ttçii4^ ^ trouyef U^\;(èle si t^M^ ^euiL dans 4^ perruquiers^? / ; . * ' ; Un de ces dobtèUrs d'une nouV^né espèce ëtait -peut-être t'aûtièur d'un petit ' 'écWt' qui partit idâns les gaaseités dil 6 féviiér-i^/èôl. où où lut ^es' réflexions originales/ sur le scâ'ndale d'une -barbe noii^SémeM faite; et d^ihe tête bien accommodée , dans les jours consacrés 'au Set*- gneur. En voici un fragment; &le y que poUr.leplus bel accbtti-- »► iHôdâgé , lorsqu'il est le fruit de rinahsei'van- » eè d'une dès plus Respectables fois ». •H se passa à Dublin une ôcène fort originale. Une multitude de gens du bas peuple s'assem^ Wa devant une msûson conriUé' pour être une académie di& jeu* C'était un dimanehe , et l'heure ^a^pï'OGhait où 1» compagnie devait arriver. Cette populace , quoiqttC' tiombi?euse , «e fsiisait pas* le moindre tuniultè , et attendait en silence qtt'il-parut un des acteurs. Arrive une chaise à- porteurs, et précisément celle d'une- joueuse tris - connue. Elle est entourée , ^es porteurs sont arrêt es.. Leffroi la saisi t^çlled^maude ce \ j 3;26> Londres,^ Iq cour et les.provinces qu'on lui veut. Alors, xlu top le plus capable de la^ j(a«3ur^n, quoique ferme et imposant, on ta prie oU sprtir de^ ch;^i$e. Difficultés de sa part ; ojQ;ii)^«t0, elle. obëitii et celui qui portait la pa- roje^ lai . adressa ensuite ce discours : * Nous saisons , ^ladame, que vous mene^ une yie trop, ji^i/^didantet : votre passion pour le jeu you&' fait-QubUer ce que vous deve^ aujour du Sel* gneuit- C'estf j'ipterèt que l'on prend à votr^ aaie, ^fii vous- attire cette pejUte: remiontrancch d0,iK4|*o par)t. Voii&.m^ vai^refuserk^z point (e.n niéme{ t?mps iMui'pr.éseate i^ne Bible );de jurçr sn^ : li^s sainte^ £^ci*ituf es-, que^ voiis^ nenoneea pour : toujç^uir^f à, ui2ke pasfiion si dangereuse i>« Kouyelles peiiites ppiir lui arrdbhw oe $er- xn^n^; niais; «qn parlait avec.t{iint d'aulprit^quiil. fallut céder. Qn lui, dicte le^ paroles i'une aj[Mràs« l'autre; elle les répète d'une voix distincte, quoique tremblante.; elle; baise .1^ saint- I;i- vre (i).vL4f voilà ;.délivr(¥ san3.^dc>ute de cette étrange pers.éQU(^c^p ; elle v^QMt Ff3n|rer dans ^ ohaisie , Qn Te^^ .i^iïïpêche., « VouA^aav^z , majda- meivluifdit.unr.avtire orateur ,, non 'moins poli Qtnon«nioinsr^e^mequie le ppemief;> vous savez que rfaumili}^ e^t^unq vei^U: agréable devantf Dieu. Vous n'aureijz? jamais^ upe plu3;belle occa-> sion delà praiiqUbr>; œ seraiiinbenreux début ' (x) SeièA la^févAmliK^da serinent juaglauu ^ pôtir votre nouvelle vie. Nousr* allons vous eà^^ Porter ^ et même vous soutenir,? si vous'âvez de. la peine à marcher; maisi vbus vbuàcontehte- rez de vous faire suivre par vos porteurs , el ' vous retournerez à pied, au' milieu de noi;is, jus- qu'à votre logis ». Elle fut ainsi r,€conduite eu grand cortège ; et quand on l'eut vu rentrer dans sa maison , la foule se dispersa , et chacuii retourna chez, soi avec la plus grande tranquil^ lité. . Le IbrH^chef dfe jtjlstice, fe au février- 1*769 '»* |ugea, dànsf ki'sàllé dé W-estttiinster ; trne cà'uàfe'' très-sihgûliiéfre, qui ttkiu^e- nattu^ellèMeiit fe* j^lace leii ^ - Un délateqr voulait faire condamner là dan(e Sarah Compttôn, à ao livres sterling d'amfende, pour avoir passé un mois entier sans aller à. Féglise. Il appuyait sa dénonciation jd'unacte. promulgué, spus le règne d'Elisabeth , et qui n'ayant iao^ais été révoqué, est censé subsister encore dans toute sa force.. Vât cet acte , tous le^ sujets proteStans ; et même les papistes • doivent prouver ,. lorsqu ils evt sont reqms , qu'ils ont et^, au moins une ^îs'daiis respace d'un mois , a quelque église ou chapelle tolérée : faute d'en donner les preuves suffisantes, sils^ sout âgés de plus dé seize ans, oh lés condamne^ à uiie amende de 2pUvxes sVerlirig. ïlèjùgeinent "1 Saft : I^on^s^ la cour et lu provinces 4. déchargea la dame Compton des sQîte^i de cette accusattoa int<4ëraote , |>arce qu'il fut prouiré qu^elle arail été malade. La plupart de^ ecetesi antiques et des pasCeurs atiglicans rMi^ loin d'approuver des lois si ri- goureuses, et de suivre Texeiuple de FancieEk clergé du culte romaio. On petit juger, par te discours que prononça^, dans une assemblée d'évéques, le roi £dgar> en 969 , quel était alors le dérèglement des ec- clési^$ti4S|ues»>«Â peine , dit ce prince , les clercs 3» daignefît*il& assister aux vigiles ^ et ik sem- » blent venir à la messe plutôt pour y rire , que . » pour y prier. Ils s'abandonnent aux débauches » de la table et du lit ; en sorte qu^on regarde 3»' leurs maisons comme des lieux infâmes, et » le retidez-vous des farceurs. Ott j joue aux. » jeafx de' hasard , on y danse , on y chante , on. »'y Veille avec un bruit scandalenx »* Les prêtres anglicans , occupés de l'éducation rfe leurs enfans , et de la pratique de leurs de- vbirs , ne sont point exposés aux tentations da désœuvrement ; retenus chez eux par les char- mes qu'ils goûtent au sein de leur famille , ils. ne vont pas cherchet» les plaisirs d'une vie dis- sipée : aussi ont-ils des mœurs eX des vertus. On ne les. voit jamais se mél#r dos intérêts des . dfjàngkteney â^ Ecosse etd^Irlandei Zag. ^en$ d*u fitionde y arranger W masiagea^ dicter les testaiDeâs ^ brouiller les j^areofi; ^ pour a\roir. le mérite de les raceomraoder* Lès mœurs des evêques anglais sont encore- plus réglées qae celles du clergé inférieur. Ils; ne révpltcjnt pas par leur faste 5 leurs équipages. . sont simples ^ leurs habits modestes , leurs do* mèstiques. peii' nombreux j. et leur table est sans somptuosité. Si quelques-uns ont des maîtres-^ ses, on Fignore. Un évêque anglais qui en au- rait une publiquement, et qui se rendrait che». ^elle sans précaution,, n'oserait plus se montrer dans le public ; il ne serait plus reçu dans aii-:^ cune maison, bonnétc. Un ëvéque anglican qui se répandrait trop dans lès sociétés , perdrait toute espèce de cour sîdératioEi. Rarement se permet ^il de manger ailleurs que ehet ses parens; mais jamais on ne - le Voit dans ks:as6e«nblées. où l'on jotte , ni aux. spectacles , nimémeaux promenades^ptibliques :: enfiui^jusqu'aBX^ plaisirs innoicéiis-de la sociétë» lui sont interdits. Sa femme, ses «nfans imitent * sa modestie et sa vie exemplaire II résulte d'un^' telle coçduite^ -que les évéqàes> d'Angletei*»*^ inspirent un ^Jéritalblel respect. ]La?cansidérâtiOi* * dont ilsjouissetit, et^qu'ib ne doivent qu'à lai > purete.de leurs, mœurs ^ leur jêsI. accordée géi^ neralement par tout le monde.. Ces év.êques, oiU îe titre de lordj ils sont nommés çat le xola; ^ j^ //■ 3^0 £xmdres\^lacùm'éfies'pr(wimes l'archevêque de Cantorbéry leur eofifète^ lies or^ dres en qoalitëde priraat du poyautne. L'un de ces prélats^ M. Hanway , était aussi res- pectable par sa pie'té que par ses vertus soci aies.; Un jour il engagea un cocher à son 'Service, etlui^ détailla les devoirs qu'il aurait ar;elmplir ( ' prôdiulitFôti stittîiM^^ ie tira bientôt d'un em- ploi ^sî fort 2itiî-'dfêssfô^s^(îé sesitaléni Supérieurs. Dès -lors il itdijllît \ïne réputation liotiorable ^. <|m ^ei tarda/^as à^liékver àdff ^i^làttifé. >fiîlyta/'ei} Angletc^iTe troii mi qiiftiré détiomi^ iiaiitOQav)Boiir;4engtier;uii ^otlëMf^stikjué ch^gé du ogoû veDnèin«rivt ' d'aile ; pt^t^ls^l |OhI a{ypeltèi rè^oa^. { riacCeur) un i adté^ qui » jduf t» -dès * dixmietf d^rséiii bénëfice.' Ohid^pellb-^si/mt* (>i^iêairé') , uii. cwé qû)û àié .jauvtripas des di£iii[e.pées.;pÀr<^dês laïques , soiC^ quieUes aîcatiétè «élribo^es àl'Uid évécttë^^àim cbàpîtreyielb^iBoânv on appeite Kmnte {c^àVé) ; ui^.oqoJié^adtiqpe. jkyë-ponr fâiire les fonotiohs 4fttÇUré., oHUfSiffiple desseirvant". ' I^uiPK^mtiâe^ r<ïcte>ttr» àùii> dures t^ c!t},: «.>.: J» < .( ;>]4e8$prêti^es| étant presque tous mari*» einAn^' gleterre V iltarrive^irès^sot^vent (^uiej^ ' pouf^ direr qU'nn homme appartient kde&parTOshonïi^tes y on'>ditT c^vl i\*^s\rfilsr^ un , prêtre' :bQ' qtii> swait* ùfae;insulte<{làiis'les parys catbioliqujôfs. Les^ An-* glais. btxt* atissii qtielqncs' grav^&rbeis' roUti% -à • I / 33»' Londres y la C0uret tes pro^ihees , leurs mœurSjt qui seraient satyr|f|ues sur le coa*^. tiuent; tel, par exemple ,qjue c^xàle par ses reparties prosipte», ^0» par ses pp^opps lest^es; se trauvaut. un jour'ài %àtii^ dans une taverne duJieu oà était son ré^' giipçnt, Jl se permit de critiquer la conduite^ d'.une dame de qualité ateei una -• sëyéritë* outra* géante. Un colonel qui se trouvait à la même l^ble, et qui él^it, parent de là dame ealomr- piée j s'adressa au peu discret aumônier y et luv dit : « Monsieur -. lé bayard , les- propô» éean^- leux que vous venez de tenir sont fous d'tme^ fiMifisété mamlesl)e ; et^i j'étais atiprès de votis,. un sofsiflet vous aurait déjà ptmi de ^tre inso- lence ; mais vous, devez vous •regm'dier comteè souffleté^ puisque la distance qm nous sépare estv seule cause que vous ne Faveî point reçu. -^ Colonel y. répliqua, raumônier , mon état me diéfend de porter une épée^ mais ppenezqtfé'jÊl sois auprès de vous , que j'aye saisi eell^ de votre voisin: f et qite je vous, Faye passée ^u tra- vers du corps.- Vous devez- vous regarder com^cj tué de ma main, puisque vRonis ne virez qu'àf eause de la distatrce qui' nouir sépare >. Le co- lonel se leva furieux à cette k-épliqué , mais le ^1)^s^lai«i observa que commet il avait tué son. ^ t *. »> ^â?Jngtèté&e y d^ Ecosse etWlrland^ '355 ^liomine^ il n'était plos permis *à un mdrt die parier ni d'agir. La compagnie se mit à rire , et empêcha tiue la querellé n'eut des suites , qui Itéraient "dév^miesr fâcheuses «i, pendant quie ronëiaitodciipëât c^lmerlè cobnèrl, le chajpe- 4âin n'eût eu' la 'prudence de conserver l'Heu- reuse distance qui l'avait garanti du soufflet/ * Rien de si commun que de voir un ecclësias- tique , en Angleterre , être recteur de deux ou trois paroisses à la fois, qui lui produisent uja Vevenu eonsideraljle , pour lequelil ne fait autre chose que prêcher une fois Pânaee dans cha- cune. Ce qu'ils appellent le gros 'ouvrage , c'èst- ii-dire le stervie^ divin , Tinstrtrètion dés^en- :fans, l'exhortabidn des malades , ils s'en déchar- qgént sur une espèce de valet qut^bn: nomme ctt- ^rate , à qui ils donnent le moins dé gages qu'ilà -ipfèuvent , et«qm dé soû cblé fait le moins d'où'- vrage qu'il peutc j .11 «st pieti d'^éiat^ '^i Angleter^ , àùési mëpri- Babie que celui fle chapelain d'un grand sei^ gtteur. Le titre dont cet ecd^tique est ré^ .Yiètu ne sert qp'ii le dégrader : il ja'obtiéht i hoh- ii/eur d'élre tt^mis i la^ table de son iseigneùr oii ^hitôt de 80|i maître , qu'aux conditions d^ îi^u^r le pliis.bas de tous les rôles, celui 4'^à Aatt^ury.ou^ ce qui "est à péù près la rnême chpaey celui d'un esclave soumis à toutes lés ^ii>lQntà)({tt'oAiui laisse aperc^oir. Lès pain 334 Landry % M çojur^ «f les^pf^in/if^^ % des trcâs rpyamr»^ , , caçfiiU^a ., A'^çik Pte. , îorft ,tou3 up /cecUiii ^pfnl>rettle ab^^p^tiSi, c'cWî*<^* dite d'hQnné.les domestiquer q)ui,i»;^vi lUeu.de ,poi*tçr leur livrée , ;pprttAt wlfe du^jcbargéf «t tiçnaent pljûs à J^M^* p^trqniquaileur^égUisej' i Voici comi^ç çp par-M L'aut^Mir fangldiftqiirk le mieux peint \e^ mœurs de sa naiian ( ^Ad- disspn ) : « Chf z le3 grands, dit-il, il est d'pAage "jrijué lek cliapelains se retîrept de table lor^- i qu'on apporte Je dessert ; \l arrive ^e là :^j^ !"'■> ^» qu^ils n'ont pas une minute a perdre ». . Qn r'enconjtfjb , jinalheurilP^ii^nit'. dès »eGclé^ siastiqu^ bieifi dignes d'^«)tf^l.4^iASâfn]nnJt«.lIh à $a npxniii^t^pnf ifl afi piy36Ç;atr.ji^iantilé.dîe<> clésiastiqtteSjpÇjuiç |'Qf>^§nir ^jliiw; id'pwx fatraora» tenu d'une recommandation si.ipuishafaite, que le seign^mr lui <»iii:Si Jl les fpjrit effective^ xaent .av€^ soia , ^^t il jappHt jqii'ilikne pouvaii: Xdir^ uja film .pia^ïais choix- ;^ parccr que ^eA eçcléph&ïiqw: 4t;;^i% un Ikomme iscondaleux , et Jiv^4 ^^^^ fi^^^P^^^pewent à itoutes 'idNftes de «b^- ,4K>rdr^8. Celui-ci qpi ne:9e çlé^t poini; qu'on i'qvt^ peint si re^embla|it> revint quelques jours .'AS^ avec J|p^^u^.up 4e caufianoe, et tieaiacida .à ficm fptiu* '.pa^i^QU $!il étiùt 3fttis&it des xap- ;Pf3^tS/qi;L'il ay^it recu(âUi6« «Jelauiisâiiforaié ^e ^tçMt;^ qM^e je voulais .sai«ioir, Éépoodit le mi- JU»i9d> >ç^r ]Yi ^ppiiû» q^e KOUâ avez jious les vices :q\ii;pt .Q^dippffe^ .^i^i^ mauivais ^ets de votije proCes^OB ; jmais il .eu manquiB uii , i ^ ce dé- faillit ipi'eaac^pif qlie i^e yaus co^forer le heiléâçe. rr- îJn viqe ^a$ xaaj^qUe , p<é|dftc[ua recolesiastir iq^e fort ^on«t?'I It-p Qui , :Beprit loâloEd ^ >c'eïrt i')bypoQi*Â^'9 piO|iircoiii»ir tous les autres f>. . » Que ne mit-il en j|;isage le ihoy^nxlont nous ^Uop^ parier? iiM'aAirait erupDitf eur ious ses jcoueur^etns. JÂu JD^néfice x^ooaidiér ablejéliuQ t meôn à vaq^i^er , unjjQu^Qe ecclé»Mtjiq^e,couit;oht2;Jfe patrpQ 9 avec (ifn. |ila)^ ^g^rni ^d« ti'^Afte pommes r: il prié le «yfdçt 4e 'Obajnl^e de 1^ pré^e^ter g jpon jnaître, et.e9 ro^etjeMpfip9;de jj^mai^d^r., :j^Mf çç^liû qfti vi^ut |^ pffr^*» 1(6 Jbénéfiqe vap c^t* ÎLjB v^ljSt ^ ciiftfijj)ite f'ftcqHittQ (Je^sa jCQWr »iis^<>n . xi Ce ïn'^t ^>^ W} une afffwe^ de pom- n^e^ 3 i^épood le ppHaJeur ; Biie^ pommiers pcffr l;en)t /(^e^ Iryfit^ 9us&i )^^u|ç , çt peut-«étr:e m^M" leiLurç q^e jçeijxJ^ », ï^e vftlet ^e çbai^}ye va re^ 4re:fCet4te r.^pan$e..« iQue mMpr4 ait ^aijs (^^ j^r4in d'^iw^i b^s |>iofîqijQie^, je le ^pis, dijt le 336 Londres y la cour et les provinces je n'en crois rien. Prièz-le'VTen goûter une, la première vettue ». Le valet de chambre/ sûr 'd*as voir une bonne récompensé , rétourbe , ^ insisté auprès dé son maître , qui oiivre une des tl^etite pommes. «Ciel! Une des bizarreries dii révérend docteur Pat-* l€ii y consistait dans Taversion la plus décidée pour le symbole des apôtres. Il s'abstenait tou- jours de le dire à ses paroissiens , lors des prié*" res que les pasteurs anglicans ont la cdutumQ de faire dans leur église. Son archevêque en fut informé , et chargea quelqu'un de l'interroger, sur les motifs de cette omission. « Je nç crois point à ce symbole , répondit le pas^teur ». L'en- voyé lui observa que son métropolitain y croyait. « Cela peut être / et rien n'est moins étrange. 34o Londres y la cour et les provinces Sa foi est en raison de 7,009 guinées qu'elle lui. rapporte annuellement; je n'en saurais avoir que sur le pied de mes 5o liv. sterl. \ Les prédicateurs anglais lisent et ne décla- ment point en chaire. Si leurs discours ne sont pas fleuris y ils sont très4ouchans et énergiques. . On ne va pas les entendre par air, pour les louer ou les critiquer , mais pour s'instruire dans la religion et la morale , s'édifier et se cor- riger. En général les ministres de l'église an-- glicane sont très-instruits. Le docteur South , chapelain de Charles II, prêchait un jour devant la cour, composée des hommes les plus corrompus de la nation. Le> chapelain s'aperçut au milieu de son discours, que le sommeil s'était emparé de ses auditeurs;: il s'interrompit tout à coup , et changeant de ton , appela par trois fois le comte de Lauder- dale. Ce seigneur s'étant levé : ». Lorsque le docteur Beadon était recteur d'El- tham , dans le comté de Kent , il prit un jour pour texte de son sermon-. Qui êtes -vous? Après l'avoir prononcé, il s'arrêta suivant sa coutume , pour que ses paroissiens eussent le temps de réfléchir sur le sens qu'il présentait. Un étranger , portant l'uniforme d'officier , croyant que cette question s'adressait à lui , s'avança de pied ferme au milieu de la nef, et répondit , au grand étonnement des spectateurs : « Je suis sous-lieutenant du seizième régiment d'infan- terie , chargé de faire des recrup^dans ces can- tons. Comme j'ai amené avec moi ma femme et mes enfans , je désire faire connaissance avec les ecclésiastiques et les bourgeois d'Eltham w. Ce propos naïf troubla tellement le prédicateur qu'il ne put achever son sermon. Le desservant d'une petite paroisse de vil- lage , dont4 auditoire était peu nombreux, un 34^ Londres y la cour et les provinces . .jour qu'il prêchait , dit en voyant entrer àt% ca- narda et des oies dans l'église dont les portes avaient été laissées ouvertes : « Je ne ferai aucun reproche à mes paroissiens de ce qu'ils n'assis- tent point à mon sermon , pui&qu'ils m'envoient leurs Teprésentans jpu Un pasteur se fit interdire pour trois ans à l'occasion d'un sermon fort original , imprimé dans le temps , et auquel il donna pour exorde une prière encore plus bizarre ; la voici : « Nous prierons y mes frères , pour TEglise catholique; je veux dire celle d'Angleterre et dlrlande , pour la sacrée majesté de George et la famille royale : prious aussi pour les deux universités de ce royaume et pour les archevé-* ques et évéques, afin que Dieu rende les uns plus orthodoxes, et augmente la foi des autres. Èénies soient les deux chambres du parlement ^ et puisse le ciel accorder à ceu^ de ses membres qui'fbrment la majorité ce dont ils ont besoin , plus d'entendeftient et de bonne foi » l Tirant ensuite son texte de FEcclésiaste , il expose, à sa manière ^ la vérité de ce passage , ^ tout n'est que vanité. Il passe en revue les dif- férens' plaisirs auxquels on se Uvre. rejeta la simplicité de soù culte. Ce fut pour donner plus d'éclat au culte qu'il Êivorisait^, et \ 346 Londres , la cour et les provinces sans doute pour le rendre plus agréable au peu-- ple 9 séduit toujours par les yeux, qu'il le com« posa d'une partie de celui de Rome» U mit dans sa nouvelle Eglise desarchevéques, des évêque^, des chanoines, etc.; leur donna des habits sa^ cerdotaux , et , aux cérémonies religieuses^ une pompe nécessaire pour frapper vivement le peu- ple. Les protestans zélés regardèrent tout celât comme de& innovations , des pratiques supers- titieuses , des pompes mondaines suggérées pat l'esprit d'erreur , et adoptées par la vanité hu-^ maine. Leurs^ clameurs furent sms effet; les. grâces de la cour y des revenus considérables; attachés aux riches bénéfices , des honneurs et des prérogatives accordés k ceux qui les possè-. dent , surtout le droit d'entrer dans le conseit de la nation (le parlement) donné aux évêques,. persuadèrent facileinentauplus grand nombre,, que la religion anglicane était la meilleure; Les presbytériens furent ceux qui rejetèrent cet édat et cette pompe avec le plus d'indigna- tioA. Leur doctrine n'est aujourd'hui suivie que par la classe roturière de la natipn , et par quel-- ques bourgeois aisés. Les dévots, les dévotes, s'extasient sur la sévérité de mœurs qu'ils ont adoptée ; les "autres rient de leur rigorisme putré. Quant siux dogmes , Jes presbytél^iens ne difr \ \ '^jtngh^rre^ ^Ecosse et d'Irlande^ 34^7 firent ppint des anglicans, S'ils ne veul^ent dans le culte aucune cérémonie , c'est qu'ils préten- dent qu'elles sont toutes instituées par les hèm^ Tnes , et qu'aucune n'a été ordonnée par Jésus- Christ. Les Anglais eux-mêmes pensent qu'elles, sont totalement indifférentes à la religion chré- * tieniie/ LeSt dignités de l'Eglise lie paraissent^ aux presbytériens qu'Un appât inventé par la politique séculière , et présenté par elle aux mi- nistres des alitels , pouc lès éloignei" de l'esprit d'abnégation , qui est celui du christianisme » et pour bannir de leur cœur le sentiment d'hu- manité et de désintéressement qui les rendraient trop sëvères à l'égard des passions. Selon les presbytériens , qui sont les gens les moins gais de l'Angleterre , le rire est un hui- tième péché mortel. Ils soutiennent qu'une^ femme qui rit , pèche contre la pudeur et là modestie. Aussi est-il parmi eux des familles ^ où de père en fils on n'a jamais ri^ \ /• 348 Londres^ la cour et Us pi'opinees^^ CHAPirRE LXX. Quakers. Jt J2NDANT les guerres civiles du règne malheur reux de Charles I, il s'éleva dans la Grande- Bretagne y une secte y connue sous le nom de Quakers^ ou Trembleyrs, parce qu'en faisant leurs prières , ils affectent un tremblement de tout leur corps. Un cordonnier , da com(é de Leicester y nommé George Fox , homme sombre et atrabilaire y ne trouvant d'amusemefit qu^'à lire l'Ecriture Sainte , en chargea tellement sa mémoire , que ses discours n'étaient qu'un tissu de citations ^t de passages. Sa vie solitaire aug* «nenta sa mélancolie ; et en parlant le langage des prophètes , il crut en avoir l'esprit et la mis- sion. Bientôt ce ne furent qu'extases., que vi- sions« Il se vit environné de diables , et s'ima- gina entendre une voix et sentir une lumière qui dissipait ses craintes. Il érigea en révéla- tions tous les écarts d'une imagination déré"^ glée y et dans le commerce qu'il crut avoir avec le ciel , il ne douta pas que Dieu ne lui fît con- naître le véritable esprit du christianisme. Il quitta alors sa profession de cordonnier , trop vile pour un homme inspiré , et voulut jouer 1 d* Angleterre , (T Ecosse et d'Irlande. 349 le rôle d'apôtre. Il feignit des miracles pour accréditer ses prédications. Mais Tapostolat lui coûta cher , et lui fit éprouver de cruelles persécutions. Comme il prêchait contre la guerre et le clergé , il fut emprisonné à Dài:by , et fouetté pomme un fa- natique. L'intolérance de ses sectateurs révolta contre eux, et on les dépouilla de leurs biens; mais les obstacles que lui opposaient une partie du peuple , et la puissance du gouvernement , ne firent que dpnner de l'éclat à cette nouvelle re- ligion, et multiplier les Quajkers. George Fox était respecté par ses disciples comme le chef et comme le restaurateur du christianisme. Non-seulement il envoya des let» très pastorales dans les endroits où les Quakers avaient fait des prosélytes , mais encore il écri- vit à tous les souverains de l'Europe, au roi de Finance, à l'empereur, au sultan , pour leur dire, de la part de Dieu, d'abjurer leur religion, .et d'embrasser sa doctrine. Des hommes et des femmes passèrent dans tous les pays du monde pour porter ses lettres : il ne reçut aucune ré- ponse. Les premiers ouvrages, qui parurent en fa- veur de la doctrine de George Fox, étaient écrits avec unç liberté grossière , remplis d'in- 35o Londres , la cour et les provinces jures et d'absurdités; mais dans la suite, lors- que Guillaume Penii et Hobert Barkley furent entrés dans cette secte , le quakerisnie , qui n'é- tait , dans son origine , qu'un amas d'exlrava* gances et de visions , devint un système de théologie , capable d'en imposer à quelques personnes. V apologie des Quakers , composée par Ro bert Barlley , homme fort instruit , et pu- bUée en 1675 , est le meilleur ouvrage qu'on ait fait en faveur du quakerisme. L'épitre dé- ^ dicatoire à Charles II y contient , non de basses flatteries , mais des vérités hardies , et des con- seils d'une extrême justesse. « Tu as goûté , » dit-il à Charles , à la fin de cette épitre , de la » douceur et de l'amertume , de la prospérité 9 et des plus grands malheurs. Tu as été chasse y d'un pays où tu règnes ^ tu as senti le poids » de l'oppression , et tu dois savoir combien » l'oppresseur est détestable devant Dieu et de- » vaut les hommes. Que si après tant d'épreu- » ves et de bénédictions, ton coeur s'endurcis- » sait , et oubliait le Dieu qui s'est souvenu d^ » toi dans tes disgrâces , ton crime en serait »plus grand, et. ta condamnation plus terri- » ble. Au lieu donc d'écouter les flatteurs de » ta cour , écoute la voix de ta conscience , qui » rie te flattera jamais. Je suis ton fidèle ami » et snjçtt ». ^ d^Auf^hterféy ^Ecosse et d'Irlande. 35 c Le fond de Ik doctrine est un grand recueil- lement, des pasteurs sans ordination , choisis par rassemblée , ne recevant que ce qui est né- cessaire à leur subsistance et à leur entretien ; un culte sans sacremens, sans cérémonies, sans ' prières publiques. Us pensent que nul homme se peut avpir de supériorité sur un autre , et q^'on ne do^t rendre hommage qu'à Dieu seul. Les Qua^Lers ne saluent personne , tutoient tout le inonde , et n'admettent aucune distinction de maître et de serviteur. Ils ont été les pre- miers qui abolirent Tesclayage des nègres. La naissance, les dignités, les richesses, ne* sont point parmi eux des titres de recommandation» ni d'un profond respect. Ils parlent à un grand, ^ un ministre , à un^ prince , aussi libreipènt ^ aussi famiUèremçnt qu'à unpairticulier. Tout serment le^r est interdit, même en justice.. Lorsqu'ils sont appelés en témoignage , leur simple affir^nation suffit, mai^ en matière civile seulement. Ils ne doivent user d'aucune super- fluité dans leurs habits; , ni de tout ce qui sert à l'ornement et^à la vanité. Le jeu , la cha^e, les divertissemeps , les spectacles , leur sont dé- fe^ndus par leur législateur* Ils ne peuvent ni plaid<^r, ni porter les armes , ni faire la guerre, ni méme^ se défendre lorsqu'on les attaque. Conséqueipmentà cç$ principes , on sers^it près-, que tenté de les croire fpus honnêtes gens. r 35îi Londres^ la cour et tes provinces Guillaume Penn , qui donna son nom à une des colonies de rAmérique septentrionale ( la Pensylvanie ) , ouvrit un asile aux Quakers , qui se sont relâchés , dans le nouveau monde , de quelques-uns de leurs principes les plus sé« vèrcs , entre autres de celui qui leur défend ,de s'armer pour le service de la patrie. Quelques Quakers sont vains et fiers de leurs habits avec peu de boutons et peu de plis , ainsi que de leurs petites boucles et de leurs larges chapeaux toujours rabattus. George Fox , était aussi un peu fier de son habit apostoli* que /qui était tout de cuir, et il n'aimait pas. plus à ôter son bonnet de peau , 4^e ses sec- tateurs n'aiment à ôter leurs chapeaux. Afin d'éviter d'être contraints à ôter leur chapeau lorsqu'ils ont à parler au roi, ils prennent le parti d'aller à la cour sans chapeau. Ils affec- tent aussi d'autres singularités ; par exemple , ils rejettent les noms généralement adoptés des mois de l'année et des jours de la semaine , et les appellent le premier , le second mois , etc. , le premier , le second jour de la semaine , etc. Il semble aussi qu'il y ait de l'affectation dans leur manière lente et solennelle de parler; mais on est obligé de reconnaître que leur caractère moral est très-recommandable et digne d'esti- me. Il n'y a presque pas d'exemple de Quaker condamné à mort ou à des peines infamantes. d^Jngîeterre, d'Ecosse e En 1791 , il y avait plus de vi Qùaier n'avait été as^gnë à Ol i Gide qui est 61 cokninuD parmi 1 presque sajis exemple parmi uu ipot y les vices ^ 'les d^ts i 1 communs dans leurs sectes qui • Les- qu^[«ll:ès et les disputes < parmi eux ; si des personnes c \ en ont avec èu^;^ les Quakers c I joues : l'avantage , parce qu'ils i 1 maîtriser > et qu'ils conserva 1 itmà. ' ' ' • • Rieni de plue /Simple que le m 1 lersf Âprès^ Xfu'oh a )pris des info savoir s'il y a^ quelque enjfpéctie ; pose à l'union projetée ^ les dem ÀtïÀ y à un joiir prescrit ^ dans I; hlée^ où le prétendu déclare qu'il pour» épouse la femme présenti ! fidèle : déclaration que la future! son tïôté. Ils itiscrivebt ensuite lei un livre qu'on garde à cet effel;*^ aies qui sont présentes signent co Les ^Quakers ne reconnaissent p «colésiastiques , et le divorce » s'i ^olument nécessiâire, n'aurait: :li< séparation volontaire des deux .<| , Les Quakers élèvent leum e conuner^e, ou pour de? j^r^es )' 354 . Londres , la cour et hs provinces n'est point question parmi eux, ni.d'hoinniea dç loi , ni de militaires , ni d'ecclésiastiques. La médçcine est la seule des professions appelées libérales qu'ik embrassent. Quoiqu'ils soient ennemis des titres , ib admettent cependant ce» Ipi de docteur en médecine , et ils vont ordi- nairement prendre leurs degrés dans uue uni- yersité de Hollande. On ne croit pas qu'il y ait plus de cent mille Quakers danà toute l'Angleterre. Leur priuci* pale assemblée a lieu tous les ans au mois de mai , elle pourrait être appelée le grand Sjnode^ des Quakers. Elle est comjiqsée de ti^embres de toutes les parties du. monde où oett« secte est répandue^ Alors le synode publie une léttf^ concernant l'état de toute la communauté y pendant l'année précédente. Ils y parlent d'une msûiière particulière de leurs souffrances , ce qui signifie le;» dixnies, et quelques autrçs taxeiï qi^'ils pay^At avec chagrin. '^V . Lf s Quakers île sont nullement. compUmen'^ leucs , et si' iQoqûent même quelquefois de ces foritiul^^ usitées dans le monde ,; tet qui sont autant dé mensonges. Un homme avait la cou* tume de dir» souvent, a voire service* Un Qua- ker de bonne liiimeur l'aborda un jour et lui dit : Âmi , comment se porte ta femme. — ^ A. vôtre senriee ^orépondi t l'hcmime ^ poli . .-^ £ t ta diarxnistnte fiile?^A Totre- seryioe.-^imi ; es-* ^ \ d'Angleterre , d* Ecosse et d*^ Irlande. 355 tu accoutumé à dire des mensonges? — Nfen, Dieu merci : je ne voudrais pas diire uu iKien-^ songe pour un trésor. — Et' bien , mon ami ,. envoie-moi ce soir ta fille , qui est , dis^tu , à mon service. Tu m'as dit que ta femmé^ussi est à mon service ; mais je n'aime pas à avoir à faire à une femme mariée : ainsi tu peux te dis^ penser d£ me renvoyer; mais n^oqbliç pais que j'attends ta charmante fitle. Quoique lès Quakers soient: presque tou* ignoràns , méprisent les sciences et' les savans ^ ils possèdent parfaitement là Bible* L'Ancien^ et lë Nouveau Testament sont les seuls livres^ qu'un Quaker Ut et médite, quand! il n'est pas^ médecin. Les Quakers y ont puisé leur&dbgmes ; ils j ont VU' que Jésus-Chri»t avait été baptise ,' mai^ n'avait jamais baptisé personne , et ils en? ont' tiré là conséquence que le baptême ne don-^ nait pas la qualité de chrétien. L'ablution es ï'anrie , disent-iU, est le vrai et seuil baptême qui sauve l'homme. Un passage de Saint^Paul les a confirmés dans cette opinion : c'est celui où l'apôtre dit , qu'il n'était pas venu pour le^ baptiser ^ mais pour les prêcher. Les- Quatkera ont pris ce passage pour une confirmation d& leur dbgme sur le baptême. Gomme ces sectaî-' res s'attachent plus à la lettre qu'à l'esprit ée» ' Ecritures^ ils.ont^aussi rejeté la communî'dtf.' îk n'ont point 41^euM niarquë^ pour k prié* \ 356 Londres^ la cour et les provinces re. < Nous ne prions , nous ne parlons , disent- ils , que. lorsque l'Esprit intérieur nous Fins- pire , et nous attendons qu'il nous maqifeste sa volonté ». Toutes les religions ont des jours de fêtes et de solennité ; les Quakers n'en ont au- cune ; s'ils s'assemblent le dimanche , de pré* férence aux autres jours , c'est encore , suivant eux , parce qu'ils y sont forcés par VEsprit. Leurs assemblées ressemblent assez aux cote- ries anglaises, par le silence et l'attention qui y régnent. On y entre, on s'y tient le chapeau 3ur la tête ; On y prend place satls saluer ni l'as- semblée , ni ses voisins ; et les deux mains croi- "^sées sur le pommeau de sa canne , on ferme les yeux , Gfn prie ou l'on médite intérieurement , en balançant le corps en avant et en arrière , ainsi que le pratiquent les luifs allemands dans leurs synagogues. Les femmes occupent un des eôtés de la salle. ., Tout Quaker «st prédicateur, dès qu'il se sent inspiré. L'Esprit agit même sur les femmes^, et alors elles prêchent : souvent elles déclament contre les fontanges, les rubans , les dentelles. Ces inspirations ne sont point réglées ; l'élu commence par souffler long-temps ; il se re- tourne vers l'assemblée, souffle encore, et dé- bite son sermon pendant un/e petite demi-heure. Tou^ sts phrases sont' poupées par de nou- veaux soufflemens ; les yt^x fermés, les maiiis â^ Angteterre y ne vends point i'hos* JtJngleterre , d'Ecosse et d'Irlande. 359 pitalitë. Deviens l'ami inattrada de ceux qui «'arrêteront chez toi dans les mêmes circons» tances ; rends-leur le même, service pour Ta- mour de moi , et je suis satisfait ». Pendant la guerre àes Anglo^-Araéricains con- tre leur métropole , en 1780, un capitaine de cavalerie allemande est commandé pour aller au fourrage , à la tête de sa compagnie. Parve* nu sur une hauteur, il aperçoit au loin une cabane , y dirige sa marche y frarppe à la porte et se fait ouvrir . « Mon père, montres^ -moi un champ où je puisse £aire fourrager mes cava- lietrs.-— Très-volontiers ». Aussitôt le bon homme se met à la tête du détachement , et remonte avec lui le vallon. Après un quart d'heure db marche, se ptrésehte un beau .champ d'orge. • Voilà ce , qu'il nous faut , dit le capitaine. -«- * Attendez un moment, réplique le conducteur, et vous serez content >« On continue de mar^ cher. A nii quart de lieue plus loin , on ren-* contre un nouveau champ d'orge, ou le Qua- ker invité les cavaliers de descendré. La irbùpe met pied a terre , scie le grain , le met en trous- se , et remonté à cheval. Cependant rofncier înécdutent dit au giiidie : a Bon père , vous nous avez fait faire une coiirse fort inutile ; le pre- «nier champ valait bien celui-ci. — Cela est vrai, reprit le vieillard^ msls il i^'éCait pas à moi ». I t 366 Londres , la cour et lesprovù^es Les Quakers, ont des principes qui ne sont absolumeot qu'à eux ; mais ils ont mille moyens d'en, éluder la pratique. Leur religion leur dé* fend de payer les taxes ; on saisit leurs meu^ blés y et ils les rachètent en donnant le montant de l'iropôt. Ils ne doivent en aucune mianière fournir leur quote-part des suhfiâdes destinés à soutenir la guerre /mais ils font entre eux des souscriptions pour habiller et nourrir les sot» dats: Un grave Quaker fut soHidté de contHt- buer de quelque aumône pour faire bâtir une église : «Ami , répondit'-il , tu aS grand besoin v il est vrai , d'une maison d'assemblée ; mais tu ne voudrais pas que je fisse ce que ma religion me défend. Je ne saurais donc t'assister pour l'élévation d'un temple neuf ; mais tiens, prends .ces loo livres sterling^ je te les donne pour je* ter bas l'tanoien ». Pouvait-on- éluder avec plus d'adresse le scrupule religieux ? * . . . . • Un Quaker conduisant un wiski dans la pe- tite rue qui mène de Newington-Green à Horn- sey , rencontra le hoky (i) d'un petit maître f comme il n^y avait pas assez de place pour que deux cabriolets puissent passer de front , il fal- lait qu*un des deux reculât. En France il se se- rait élevé une grande querelle , et des coups de w^f^^mmmmmmÊmmmmmiÊmmmmmÊmmm^mmif^ (i) Voittu» aiwsi légèw qu'oa wiâkj^ i l {pJmgleterre ] et Ecosse et éP Mande. 36i fouet eussent été libéralement distribués; mais les deux Anglais devaient se disputer d'une ma- nic^e plus pacifique. « Le diable m'emporte si je bouge d'un pas , s'écria te petit maître ! — Ce n'est pas à moi à céder , reprit le Quaker , je suis plus vieux que toi. — Il est bien ici ques- tion d'âge, repartit le jeune homme 9 en tirait de sa^che un journal , qu'il se mit à lire Iran* quillemént ». Alors le Quaker tira de là sieiine lin briquet , une pierre à fusil et de l'amadoue; il alluma sa pipe, et se mit à fumer, eomme Vil eut été dans un estaminet ; puis s'adressant au petit maître : «^ Mon ami, dit-il, je retiens le journal, quand tu auras fini».* Le jeune hom- me, voyant qu'il n'était pas possible de triom- pher de l'entêtement du Quaker , lui céda le passage, mais non pas sans pest^' contre lui.. \ ^ , 1 t\ 36a . Londres , la eoùr et fetprovin^s CHAPITRE LXXI. jinabaptistes. IJHéthodistes. VJE qui caractérise la secte anabaptiste^ c'est le baptême par immersion de tout le corps ^ et conféré seulemenit aux adultes* A Londres • ils ont un baptistère convenable y dans leur princi* 'pale maison d'assemblée ; mais dans l^çs provin- ces y ils bapti&eùt dans les rivières ^ et la cérémo- nie se fait de bonne heure ^ pour éviter le con-^ cours des curieux des autres seictes. Le ministre^ ^près avoir adressé un discoiu*s à ceux <|u'il doit baptiser^ entre avec eux dans la rivière^ jusqu'à ce que Teau arrive à leur poitrine ; il les prend alors par le collet de l'habit, derrière le cou, et leur plonge la tête dans l'eau , en prononçant les paroles suivantes : « Je te baptise, frère ou (sœur): » N, . . . . , au nom de Dieu le Père, le Fils et » le Saint-Esprit ». Les anabaptistes sont en très-petit nombre à Londres , et il en existe à peine dans le reste de l'Angleterre. Les méthodistes , dont les églises ou chapelles se nomment Tabernacles ^ soni presque tous ar- ^ / I I "^ê^ Angleterre ^ d^ Ecosse t -tisâns\>u gens du peuple ; let y ers le miliea du di-trhuiûème i a pour principe de se livrer ï | .prière , de méditer , de lire les i de visiter et instruire les pris( i Jades , cette stricte observauce glise> leur fit donner le nom Leurs principaux apôtres sonl George Withfîeld, qui, sans j chaîent avec leur éloquence s: tionnée à toutes les classes d'at i *rent répandre leur doctrine i monde. De retour en Angle teri i . ves contre le clergé , leur firent . des églises , genre de punition serait pas borné en plusieurs a TEurope. Ils prirent le parti de champs, dans les places public rues. Us firent un grand nombr< C'est sous Withfîeld que &'est mi les méthodistes, la stichomai la coutume de consulter la Bib vai;i hasard, et en fixant les yem verset qui se présente à la vue, d'avance le succès d'une entre] aimait beaucoup à consulter ] dans des disputes sur des poin ihéologîques, fl avait recours a 364 Londres^ la cour et les pros^înces comme à un moyen d'arbitrage , tfuand les par-*- tîs ne pouvaient s'accorder , et il ne permettait pas qu'on appelât d'une pareille décision» Wesley avait beaucoup dé savoir et de fafens;^ mais on voit dans ses nombreux ouvrages qu'il "croyait aux songes , aux visions , aux révéla- tions , aux cures miraculeuses , à la sorcellerie. Dans une des vies quW a publiées de ce per- sonnage , on trouve une lettre de déclaration d'amour ^ adressée à une jolie femme de vingP- trois ans. Après lui avoir dit les choses les plus flatteuses^ le galant patriarche termine sa lettre par ces mots : (c C'est aujourd'hui mon jour de M naissance ; il amène naturellement des ré- » flexions sur la brièveté de la vie. J'ai quatre" » vingts un ans, et, grâce à Dieu, je jouis de » la même vigueur que j'avais à viogl-un ans» » Je n'ai aucune infirmité physique ni morale. » Je ne crois point impossible que j'aille à ceat j» ans. Le reste de ma vie sera consacré à aimer » Elisa ». Les méthodistes sont des observateurs très- rîgour*>ux du dimanche. Plusieurs prédicateurs conseillent de manger le dîner froid ce jour-lk , afin de ne pas empêcher les domestiques d'aller au sermon , ce qui compromettrait leur salut. Un méthodiste, qui vendait des tripes, avait écrit en grosses lettres , devant sa boutique : V I \ d'Jngleterre , d'Ecosse et d'Irlande. 365 « Tripes à vendre tous les jouift de la semaine; 7è maïs le dimanche y à Dieu ne plaise >». Un au- tre avait une enseigne sur laquelle, ou lisait: VV.Ici Ton vend des têtes de mouton bouillies, » on en trouvera tous les soirs, s'il plait à Dieu )è • Rien de plus édirïant que le maintien des mé- ^pdistes ^ clans leurs temples ou tabernacles , y ainsi que leur attention au prêche* Cette atten- tion est soutenue et réchauffée par de fréquens soupirs qui partent à chaque instant de toutes les parties du tabernacle , et qui semblent se répon- dre Comme par écho. , . Le docteur Withfield eut l'adresse de recevoir, des aumônes si abondaiites de ses sectateurs, qu'il laissa après sa mort 5o,ooo liv. sterL en argent comptant. ..... Un joiir qu'il avait rassemblé dans la campa^ gne un grand nombre de paysans , et que , monté sur im tertre, il débitait son sermdn:, un tam-t bour qui faisait des recrues, trouvant une oè-^ casion si £avoi*able pour ^en faire une abondante i se mit à battre la eaiisse d'une façon si bruyante que personne ne pouvait entendre l'apôtre, qui, ^'adressant alors au tambour , ini. dit : « Ami , TOUS et moi servons àenx grands maîtres ; vous appelez des serviteurs pour le- roi: George , et moi pour Jésus -Cbumst. De grâce., ne nous nuisons pas l'im à l'autre : le inonde est assez 1 36S Londres , ia cour et les prâ^inces grand pour nou^eux , et vous pourrez faire ail- leurs d'assez belles recrues saus nuire ici aux miennesT » • Voici un nouveau Irait de Téloquence de Withfield, La comtesse d'Huntingdon,. devenue zélée prosélyte de la nouvelle secte ^ faillit se ruiner pour lui bâtir des chapelles. 11 était juste que Withfîeld , qui se trouvait si bien de sa gé- nérosité ^ lui donnât de temps en temps quel- ques louanges pour prix de ses guinées. Un jour qu*ellé avait été fort libérale, elle vint assister à un sermon dans lequel le saint docteur trouva moyen de placer un singulier compliment pour cette dame. cçlVous sommes#tous dkmnés, s'é- cria le prédicateur.... Tous, ai-je dit? je m'abu- se; il est une personne dans cet auditoire qui ne saurait l'être^ quelque chose qu'elle fasses Ecou- tes , mes confrères en péchés, vous ne saves; peut-être p9S à q^oi s'occcupe maintenant Saint Luc? Voii6>ne le «devineriez jamais, il faut doue vous le dire : il fait ac(ueUei|néift le, portrait de l'excellente lady. Huntingsâon pour être placé duns le plus bel apparteuK^t du bon Dieu n. Un autre prédicateur de cèttfe^ secte , homme fort laid et- fort petit , débitait un dé ses ser- mons en pleiii champ : dans la chaleur du dis- cours , il eut la. modestie d'annoncer à son au- ditoire , que lui garçon charpentier et prédîca-- ^Jngttterrej (T^cosse et d'Irlande. 367 leur y était la lumière de l'Evangile. « Goddam ! Véeria ua matelot qui se trouvait là par hasard, dépêchoos-DOus de placer ce petit bout de lur. mière sur }e binet, saus quoi nous serons bientôt dans les ténèbres ». * Plusieurs, personnes s'étaient assemblées ua soir dans une maison^ près de Kilmore y en Ir- lande y pou/* entendre un prédicateur méthodiste* Un soldat et un trompette qui passaiept par-*là , se rendant à Belfast ^ très-fatigués de leur route» aperçurent de la lumière, et s'avancèrent vers, .cette maison dans Tintention d'y demander Tho^"- pitalité. Mais comme Tauditoire était occupé à chanter des pseaumes, les deux voyageurs ne purent pas y être admis , et furent obligés de s'étendre sur de la paille, dans une grange con- tiguê à la maison , et qui n'en était séparée que ' par un mur très-bas , en sorte qu'ils entendaient tout ce qui se disait à côté d'eux* Le prédicateur prit son texte du huitième chapitite de l'Apoca- lypse, au sixième verset, où il est parlé de sept anges qui sonnent de la frompette , et de la grêle mêlée de sang qui s^ensuivit. Lorsque le prédicant parvint au milieu de son discours , que d'une voix tonnante il parla de la mort, de l'en- fer , du son terrible de la dernière trompette ; ^u moment que l'imagination de ses auditeurs ^tait le plus frappée ^ tout k coup le trompette 1 368 Londres , la cour et les provinces sonna une charge. A ce son éclatant et inat- tendu, chacun se crut au jour du jugement der« BÎer ; le prédicateur lui-mêine , saisi d'une ter- reur panique, tomba de la chaire, le visage conw tre terre ; hommes , femmes et enfans se préci>«' pltèrent les uns sur les autres , tant la peur les avait saisis , et se hâtèrent de prendre la filile , sans S'embarrasser de la perte de leurs dhapeaux,^ de leurs perruques^ etc. Le trompette et le soldat, profitant du trouble et de la confusion, se retirè- rent sans être aperçus, laissant ces bonnes gens dans la persuasion qu'ils touchaient à leurs der- niers momens. » • • • */ •Mta^Bvaa» 'i yr. ^. >^ : '.: i« ■ * » ■ * • > »;■•«» '»»';> {m ' • » , t '\ d Angleterre , ê.' Ecosse et d'Irlande. 36q CHAPITRE LXXIL Les Uerrnhutes ou Frères Moraves. \j% fut en Allém'agne que commença cette secte'; elle eut pour fondateur le comte de Zinzendorf , qui passa lui-même en Angleterre, en 1741- Oa a beaucoup calomnié cette doctrine > donf; la plùr part des principes sont très -sages, et qui nfe montre dans la pratiq«ie qu'une association d'ou- vriers laborieux , d'excellens citoyens ^ bien di- gnes de la dénomination de Frères unis^ qui n'éist qu'une cliâ^iâère dans presque toutes les iSO- détés dviles et mofra/les. Un auteur accuse le comté de Ein^endorf d'être un boiiimé sans principes , un fanatique dont les dogmes sont aussi daiigereux que ridi- cules ; il prëtéi^ avoir lu dans les ouyra^gs de ce comte un système rempli de corruption. Les Hérrnhutes, dit-il, croient d'après l'apôtre 4^ leur secte , qu'il ne faut jamais s'exprimer qu'en termes ambigus , afin d'avoir toujours le moyen de se rétractet. S'il fallait l'en croire , ils admettent qu'on peut commettre san^ crime une mauvaise action , dès qu'on n'est pas absolument c<>0yaincu qu'elle soit criminelle. 3. 'Xf^ \ 3^0 Londres j la cour et les provinces Us sont persuadés^ ajoute-t-il, qu'ils peavetit se livrer sans scrupule à tous leurs penchans^ quel- que déréglés qu'ils soient. Enfin ^ il dit que leur fondateur prescrivait aux jeunes filles Herrnhutes de se prostituer de-[ yant lui ^ et d'exciter \ts jeunes Herrnhutes , à cohabiter devant les anciens. Panni ses dogmes^ on trouve ceux-ci^ qu'il ne faut pas prendre à la lettre , et qui ont besoin d'i^ terprétation^ comme tant d'autres de diverses reli- gions :((L On doit un respect religieux à Christ^ i> à l'exclusion du Père. II. Christ .peut changer la j» vertu en vice ^ et le vice en vertu, III. Toutes » les idées et toutes les actions qui sont généra- )) lement considérées comme sensuelles et impu^' J9 res y changent de nature paimi les frères ^ et ^) deviennent des symboles mystiques et spiri- yi tuels ». > . Cependant tous ceux qui ont connu le comte de.Zinzendorf^ mort en 1760,. n'ont vu en lui qu'un homme aussi bizarre que fanatique y mais d'une conduite irréprochable. Les Moraves ( c'est ainsi qu'on les nomme on Angleterre ) vOiit une maisou célèbre a Chelsea y village peu éloigné de Londres. Us en ont en- core plusieurs autres dans diiFérens quartiers de la capitale 9 où ils s'assemblent pour prier en iQomman. Le plus considérable de leurs temples 'a Angleterre y d* Ecosse et d'Irlariâe, 3^k est dans le quartier de Covent-^Garden ; il es^t peu orné, et Toffice qu'on y célèbre .consiste à chan^-;- er ou psaln^odier quelques cantiques accompa^ gnés de l'orgue» Un des anciens y prêche^ et ses semions .et exhortations roulent sur la morale ' ' » • »• '-'vit. plus que j^ur le dogme. . ^ Les Mérayés réunis à Londres ^ S0nt prëôqua tous artisand; ils y jouissant de la réputation d'â^ Ixe de bons ouvriers ^ et surtout d'une probité k toute épreuve. Ceux qui sont assQss riches po^f lA'ètre pas obligés de travailler pour vivre $T^e s^ distinguent d^ leurs frères que par le. grand nombre de ch$u*ités qu'ils répaudeAt^ : Indépendanament des prières qu'ib font en commun fies Moraves s'occupent encore beaii-^ coup dans le partîcuUer de la prière mentale et dé la méditation 9 et c'est alors que leur irnaginatiodi s'allume, ils ont des extases et quelques-unes àe$ jisions jqa'ils niomment surnaturelles et angeli'^ ques. Plusieurs d'entre eux se consacrent même a une prière per^tùeUe qu'ils font de jour conat- me de nuit : ce sont les plus parfaits. Le zèle quils ont pour la propagation de leur doctrine ^ les engage à s'en occuper continuellement ^<<^ c'est ce qu'ils demandent à Dieu avec le p|i|9 d'ardeur* Ils ue croient pas à la divinité de V Ancien Tèv tarent i c^est une histoire pieuse^dji^eut-Us^rem; \ 6^1% Lomdréi i ia eow ht /erph>Vàibeï jpfie d^all^ories^ écrite d'un style peu noble ^ qui b*a de mérite ^ue d'être Tombre du Nouveau; 9ont ib admettent toute la hiorale. Les autres telîgîons y pourvu qu'elles recotmàisseni là divî- tâié de Jésus^hrist j sont'^ suivant eux y ëgale- nlenl bonnes y quoiqu'ils ne les croient pas aussi parfaites qne la leur. Le b^^meieur parait in-* dispebsabîe pour le ssilut. Us admettent la com- munion comme une simple commémoration de la cène^ et c'est dans leurs temples qu'ils la pren- nent. Quand chacun d'eux a reçu dans la main \t petit morceau de pain qu'il doit manger y on donne le s^na) y tous communient en même temps 9 et cette cérémonie se £edt avec lé plua grand recueillement; on dirait alors ^'ils sont tous en fBxtase y tant est grande l'idée qu'ils se forment de la sainteté de l'action dont ils cront Oeciqiés. Le mariàg[e est tin sacrëfiànént pour les Mora- ires; 3s le regardent comme Oà lien indissoln-^ VUiy que rièti ne peut m ne doit rompre. Les |eunes fiUes^ çix>raves y en prenant un mari des Jnaitis des anciens y s'imaginent épouser Jésus- Christ même y dont leur époux y disent-elles y n'est cpt le représentant , qu'il a envoyé sur la terre pour les guider dans le chemin tlu salut. Le devoir conjugal est regardé Jràtr ces sec- taires comme k fonction î^ plus importante dé la vie y pour toutes créatures raisonnables. Eh ! peut-on penser autrement^ disent-ils , de l'air le plus pénétré ^ quand on songe que Ton va donner Tétre à une créature semblable à nous, qui sera l'honneur y la consolation > ou Foppro^ bre de sa famille ? 374 Londrès\ ta cour et leê- pfbnnee^ CHAPITRE LXXUt. Crédulité.. JL/ans toutes les sectes , dans tous les état», eik Angleterre, on est également crédute; on y ajoute foi aux contes des sorciers, des reyenans^, des loups^garous. Les préjugés les plus absurdes: régnent surtout parmi les personnes «pi n'ont pas; reçu une éducation suffisante pour lea déraciner.. Il semble qu^elles vivent encore dans ces tempSi d'ignorance et de barbarie , que les lumières do- la philosophie n'avaient pas encore éclairés* Ce n'est pas d'aujourd'hui que Tesprit de crédulité semble avoir fondé son empire dans les lies britanniques. L'an i582, un astrologue fit crier dans la ville de Londres^ que la veille de l'Ascension personne ne sortit de sa maison , sans avoir dit cinq fois le Pater noster , et sans avoir déjeuné, à cause d'un brouillard pestilentiel qui arriverait ce jour-là , parce que ceux qui ne le feraient pas mourraient infailliblement. Plu- sieurs ajoutèrent foi à cet avertissement , et firent ce qu'il avait prescrit ; mais comme on reconnut qu'il avait trompé le peuple , on le mit sur un çb^eval, k reculons ^^ t^naAt la queue en guise de ) l d'Jnglèterfey ^Ecosse et d'Irlande!. 37K l)ride> avec deux marmites au cou ^ et on le pro«« raeoa ainsi par toute la ville. Séval y profond mathématicien anglais , fit uu gros livre pour prouver Tinsuffisance de la ma- gie, et démontrer la puérilité des sortilèges ^ ainsi que le mépris que le public devait avoir pour les sorciers. Jacques I, aussi peu sorcier que grand roi , écrivit contre Séval un traité de la Monologie , où il prétendait prouver la puis- sance de la magie noire, et le pouvoir surnaturel des sorciers. Sous le règne de ce monarque théologien, le nommé Lily fut accusé d'user de sortilège , de- vant un juge peu éclairé qui le condamna aU feu. Lily n'était rien moins que sorcier; son crime consistait à abuser de l'ignorance et de la super^ tition de ses concitoyens. Il osa s'adresser au souverain , et lui faire présenter un placet écrit en :grec. L'étude des sciences et des langues était alors fort négligée , en Angleterre , comme dans toute l'Europe. Un semblai)le placet parut uu phénomène au monarque. « Non, dit-il, cet i) homme ne sera point exécuté, je le jure, fùt- M il encore plus sorcier qu'on ne l'accuse de » l'être. Ce que je vois , c'est qu'il est plus sorcier » que tous les prélats de mon royaume ». Le long parlement de Cromwel voyait des sorciers dans tous ses adversaires. U forma une \ r 376 Londres , la cour et les proyinces commission qui parcourut les provinces pour Jes Surger de ces favoris du diable. Les procureurs e cette commission, et les épreuves qui' en fai- saient partie y réunissaient tout ce que les moines iuquisîteurs avaient pu imaginer de plus ridicule et de plus cruel pour la découverte et l'extirpa- tiop'des prétendus sorciers. Un de ces commissaires les plus acliamés, lAOmmé Hopkins, fut puni comme il le méritait. Dans une province où il ne se trouvait pas en force , il fut arrêté ; accusé lui-même de sorti- lège , on lui fît subir Tépreuve de l'eau , en le plongeant dans un lac^ pieds et poings liés : il surnagea. Convaincu d'être sorcier par cette épreuve qu'il employait souvent^ on le con- damna à être pendu ^ et il fut exécuté. Un comité dû parlement de Crom^vel y tenait ses assemblées à Woodstroock, Tun des châ- teaux du roi. Une de ces assemblées fut trou- blée par l'apparition du diable : le bruit s'en répandit^ et personne n'en douta. Withers , écrivain parlementaire de ce temps- là y consigna dans, un mauvais poème un fait de la même importance. Un soldat royaliste, dît-il, buvant à la santé du diable , fut sur-le-champ emporté à travers un carreau de vitre , par Fes^ prit immonde qu'il invoquait. » /* JPji^letene r d*Èéossf et ^Irlande. 377 Thomas Browu., qui a réfuté taut d^erreurs vulgaires (i), a pjris beaucoup dç peine pour dé- truire Topimon qu'un sorcier peut faire le voyage des Indes orieutales dans une coque d'œufs ^ pu un voyage de deux à trois cents milles^ à cheval sur un manche à balai « Au centre de Londres même la superstition eut long-temps un monument qu'elle ne perdit point de vue ^ et qui intéressait tous les ordres de / l'Etat. C'étaient trois perches^ à la sommité des- quelles furent fichées les têtes de trois des princi- paux seigneurs qui, en \ 746, ayant suivi le parti du prétendant, furent pris les armes à la main, et exécutés comme criminels de haute trahison. Ces trois perches , de quinze à vingt pieds de haut, étaient plantées, à distances égales , sur ' Temple har^ porte qui sépare la cité du reste de la ville. La plupart des Anglais étaient persuadés . que la chute de chacune de ces trois têtes , devait être le présage de quelque révolution dans l'Etat. Ce préjugé populaire reprit une nouvelle force, lorsqu'à la' mort du dernier roi , en 1760 , la tête du milieu se détacha de la perche qui la soute* liait. (i) Dans son livre intitulé : Mssai sur les erreurs popu-^^ la ires , ou Examen de plusieurs opinions reçues comme çràies, qui sont fausses ou douteuses. Ce savant mourut en iSSo* L'abbé Souchai a traduit en français, Y Essai sur les erreurs populaires, '% vol. iu-12 , 17 /^a* \ r 37S Londres'f la cour et les provinces ' Il est des personnes hors du commun , qu? n oseraient s'élever au-dessus des préjugés vul- gaires. M, L *** , homme de bonne société, et doué de beaucoup d'esprit ^ étant couché^ et par- faitement éveillé y s'imagina voir au pied de soa lit^ une jeune femme ^ enveloppée d'un linceuil'^ qui liii annonça qu'il mourrait dans trois jours. 11 raconta cette vision à ses amis y et n en fit quef rire : cependant il mourut subitement au bout de trois jours y en sortant de table y sans doute parce que son imagination avait été trop vive-^ ment affectée du rêve qui lui parut une réalité^ Le parlement a aboli la loi contre les sorciers. Le nommé Anderson et sa femme parvinrent à faire croire à toute l'Angleterre qu'ils étaient de- vins y et qu'ils savaient composer des talismans. Ils furent arrêtes j on instruisit leur procès ; on les punit comme fourbes , mais non comme sor- ciers , les lois anglaises n'en admettant plus au- jourd'hui l'existence. n y a quelques années qu'on distribuait en profusion, dans les rues de Londres, un imprimé ainsi conçu. « Mistriss Williams , connue à Bath D et a Bristol , et généralement de toutes les da- » mes qui fréquentent les lieux où l'on prend » des bains, a l'honneur d'informer les pcrson- » nés de son sexe, qu'elle continue de donner, D comme a rprâînaire, des consultations astroTo- y \ ff-Ânglet&rr^^ d^ Ecosse et ^Irlanâe. 379 « gicjues. Leur infaillibilité a été reconnue pen-» j» dant une longue sui^e d'années y et a prouvé y> que Mistriss Williams est supérieure à toutes » l'es personnes qui prétendent être versées dans n l'art de deviner^ Ses succès^ dans ce genre ^ lui ]i) ont tnéirité uâiv^^sellement tous les sufi&*ages« j» Elle donne ses audiences ( aux dames seules > ment ) depuis dix heures du matin jusqu'à huit X) de l'après midi^ dans sa maison ^ au magasin jï de fleurs artificielles j^ Store^Street y Bedford- » Square. A Londres > les ouvriers^ sont persuadés que ceux d'^ntr'eux qui mangent leur part d'i^ue oie le jour de la Saint«-Mîchel y s'assurent pour toute l'année le salaire de leur travail.. Trois femmes de^ la campagne,, soupçonnées^^ d*avoîr commerce avec les enfers , furent citées devant le magistrat , et accusées , l'une de re-* tenir chez elle nombre d'esprits aériens; la chambre où elle faisait ses éonjuralions , était iouvent remplie de fumée qui répandait une odeur infecte : avec certaines herbes enchantées^ elle attirait chez elle beaucoup de gens, qui, en sortant , semHables à des pourceaux , se pion-* geaient dans: la fange , et répandaient aux envi-^ rons une puanteur itisupportable. L'autre dissé^ quail des cadavres encore sanglans pour servir ^ ses mdiéfîces. Ia troisième faissôt de petites, fit* .r \ r- 98o Londres 9 ta cour et Içs provinces gares de pâle; et ceux qui avaient le malhear d'en manger ^ ne tardaient pas d'en ressentir d^ funestes effets. Le pasteur du lieu ^ cpû connais-* sait ces trois femmes y prit leur défense ; mais il fut accusé lui-même d'impiété auprès de sou évéque. Enfin ^ quand on eut examiné les accur sations y et instruit le procès y on découvrit des choses bien simples et nullement criminelles* La première de ces femmes y en qualité de mar*-*- chaude de bière y de tabac et d'eau de vie y ras- semblait chez elle beaucoup d*ivrognes. La se« coude étant la femme d'un boucher y aidait son mari \ découper la viande. La troisième faisait du pain d'épice y sur lequel elle formait de peti* tes figures. C'est ainsi que l'ignorance et la mé- chanceté dénaturent tout ^ et parviennent à pré- senter comme des crimes^ les actions les plus innocentes. ' Les habitans d'un village amenèrent devant le lord Mansfield y une femme qu'ils accusaient de magie ; ce magistrat leur demanda pourquoi ils la croyaient sorcière : c'est ^ lui répondirent'-ils > parce qu'elle marche sur la tète. Mylord ouvrit devant eux^ le code des statuts d'Angleterre , et^ après en avoir parcouru la table : « Messieurs y leur dit-il , celte femme a comme vous , l'hon- neur d'être anglaise ; et je ne vois aucune clause dans les lois de la Grande-Bretagne y qui dé- JPJfêgkterre , d'Ecosse et d'/rlanSe. 38 i Fende de marcher sur la tête; elle est libre de faire tout ce qui n'est point prohibé par les sta-^ tuts de son pays y et vous avez tous le droit de rimiter »• Cette réponse satisfit les mécontens^ qui y loin d'en vouloir encore à cette femme y lui servirent d'escorte pour la reconduire che:^ elle. On entendit , il y a quelques aimées ^ un ar-« -^re qui gémissait dans une forêt d'Angleterre. Ile propriétaire du terrain où se trouvait cet ar-^ bre enchanté^ tira beaucoup d'argent des bons habitans de la campagne , qui accouraient pour voir et entendre une chose aussi merveilleuse. . A la fin, quelqu'un proposa de couper l'arbre; mais le propriétaire s'y opposa ^ nôil par aucune vue d'intérêt , disait-il , lïiais dans la 'craiûte que celui qui oserait y mettre la coignée , n'en mou:- r&t subitement. U se présenta cependant un bomme qiu n'avait pas peur de la mort subite , et qui abattit l'arbre extraordinaire à coups de hache. Alors on découvrit uii tuyau souterrain , formant une communication à plusieurs toises , et par le moyen duquel on produisait les gémis- semeûs qu'on avait eiiténdûs. > L'aventure que nous allons racoiiter a long- temps passé pour véritable dans toute l'Angle- terre.. C'est le héros , jeune homiûe habitant Im 38d ILondresy là cour et tef pro^ntes % province y qui en rend compte à un de ses amis de Londres. •r Je me rendis au château de sir *** , écrit- ^ il^ pour prendre part à la joie que lui causait le mariage de sa fille aînée. Comme j'arrivai un des derniers invités ^ je trouvai tous les apporte^ mens occupés. Sir *** m'en témoigna le regret le plus vif 9 en m'assurant qu'il se déplacerait lui-même pour me céder son lit. Après un mo- ment^de réflexion y il me dit tout à coup : Jfe • pense à une cbose ; vous qui êtes un enfant de .Mars y vous n'avez sans doute pas peur des re-* venans; je vous avoue qu'ils m'épouvantent beau-* coup. J^avais d'abord son^jé à vous céder ma chambre ^ et k coucher dans une qui reste vide parce qu'elle est exposée aux visites des esprits • Si vous voulez en courir les risques ^ je serai plus tt^nquille sur votre compte que sur le mien. Je fis un grand éclat de rire^ et je répondis que je ne demandais pas mieux que de voir des reve^ nans. £n conséquence^ après le souper^ deux dcH mestiques^ tremblans de tous leurs membres^ m'é- tablissent dans qetle chambre^ et je me mets tranquillement au lit. J'étais déjà assoupi, lor»*- qu'un peu de bruit attira mes regards du côté de la porte ; je vis entrer une grande figure toute blanche , qui s'approcha lentement du feu. Après Vêtre chauffé quelques instans ^ le fantôme s'ar i 'd'Angleterre^ d'Ecosse et d'Irlande. 383 vança vers mon lit, et s'y coucha à côté de moi. Je lui laissai le plus de place possible , un peu Iroublé d'une pareille visite. Une main très- froide s'avança pour me toucher ; je sentis à Tua ^e ses doigts un annes^u y je ne pus résister à la tentation de m'en emparer ; il était lâche et sor- tit sans le moindre eflfort. Vers les quatre heures du matin, le revenant jugea à propos de me quil^- ter , fit deux tours dans la chambre , et se retira tout-à-fait. Quant à moi , je restai dans un état difficile à exprimer; mille idées m'agitèrent, et il me fut impossible de m'endormîr. A l'heure du déjeuner, toute la compagnie étant rassem-- blée, on me demanda si j'avais eu quelque ap- parition. Je répondis qu'en effet , je n'avais point passé une nuit tranquille; mais qu'avant de m'ex- plîquer davantage , je priais les dames présentes de vouloir bien me dire si aucune d'elles n'avait perdu un anneau? Miss, ***, sœur cadette de la nouvelle mariée , s'écria vivement : J'ai perdu mon anneau, et je ne sais comment cela s'est fait. Alors me levant et lui prenant la main : Voila , lui dis-je , le joli petit esprit qui m'a visité cette nuit. Je racontai la chose en détail. Tout le monde éclata de rire , excepté la char- mante somnambule , dont l'embarras nous fai- sait pitié. Sir *** demanda un moment de si* leoce, et se plaçant entre sa jeune fille et moi , k / ^84 Londres, -la côùret les provilnces il prit nos mains dans les siennes, et me paria de la sorte : Mon ami , puisque ma Lucie a eu.^ la nuit dernière , rindiscrë^ion de troubler votns sommeil y je vous permets dlnterrompre lé sieti la nuit prochaine. Les noces furent célébrées le même jour y et je suis le plus heureux dte hommes n. Pym vivait satisfait et sans ambitioà, près de Londres, et dépensait chaque année ^oo livres sterling de revenu ^ que son père lui avait lais- sées en mourant* 11 s'endortnit un jour dans son jardin , et son bonheur cessa pour jamais. 11 rêva qu'un homme d'un extérieur vénérable s'ap* procha de lui ^ et lui parla en ces termes : « Pym, votre intégrité, votre hospitalité et vos autres vertus, vous donnent d^roit de prétendre à une récompense du ciel. De ce jour en un an , à la même heure , vous recevrez de mes mains 3o,ooo Kv. sterl. ». Ce songe iSt une profonde impres^ sipn sur Pym. En se réveillant il marque sur ses tablettes la date exacte , et jusqu'à la minute à laquelle ce bonheur vient de lui être annoncé. 1 II ne doute point qu'un* ange ïie soît descendu du ciel pour lui faire cette promesse ; il roule déjà dans sa tête un nouveau plan de conduite , et mille idées de grandeur et de magnificence. Sa maison lui parait trop petite pour sa fortune future. U mande des Ouvriers ; on la jette à bas , d\ Angleterre y d* Ecosse et d\Irlande. 385 pour la rebâtir dans un nouveau goût, Lç po- tager est conTèrti en une grande cour, les pe- tits appartemens deviennent de vastes salles ; les vieux meubles , solides et commodes , sont chan- gés contre les ëlégans colifichets du jour. Au lieu de tapisseries, la boiserie. For, la peinture et la sculpture, ornent les nombreux apparte- mens de ce palais. Les jardins sont métamor- phoses en parterres , et la basse -cour en une grotte rustique. On connaissait le bien de Pym , et \q\x s'é- tonna comment il était devenu tout à coup assez^ riche pour élever un d somptueux bâtiment, qui devait au moins lui avoir coûté 10,000 liv. sterl. Chacun raisonnait diversement à ce sujet : Tua assurait qu'il avait trouvé un trésor; un autre qu'il avait épousé secrètement une dame fort ri* che ; et plusieurs, qu'il avait fait un pacte avec le iiable. Personne ne pouvait deviner la vérité. Tout ce qu'on savait sûrement, c'est quePyns avait engagé l'héritage de se$ pères , pour ache»^ ter du marbre, des pierres, et payer en partie ses ouvriers ; mais on ignorait que , pour les sol^ der, il avait fixé le jour où, suivant son songe> il devait être riche. ' Enfin ce jour désiré arrive/ Une magnifique . collation était préparée pour les amis' et les pa- re ns de Pym ^ qu'il aif^it ^;i^près rassemblés ^ a. a5 ^ ) 386 Londres y la cour et les provinees ' afin de se donner le plaisir de payer devant euic tous ses ouvriers , qu'il avait fait avertir. L'heure venue ^ il prie la compagnie de lui permetti^ de sVbsenter un instant. Il se retire dans son oh- binet, et compte n'en sortir que charge de ri^-* chesses. L'heure sonne ^ il tressaille; elle s'écoule^ il frémit 9 et ne voit paraître ni ange, ni aucun messager céleste. Cependant notre rêveur ne se déconcerte point ; il s'imagine que , puisque la promesse lui a été faite pendant son sommeil^ c'est aussi pendant son sommeil qu'elle doit être effectuée. D'ailleurs ^ quelle apparence que des intelligences divines , qui chérissent la paix et la tranquillité , se rendent dans une mtaison rem-^ plie de tumulte y et qui retentit des cris joyeui^ de cinquante convives de bonne humeur? Pré^ Irenu de ces idées , il va rejiHndre la compagnie avec la contenance la plus assurée ; il remet ses créanciers au lendemain y bien persuadé que dans Je cours de la nuit il recevra la somme dont son imprudence l'a privé pendant le jo^r. La journée se passa dans la joie et la bonne chère , et, les convives retirés , Pym fut se met- tire au lit y et s'endormit profondément ; mais aucune image agréable ne vint caresser son ima- ginatiou durant lé sommeil. Vingt fdis il se ré- Veille, et regarde dans sa chambre; vingt foi^ ii «e désespère de ne nen apercevoir. Enfin / ^ L ctJnglei&te , d'£c(we et d'Irlande. 38;; k jour parait , et les tableaux y les peiotctres ;^ les glaces y les meubles de prix< qvà s'offrent à ees-yeax^ et qui ne soni point payés ^ lui rap- pellent sa crédulité y et comblent son infortuné. Les créanciers reviennent > et sont encore ren- voyés. Us s'impatientent^ font des poursuites ^ et Tinfortuné Pym est jeté dans une prison ^ où bientôt il perdit Tesprit. Ce fut pendant xm de ses intervalles de raison , qu'il découvrit sa tristie aventure. » Si tous ceux qui y dans Londres y tiennent la même conduite que Fym^ dit Tauteur anglais qui nous fournit ce nouveau trait de la crédulité et dé la folie humaine, tombaient ainsi en dé- men.ce , rb6piial de Moorfîelds et celui de Bed- lam n'en contiendraient pa^ la millième partie^ V«rs Neos ^ dan» la partie orientale du comfé ue Cornouailles , on voit au milieu de la e^m- pagn^e un cercle de pierres énormes plantées, en terre et très-»anciennement arrangées de mains d'homme^. Tout le peuple de ce canton croît pieusement que ces pierres sont autant d'hom- xaes ainsi métamorphosés sm miUea d'une par- tie de paume' ^ qu'ils s'étaient p^mis^ un joiir de dimanche» ' I2e vieux prëfugé con^ la mia^e e% ks soir- cîers suboste toujours. à$x^s plnsieùis. cantons d'Angleterre, iki. ij^o^ le pçilplâ iu çMaté JL© y \ 388 Londres , la cour et les provinces « Herfort brûla solennellemeat ^ et à petit feu ^ une vieille femme qu'il croyait sorcière. En 17519 une autre infortunée de ce même comte 9 et son mari^ tous les deux septuagé- naires, furent les yictimes de ce même préjugé. On eut sur eux de violens soupçons , et , pour s'assurer s'ils étaient bien fondés , on leur lia les pieds et les mains , les pouces en croix, et où les plongea dans la rivière,^, en se dé- battant, ils parurent se soutenir sur l'eau. C'en fut assez pour qu'on les crût sorciers. On de- manda à grands cris qu'on leur fit subir la peine qu'ils méritaient. On n'en eut pas le temps, car ^la femme mourut en sortant de l'eau , et le mari ne bu survécut que quelques heures. La jus- tice punit tous ceux qui avaient coopéré à cette immersion cruelle : l'un d'eux fut même pendu. Quelques années auparavant, on avait encore *YU à Glen, dans le comté de Leicester, deux vieilles femmes se quereller , et se traiter mu- tuellement de sorcières. Accusées de l'être en ^ffet, pour prouver leur innocence, il leur fallut passer par l'épreuve de l'eau. Celle qi^ surnagea, et que l'on regarda comme sorcière , fut saisie et interrogée sur ses complices. Dans son trou-* ble,^Ue parla du village de Burton; l'on ne taian- qua pas d'y courir , de se saisir d'une vieille que f on soupçonnait aussi, de. la lier et de la jeter i 1 \ ' â Angleterre^ d'Ecosse et d'Irlande. 389' dans un grand fossé rempli d'eau y où elle faUlit perdre la vie. Lé peuple anglais qui habite les provinces da Nord, est beaucoup plus crédule que les autres» A Rippon , vilje du duché d' Yorck ^ on fait re- marquer dans l'église principale j comme une chose merveilleuse , un trou qu'on appelle VAi-^ gidlle de " Saint - Wilfrid. On prétend que ce ^ trou avait autrefois la vertu singulière de dé-, couvrir aux maris les infidélités de leurs feni- mes ; celles qui étaient innocentes des soupçon»^ formés contre elles , passaient aisément par ce. trou y disait-on ; celles y au contraire ^ qui avaient violé la foi conjugale, se trouvaient prises au passage , sans qu'on put découvrir comment \ : une puissance invisible les retenait au milieu du trou jusqu'à ce qu'on vint les* en retirer. IDans Le Devonshire on connaît le pouvoir d'une fée blanche qui demeure à Exeter : elle a des agens femelles à qui elle a communiqué une partie de sa piuissance , et qui tiennent d'elle ki faculté de découvrir les voleurs, et d'arrêter le sang lorsqu'on s'est fait quelque blessure. Dans un canton dé cette province , peu éloigné de I^illington , l'on voit une ancienne église qui était autrefois celle d'un monastère ; elle est sans portes, sans fenêtres et sans clocher. On y dis- tingue encore sur les murs de vîeiïles pemlures Sgo Londres , la cour et ^âS jptQnnc» a dëtni effacées par le temps et par-rhiunîdité:^ qui ne laissent pas ^e s'attirer une espèce de culte de tous les babitans du canton. Sa situa- tion a fait nallre une autre superstition des plus singulières. Elle est sur un tertre assez élevé pour faire regarder comme uùe chose surpre- nante ^ quon j puisse ouYinr la terre à la pro- fondeur d'un pied sans y trouver de Teau ; tan- dis que toute la plaine dont il est environné est sans rivière^ sans étang et sans ruisseaux* Des paysans superstitieux se persuadent aisément que c^est là un miracle perpétuel. Suivant une an- cienne tradition y ils se rendent tous les ans dans le cours du mois de mai y à la porte de cette vieille église ^ où ils n'entrent qu'après avoir ob- servé certaines cérémonies. Hs y font dévote- ment leurs prières, et sortant ensuite à recu- lons y âs vont faire trois ou quatre fois le tour de là ^inte masure; après quoi ils ouvrent la terre , et puisant de l'eau, ehacmn dans un trou particulier , qu'ils ont soin de reboucher fort proprement , ils retournent chez eux avec ce gage de la protection du ciel, dont ils croient la vertu infaillible pendant toute l'année , contre le tonnerre , les malé£kres ^ etc. Les Ecossais ont couservé long-temps le go- belet de Saint-Magnus , premier évêque d'Edim- bourg. Ce gobelet^ d^uue énorme grandeur, étajt / d-ji^$gkterre ^E^mettd* Irlande. 3g^ présenté à chaque évéque , lors de son mstal^* latioo i s^il le vidait tout d'un trait , c'était un présage certain de fertilité^ auquel tous les habiy tans du pays avaient la plus grande confiance* Un oT)]et de superstition, plus propre que tout autre à faire connaître à quel point les Ecossais portent la crédulité , c'est la fameuse pierre /a- taley qui servait lors du couronnement des rois d'Ecosse, et qui leur était venue d'Irlande. Elle fut apportée par d'anciens peuples nommés Da- nains , qui prétendaient que cet antique palla- dium avait servi de chevet au patriarche Jacob pendant sa vision. Les Danains passaient pour très -habiles dans l'art magique, et Ton ajoute que la pierre dont l'Ecosse leur fut redevable , faisait entendre un grand bruît pendant le coil^ ro^nnement des rois; mais que ravéneiuènt du l^Eessîe lui fit perdre cette faculté extraordinaire. Edouard I crut devoir s'emparer de cette pierre m îraculeuse* et la transporte^ en Angleterre. Se- lon les uns , elle est actuellement placée dans \e fauteuil qui sert au sacre des monarques britan- niques; et selon d'autres on la conserve en sdn état naturel dans l'abbaye de Westminster. ' On connaît la fameuse muraille qui séparait autrefois l'Angleterre de l'Ecosse , et dont il sub- ;$îsle encore diverses parties , qjie le temps n'a pa^ xaêjxie altérées* La foj?ce dvit. dment et la dn- j^ 3^% Londres^ la cour et les provinces reté des pierres ont persuadé aux babitans dei lieux voisins y qu'elle n'a pas été construite sans le secours de la magie 3 et les plus superstitieux ont grand soin d'en recueillir jusqu'aux moin- dres débris^ qu'ils mêlent dans les fondemens de leurs maisons pour leur communiquer la même Tertu. Un jardinier écossais, ouvrant la terre, dans un jardin qui a toujours été bien cultivé de^ puis plus de deux siècles , trouva une pierre d'une grosseur considérable sur laquelle on lisait en caractères anciens du pays , qu'elle était là pour la sûreté des murs du château et du jardin , et 'qu'elle y avait été apportée de la grande mu- raille dont elle avait fait autrefois partie; mais qu'il serait aussi dangereux de la remuer , qu'il y aurait d'avantage a la conserver toujours dans le même lieu. Le seigneur de la maison , moins crédule que ses ancêtres, résolut surJe-champ de la faire transporter dans un autre endroit , où son dessein était de la" tenir exposée à la vue comme un ancien monument. On entreprit de la faire sortir de terre à force de maqhines , et l'on en vînt à bout comme on aurait fait d'une pierre ordinaire. Elle demeura sur le bord du trou, pendant que la curiosité y fît descendre le jaiv dinîer , plusieurs domestiques , et les deux fils du gentilhomme , qui s'amusèrent, quelques mô* mens , à creuser encore le fond. Mais tout à coup la funeste pierre , qu'on avait négligé appareme à^Angletern\ 'd^ Ecosse et d* Irlande. 893 tnent de placer dans un juste équilibre^ à' ébranle ^ retombe au fond du trou y et écrase tous ceux qui s'y trouvaient. ^ L'épouse de Taîné des deux frères , jeune et nouyellement mariée , apprit le malheur qui ve- nait d'arriver. Elle courut au jardin avec le trans- port de la douleur d'une amante qui n'a plus rien à ménager, et elle y entra dans le temps que les ouvriers s'empressaient de lever la pierre , avec quelque espérance de trouver un reste de • vie aux malheureux qu'elle couvrait. Us l'avaîent levée à demi , et l'on s'aperçut en effet , à quel- que mouvement, qu'ils respiraient encore; lors- que la jeune épouse , perdant tout soin d'elle- m^me à cette vue, se jeta si rapidement sur le co rps de son mari , que les ouvriers effrayés de soxi action, lâchèrent les machines qui soute- na^ient la pierre , et l'ensevelirent avec les au- tres. Tous les Qouveaux efforts qu'on fit pour les secourir furent inutiles. Cet accident, qui est vrai jusque dans les moindres circonstances^ a confirmé plus que ja- mais la superstition des Ecossais, qui n'ont pas manqué de l'attribuer a la vengeance de quelque pouvoir établi pour la conservation du mur d'E- cosse, et de toutes les pierres qui en sont déta- chées. ♦ Les Iriaud^î^ ^^^^ ^^^^ w.ss\ crédules que les \ ^94 Londres j la cour et lespïïop&nces peuples de l'Ecosse. Dans plusieurs cantons de lirlande, les femmes ne manquent pas^ lors* qu'on baptise leurs enfans^ d'empêcher le prê^ tre de leur mouiller le i>ras droU y de crainte que l'eau ne leur ôte le pouvoir de frapper d'assez grands coups sur les ennemis* Dans une ile, située au milieu d'un petit lac^ était anciennement le fameux purgatoire de Saint- Patrice y pieux personnage qui vivait en 43i • Les moines y avaient bâti une cellule auprès d'une profonde caverne , et avaient fait accroire au peu* pie que celui qui avait le courage d'y entrer , se trouvait aussitôt en purgatoire ^ où il voyait et entendait des choses extraordinaires. Ils disaient que Saint-Patrice ^ préchant à des Irlandais obs- tinés et incrédules , obtint de Dieu par ses prières que la terre s'ouvrit en cet endroit jusqu'au pur- gatoire, aûn que ses auditeurs fussent convain- cus par leurs propres yeux , de la vérité de sa prédication au sujet de l'immortalité de l'arae et des peines des mécbans après cette vie. L'im- posture ne fut découverte que dans le XVII^ siè- cle , vers la fin du règne de Jacques I. Richard Boîle , comte de Cork , et Adam Lostus , chan- celier d'Irlande , envoyèrent faire d'exactes per- quisitions sur les lieux par des personnes de pro- bité. Oh trouva que cette caverne, qu'on repré- sentait comme le chemin du purgatoire, n'était d*jéngletefre , d*£eès$e « é^Irtanàe^ SgS lantre chos^ qu une petite Cellule , auprès d^ua souterrain , creusée dans le xot , où il n'entrait de jour que par la porte; <îétte grotte e'tait si basse ^ qu'à peine un homme de grande taillb^ s'y tenait debout ^ et si étroite qu elle ne con~ tenait que six on sept honmi!^ à la fois. Quand il venait quelqu'un dans l'Ile pour faire le voyage du purgatoire ^ un petit nombre de moines qui demeuraient proche de la caverne, le faisaient jeûner et veiller pendant plusieurs Jourset plu- sieurs nuits^ et ne l'entretenaient que des visions merveilleuses qu'il allait avoir. Toutes ces idées affreuses de diables , de flammes, de feux, de damnés , s'imprimaient fortement dans un cer- veau affaibli par Tabstinence et Hnsomnie. Après )'a.voir préparé de la sorte , on Tenfermait dans ce tte caverne ténébreuse : peut-être même les moines lui avaient-ils fait prendre quelque breu- vage qui troublait sa raison , et lui faisait pa- raître plus effrayans les bruits , les feux et au- tres prestiges dont ils l'environhaient. On termi- nait, au bout de plusieurs heures, celte espèce d'initiation, et on, le mettait en liberté , plus mort que vif. Quand on eut découvert ces dan- gereuses impostures , les moines qui s'en ren- daient coupables furent honteusement chasses , leurs habitations furent détruites , le trou de Saint - P^ti'ice bouche ^ et une carde de U car 3g6 Londres , la tour et les provinces \> yerne mise au grand jour , afin qu'il ne s'y com-* mit plus désormais de nouvelles fourberies. Il est bien vrai qu'il n'y a point en Irlande d'animaux malfaisans -, ni taupes y ni vautours , excepté des loups f on n'y recontre point non plus d'insectes venimeux , tels que des ser- pens y ete. On en rapporte une cause fort plai- sante. Saint-Patrice étant venu prêcher la religion chrétienne en Irlande y fut enchanté de l'accueil hospitalier qu'il y reçut ; pénétré de reconnais- sance , il attira avec adresse y sur le sommet d'une montagne^ tous les diables, dont le pays était tourmenté; et fixant leur attention par une histoire très-origîiTale qu'il se mit à leur racon- ter, il les précipita dans un abyme profond, et avec eux les tigres , les lions , les serpens , les rats , les souris , les grenouilles , et tous les ani- maux venimeux et malfaisans. Mais, ajoute-t- on , depuis le dix-septième siècle , Guillaume III étant venu , en Irlande , disputer la couronne à son beau-père Jacques II, l'usurpateur amena à sa suite les rats, les souris et les grenouilles. Le peuple d'Irlande croit, aussi à la féerie. Dans le siècle dernier, toutes les grandes famil- les avaient encore chacune leur fée , comme les anciens leur génie tutélaire.; celle-ci, sous la d- Angleterre , d'Ecosse et d Irlande. 897 forme d'une yieille femme , venait marmoter un chant mélancolique autour de là maison y pour annoncer la mort de quelque chef de famille. Les habitans de la campagne sont persuades qu'il y a des lieux escarpés et des collines con- éacrés à une petite race d'esprits, et par au- cune considéTation y on ne saurait les engager a ^y enfoncer la bêche. On y voit aussi des pierres qui sont fées f elf-stonesj y* ce sont de petits cailloux triangulaires, avec lesquels le paysan croit qu'une méchante fée vient tuer leurs vaches. Lorsqu'il en meurt une inopinénient , ils disent que c'est un coup de la fée. Un historien de l'Irlande raconte très-sérieu- sement que les anciens juges de ce pays mettaient eiutbur de leur cou une chaîne d'or, regardée comme miraculeuse , à laquelle ils donnaient le Aom de Jodha Morain. S'ils prononçaient une sentence injuste, elle les serrait jusqu^à leur faire perdre la respiration ; au lieu qu'elle s'élargissait sur leurs épaules lorsqu'ils avaient bien jugé. Le rôi Donahuc , régna anciennement sur les lacs et les lies de l'Irlande; et la tradition y parmi les paysans, ne cesse de leur rappeler le bonheur dont U fît jouir leurs ancêtres. A la pale lueur de ]^ lune, ils voient encore le vieux roi, montant un cheval blanc de lait, et suivi par ses courtisans. Ce$ visions sont toujours le présage de quelque y [ X' SgS JLondres y ht cour et hspravineer chose d'beurenx^ et celui qui les racoiite â'em doute nullement. 11 y a en Irlande plusieurs fontaines miraculea^ ses> consacrées à divers Saints du culte catholique. Le jour de la fête du patron les Maladery accour rent en foule ^ et ne manquent pas de faire le tour de ces fontaines^ sur les genoux découverts : les écorcbures qu'ils se font en ces occasions servent, disent-ils^ à expfer leurs pécbéa. Un Italien y du nom de Calagory^ avait établi^ sur un petit théâtre de Londres, appelé théâtre de Haj'-Market y un jeu de gibecière et d adresse; sa dextérité lui attirait un grand nombre de spec-- tateurs. 11 annonça et afficha, qu*ùu tel jour il fe- rait entrer un homme dans une pinte à bière. A rheure indiquée, la salle étant remplie de tout ce que Londres avait de plus distingué par la naissance et par le rang , Calâgoiy paruf sur Tayant-scène , remercia le public de son empres- sement , et offiril de faire entrer son homme dans une demi-pinte ou chopihe, si on voulait doubler le prix des places^ et payer sur-le-diafnp. Les spectateurs furent assess crédules pour accepter la proposition; on paya, et le Joueur de gobelets demanda le temps njécessaire pour préparer son nouveau tour. Une heure s'écoula , sans impa- tience de la part du public ; ensuite ime demî- )ieure : akrs les brouhahas commencèrent ; oa d' Angleterre , d'Ecosse et d Irlande. 899 appela Galagory , qui ne se montra point. Les cris ayant inutilement redoublé ^ on enfonça une petite chambre qui était derrière le théâtre, et Ton n'y trouva qu'une taWe sur laquelle étaient une pinte et une demi-pinte. Le dépit de se voir |6uer se tourna en fureur ; les plus mécontens se mirent à travailler à la démolition de ta salle. Au milieu de ce fracas , au milieu des cris de ktfoule , pressée par ceux qui étaient restés dehors, et qu'attirait le bruit du dedans , toutes les lumières fdrent éteinte»; la crainte d'être étouffé excita un combat général à coups de poings et de bâtons ; la porte fut démolie , et les plus pressés échappèrent par la brèche , moulus de coups et couverts de Blessures. Les autres ne «e retirèrent qu'après a:voir renversé le ibéatre , et la maison ddnt il faisait partie. Parmi les personnes Iss pli» dis« tmg^ées qui se trouvèrent enveloppées dans cette b^gsarre , était le duc de Ctimberland. Ce prince avait une épée de la plus grande richesse, qui lui avait été donnée par la reine de Hongrie (Marier Thérèse, depuis impératrice ); cette épée, arra- chée de son c6té , fut retrouvée en pièces parmi les débris du théâtre, et il donna quarante. guinées h céui qui la lui rapportèrent. Çalagory, aussitôt après avoir touché I-argent des dupes , était mon-^ té sut des chevaux qui l'attendaient à*une/porte de derrière, et avait *eu tout le temps-qu'il lui fal- lait pour s eloiguer et se mettre eu sûreté. ^ 4oo Londres, la cour et les provinces CHAPITRE LXXIV. Société Royale de Londres, Société des j/n* tiquaires. ' Musée Britannique. Clubs litté- raires. • JLiA société royale de Londres , composée de savans , de gens de lettres y de poètes , de pein- treSy d'artbles^ d'amateurs éclairés, est justement célèbre en Angleterre et dans toute l'Europe. Mais comme tout est bizarre dans la Grande-» Bretagne 9 jusqu'aux ainsdlutions les plus utile» et les plus respectables , celle-ci présente nombre^ de singularités. Le lieu où s'assemble la société royale n'a ni grandeur ni magnificence : c'est une salle Ioop gué , basse et étroite , qui n'a de meubles qu'une table couverte d'un tapis vert, quelques sièges de maroquin , et des bancs de bois , élevés en gra* dins. La table, placée devant la cheminée du fond , est entourée par le président, adossé au feu quand il fait froid, et par les secrétaires. Sur. cette table est couchée une grande masse d'argent doré , pareille à celle de la chambre des cona-. munes, et que, comme celle de cette chambre du parlement, on accroche aux jambes de la ta- I /■ V ■\ i d* Angleterre y d^ Ecosse et JC Irlande. 4ol •bk , lorsque la société se forme en comité. Le président est précédé en entrant et en sortant ^ par rhuissier de la société portant cette masse. Il a devant lui ^ au bureau , un petit maillet de bois 9 dotit il frappe sur la table pour imposer silence , quand ceU est nécessaire y ce qui arriva très-rarement. A l'exception du président et de» deux secrétaires^ chacun se place au hasard^ ea évitant avec le plus grand soin ^ de causer du dér rangement et du bruitk La société compte plus de quatre cent^ mem-^ bres nationaux 9 et environ cent étrangers. £11^ existe spécialemetit dans un Comité de vingt mem-* bres > choisis parmi les personnes qui peuvent le pluis librement se livrer aux travaux académiques « Ell<& ddrt sa grande réputation au prix qu'elle ac« corde chaque ankiée à Tauteur du meilleur mé-» moire^ sur des matîères^ de philosophie naturelle i ce prix^ consistant en une médaille dW^ a été fondé par Godfrey Copley, l'un de ses membres. Mais elle doit surtout l'estime dont elle jouit^aux TriXnsactions philosophiques, collection précieu-* se , qu'elle publie très-souvent , et qu'elle distri-* bue gratis à tous les membres. La société royale de Londres doit son origine %L la réunion de quelques savans qui> en i645) se rassemblaient pour s'entretenir sur les scien« ^es , et se communiquer leurs lumières. Les ré- / 4oa Londres, lu cour et les provinces glemens qu'ils adoptèrent en 1660 subnstent en^ core en grande partie* En i665 y Charles II donna à cette association des lettres patentes , avec le titre de société royale. Peu de temps après Finstitution de ce corps célèbre , Charles II le chargea de traiter la ques^ tion suivante : Pourquoi un poisson mort est-il plus pesant qu^un poisson.en vie ? Les membres ûe la société composèrent plusieurs mémoires , pour montrer les causes physiques de d^tte diffé- rence. Lorsque Ja question eut été compJette- ment discutée , ils s'avisèrent de vérifier le fait , ti ils découvrirent, à leur grande confusion , que le roi s'était moqué d'eux y puisque le poisson tnort et le poisson en vie ont exactement la néme poids. Vers 1661 y la société se détermina , à la soUi- "Citation de Boyle , à envoyer quelques-uns dé «es itiembres , sur le pic de TénérifTe , pour y faire les expériences de Torîcelli et de Pascal t On sait que Ténériffe est une des lies Canaries. Gomme ces lies appartiennent au roi d'Espagne , la société royale députa deulc personnes y afin de demander à l'ambassadeur d'Espagne y des let- tres de recommandation y pour les gouverneurs de ces lies. L'ambassadeur témoigna beaucoup de bonne volonté aux députés, et les prenant jpour des membres dif une société de marchands i fl dljMgleêem , d' Ecosse et 4T Irlande. 4o3. qui d*était formée depuis peu à Lointres^ pour le négoce des vins de Canarle ^ il leur demanda la quantité qu'ils prétendaient en enlever. Les députés de la société royale lui répondirent que ce n'était pas pow négocier qu'ils allaient aux lies Canaries y mais pour y faire des expérien- ces sur la pesanteur de l'air, a Quoi , vous voulez peser Fair 1 — C'est notre intention. -* Sortez de chez rooi^ vous êtes des insensés. — ^ Mais, excellence ••• . — Sortez, vous dis-je »* Les députés sont obligés de sortir , et Fexcel- lence va raconter , dans tontes les maisons , qu41 est venu chez lui des foux , qui vouhient peser l'air. M. l'ambassadeur eut le chagrin d'appren* dre que le roi et le duc d' Yorck étaient à la tètb de ceux à qui il donnait le titre de foux Le docteur John Hill , piqué contre la société royale de Londres , qui Favait refii^é pour un de ses membres, imagina, pour s*en venger, une plaisanterie d'un genre neuf : ce fut d'adresser à un des secrétaires de cette académie , sous le nom supposé d'un médecin de province, le récit d'une cure récente dont il s'annonçait pour être Fau« teur. (c Un matelot, écrivait-il, s'était cassé la >i jambe* M^étant trouvé , par hasard , sur le lieu , » j'ai rapprocha fe^ deux parties de la jambe cas-* M sée, et s^rès les avoir fortement assujetties avec j» une ficelle, j'ai arrosé le tout d'eau de goudron. M Le matelot , en tvès*peu de tanps , continne lé 4o4 Londres , la cour et les provinces » docteur y a senti refficacilé du remède y et n'a: » point tardé à se servir de sa jambe comme au<- » paravant ». Or^ cette cure merveUleose se trou- vait publiée dans le temps que le fameux Bar- keley y é vèque de Cloyne y venait de faire paraître son livre sur les vertus de l'eau de goudron y ou- vrage qui faisait beaucoup de bruit , et qui exci- tait la division parmi les médecins. La relation du docteur fut lue et écoutée très-attentivement dans l'assemblée publique de la société royale ^ où Ton avait disputé de la meilleure foi du monde sur la cure presque miraculeuse. Les uns n'y vi*« rent qu'un témoignage éclatant en faveur de Teau de goudron ; les autres soutinrent y ou que la jambe n'était pas réellement cassée y ou que I4 |;uérison n'avait pu être si rapide. C^ allait im-^ primer pour et contre j lorsque la société royale preçut une seconde lettre du médecin de pro- vince ^ qui ébrivait au secrétaire : «c Dans ma > dernière j'^ii omis de vous dire que la jambe l^> cassée du matelot était une jambe de bois ».. La plaisanterie ne tarda pas à se répandre^ e^ âiverdt beaucoup les oisifs de Londres^ aux dé-^ |>ens de la société royale. La société des Antiq!) aires de Londres s'oc- t:upe de Thistoire et des monumens anciens des trois royaumes^ mais elle n'exclut point les an- tiquités des autres pays ; le tout est gravé aux 4^pea9 de U société. C'est éam soa seia qu'est 6^ Angleterre ^ d'Ecosse et d^ Irlande. 4o5 Bée ridée hearease et si utile aux arts y de fairâ* dessiner sur les lieux ^ et grayer ensuite avec la plus grande magnificence , à Londres^ les admi- rables ruines de Palmyre^ de Balbec^ d'Athènes^ de Spalatro. Elle a adopté pour sceau ^ une lampe ardente avec c:^% mots : Non extinguetur. C'est l'image du feu sacré ou de Tamour des sciences et des lettres^ qui ne doit jamais s'éteindre. M. Shîpley , simple particulier de Northamp- ton, forma en lySS^ la société la plus utile et la plus nombreuse de l'Europe : elle embrasse les arts^ les manufactures et le commerce; et maintenant elle est connue sous le nom à'Ihsii-' tiuion de la Grande-Bretagne. Elle est compo- sée de plus de trois mille membres. Ce vaste établissement y dans un intervalle de quelques mois , a été doté de la somme de âS^ooo liy. sterl. fournies par différentes classes de souscripteurs y parmi lesquels on remarqua plusieurs dames. Le Musée britanniqtte , qui réunit la bi- bliothèque publique 9 le dépôt de toutes les pro- ductions de la nature^ de l'industrie humai- ne, -etc. , etc., fut fondé en lySS. Avant cette époque il n'y avait à Londres ni bibliothèque nationale, ni cabinet d'histoire naturelle, ap- partenant à l'Etat , et consacrés à l'usage du pu- blie. Un particulier fut^ en quelque sorte ^ le loor 4ioO . Londres j la cour et les prônnsees dateur du Musée. Le célèbre médecin Hanés Sk>ane avait fait une riche coUectioa de livres^ de manuscrits y de médailles y de minéraux et 4'liistoire naturelle dans tous les genres. A sa mort il- légua au public cette immense et ma^ gnifique GoUectioi^ qui fui avait coàté 5o^ooo liv. irterL y à condition que le parlement en payerait jao^ooo à ses héritiers. Le sénat britannique^ en approuvant les dispositions de Hans Sloane y acheta 10,000 Uv». sterl. \e palais Montaigu pour y placer ce riche dépôt. Animé des mêoiesseatimens patriotiques qui ont immortalisé tant d'Anglais, M. Cracherodie a légué au Musée britannique, son cabinet de médailles y sa bibliothèque ,, ses desskis originaux ,, ses curiosités de tous les genres ; mais avec fe condition expresse et bixarre, que ces différentes tûUections resteront dans ^arrangement qu'il leur a donné , et qu'on n'en distraira point une seul& pièce pour la joindre à la collection générale. La bibliothèque appartenant aux rois d^ADgle-* terre , depuis Henri VU jusqu'à Charles 11 , qui consistait en douze mille volumes y a été réunie à celle du Musée > qu'on croit de quatre->vingt mille volumes. On conserve au Musée britannique Forigittal de la grande charte , donnée par Jean-sans-* Terre , vers l'an 1 2o5 , regardée comme le pal-^ l0diùm 4e la Ube]rté anglais y c^'on croyait per«- et Angleterre y tP Ecosse et d' Manie. 4o;^ dae depnis long-temps ^ et que trouva par ha- j»ard le chevalier dir Robert GoUon^ mort en i65i. Ëtaol UQ )Our chez sou tailleur^ il vit que cdui-ci allait couper^ pour faire des mesures^ uu parchemin qui avait plusieurs cachets* U fut cu<- n0ux de voir ce que c'était que ce yieux titre , et sa surprise égala son ravissement^ lorsqu'il reconnut l'original de la grande charte. Le Musée serait plus utile , s'il était moins dif-« ficile d'y être admis* Il faut d'abord se faire ins«* crire pour obtenir y en payant au moins un schel-- ling^ la permission de parcourir les salles^ à jour et heure indiqués y au milieu de plusieurs per« sonnes y suivre la foule des curieux , tâcher d'en-* tendre le Cicérone y toujours fatigué et de mau- vaise humeur de répéter sans cesse la même chose. Il est encore plus difficile d'obtenir la permis- sion de travailler au Musée y et de parcourir quelques manuscrits; il faut une recommanda- lion puissante : la réputation la mieux établie ne suffit pas pour donner à un savant^ à un homme de mérite y les entrées libres* Il est heureusement des bibliothèques pubti*- queset particulières, des cabinets de lecture , et dés clubs littéraires y où l'^n parvient sans peine à être admis* Les lectures publiques sont fort en vogue à Landna^ U y a vingVcinq an» qu^Mi y fonna une 1 4o8 Londres , la cour et les provinces espèce de spectacle sous le nom à!jÉssemblée ai-* tique. Cette assemblée se tenait dans une grande el belle salle, où la musique suivait et coupait la lecture des plus fameux morceaux de pros& eu de poésie. Ce singulier spectacle , qui coû*. tait une demi-rcquroune y ne se soutint que quel-*^ ques années. Ces assemblées attiques ont été renouvelées depuis 1 784 y mais on en a supprimé la masi-> que. M. Shéridan en a été long^temps un des lecteurs les plus distingués. On y a applaudi depuis le fameux Tissier, qui a porté lart do la lecture au dernier degré de perfection. On a aussi formé , en Angleterre y un grand nombre de clubs de lecture ; chaque memibre de la société fournit une somnoTe ; on achète des li- vres en commun ; et quand chacun les a lus y on les vend au plus ofiraut parmi les as^ciés y pour en acheter d'autres avec le produit de la vente. . Les clubs de discussion sont fort à la mode k Londres 9 et servent à répandre quelques con-^ naissances de littérature et de morale. Le désir de favoriser les progrés de Félo*^ quence a été si loin y qu'on forma, en 1779 y un club où le beau sexe put déployer et perfectionner ce dooi de la parole dont Isk natm^e l'a favorisé. Cette école de rhétorique porta un nom fran<-^ çais, la beUe assemblée y quoique tous les dis- çou^$ ^ ^^mX e^, 9ng;lais. C^tte société s'as* JC Angleterre f d'Ecosse et â^ Irlande. 409 semblait une fois par semaine^ et l'on payait, pour entrer 9 quatre fois plus que dans les au« très. Dans une séance on agita cette question 3 Si lu Die de la campagne était préférable à celle de la ville? Dix femmes parlèrent dès galeries; les deux premières avaient des masques et pa« raissaient avoir appris leurs discours par cœur. les autres haranguèrent à visage découvert ; plu-> sieurs parlèrent avec beaucoup de facilité et de grâces, et traitèrent fort bien le sujet ». Dans plusieurs de ces sociétés particulières on peut aller s'instruire ^ pour un , ou même pour un demi-schelling par séance. On y traite, deux on trois ibis par semaine, divers points d'histoire ou de morale. Les séances et les questions qu'on y doit agiter sont annoncées d'avance dans les |;azetles. m « ' v n i 4]o Londres y ia cour tft hspmvinùàf ' m i^t m\ —Il CHAPITRE LXXV.. Théâtre anglais^ i^ï la nation anglaise diffère entièrement desr autres peuples de l'Europe , dans ses mœurs et dans ses usages ^ son théâtre doit nécessaires ment se ressentir de cette différence. En Ân-^ gle terre, plus qu'ailleurs, it faut que* les pièces; de théâtre soient accommodées au goût du peuf pie. Quel que soit le talent d'un auteur, il n# réussirait jamais à se faire applaudir, si John Buhl ne trouvait dans les comédies , dîins les^ tragédies ou dans le drame ^ de^siiuatians con«^ formes à son goût. Ainsi il ne s ag^t point là de* ' s'astreindre à des règles , de traiter un sujet in- téressant ex professa^ il faut amuser le peuple^, et l'amuser par des bouffonneries insipides , ou« agiter ses passions par des scènes dont le trar gique va jusqu'à la férocité. Les pièces les plus^ estimables pèchent donc toujours par quelque endroit , parce que les auteurs qui ont le plus, de mérite sont forcés, de sacrifier le bon goût ^\x moins en partie , et de faire dans leurs piè- ces ce que les genjs sensés d'Angleterre appel- lent la part du peuple. ^ Dans les tragédies anglaises ^^ le diable joue 'd*Jngteterre ^ é^ Ecosse et d'Irlande. 4 ' > ao«veiit un grand rôle. Ces pièces sont remplies d'action , mais elles rnao^uent de naturel , de régularité et de dëoence ; tout y est outré. Les. Anglais veulent être sédaits par un grand ap^ pareil ; Taoïour les touche moins que des évo^ Itttions d'année, des processions funèbres, des^ CM^tomes 9 du sang répandu , des objets propres à inspirer k terreur. C'est là ce qui a fait la fortune des pièces de Shakespear , poète qui vivait en i $90 , et dont les ouvrages montrent autant l^gnorance du ^ècle où il les composa y que le génie Hbre et audacieux de l'auteur. La nature semble s'être plu à réunir dans la tête de Sakespear les idées les plus grandes et les jj^us grotesques. Il avait un génie plein de (otct et de fécon^ dite 9 de ns^turel et de sublime , dit Volts^ire , sans la moindre étincelle de bon goût, et san» aucune connaissance des règles. Ses pièces sont des monstres admiriables> dans lesquelles , par- mi des irrégularités- grossières et des absurdi-^ tés barbares , on^ trouve des scènes supérieure- m^it rendues , ' des. morceaux pleins d'ame et de vie 9 des pensées grandes j des sentimens no- bles et des situations touchantes. Un soir, qu'un Anglais soupait à Ferney aveo Voltaire, la conversation tomba sur Shakespear. Yoltaire s'étendit sur l'effet inconvenant et ab- auide ^e produisaient des caractères bas et 4 1 1 Londres , / la cour et les provinces^ des dialogues vulgaires dans la tragédie ; il s'ap-* puya de beaucoup d'extmples pour prouver qu» le poète anglais avait souvent offensé le goût y même dans ses pièces les plus pathétiques. L'An^ « glais observa , pour excuser son compatriote ^ que ces caractères , quoique bas, étaient pour- tant dans la nature. « Avec votre permission , monsieur, répondit Voltaire, personne ne mon-^ tre son derrière ; il est pourtant dans la na- ture ». Parmi les tragédies, {U'opres à donner une idée du théâtre anglais , on peut citer : Jeanne Schore^ dont ITiéroïne, qui avait été la maîtresse d'un roi , est réduite , en punition de sa faute , à demander inutilement son l^ain de porte en porte , et à mourir , après avoir été trois jours sans manger , dans les bras de son mari , qui revient exprès de l'autre mond^ pour lui pardonner son infidélité. Le Marchand de Londres ^ ou V Histoire efo Barneyelt, dont la catastrophe se passe au gibet. — Bonduca , pièce dans laquelle est une scène où quatre hommes , la corde au cou , plaisan- tent sur le supplice auquel ils sont condamnés. ' — Bloody Brother^ où l'on voit un cuisinier ,. un sommelier et un panetier , condamnés à la potence , qui fait la décoration du théâtre, ar- river tous trois la corde au cou, et chanter c^cun un couplet de chanson relatif à leurétat^ éC Angleterre , d^ Ecosse et d* Irlande. 4 1 3 «t à leur situation présente. — Measure, tragé- die de Shakespear , qui contient une scène de plaisanterie entre le bourreau et le patient. Ce- goût bizarre, qui s'est emparé de la ma- jeure partie de la nation anglaise, est la cause fie la difficulté que les hommes sensés ont eu ^ déterminer les directeurs de ce théâtre à fair» jouer la traduction de Zaïre* Un M. Bond , avait conçu une juste admira- tion pour cette tragédie. Non content de la sa- voir par cœur en français^» il engagea un des meilleurs poètes de Londres à la traduire en anglais. Son dessein était de la faire représen- ter sur le théâtre de Drury-Lane. Il employa vainement , pendant plus de deux ans , tous ses soins et ceux de ses amis pour la faire recevoir des directeurs de ce théâtre (i), et enfin prit le parti de la représenter lui-même, avec quel'* ques autres amateiurs , dans la grande salle des Yorck'Buddings^ qui est un lieu destiné, dans son origine , pour les concerts de musique , mais dont on obtient Tusage en le louant aussi cher pour une soirée , qu un autre bâtiment serait (x) Ou la joue anjourd'&iii sur toas les théâtres d'Angle- terre. Att moment où Orosmane s'écrie : Zaïre , vous pieu-- ml l'actrice se roule sur le thé&tre : ce qui a fait dire avec raison, qu'Orosmaof dcTrait a'éçrier : Zaïre, vous vous totUes par tare! 4 14 Londres y la cour et lè^ pro\jfinheP * loué pour uue année entiète. Les rôles forenft distribués , et toute b Yille avertie de rentre^ prise qu'on avait formée pour lui plaire.M. Bond^ qui n'avait pas moins de soixante ans ^ choisit le rôle de Lusignan , comme le plus convenable à ses talena et à son âge : il n'épargna ni soins ni dépenses pour se mettre en état de le jou^ avec distinction , et il abandonna tout le f^rùËX du spectacle ( les billets d'entrée ayant été dis^ tribgés par souscription) aurpoëte traducteur ^ de la pièce. £e jour arrive ; jamais -on n'avait vu une assemblée si brillante et si nombreuse. liCS premiers aot^s sont rendus avec des applau- dissemens universels. On attendait avec «impa- tience Lusignan a il parait ; et ton» les specta- teurs sont attendris à la vue de ce personnage vénérable. Mais le cœur de M. Bond était plus ému que tous les autres ensemble ; ce vieiMard se livre tellement à la force de son imagination ^ et à l'impétuosité de ses sentimens» que se trou- vant trop foible pour soutiçnir tant d^^igilation , il tombe sans connaissance au moment qu'il reconnaît sa fille. On se figura c^abord que c'é- tait un évanouissement factice , et ^ut le mon* de admira l'art avec lequel il rendait la nature. Cependant la longueur de cette situation com* mençant à fatiguer les spectateurs, Chàtillon^' Zaïre et !Nérestan l'avertirent qu'il était temps de la finir. Il ouvre un ipstant les yeux ;> mais âf AngUHtrre ^ ^Ecosse et d'Irlande. 4 1 5 Ie9 fermant aussitôt, il tombe de son fauteuil sans pronoDcer une parole ; il étend les bras comme pour embrasser ses enfans y et ce mou* vement fut le dernier de sa vie. Les comédiens du théâtre anglais ne sont pas moins extraordinaires que ses drames. Au troi- sième traits. (lUes ne paraissent point se lasser, quoi- qu'elles soient 4^ns un mouvement continue) pendant quatre ou cinq heures consécutives. Il^jest étonnant ^uç les Ap^lais, ce peuple .'■ •♦ J ^ I • cTjàngièieiTe , d Ecosse et d^ Irlande. 4^5 grave et penseur , aiment si passionnément la danse , plaisir que la plupart des philosophes regardent comme frivole et indigne des hom- mes sensës( : les An£;laises en font surtout leurs délices. Peut-être sentent-ils que les fortes se- cousses et Fagitation de la danse , sont très-né- cessaires à leur humeur mélancolique , et par- viennent à dissiper , en partie , l!humeur sooi- bre à laquelle ils sont en proie. LâEis BALS MASQUES fout touJQurs beaucoup de sensation à Londres , parce qu'on n'y en donne^ chaque hiver, que trois. pu quatre à l'Opéra, et autant au Panthéon. Il en coûte au moins a guinées pour un billet, et souvent on paye un «eul billet jusqu'à 5 guinées. Au lieu de ma- rons glacés , de massepains ^ d'oranges^ on y sert des fricandeaux , des pâtés, des poulets, des langues fourrées , des daubes ; les vins cie Portugal, d'Espagne, de France^ y remplacent l'orgeat et la limonade. Ces bals sont des espè« ces d'orgies où les gens sobres s'amusent de l'intempérance des vrais amateurs en glouton- nerie , qui sq font une loi de boire et de man- ger asse? copieusement pour ce pas s(Voir à re- gretter le lendemain \p prix de leur billet. Du reste , on y voit quelquefois des mascarades aussi singulières que bizarres , dont le but est de tourner en ridicule les ministres ou les opé- siations du gouverneoieiit.. 4^4 Londres f la cour et les provinces Dans un bal particulier^ qiii se donna dans le quartier de Westminster , on vit un masque qui I enseyeli dans de ta flanelle , traînait après, lui son cercueil^ et dans lequel it se couchait de temps en temps, poussant par intervalle des^ êris sourds et plaintifs. Ce cercueil était orné^ comme le sont ceux des personnes qui atta- chent une grande importance à îa décoration: de leur dernière demeure. Sur lé cercueil on. lisait : « Tremblez , mortels ; ce cadavre , pâFe > et inanimé , ressemblait , it y. a trois mois , àt 9 Hector pouf ta force et pour te courage. Le » temps et le plaisir Font conduit à Tetat où » vous le voyez. Le temps passe , tes heiwes^s'é- » coulent , et celle qui vous mettra de niveau > avec lui , ne tardera pas à sonner-». Cette mascarade lugubre n'était pas fort re"- jouissante, et il fallait être Anglais pour l'a- voir imaginée et s'en amuser. Elle était de- l'invention d'un jeune eoloneL. Une demoiselle du nombre de celles qu*pnj appelle à tout hasard vieilles filles , se tx'ouvant à un bal masqué , fut accostée par un jeune oP- ficier fort aimable^ dont les propos tendres et enjoués allumèrent le feu qui, depuis quarante ans, couvait sous la cendre. Cette grand'mère des amours, dont l'occupation la plus pénible* avait été d'empêcher que ses feux cachés n'écla- ^. ■^ et jingîèterre f éP Ecosse et d'Mahde^ 4^5 tassent au grand jour, hors d'eUe-méme, hasarda de donner un rendez • vous ^ mais, hëlas! elle connut que son yainqueur était une £pmme dé- guisée y et faillit en mourir de honte et de cha- grin. Les FétES PUBLIQUES , en usage dans la Gran- de - Bretagne y mettent à même lé peuple de prendre part au plaisir des gens, riches y et de se divertir dans son particulier.. Le jour de la naissance de leurs majestés , et te jour du couronnement , sont marques par des fêtes. Le matin on sonne partout les clo- ches dans Londres , les drapeaux sont déployés- sur les clochers , et tous les vaisseaux sont pa- voises. A midi la noblesse et les ministres étran- gers complimentent leurs majestés : la cour est très -brillante. A une heure on tire lie canon du parc et de la tour. Le soir il y a bal au. palais de Saint-James et illumination y avec de gran- des démonstrations de joie dans toute la ville Les Gallois ont vaincu autrefois les Anglais y le jour de Saint-David , leur patron ; et ^ depuis cette époque ^d n'est pas un habitant du paya de Galles r qui, le i" mars, ne porte à son cha- peau un porreau naturel ou artificiel, qu'ils re« gardent comme une figure symbolique de leui^ ainour pour leur patrie : sans doute parce que ce légume y croit en abondance Le roi même 4^6 Londres, la cour et les provinces. est obligé i ce jour là, d'arborer un pareil signe à son chapeau^ Il se célèbre tous les ans une grande fête à Coventry , dans la province de Warwick , dont l'origine est fort singulière. Cette fête est éta- blie en l'honneur d'une princesse Godiva , qui ,. sous le règne d'Edouard-le-Confesseur, vers l'an io5o, consentit àe parcourir, toute nue> la prin- cipale rue de Coventry, pour obtenir de son mari , alors seigneur de cette ville , la grâce de ses babitans , qu'il voulait faire massacrer, par- ce qu'il avait lieu de se plaindre de leur déso- béissance; grâce qu'il avait mise à ce prix, bien persuadé que son épouse ne se prêterait jamais à.uâe condition aussi étrange. Mais la princesse Et'hésita point de sacrifier, pour un moment, le sentiment de la pudeur , si naturel et si puis- sant dans les personnes de son sexe , au désir de conserver la vie à un nombre considérable de ses vassaux. Elle fi.t publier dans la ville , uii ordt'e à tous les babitans de se tenir renfermés^ chez eux , et défense , sous peine de la vie , de se mettre aux fenêtres. Après avoir pris cette précaution , elle monta à cheval , couverte de ses seuls cheveux , qui étaient fort longs , et traversa la ville au grand galop. Un boulanger, dit la tradition , plus curieux que ses compa- triotes , osa se montrer à une feiiêtce. , tandis ^jingieterre , d^ Ecosse et d^ Irlande., 4^*7 oulanger trop curieux, est à la même fenêtre et dans la même posture où il était lorsqu'il fu( arrêté : celui qui occupe la maison , est mênîie obligé de faire repeindre celte statue tous les ^ns , ainsi que de lui couvrir la tète dt'un chi^r peau et d'une perruque. •*! \ \ 4:^8 Lonéb^ y la cour et tes provinces CHAPITRE LXXVII. Acteurs dramatiques ^ Chanteurs <, Cantatrices^ Virtuoses^ Danseurs et Danseuses. Aj'état de comédien est très-lucratif en Angle»» terre , quand celui qui l'exerce a des talens pro près à le faire aimer du public. M. Gibson, ac- teur du théâtre de Covent-Garden , qui mourut, en 1771* laissa une fortune de 1 5, 000 livres, sterlings. L'enthousiasme qu'inspirent^ à Londres ^ les- bons acteurs , a fait dire au célèbre Addisson ^ qu'on voit moins d'excellens comédiens que de- grands ministres et de grands capitaines. Le plus célèbre comédien que l'Angleterre ait possédé , le fameux Garrick ,. était d'origine- française. Il descendait d'un bon gentilhom- me normand, dont le nom était La Garrigue , et que la révocation de l'édit de Nantes fit passer en Angleterre , où il crut devoir an- gliciser son nom. Le père du célèbre acteur était capitaine d'infanterie, mais peu riche, et destinait son fils au commerce ; mais le goût du jeune homme en décida autrement , et lui fit embrasser la profession du théâtre ^ Devenu comédien du. r^oi f, ii acquit une part éC Angleterre y d'Ecosse et d'Irlande. 4*9 coosidérabie à la direction des principaux spec- tacles de la capitale , et fit la fortune de ses as- socies et la sienne. * Comme la profession de comédien ne déroge ]point en Angleterre , milord **** lui proposa de' Be mettre sur les rangs pour obtenir l'entrée au parlement, en qualité de représentant du comté de****. «Après avoir joué avec assez d'es- prit mon rôle sur le théâtre ^ répondit Garrick , je craindrais de jouer celui d'un sot au parle- ment ». Ce grand acteur avait l'art si nécessaire au théâtre , de décomposer sa figure , et de lui don- ner tous les tours qu'il voulait : en voici un exemple. Garrick et le peintre Hogarth , étaient tous deux intimes amis du célèbre Fielding , atUieur des Aventures de Joseph Andrews , de Tom^JoneSy etc. Ce dernier venait de mourir , ^ns qu'il eût été possible de l'engager à per- mettre qu'on i^t son portrait. Pea de teipps après sa mort , on publia à Londres , une édi-» tien complette de ses œuvres (huit volumes iii-8**. ). Hogarth est le premier à regretter que le portrait de l'auteur n'en orne pas le frontis^ pice , et fait part à Garrick de son chagrin à ce isujjet. Celui-ci, le lendemain^ entre dans l'ate-» lier de son ami , au moment qu'il était le plus Qocupé à peindre un tableau : « Je viens d'ima- giner , lui dit-il., quelques situations théâtrales y 43o Londres ^ la cour et les pfwinee$. que je voudrais essayer; indiquez- moi un en* droit où je puisse me recueillir ». Hogartb, sans^ se déranger de son travail, lui montré de la* main une petite pièce dont la porte 4onne dans Tatelier, Garrick y entre , et le peintre conti- nue son ouvrage Quelques instans après , ce- dernier entend une voix qui prononce distinl;^ tement, Hogarth. D'abord il y, fait. peu d'aften- tion ; mais la même voix se faisant ' entende pour la secpnde fois , il frissonne involontaire* ment. Il ne croit point aux revenans; toutefois il ne peut se dissimuler que c'est le son de la voix de feu Fielding , qni vient de frappet son oreille. La frayeur le saisît', quoiqu'il s'efforce de la surmonter. Enfin i une troisifème fois , là même voix articule avec force : « Hogarth ! u'es-itu pas- las ^ de me faire attendre ? Prends tes crayons^y viens ici ; je n'ai que quelques ins* tans à te donner «• Le trouble qui agite Hogarth- confond ses idées; il oublie que c'es^ -dans le cabinet d'où^part» cette voix, qu'il' a relégué Garrick^ Cependant il > s'arme de fermeté , il prend ses crayons^ et vole avec précipitation- où ces.accensil'appeUent. Quel prodige! c'est Fielding qu'il voit ; ce sont ses traits ^ son air ^ sa coiffure , sa démarche ; en^ un mot ^ c'est son ami lui-même. Hogarth ét^nné^ effrayé , ému $ dessine à la hâte. Le peintre' s'applaudit de ht ressemblance^ il ne soft dj^ son- erreui? que; ^Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande. 43 1 quand , l'ouvrage achevé , il échappe à l'autçur un éclat de rire qui décompose son visage, et en fait disparaître les traits erppruntés , pour, restituer à leur place ceux de rinimitablé Car- rick. C'est ce dessin original qui est à la tête des œuvres de Fielding. Voici un trait qu'il n^ f^i^t poinV confondre, ajec celui ^qiCou viçpt de, lire, quoiqu'il s'y.rapA porte beai^çoup, IlAe d^me anglaise ^ de la cpn-^ n;siissance de.Gai:rick^ désirant avoir le portrait^ d'un lord sçn^^pai:^ nt , qui a vfti,^ ia.manie.de ne pa^ vpuloi.^ sç lai;?s,er peindçe., pf ja l'acteuy.de \^ sçiîQnder da|i^. .ce dessein ^ Le. conMQdien.cé-* lèbre , aprèçi, avpir, altçn.ûvepienjtj étudié, le^^ traits, Iç nxain^tie^ , le3 ti^3v^?^'^?î^*^^'^ ^r toujt ce qui ppuvait; caractériser J^.^ersonnagQ: dpQt il était qjuestion y paryinjt à..se donner la ^ physionomie du lord , et se rendit, avec cet vi*^, sagp^erpprunté , ch^zunhîibile p^eintre, auquel il fit faire .le,pprtraij::.de.la £gurje. qu'il s'était; com]>osée. TçiitJiç mipndfî reconnut .si hien la, ressçmblan^erdu^^loj'd,, que , ce , seigneur lui-m^* me convint qu'il était rendu d'après nature, çt ne put jamais conqevoii: comment on: était, parveixu . à le ^ppiudre, GarriqksayaiMi bien coipppsér rexpres;5ion . d^ spA vi^9g^,, qu'il; ,fiç ,ébaucber 3on portrait fious d^u:ïiijBgurf& difiEerentejs , et par le même > pfifttïje. 43a . Londres^ la cour et les provinces Ce comédien célèbre a élevé à la mémoire de Shakespear , à Rampton , un monument qui immortaliserait le plus grand monarque. Sur un monticule de terres rapportées , ayant vue sur les bords de la Tamise , et séparé du jardin par un massif continu de lauriers et d'arbres toujours verts , s'élève un petit temple , bâti avec autant de solidité que de goût ^ en pierre de Portland. Il est de forme ronde, et terminé* en coupole, sur vingt pieds de diamètre. La porte est surmontée d'un fronton en saillie , porté à l'antique par deux colonnes isolées. Le fond du temple est orné de la statue en pied de Shakespear, de grandeur naturelle, exécu- tée par le fameux Lyonnais Roubillac , en mar* bre de Carare. Ce poëte tient des tablettes d'une main , et paraît se livrer à l'iospiration des Muses. Garrick , les trois dernières années de sa vie, fit les honneurs de ce monument d'une ma- nière qui en relevait encore le mérite. « Je dois tout à Shakespear , disait-il : Si vivo et valeOy suum est C'est un faible témoignage d'une re- connaissance sans bornes x. Cet acteur, que les Anglais auront tant de peine à remplacer , mourut le lo janvier 1779 y et laissa une succession de 3,6oo,ooo livres tournois. Après que son corps eut été exposé ' pendant un jour sur un lit de parade , et visité • \ d* Angleterre^ d'Ecosse ef d* Irlande. 433 par plus de .vingt mille personnes , il fut tuans- porlé avec la plus grande pompe dans l'église de:' Westminster, et déposé au pied d'un mo- nument érigé à la mémoire de Shakespear. Le drajp mortuaire était porté par le duc de De^ vonshire, lèrdCamden, le comte d'Ossory, le comte de Spencer , le vicomte de *Palmerston , sir William Wine, MM, Rigby, Stanley, Pat- tereon, et Albar^y Wallis. Nombre de person- nes de distinction suivaient le convoi à pied; puis venaient cinquante carrosses drapés , et une quantité prodigieuse de voitures vides : un: dctachemcnt des gardes , chargés de main^ tenir l'ordre , fermait la marchje. . Samuel Foote, à la fois auteur et acteur y peignait avec une si grande vérité, et d'une manière si origiiiale , les travers et les ridicu-^ les de tous les. états, qu'il mérita, que ses com* patriotes le surnommassent X Aristophane de C Angleterre. Foote donnait ses représentations sur le théâtre de Hay-Market : secondé par une troupe de comédiens qui'lui étaient biien rnfjé- rieurs, ii se distinguait surtout dans les $cènes qu'il jouait seul. Assis devant im bureau , il montrait au public différentes tétès , qu'il affu* blait tour à toUr d'une perruque, et qui repré- sentaient alternativement un petitmaîtré, uno petite, maîtresse^ un magistrat , un.:miUtaireir a. a8 / 434 Londres, la cour et les provinces un avare , un prodigue , une précieuse , une fiemnie galante. Il faisait parler à chacune de ces têtes le langage propre à leur caractère, ayec un naturel qui excitait le rire , et alimentait la malignité des spectateurs ; il n'épargnait ni la inode ni les hommes en place. , Samuel Foote composait de petites comédies extrêmement enjouées. La dédicace d'une de sea pièces est singulière ; c'est à sou Ubraire qu'elle ^t adressée, a Comme je n'ai nulle obligation à aucun grand seigneur, lu) dit-il^ ni à aucune ^ande damedece pays-ci, et que je désire d'ail^» leurs que mes écrits n'ayent jamais besoin de leur protection, je ne connais personne dont les 1x>ns of&ces me soient aussi nécessaires que ceux •46 mon libraire ; c'est pourquoi , M« Vaillant , je TOUS remercie de la netteté de l'impression , de la beauté des caractères , et de la bonté da papier, dont vous avez décoré L'ouTragcde yo« tes très*humble serviteur , Samuel f oote »< L'idée du prologue qui suit la dédicace , est tout^à*£ait bizarre ; c'est une dispute très-vive entre un acteur et sa femme, dont ils veulent fiiire juge le parterre. Il s'agit de savoir en quoi consiste la différence de l'homme à la brute. L'ac- trice soutient que c'est dans le rire ; son mari prétend , au contraire , que c'est dans l'action de siffler. « J'en appelle , dit- il , aux critiques : p'est-ce pas popr eux le bonhe^r suprême? Ëh ! 4*^Jngl€terTe^ d'Ecùsse et dP Mande. 4^5 qù*est-ce ^ à leur a^is , que le plaisir 5e rire au- près de celui de siffler ? — Eh bien , répond laclrice , qu'est-ce que celli prouve ? Si tos comédie» ont été siffl^es y n-a-t^oli pas ri de tout son otàeuT à vos tragédies»? LVctrice coutil nue sa réplique , et Voici j selon elle > la ratscni décisive en faveur du rire : « L'homme seul pos* «ède cette faculté exclusivement aux^ bétes ; au lieu que celle de siffler lui est commune avec les serpens et avec les oies» îTaveit-vous pas- dô * honte, 6 critiquer! de ressembler à ces vils ani*" maux? — Oh! poiiit dqi tout, lui répliquée Comédien , apologiste des sifflets, c'est au con* traire une pratique très-utile ici y de réprimei? ainsi les abuS' des» mauvais poètes et des auteur's pitoyables. Si cependant, messieurs (ajoute-t* il «il s'adressant au« public ), vous voulee pren« dre mon avis , n'aâlisz pas siffler comme àes oi- useaux , hors de priypos et sans' savoir pourquoi ; imitez fe serpent- » soye*' comme lui prudenâl^ et subtils, mais^ s'il se peut^ exempts de son venin ». Les premiei% chanteurs et les cantatrices^ dé l^ondres sont payés un pri|: fou«r Ce sont des vir* tuoses qu'on fait vçnir d'Itsiiiè à gl:ands fr^is» ]N"icolini eut 8oo guinées pour un hiver. En 1 738 , Farinelli en eut plus dé sik fois autant 4 La si* ^nora FausMna :, outre se» ^scppointemens , re- etueilUt pour î^héti^çf de la i^èpréiratMioa V / 4^6 Londres f h cour et les pros^inca donnée.àson profit, la somme de 800 liv. sterL , c'est-à-dire y* environ ao^ooo livres tournois. En 1809, M"*' Catalani eut 4»ooo guinées d'ap pQÎntemens ( 96,000 francs ) , et deux reprësen* tatîons à son bénéfice , au théâtre de Coyent- Garden. Quelques seigneurs ayant demandé à Farinelli, 4*il pensait à prendre de nouveaux engagera ens à Londres pour Thiver prochain, il répondit qu'il le voulait bien , mais à condition que ses appointemens fussent plus .considérables que çéhx des autres premiers chanteurs. Ils étaient quatre à cinq, à chacun desquels on donnait quinze cents liv. sterl. pour un hiver. On pria, Farinelli d'expliquer à quoi pouvaient monter #es prétentions. « Je iie demande qu'une guinéç de plus , répondit-il , pour faire connaître seur iement la différence qu'il y a, de mes concur^ cens à moi ». Oniùi en donna 5oo. La représentation qui fut .donnée au profit du signor Faciuelli , lui valut 21,000 guinées, et 100 guinées que le prince dé Galles lui envoya^ le lendemain^ avec une tabatière d'or d'un grand prix. Les grands artistes, dans la danse, sont aussi magnifiquement payés, dans la Grandé-Breta* gne , que les virtuoses d'Italie. La fameuse Sallé eut , pour un hiver , i^ooô guinées. 9c nos jours ^ la demoiselle ïïeiinei , Gardai j WiVelgn | le» Ves* d' Angleterre ] d'Ecosse et d'Irlande^ 4^7 ïris , etc. ; ont gagné à Londres dés sotnmes immenses , proportionnées à leurs talèns. Les annales du théâtre anglais offrent une foule d'anecdotes , dont" la lecture ne peut qu'être agréable. Nous en citerons quelques^mea, Nelly , ou plutôt Hélène Guyn , née dans tine inativaise taverne, ne reçut aucune sorte d'édu*^ cation. Elle commença par vendre dtf poisson ; ensuite, comifie elle avait la voix, agréable , elle allait chanter dans les cabarets. Une fameuse -çippareilleuse , nommée mistriss Rose , s'en em^ para , et parvint à la polir un peu , tout en cor- rompant ses moeurs. Elle fût admise en 1667 au théâtre royal , et appartint successivement à plu- sieurs acteurs. Charles II prit du goût pour cette actrice en 1671, en lui entendant réciter Tépi- ïogue de \ Amour tjrannique^ que Dryden avait fait exprès pour elle. Nelly était l'actrice favo- rite de ce poète, et il composait des rôles partir culiers pour la faire briller; Un acteiir d'un au- tre théâtre, ayant paru sur la scène aivec un cha- peau d'une grandeur démesurée , le public, engoué de ce grand ctotpeau, protégea une mé- chante pièce. Dryden , piqué de ce ridicule «uccés , fit faire un chapeau large comifne une roue de carrosse, et le fit porter par mademoiselle Guyn, qui était une beauté iBÂgnoiine et pi- gwan t« Cette plaisanterie aixi^usa singitlièrement I « 438 Londres y Ut eaur et let provinces et la cour et la ville ; les acteurs eux-mêmes ne pouvaient s'empêcher d'en rire. Charles II fui aussi enchanlé du chapeau , et ne fut pas celui qui en rit le moins. Madame Hélène ( c'est ainsi 4]u'on rappelait depuis qu'elle était maîtresse du roi) jouait rarement dans la tragédie ^ où elle était médiocre , et elle ne valait guère mieux dans le comique; mais avec beaucoup d'enjoué^» ment , de^vivacité , de coquetterie , elle avait àe grands talens pour le chant et pour la danse « Lesr rues et les cabarets de Londres étaient une j école qui aurait dûla conduire à la plus misérable crapule ; il e^^t bien étonnant qu'elle soit parve- nue à briller sur le premier théâtre de iondres^ et qu'elle ^t fait les délices d'un monarque. Mais elle avait d'excellentes qualités, et elle était ejçtrémement généreuse. Elle ne rougit pa& de faire éclater les sentimens que lui inspiraient les obligations qu'elle avait à Dryden. Dans s^ - plus grande prospérité, elle ne négligeait aucune de $eis connaissances de théâtre , ni ceux qui lui «vaient fait du bien dans l'état obscur où. elle avait d'abord vécu. Elle fit des libéralités à plu- sieurs hommes de lettres ^ et entr'autres à Lée et à Ottway : elle étendit même ses bienfaits jusqu'à des ecclésiastiques , quoiqu'alors ce ne lut pas la mode à la cour. Un jour, qu'en superbe i équipage, elle passait dans les rues de Londres» I :çi^ y^t trainçr en prisop uni honnie pasteur,^ d^ Angleterre y d'Eoa$$ç et d'Irlande. 430 dont la misère et les dettes ae provenaient qu9 de circonstances imprévues ; elle paya sur-le-j champ ce qu'il devait, et lui procura une boone cure. Welly est la seule des maîtrespes de Char-, le^ II 9 qui lui ait été fidelle. Après la mort do ce prince, elie ne changea poin^t de conduire ( elle ne fit la cour à personne , et sut éviter aveô soin de dépendre d aucun ministre. C'est aussi dé toutes les maîtresses , celle qui était la plus agréable aux Anglais. Un jour une foulé de peur pie s'était assemblé devant la boutique d'un orfèvre qui faisait un très*beau service d'argent pour la duchesse de Porismouth à qui le ro4 voulait en faire présent; on éclata en murmure;! et eu malédictions contre la duchesse ; on re- grettait que ce riche, cadeau iiie fut pas dessin? pour madame Hélène* Les portraits de cette ac? trice , faits par Lély et par d'autres peintres y U représentaient très- belle; cependant elle était df petite taille <9 et on Ta^ocusait d'affecter un pei^ trop de négligence dans ;sa parure : rare défaul; dans une jojie femme, et qui ne permet pajs d^ l'accuser de coquetterie. La célèbre Oldfield, morte en Î1730, eut son iombeau dans l'église de Westminster. Elle fut exposée pendant deux jours sur un magnifiqi^ lit de parade^ Ses obsèques ^e firent avec autant de pompe et de magnificence que i\ pendant 94 ■_ 44o ' Londres y la cour et les pronnies vie elle avait été une des illustres prinoéiïBes qu'elle avait eu Tàrt de représenter avec tant de dignité. Le drap mortuaire qui couvrait son cercueil , fut porté par les premiers pairs de ta Grande-Bretagne , entr'autres par les lords La- war et Harley. Le doyen de Westriiinster offi- cia à la cérémonie. Dans des honneurs aussi ex- traordinaires, voyons un sentiment de recon- naissance pour des talens qui excitèrent l'adaii^ ^tion générale. ' Le Boileau anglais , l'iramortel Pope, nous a représenté miss Oldfield comme la personne d^ son temps qui avait porté le plus loin le luxe et la sensualité. ' Il aurait pu aussi nous la peindre oâmme ex-* trémement bienfaisatite. Elle as&ura àSavage, té^ duit à la plus grande misère , et IHin des poètes les plus célèbres de son temps , ^Tie pension annuelle de 5o livres sterling, qui fut payée très- exactement tant quelle vécut. Savage navait'ja- filais eu aucun cofnmerce de galanterie avee ^Ué. Quand çiiss Oldfield mourut , il porta^ k deuil comme si elle eût été sa mère. ' Mademoiselle Woffington , actrice excellente dans le tragique , morte yets 1 760 , emporta ies regrets de totis les amateurs de Tart dramati- que. L'armée britannique d'Allemagne lui fut Iredevable ^ pendant laguerr^ , de la souscription ^ i d'^ngkteiTe , d^ Ecosse et ^Irland^. 44 1 •volontaire ëtâblve à Londres , et dans plusieurs villes du royaume , pour pràenrer aux giierriers anglais lès soulagemens dont ils avaient besoin* Le produit considérable de celte souscription , dont elle avait, donné la première idée , fut em- ployé à leur fournir un nombre suffisant de ^il«ts et rlesouiiers, qu'un hiver* rigoureux leu» rendait très*nécesf*aîres. • * Gette actrice j après avoir jbiïé avec succèâ lin rôle d'homme , s'écria en rentrant dans le foyer : « En vwté , la moitié du parterre \ient de me prendre pour un homme!— -- Qu'importe^ ïui dit malignement une de ses compagnes ^ si l'autre moitié du- public est parfaitement as* surée'du contraire ? * Reddish ,. fameux acteur de Londres , étant devenu incapable de jouer, à la suite d'une raap dadie qui le kûssa dans un état de démence , ftit réduit à une pension annuelle de 70 livres ster- «li^g. Le voyant dans cette .situât ion, quelques- -uns de ses amis s'intcpessèrent auprès du di^ recteur du théâtre de CoventrGarden , pour lui laire^accorder les profits.d'une représentation). continuerez à être vertueuse. Mais si par ha- D sard il yous prenait fantaisie de changer de j) conduite , je vous demande la préférence , et » votre pension sera doublée ». La jeune actrice ne reçut sa pension de 5o guinéçs que le premier mois; elle fut si tou- chée de la générosité de son amant , qu'elle se mit à la double pension dès le seconde Un célèbre acteur, noramé>Quin, ayant un jour commandé à souper dans une taverne, pria Je maître de la maison de lui tenir compagnie à table. Le traiteur,. pour lui faire la cour, corn* siença à trouver à redire à la manière dont la iiappe était mise , et se mit à jeter les fourchet- tes et les couteaux en bas de l'escalier , sous prétexte qu'ils n'étaient pas assez bien nettoyés, <^uin , ne voulant pas contrarier l'humeur de «on bote, l'imita en jetant les plata ft les assiet- 444 Londres, la cour et les prw^inces- te». Le traiteur, surpris de ce procédé, lui'de^ manda quelle en était la cause ?ut un banc qu^on trouve dans cette galerie , il en résulte un bruit semblable à un coup de canon. Si quelqu'un parle à voix basse, en s'appuyant contre le mur, on l'entend du côté opposé , quoique éloigné de cent cin- quante pieds. L'injustice du ministère anglais envers Chris- tophe Wrpn , peji homme du. premier mérite , A d* Angleterre f \é^ Ecosse et d'Irlande. 449 lui .fijt préférer . Jobo .Vanbrt^h :poiir<.ia^ cons*^ truçtion du château 4e Bleuheiu^.4oQt laiiia«% tiou fit présent, au. fameux duc de Marl}>ou^ roughy ea r^connai^sanpè^de la viotoif e de Blen« hein ou d'Hochstet. Ije défaut d^ ce vaste âi^n fi^e <^st d^étre iQurdé'Cest ce qui doj:ma;iJiiea .de faire à rarcbit^cte- l'épi tapjbe.ai^g^ÎK, doûi voici la traduction s ^^ v !» . •Éc Pèse sur. lui , ô tçrçe ! car il .t'a, .chargée d^ j>p(ç$ans, fardeaux in -..,:. -^v.vï■T ^. a .... ^ i . Cet; architecte^ étaitj ppé* tje 4.^IiGat ^\ ^gr éablç i aip3i qjue le prouvent ses cpmé(Mrug}i,^, éjtapjt ve^u .ei^ Fmaoe.»; ygç^ ;i,70i , fçK jipisf >. Çf^ti^e » et y r^ta quolqtte teqip». sam «Hçoji; ianij^^ p^ .çii^.apprepdre 1?» cause, g.l,y cpippp^a upe , cpffls^di? ^^ et / ce ; qW^lîJî^ 4^iW-^ mawju^Jjle, qn.^a'x tjrpftve pas un se^l Çir^it coq-» *?^^ Ifi P?P ^ Wi Wî ]Lfl*; ^vjiit fait une, tjelle irio- Taylpr , moçt:. ^pv^s peu » e^ l'aj^^çtiitecte 1^ p^Vf pçhe qji:^t:«wj;Angle|€Rre: :j.}^ ipRlViîô §ÎÇl.W^ ^ 209^^oo^v.^^^erL , , ,;; . ,, ,^ „> . , |tobertW4apf>9le ,, qui sera: tqvjpftrfi teg?r4ji p^r. les anglais cpip^fi^ l'un dçs pljjLis, grands mii iiistrç^, souvent d'une |;rosseur considérable s ? |ff ais les seigneurs anglais n*en ]K>nt pas inoins amateurs enthousiastes des chefs-d^ceuvres de jbt sculpture , qu'ib s^eflbrcent Atwe procurer , A' qu'itt i^yent très-généreusement. Un lord se reodil exprès 4 Rome / dans ia seule inten* lioo 4^ prier le Bernin de lui fidre son buste* Cet Anglais récompensa Partisté en souverain, jffidsqn'à l'exemple de Charles fl , illui fit pré- d^viron 3ti^»«6o livres sterling. i d'Angleterre \ d'Ecosse et fP Irlande. 45 1 La statue de la reioé Âdiiey placée dana Té* gUse de Saint ^Paul, est reprâieiitée en cerps da jupe. «^ Cet habîUenieQt ehdque au premier j»GOup-d'œil,.dit Gfoèléy, par la raisoa aaoa jo doute que nous sommes peu aœodtamea à le » Toir employé dans des monitmens; mais, il «sfc » cependant plus convenable et moins ridioide 9 que la cuirasse , les brodequînt y la nudité des . a jambes y et tout l'atHrail l^oique soos le^vi^ 9 il plaît à nos sculpteurs do représenter les ttm p de nos pays septentrionaux ». 11 ne faut pas chercher en Angletecre de £i» meux peintres d'hûtoire ; la relig¥m ne IS»t dans les îles britanniquea aucun usage de la peinture^ pour inspirer la dévotion ; les égliies y sont décorées tout au plus d'un tableau dont personne ne parle; les appartemens n'ofiTrent aux yeux que des portraits ou des estampes f et^ les cabinets des curieux ne réunissent qiie des tableaux étran|[er&. Cependant les Anglais Q^at quelques bons cintres de paysages , de fleurs et de marine. Le portrait est le genre de peinture le plus Qoùié en Angleterre. Il éstdo bel usage et dç la politesse de s'y éle-méle sur des bancs qui font face à une pe- tite tribune isolée , élevée d'environ quatre pieds, et qui est p^acée à Tuué des extrémités de la salle. Le crieur, ou celui qui doit priser les tableaux , monte avec gravité dans cette tri- bune, salue l'assemblée , et se prépare un ins- tant y comme s'il était un (U'ateur , à faire 90a office "aveé tovitefs^ ks^ gpâcm^él; tcnite ¥ëlàqff»s&e# dont il est eàpable. Il ppeâd^ (ensuite «oiv etiî^ Icgue ^ fait présenter .chaque articlie , et(;:lor6^ qu'il ireut avertir quer h chose ^en «venteiçsi adl^ jugée y il frappe.un coup stlr^lavtribanB^slhre6 nm petit marteau d'ÎYOÛpe^ qu'île tient toujàora à la inaio;. ^ , ' : / ir ^. \Le$ talileaux. n'entrent paar enr Angleterre saas payer un droit de douane , ^et le tarif >esl( cab- eulë à tant le pied, la bordure. comprise.; Ainsi *Rapbajël et le PoussinrpayenI;; comme lc& «peior trns d'enseignes à bière.. . . : ; ' ; k% i,;: Par UQ règlement qut doit nuire aux. prc^rès^ delà peinture, ceux qui font profession deileei)^ ^re des tableaux eh Angleterre,. ii0.pe»T^i9f faire commence des ouvrages des peintre» amp 'glais>. ^ ..".,:•.'. .i • .•.'■•■. K •''.lo'^nr.'î;^ Beaucoup de ces însu)airea passenjs leurtit^à S'occujper det cliosès qui. puissent' fairer ipsvler d'eux, le joiYr de leur mort* , IL çst à Londres 'd43f curieux qui n'aihassent idiss. tableaux que pow xendre eélèfaareiViatentaire qui en sera fi^itpair leurs. héritiers^ et qui s'écrient à ee^ui detleurs rivaux.: Onv&fra bien autre chose im.mienlA Les Anglkis obt un tel goût pour lésfefaDSés ^extraordii^aices^ qu'ils ^aiment . mieusr vbmr le portrait d'un*vieillard quiiaveeur inutile et igiuo* . Bé pendant cent- et tapt .< d'années » que celui» , .^c exemple», du duc.de Marlbouiougb,. cpL^^a ffesdn de.» flrtndb wniees à h nal^. Ua An^ fbia ncbe fera ptiadre Qt gK9(f^ k «a$ dépeos la £ei|ii«e d'un mibergiste , qui «^ «m distin* gnëe jpar ton dfrootwîe , et par eon ndreise k M AaltM à œupa de poînga. ; . U n'y a qu'un seul peintre en Augkterre qui soit pensionné , et qui ait le titre de Peinir^ dU TOI, ToM les andMtfaadeurs nommée par le roi de k Grande * Bretagne <, emportent tonjoura ateèeux un portrait de sa majesté, pour fequel lis açnt oUi^ d'emplqyer son .peintre , et de lui en payer 600 livres sterling. - On peut mettre au rang des peiutrea de por« traits, oeux qui peigoeqt les cbevaux en An- ||teterrf . Dès qu'un cheval s'est aeqnis une ré* imtation à la eou]Ç9e , on le hkt peindre de grandeur naturelle : on ajoute quelquefcHS au tableau une figure de palfrenier; ' ^Teiit peintre qui sW fsit la réputation de I4en saisir la ressemUanœ ., est sm d'avoir le )^1«4 gf (nd suéeès. Kneller, qui ne peignit que le portrait y amassa, de grandes- mdiessee. Quand ÎA nioûrul ^ il laissa cinq ee^its pcotraits qui n'é* taient pas achevés, et pour lesquels il avait reçu Itt mi^itié du piix 4'atvanoe. Ce peintre , pour âattsikire son avariée^, et l'an^eur • pr€>pre des Aii|[iais , qui • ne veulent guère d'autre image que la -leur » avait imaginé (dUtdblir à Loutres vm^ C^d^rique 4e partraita : dm ooUafaorateurs v> ^Jn^èferr&f JtEeùsse et d^ Irlande. 45S afttèiHaiids étaient cbargës des accessoires de tons les tableaux dont il avait dessiné le trait. ' Ces portraits , qni constituent la plus gran- de partie de l^xposîtion de racadémie royale , $Ottt aussi passagers et aussi mortels que ceux qu'ils représentent, et auxquels ils devaient don- ner une espèce d^mmortalité : ils finissent par être oubliés dàn^ des greniers, /ou passent dans 'des boutiques de brocanteiurs. ' Chaque peintre de portrait , en Angleterre,^ a une espèce de salle de compagnie , séparée du lieu où il travaille , et dans laquelle on a grand soin d*étalertous les ouvrages qu'il entreprend. C^est pour les personnes oisives un amusement dû matin , que (f aller visiter les étalages des peintres de portraits. Un laquais introduit les curieux , sai^s déranger son maître , qui ne sort point de son cabinet qu'on ne le demande ; ou qui ne se montre qu'un instant, soit pour avoir un pi^texle de rentrer plutôt continuer son travail, soit afin de paraître fort occupé. Mais le laquais du peintre fait oublier son absence , en détaillant les noms ou les qualités de tous ceux- dont les portraits sont commencés ou finis. H est inconcevable ,. combien en A|igleterre on s'occupe d'un nouveau peintre, pour peu qu'il ait quelques talens. Il y eut des voilures ^ ^ port^ de Jeèn-Bapti&te T ^uVoa^ àans la pre- \ 456 Londres , la cour et les pronnces ^ mière semaine de son arrivée à Lo&difes y me on en voit à la porta des ^ectacles. U copip«* ta bientôt par centaines les .portraits cf^mmen- ces. On payait largement celui qui tenait le pe-« gistre de ses séances , afin de se faire inscrij^e antérieurement au jour . qu'on aurait obtenu , si l'on n'avait passé qu'à son tour , et qui aurait souvent reculé de plusieurs mois^. Vandermyn , ayant fait le poi;trait de la prior cesse de Galles^ en 1735 ^ sa rendit à Saint -Ja- mes y pour le présenter à cette princesse ; l'ou* vrage parut si beau , qu'on fut embarrassé pour le récompenser alignement ; enfin ^ le prince de Galles, frère de la princesse, prit le peintre par la main , le plaça sur^une chaise, et lui re- commanda d y demeurer jusqu'à ce qu'il reçût de lui-même l'ordre de se lever* La princesse s'était rangée pendant ce tenips-Ià derrière ua paravent , au coin duquel était une glace où les traits de Vandermyn çtaient réfléchis, et peii- gnit en moins ,de deux heures le portrait die l'artiste, qui fut au comble de l'admiration et du ravissement Lorsqu'elle .le Iqi fit voir iet le lui donna,, comme la plus précieuse faveiir qu'il pût recevoir d'une si grande princesse , faveur qui fiit encore âiccompagnée d'un, riche pré- sent. Le célèbre peintre Hogarth , ayant à rjepré- senter une joli Chapitre LV. Elections. Anecdotes. i54 Chapitre LVI. Le Parlement d'Angleterre. Anecdotes. i5a Chapitre LVII. Chambre des Communes. Anec- dotes. 17a N I k E DES MATIERES. 489 CRAMfak LVin. Chambre da Pairs. Artec- dotes. ' 181 Chapitre LIX. Noblesse. Anecdotes. 19 r Crapitak LX. Impositions. Douanes, jinecdo" ies. aoi ChafitAs LXI. i>a5 Chevaliers d'industrie; des Filoux . de leurs ruses; des Voleurs.^ Anecdo- %es* ao5 Chàpitrb Lmi. Voleurs de grands chemins. Anecdotes. ^Ja CHAprrits LXlîtï /Tîtes-Mjjrs. Anecdotes. 26 j Chapitm LXIV. i)es Prisons de Londres. Anec^ dotes. 1 275 Chapitre LXV. Exécutions des criminels. Anec^ dotes. a83 Chapitre LXYI. Bieq^ctfsfnceé Secours publics. Anecdotes. 2197 Chapitre tXVII, Mendicité. Anecdotes. 3o4 Chapitre LXVIII, Religion ^ Pasteurs y Chape- lains , Recteurs > Prédicateurs. Anecdotes. 3i6 Chapitre LXIX. Presbytériens. Anecdotes. 345 Chapitre LXX. Çuakers. Anecdotes. 348 Chapitre LXXI. Anabaptistes^ Méthodistes. Anecdotes. 362 Chapitre LXXIL Zeî Hermhutes ou Frères Moraçes. Anecdotes. 369 ÇHAi'fisR^ XJCXIIL CriduUté. Aneçd&iès. 3j4 Chapitre LXXIY. Jhmété Rojale de londres, 46o TABLE DES MATIERES.. Société des AiHiqumr»s. JKuséti ^titmmiqu^^ Clubs Uiiéraires. uinecdotes. 4^0 CH^prraE LXXV. Théâtre anglais* iinecdotes. Chapitre LXXVI* Lieux d'amusemensy Théâ^ très y Promenades dans F intérieur de Londres et hors de la, ville* Anecdotes. 4iS Chapitre LXXYII. Acteurs dramatiques ^Çhan^- teurs , Cantatrices , FirtuQses , Danseurs . et Danseuses. Anecdotes. , . 4^^ Chapitiib LXXYIII i^(^ àej^et* \ [Be^ux ^Arts* Anecdotes concernant pliisifiuifS\ arfistçf. , /44^ «. A FIîT. I t t l\ . ,1.. '*^.* f'!'»!'-/»'» i %»»«•'* . .7.' • »\ V\' .'» ''^ >\ ~ . » ' > .• %• \ < I ^^ . r » ' • ^ ^ «■ . T pe i'ImpHiiré'Hé d'À.. C£Ô^y tué 'Saîkt^7a(fqiies> n^. ^56, •« i " ♦ i <> ^ N I N£V 1 $ 1931 ""• mmtt